Texte intégral
GUILLAUME DURAND
D'abord bienvenu, les dossiers ne manquent pas ce matin, les fonctionnaires, GENERAL ELECTRIC. Sur GENERAL ELECTRIC, il y avait une nécessité de déminage, vous avez reçu la Direction. Il s'agit de Grenoble où les salariés ne sont pas contents, puisqu'on parle de 345 suppressions d'emplois sur 800. Quel est l'état des lieux ce matin ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Alors, j'ai reçu, moi, l'intersyndicale et les salariés cet été, j'ai donc reçu hier la Direction de GENERAL ELECTRIC, qui a d'abord réitéré son engagement qu'elle avait pris, en novembre 2015, de ne fermer aucun site de fabrication pendant la période de l'accord qui dure trois ans, jusqu'en novembre 2018, ça, engagement réitéré. Le second engagement qu'elle avait pris, important, c'était la création de 1 000 emplois nets sur cette même période de trois ans, qui court de novembre 2015 à novembre 2018, le compte n'y est pas à l'heure actuelle, mais il y a un comité
GUILLAUME DURAND
Donc les conversations ont continué.
BENJAMIN GRIVEAUX
Les conversations continuent, il y aura un comité de suivi qui va se tenir début décembre, avec un cabinet indépendant, qui va contrôler que le reporting est bien fait, comment se fait le plan d'embauches qui va être prévu, pour avoir les 1 000 emplois nets supplémentaires fin 2018. J'ai par ailleurs, moi, demandé à la Direction du groupe, de faire mieux sur le PSE, ce sur quoi ils se sont engagés, et surtout je leur ai demandé le plan de sauvegarde de l'emploi. Et je leur ai demandé, chose importante s'il en est, de se rendre sur le site, d'aller discuter, d'aller dialoguer, d'aller expliquer, à la fois ces engagements-là, comment ils comptent les tenir et comment ils vont mettre en place les moyens pour respecter les engagements qu'ils ont pris, devant l'Etat, mais aussi pour donner de la perspective, et dire ce que fera demain GE, GENERAL ELECTRIC, sur le site de Grenoble et ailleurs en France.
GUILLAUME DURAND
Mais, est-ce que ça veut dire que, enfin, le fait de rencontrer les patrons, c'est une bonne chose, mais est-ce que ça va rassurer les salariés ? Parce que
BENJAMIN GRIVEAUX
Je vais d'abord commencer par rencontrer les salariés et les syndicats.
GUILLAUME DURAND
D'accord, mais dans toutes les dépêches
BENJAMIN GRIVEAUX
Il faut rencontrer tout le monde, parce que si on dialogue qu'avec les uns ou qu'avec les autres, bizarrement, on n'a qu'une partie de l'histoire. Donc il faut dialoguer avec tout le monde. Le but, c'est d'abord
GUILLAUME DURAND
Oui mais les salariés considèrent qu'il y a des arrières pensées dans la tête des dirigeants de GENERAL ELECTRIC, ils disent : au fond, ils vont trouver un accord avec l'Etat, ils vont converser, et puis dès que la possibilité sera faite ils sortiront de l'accord.
BENJAMIN GRIVEAUX
Il y a deux objectifs. Un, faire respecter les engagements qui ont été pris devant l'Etat, c'est impensable qu'ils ne soient pas respectés. Je l'ai dit sur le dossier NOKIA, et nous avons fait de grands progrès en quelques semaines seulement. Ce sera le cas également sur le dossier de GENERAL ELECTRIC. Mais ça n'est pas seulement de faire respecter un accord qui s'est tenu et qui a été signé il y a deux ans et demi, dans le bureau que j'occupe aujourd'hui, par mes prédécesseurs, c'est aussi de construire l'avenir et de dire, voilà ce que sera demain GENERAL ELECTRIC en France, voilà les secteurs sur lesquels ils vont se concentrer, voilà dans quels domaines ils vont investir, en recherche et développement, etc. etc.
GUILLAUME DURAND
Le budget arrive à l'Assemblée aujourd'hui. La gauche et une partie de la droite dénoncent un budget peu équilibré, la gauche en disant encore une fois qu'il s'agit d'une présidence des riches, la droite aussi.
BENJAMIN GRIVEAUX
Mais vous savez, Guillaume DURAND, les riches n'ont pas besoin de président, ceux qui ont besoin d'un président, ce sont tous les Français. Les Français, ils ne sont pas riches, le but du jeu de ce que nous sommes en train de construire, la transformation économique que nous sommes en train de porter, c'est de permettre à chacun d'avoir un travail qui paie mieux, c'est de permettre aux entreprises d'embaucher, c'est de permettre au capital de pouvoir être réinvesti dans l'appareil productif français. Les riches, ils ont pas besoin de président, ils ont besoin d'un gouvernement. Les gens ont besoin d'un gouvernement, au travail, pour permettre aux entreprises de créer de l'activité et de l'emploi.
GUILLAUME DURAND
Mais il a changé de métaphore. La présidence des riches, c'est quelque chose qu'on lui a imposé, du coup il explique que maintenant c'est la métaphore du « Premier de cordée », qu'il a repris lors de l'émission. Il y a un déplacement sur la pauvreté aujourd'hui, donc on voit bien quand même dans l'équipe qui gouverne, c'est-à-dire dans la vôtre, qu'on essaie de déminer les attaques qui viennent de toutes parts, qui sont des attaques politiques.
BENJAMIN GRIVEAUX
Mais, vous savez, oui, les attaques politiques c'est le lot de la vie politique. Et la gauche explique qu'on est de droite, et la droite qu'on est de gauche, donc on doit être dans le vrai quelque part. Aujourd'hui il y a un déplacement sur la question de la pauvreté. La pauvreté en France, ça fait 30 ans qu'on la traite de question monétaire. On considère qu'en faisant un chèque aux gens, on s'achète une bonne conscience et on a réglé le problème de la pauvreté. C'est un sujet que l'on connait bien. J'étais en charge des politiques de RSA dans un département qui a été pauvre pendant de nombreuses années. La pauvreté n'est pas et ne doit pas faire l'objet que d'un traitement monétaire. Quand Emmanuel MACRON dit, dimanche soir, que l'on va mettre le paquet, sur la question de l'assurance chômage, sur la question de la formation professionnelle, sur la question de l'apprentissage, qu'on change la structure de notre politique du logement. Ce sont tous ces mécanismes-là qui créent, in fine, de la pauvreté. Evidemment qu'il faut
GUILLAUME DURAND
Et alors, à ce moment-là
BENJAMIN GRIVEAUX
Et ça sera fait, je veux dire, l'augmentation du minimum vieillesse, les augmentations prévues des minimas, par exemple pour les personnes en situation de handicap, viennent apporter une réponse monétaire, mais elle ne peut pas être unique, parce que si on se limite à une question monétaire et un traitement monétaire de la pauvreté, nous aurons le même sujet dans les cinq ou dix prochaines années, nous aurons rien réglé.
GUILLAUME DURAND
Nous sommes en direct avec Benjamin GRIVEAUX, les questions ne manquent pas ce matin. On va parler du harcèlement, des lois qui sont prévues, de la situation des fonctionnaires. Mais il y a quand même, pendant l'émission, il a réfuté auprès de BOULEAU, PUJADAS, et Anne-Claire COUDRAY, il a réfuté cette histoire du ruissellement. Mais en même temps, cette théorie du ruissellement, si on l'expliquait, même s'il l'a réfutée, peut-être que les gens seraient plus convaincus que la transformation de la France, qui est en cours actuellement, va aboutir avant un an et demi ou deux ans, à des résultats concrets.
BENJAMIN GRIVEAUX
Mais vous savez, le ruissellement, ça va de haut en bas le premier de cordée, ça va de bas en haut, c'est on tire tout le monde vers le haut. Le but c'est pas le nivellement par le bas, c'est pas je ne crois pas à cette théorie du ruissellement, je n'y crois, pas je crois en revanche aux mécanismes qui font que l'Etat
GUILLAUME DURAND
C'est-à-dire on s'enrichit, et donc la richesse est partagée.
BENJAMIN GRIVEAUX
Je crois aux mécanismes qui font que l'Etat, et c'est le rôle de l'Etat, un facteur de régulation à la fois de la production de richesses et ensuite de sa redistribution. Moi je ne sais pas redistribuer des richesses qui n'ont pas d'abord été produites, et donc mon obsession depuis plusieurs mois que j'occupe la mission qui m'a été confiée par le président de la République et par le Premier ministre, à Bercy, c'est de permettre la création de richesses dans ce pays. Pourquoi ? Pour qu'on puisse ensuite les redistribuer. C'est aussi simple que ça.
GUILLAUME DURAND
La droite parle des retraités, qui avec la CSG, perdent du pouvoir d'achat, et la gauche des fonctionnaires dont les indices n'ont pas été réévalués par Gérald DARMANIN, enfin, tout ça est transformé ou transféré à 2019, donc là encore, vous avez politiques.
BENJAMIN GRIVEAUX
Il y a une prime pérenne, les mécanismes qui ont été mis en place en 2016 et en 2017 sont maintenus, ceux de 2018 sont repoussés d'une année, il y aura une prime pérenne, qui viendra compenser la CSG sur les fonctionnaires quant aux retraités, je rappelle que 40 % des retraités ne seront pas concernés par cette hausse de la CSG, que par ailleurs sur les 60 % qui seront concernés par la hausse de la CSG, une grande partie sera exonérée de la taxe d'habitation et donc ne verra, un baisser sa taxe d'habitation, dès l'année prochaine, et puis qu'il y a derrière cela, parce qu'au fond c'est cela qui échappe aujourd'hui au débat et j'espère que le débat parlementaire permettra de remettre la lumière sur cet élément là
GUILLAUME DURAND
BENJAMIN GRIVEAUX
Le point 7 de CSG, qu'est-ce qu'il vient nous dire ? C'est en réalité la transformation de notre modèle social. Pourquoi ? Parce que ça veut dire que l'assurance contre le chômage, elle n'est plus individuelle, elle ne repose pas sur les cotisations et le travail, mais elle est universelle. C'est la première fois qu'on considère que le chômage est un risque collectif et que l'Etat, et que la société doit prendre ensuite.
GUILLAUME DURAND
Mais vous voyez qu'ils sont en train d'essayer d'avoir un débat politique et vous me répondez sur effectivement la technique
BENJAMIN GRIVEAUX
Mais ils font de la politique où non transforme le pays, c'est la grande différence entre eux et nous.
GUILLAUME DURAND
Est-ce que vous considérez par exemple sur la flexibilité qui est une des volontés d'Emmanuel MACRON, et donc de la vôtre, que le fait d'installer un bonus-malus pour les CDD, les intérimaires, etc., c'est une bonne solution ? Parce qu'on a l'impression que c'est un peu contradictoire, on veut plus de flexibilité, on change loi travail et tout d'un coup paf on va coller un bonus-malus à tous ceux qui emploient des intérimaires, des CDD ou d'autres types de contrats.
BENJAMIN GRIVEAUX
Il va falloir choisir, il ne peut pas être d'un côté le président des riches qui libère tout, et de l'autre quand il y a des mesures de protection qu'on lui en fasse le procès.
GUILLAUME DURAND
Eh bien c'est le ping pong de la politique.
BENJAMIN GRIVEAUX
Mais c'est non, en même temps c'est le libérer et le protéger. C'est, et j'entendais Guillaume TABARD juste avant, dire, voilà, il parle de pauvreté, il parle de la gauche, et il parle de sécurité, il parle à droite. Ah bon ? Et moi je connais des gens de droite qui sont issus de la droite sociale, de la droite chrétienne qui sont très engagés sur les questions de pauvreté, et je connais des gens de gauche, réformistes, sociaux-démocrates, qui se sont intéressés aux questions de sécurité. Qu'est-ce que c'est que cette histoire comme quoi si on était de gauche on ne pourrait pas s'occuper de certains sujets, et que si on était droite, on ne s'occuperait pas des autres. Ça n'a aucun sens, c'est ça qu'on est en train de casser, l'ancien monde essaie de réagir, voilà, avec les réflexes d'avant, ils vont essayer au Parlement.
GUILLAUME DURAND
Non mais l'ancien monde considère, dans une sorte de post-marxisme, qu'il y a des contradictions entre les différentes classes sociales et que d'un côté comme de l'autre les présidents, en tout cas celui-là, est d'un côté, plutôt que d'un autre, c'est ça cette idée.
BENJAMIN GRIVEAUX
Mais les antagonismes de la société, moi l'objectif qui est le nôtre, c'est de la réconcilier, c'est la grande différence entre eux et nous.
GUILLAUME DURAND
Une loi sur le harcèlement sexuel, alors vous savez qu'on avait beaucoup évidemment l'affaire WEINSTEIN est une horreur, c'est un point le sur lequel il faut être extrêmement précis, que la parole se libère, c'est une bonne chose, mais est-ce qu'on peut faire une loi à partir d'un fait divers fut-il mondial, parce qu'on avait beaucoup reproché ça à Nicolas SARKOZY justement. Un fait divers, une loi.
BENJAMIN GRIVEAUX
Les texte qui ont été présentés hier par Marlène SCHIAPPA, et le débat qui s'engage, ne sont pas le fruit de l'affaire WEINSTEIN, disons les choses, enfin c'est un texte qui est préparé depuis longtemps. Le président de la République en a fait la cause, l'égalité entre les femmes et les hommes
GUILLAUME DURAND
Je vous pose la question
BENJAMIN GRIVEAUX
Et donc la question des violences, et donc la question des violences faites aux femmes, est un sujet qu'il a abordé à maintes reprises dans la campagne française, il était l'un des rares à rappeler qu'en Ile-de-France 90 % des femmes qui prennent les transports considèrent avoir été victimes, soit d'une agression, soit de comportements inappropriés. Moi j'étais hier soir, et je m'autorise de faire un petit peu de promotion sur votre antenne ; j'ai vu un spectacle qui a été fait par une jeune femme formidable, ça a déjà une année mais elle donnait hier une représentation au Théâtre Antoine, et qui s'appelle Andréa BESCOND et le spectacle c'est « Les chatouilles ». Et elle raconte comment elle a été violée dans sa jeunesse, et elle raconte comment elle s'en est sortie etc. C'est un spectacle formidable, drôle, on passe les 3/4 de son temps à rire, parce que c'est une actrice époustouflante, avec une vraie performance. Elle a 60 dates en province, elle va s'y engager, c'est absolument indispensable. Qu'est ce qui s'est passé hier soir pendant cette revalorisation, suivie d'un débat où il y avait la garde des sceaux Nicole BELLOUBET et Marlène SCHIAPPA, Brigitte MACRON était aussi présente hier soir. C'est la libération de la parole, c'est cette chape de plomb qui a fait que les femmes n'ont pas parlé ou n'ont pas osé dire, et c'est partout, dans les familles, dans l'entreprise, vous l'avez dit, et dans le projet de loi nous préparons avec Bruno LE MAIRE. La question sera présente, la question sera débattue et Bercy mettra sa pierre à cet édifice important qui est la lutte contre les violences sexuelles.
GUILLAUME DURAND
Ça sera bouclé quand, exactement, tout ça ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Les discussions commencent, elles ont été engagées hier et c'est à nouveau un travail qui se fait de manière collective, avec le monde associatif, avec les victimes d'un côté, avec le monde de la justice parce que la réponse judiciaire doit s'adapter, la question de l'augmentation des durées de prescription par exemple, ou la question du non-consentement, c'est pas un sujet qui se traite en 15 jours, comme vous dites, comme un fait divers, c'est un sujet mais éminemment central, dans la réflexion engagée par Marlène SCHIAPPA, dans le projet de président de la République.
GUILLAUME DURAND
Mais il n'y a pas un risque de dénonciation ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Oh, vous savez je serais de ceux qui dénonceront les dénonciations, donc je ne suis pas de ceux qui pensent qu'il suffit de faire un hashtag sur Twitter pour régler le problème, pour une raison simple, c'est qu'il y a très peu de gens qui sont sur Twitter et que sans doute beaucoup des femmes qui ont à subir ces violences, sur leur lieu de travail, dans leurs familles, n'ont pas de compte Twitter, mais il y a un numéro c'est le 39 19, ce sont les pouvoirs publics qui sont bout du fil, et il est important que la parole puisse se libérer.
GUILLAUME DURAND
Merci Benjamin GRIVEAUX, donc chargé de l'Economie au gouvernement avec que Bruno LE MAIRE et Gérald DARMANIN, qui lui s'occupe du budget.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 19 octobre 2017