Interview de M. Julien Denormandie, secrétaire d'Etat auprès du ministre de la cohésion des territoires, avec France Inter le 16 octobre 2017, sur la réforme du marché du travail et sur la politique de la ville.

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Média : France Inter

Texte intégral


NICOLAS DEMORAND
Léa SALAME votre invité ce matin est secrétaire d'Etat auprès du ministre à la Cohésion des territoires.
LEA SALAME
Bonjour Julien DENORMANDIE.
JULIEN DENORMANDIE
Bonjour Léa SALAME, bonjour à tous.
LEA SALAME
« Je ne suis pas arrogant, je suis déterminé » a dit cette semaine Emmanuel MACRON au Spiegel allemand, déterminé pas arrogant c'est ce que vous avez vu hier à la télévision ?
JULIE DENORMANDIE
Ah ! Très clairement, moi j'ai vu un président de la République qui a fixé un cap, qui sait où il va, qui sait où il veut nous mener - j'entends par le nous l'ensemble du pays, l'ensemble des Français - et j'ai vu également un président de la République effectivement déterminé, lucide, disant la vérité et, en même temps, voulant agir avec de l'autorité parce qu'encore une fois il sait où il va, où il veut nous mener.
LEA SALAME
Bruno RETAILLEAU, des Républicains, parle d'un exercice d'autosatisfaction très loin des préoccupations des Français ?
JULIEN DENORMANDIE
Ça ne va pas vous étonner, je suis évidemment pas d'accord avec cette analyse, le président de la République l'a rappelé hier : en cinq mois, beaucoup de choses ont déjà été faites et je pense d'abord au renouvellement politique que l'ensemble des Français a appelé de leurs voeux, je pense à un renouvellement également en méthode, parlons des ordonnances Travail avec l'ensemble de ses consultations, de ses concertations qui ont été fait, je pense à la loi sur la moralisation de la vie politique, à la loi sur la sécurité, beaucoup de choses ont été faites.
LEA SALAME
Par contre le renouvellement de la manière de parler, recevoir trois journalistes à l'Elysée vous avez trouvé ça très renouvelé comme exercice ?
JULIEN DENORMANDIE
Ça c'est un exercice je pense peut-être un peu convenu mais je pense que, en revanche, le renouvellement de la parole présidentielle il est là. Vous savez on a - et peut-être que ça nous a manqué - on a un président qui préside, c'est un président qui agit au jour le jour et qui emporte l'ensemble du pays vers un objectif, ça c'est nouveau ; et puis c'est vrai on a aussi un président de la République qui dit la vérité avec son franc-parler, ça peut choquer certains, mais là aussi c'est une nouveauté.
LEA SALAME
Il affirme que les réformes porteront leurs fruits d'ici 1un an et demi – deux ans - c'est le cap qu'il a fixé - et, en même temps, il rejette le fait de n'être jugé que sur la baisse du chômage, si ce n'est pas sur la baisse du chômage on se basera sur quoi pour juger si les réformes marchent ou pas ?
JULIEN DENORMANDIE
Mais parce que les réformes elles ne concernent pas uniquement le domaine du travail. Le domaine du travail vous savez moi j'ai fait l'ensemble de la campagne présidentielle, au premier jour on a mis le travail, la valeur travail comme l'une des boussoles de notre action, beaucoup de choses ont été faites - je pense notamment à ses ordonnances Travail qui permettent de donner plus de liberté au sein des entreprises – et aujourd'hui.
LEA SALAME
D'accord. Mais comment on jugera si vos réformes marchent ou pas, s'il n'y a pas de baisse du chômage dans deux ?
JULIEN DENORMANDIE
Mais on jugera non seulement sur effectivement l'efficacité de cette réforme du travail et donc la baisse du chômage, mais on jugera également l'action du président de la République si la modification et l'accompagnement vers un nouveau modèle économique et social a été fait. Je vais vous donner des exemples très précis ! Est-ce que le président de la République et le gouvernement auront effectivement réussi à entrer dans la transition écologique ? Est-ce que...
LEA SALAME
On n'a pas parlé d'écologie hier, pas un mot.
JULIEN DENORMANDIE
Je suis d'accord avec vous, je le regrette, je le regrette. Prenons les agriculteurs, aujourd'hui vous avez 35 % des agriculteurs qui gagnent moins de 350 euros par mois, le président de la République a pris des engagements forts la semaine dernière pour inverser le calcul du revenu des agriculteurs et leur faire gagner plus d'argent ; ce seront autant de points sur lesquels on jugera l'action du gouvernement.
LEA SALAME
C'est l'une des idées fortes de la campagne, indemniser les chômeurs démissionnaires. Est-ce qu'il y a un petit changement ? Si j'ai bien compris ce ne sera plus un droit opposable tous les 5 ans, comme il l'avait promis, mais tous le 5, 6 ou 7 ans, et sous condition. C'est bien ça ? ça change un peu là.
JULIEN DENORMANDIE
Alors c'est bien ça. Vous savez on fait tout ce qu'on a dit. Et ça vous pouvez le voir déjà en cinq mois. Et l'ensemble du quinquennat sera marqué par cela. Tout ce que nous avons annoncé nous le ferons. Pourquoi c'est important de pouvoir de rendre universelle cette assurance-chômage ? Tout simplement parce que quand vous êtes démissionnaire et que vous avez un projet, quand vous êtes indépendant et que vous prenez des risques, il vous faut pouvoir avoir une protection. Et cette protection c'est effectivement d'avoir accès au chômage.
LEA SALAME
C'est quoi les conditions ?
JULIEN DENORMANDIE
Ce que dit le président de la République c'est qu'une concertation avec l'ensemble des organisations syndicales débute. Elle a débuté la semaine dernière, elle se poursuit cette semaine. C'est avec eux qu'on déterminera exactement quels seront les curseurs, quel est le type d projet qui vous donne droit justement à démissionner pour avoir l'assurance chômage.
LEA SALAME
Quand il parle des chômeurs multirécidivistes du refus, c'est quoi, c'est qui ?
JULIEN DENORMANDIE
Alors ça c'est un autre point. D'un côté il faut donner plus accès au chômage à tous, je parle des indépendants, des démissionnaires, et de l'autre côté il faut accroitre les contrôles sur celles et ceux qui aujourd'hui touchent le chômage. Pendant la campagne présidentielle, le candidat avait dit « au bout de deux refus on doit avoir, à ce moment-là, une dégressivité sur les allocations….
LEA SALAME
Et vous gardez les deux refus manifestement.
JULIEN DENORMANDIE
Comme l'a expliqué le président de la république c'était la position qu'il a exprimée pendant la campagne, aujourd'hui on en discutera avec les organisations syndicales.
LEA SALAME
Ça peut être revu ?
JULIEN DENORMANDIE
On a unie méthode, c'est de concerter, discuter et ensuite décider. On en discutera avec les organisations syndicales.
LEA SALAME
Alors vos dossiers, on n'en a pas beaucoup entendu parler non plus, le logement et la politique de la ville, c'est dommage parce qu'il y a les Etats généraux de la ville qui commencent aujourd'hui. « J'ai entendu l'appel des maires » a dit Emmanuel MACRON, des maires inquiets, en colère face à la réduction des emplois aidés, face aux coupes budgétaires, 46 millions d'euros amputés cet été dans le budget de la Ville, en sonnant et trébuchant, ça veut dire quoi « j'ai entendu l'appel des maires » ?
JULIEN DENORMANDIE
C'est-à-dire qu'il y a une inquiétude, une inquiétude ce ceux qui font sur le terrain, les maires, les associations, et que cette inquiétude, non seulement il faut l'entendre, il faut la comprendre. Mais vous savez, de quoi parle-t-on ? On parle des quartiers de la politique de la ville, ce qu'on appelle les quartiers. Là-bas le taux de chômage il est supérieur à 25 % ; les problèmes de sécurité ils sont toujours là ; l'assignation à résidence, comme on dit, c'est une réalité. Et donc qu'est-ce qu'on fait ? Eh bien on se retrousse les manches, on aide, on accompagne ceux qui agissent sur le terrain…
LEA SALAME
En baissant les budgets. 46 millions de moins !!
JULIEN DENORMANDIE
Les budgets, là on parle du budget 2017 ; 2018 on a maintenu l'ensemble des budgets, l'ensemble des budgets à leur niveau initial de 2017, et en plus on a dit que ces budgets maintenus on le ferait sur la durée du quinquennat. Mais c'est quoi aussi ? C'est le doublement des classes, vous savez ces classes de CP, aujourd'hui il n'y aura plus que 12 élèves par classe. C'est un milliard d'euros qu'on met sur la rénovation urbaine, c'est 8000 associations qu'on finance et qu'on financera en 2018 pour leur action.
LEA SALAME
Alors pourquoi Jean-Louis BORLOO, qui a voté pour MACRON, dit « attention, attention, ce sont des territoires à nouveau oubliés, c'est le problème de tout le monde, il faut alerter le président de la République » !!
JULIEN DENORMANDIE
Mais parce que monsieur BORLOO, avec qui j'échange régulièrement, il a raison. Il faut en faire une priorité de l'action de ce gouvernement. C'est ce que m'a demandé le président de la République, c'est ce que m'a demandé le Premier ministre, et c'est ce que nous faisons au jour le jour avec Jacques MEZARD.
LEA SALAME
La baisse de 50 euros (sic) des APL, vous pourriez y revenir l'an prochain ?
JULIEN DENORMANDIE
Alors je me permets une correction, il ne s'agit pas de faire une baisse des APL, qu'est-ce qu'on fait ? On dit aux bailleurs sociaux « c'est nous qui vous finançons et donc on va améliorer toutes ces conditions de financement pour vous faire gagner plus d'argent, et cet argent supplémentaire que vous gagnez on vous demande de le rétrocéder en une baisse de loyer ». C'est ça ce que nous faisons.
LEA SALAME
Merci Julien DENORMANDIE d'avoir été avec nous. Belle journée à vous.
JULIEN DENORMANDIE
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 octobre 2017