Déclaration de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, sur la signature des accords entre la France et les trois Etats baltes, Estonie, Lettonie et Lituanie, qui portent réglement définitif de la question des Légations baltes à Paris, Paris le 13 décembre 2001.

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Circonstance : Signature des accords sur les Légations baltes au Quai d'Orsay à Paris le 13 décembre 2001

Texte intégral

Je n'hésiterais pas à qualifier d'historique l'occasion qui m'est donnée aujourd'hui de signer au nom de la France ces trois accords avec les représentants de l'Estonie, de la Lettonie et de la Lituanie, pour mettre un terme au lancinant dossier des légations baltes à Paris.
J'y vois l'illustration du chemin parcouru depuis 1991, depuis l'indépendance recouvrée des pays baltes jusqu'à la perspective, désormais proche, de leur entrée dans l'Union européenne. La France ne pouvait imaginer d'accueillir ces trois pays dans l'Union sans que ne soit réglé un dossier douloureusement symbolique d'une phase heureusement révolue de l'histoire de l'Europe.
Comme vous le savez, la France n'a jamais reconnu l'annexion des pays baltes par l'URSS. Pour nous, ces trois pays n'ont donc jamais cessé d'être en droit propriétaires des légations qu'ils ont acquises à Paris avant-guerre.
Aussi, lorsque la question est apparue avec force, après le retour de l'Estonie, de la Lettonie et de la Lituanie à l'indépendance en 1991, les autorités françaises, sans être formellement partie à ce différend, ont pris en charge des locaux pour loger provisoirement les représentations baltes à Paris.
Mais il nous fallait sortir de cette situation provisoire. Avant la visite d'Etat du président de la République dans les trois Républiques baltes en juillet dernier, j'ai demandé au Secrétaire général, Loïc Hennekinne, à l'action duquel je veux rendre hommage, de réunir toutes les parties concernées pour faciliter un accord.
Ainsi avons-nous proposé aux pays baltes une solution qui consiste pour la France à acquérir les droits de propriété de leurs bâtiments, leur donnant ainsi la possibilité d'acheter à leur tour de nouveaux locaux pour y installer leurs ambassades à Paris. Cette formule, qui a été acceptée par les responsables baltes au plus haut niveau lors de la visite d'Etat du président de la République fin juillet, a été mise au point par le Quai d'Orsay et directement négociée lors de cette visite par le ministre délégué chargé des Affaires européennes, Pierre Moscovici.
Nous comprenons que le renoncement par les trois pays baltes à des bâtiments acquis après leur indépendance en 1918 et qui représentent une valeur sentimentale forte, n'a pas été chose facile. Les efforts auxquels la France a consentis dans le passé, et accepte de consentir dans les deux années à venir, conformément aux instructions du Premier ministre, notamment sur le plan financier, sont également consistants.
Je suis persuadé que ces textes, tout en mettant un terme à une situation qui n'avait que trop duré, contribueront à renforcer et à rendre encore plus confiantes les relations entre la France et chacun des trois Etats baltes, chacun avec ses spécificités, appelés d'ici peu à devenir nos partenaires au sein de l'Europe. C'est cette perspective là que je vous invite à célébrer aujourd'hui.

(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 décembre 2001)