Texte intégral
MATTHIEU BELLIARD
Votre invité, Jean-Jacques BOURDIN, Mounir MAHJOUBI, secrétaire d'Etat chargé du Numérique.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. Mounir MAHJOUBI, bonjour...
MOUNIR MAHJOUBI
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci d'être avec nous. 120 parlementaires de gauche ont signé un appel lancé par le journal Libération pour que le gouvernement publie l'impact de ses mesures réformant la fiscalité du capital sur les 100 Français les plus riches, avec une question qui est toujours la même : à quoi peut bien servir de signer un chèque de 4,5 milliards aux 340.000 foyers fiscaux les plus aisés ? C'est peu dire que le gouvernement a toujours autant de mal à faire émerger ses arguments, écrivait Libération hier. Alors, quels sont les arguments ? Le président de la République a dit dimanche soir : « la condition pour ne plus être dans l'ISF c'est d'investir dans l'économie française », oui mais d'accord, mais comment contraindre les plus riches à investir dans l'économie française ?
MOUNIR MAHJOUBI
Déjà il faut qu'on rende l'investissement plus intéressant, mais, face à ce chiffre, il nous demande des simulations. Vous savez que nous on a voulu faire que tout ce qu'on annonce on soit capables de l'expliquer dans la vie des gens et donc, là, on nous demande d'expliquer pour les 100 premiers Français, nous on a préféré pour l'expliquer pour la majorité des Français, on a dit : « dès 2018 près de 400 euros par an pour une personne célibataire, près de 1.500 euros par an pour un couple de deux personnes d'ici 2020 », ça c'est des vrais chiffres dans la vraie vie de tous les Français ; et c'est ça qui est essentiel, c'est comment chez les Français qui travaillent, chez les Français qui travaillent et qui ont le plus besoin, le fait qu'on ait supprimé la taxe d'habitation cela ça change dans la vie au quotidien, le fait qu'on ait supprimé les cotisations chômage comment cela ça apporte au pouvoir d'achat quotidien.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais... on est bien d'accord, mais, parallèlement, parallèlement pardon, vous faites un cadeau de plus de quatre milliards aux très riches, aux très, très riches ?
MOUNIR MAHJOUBI
Moi je n'appelle pas ça un cadeau...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah ! Bon.
MOUNIR MAHJOUBI
Puisque ce que nous faisons c'est que nous espérons et nous créons toutes les incitations nécessaires, toutes les incitations pour que cet argent il aille dans l'investissement national des entreprises...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, vous espérez ?
MOUNIR MAHJOUBI
Non, on n'espère pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous n'avez aucune contrainte envisagée ?
MOUNIR MAHJOUBI
Si, il y a une incitation fiscale. Par exemple c'est plus intéressant d'investir dans les PME, d'investir dans les entreprises, que d'acheter de l'immobilier et de laisser dormir son capital, ça c'est un élément important. Nous, on préfère que les personnes investissent, mettent de l'argent dans les entreprises qui vont recruter, créer de la valeur, aller à l'export, développer notre économie, plutôt que de le faire dormir dans une économie moins dynamique qui est celle de l'immobilier.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais aucune contrainte n'est prévue je crois ?
MOUNIR MAHJOUBI
On ne va pas imposer effectivement...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous n'allez pas imposer ?
MOUNIR MAHJOUBI
Par contre ceux qui ne le font pas seront imposés sur le fait que cet argent ne soit pas investi. Donc, vous savez il y a quand même... les gens qui ont de l'argent et en tout cas c'est ma philosophie de vie j'espère qu'ils ont comme idée permanente et c'est une conviction de le faire travailler et de le faire travailler pour créer de la valeur, de la valeur pour eux ; et nous notre rôle, en tant que gouvernement et en tant qu'Etat, c'est que cette valeur qui est créée pour eux elle créée aussi de la valeur pour les salariés, pour les entreprises et notamment les plus petites.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parlons du numérique. Vous disiez, c'était sur RTL vendredi dernier : « 13 millions de Français ne savent pas utiliser Internet, notre devoir les accompagner », mais comment les accompagner ?
MOUNIR MAHJOUBI
Comment on les accompagne ? On parle des personnes qui soit sont très âgées, plutôt handicapées ou alors qui dans la vie n'ont jamais eu à se former au numérique, parce qu'il n'y avait pas d'enfant à la maison, parce qu'au travail on ne leur pas demandé - ça représente 13 millions de Français, c'est-à-dire que parallèlement à ça moi j'ai un objectif qui est de numériser 100 % des démarches administratives, de l'autre de développer l'économie numérique, mais ça ne sert à rien de faire ça si on a 13 millions de Français sur le côté.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais, alors, comment les accompagner ?
MOUNIR MAHJOUBI
Comment on les accompagne ? L'objectif et c'est ce qu'on est en train de construire aujourd'hui c'est ne stratégie nationale de l'inclusion numérique avec les opérateurs sociaux : la CAF, Pole Emploi, les préfectures... de l'autre côté les départements, les régions et l'Etat qui aujourd'hui ne sont pas coordonnés. Aujourd'hui, si vous allez à la CAF...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais... D'accord ! Mais...
MOUNIR MAHJOUBI
Mais je vais vous expliquer, laissez-moi aller jusqu'au bout.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Allez-y !
MOUNIR MAJOUBI
Si vous allez à la CAF aujourd'hui et que vous ne savez pas utiliser le numérique, vous avez quelqu'un qui va vous aider à utiliser l'ordinateur de la CAF - donc on ne vous laisse pas seul - sauf que cette personne-là elle vous aide une fois, nous ce qu'on souhaite c'est que quand on identifie une personne, une de ces 13 millions de personnes, où on voit qu'elle a des difficultés avec le numérique, c'est que le service social qui l'identifie puisse l'orienter vers une association locale qui va la former dans le temps parce qu'il faut du temps pour se former au numérique et la grande question aujourd'hui, c'est : comment on identifie les personnes, comment on les oriente et comment on finance ? Ca fait quatre mois qu'on travaille dessus, dans la Conférence nationale des territoires malgré tout ce qui s'est passé ces derniers temps on continue de travailler très activement avec les régions, avec les départements et moi j'espère que d'ici décembre 2017 donc ça arrive, là c'est près on aura une architecture entre qui paie, comment on organise, comment on oriente et quelle est la relation entre l'Etat, le département, la région ? Mais ça marche déjà très bien dans le 93, ça marche pas mal en région Aquitaine, maintenant il faut qu'on passe à l'échelle.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mounir MAHJOUBI, la téléphonie mobile, ça aussi, ça aussi... vous disiez je crois que 60 % des Français reçoivent une très bonne téléphonie mobile et 40 % non. Et la fibre optique ? Le nombre d'entreprises qui ne peuvent pas s'installer dans certaines régions parce que ces régions-là ne sont pas équipées, je vois par exemple Marc qui est un auditeur : « il y a des petites villes qui demandent à avoir la fibre optique pour leur développement, et certaines entreprises ne s'installent pas parce qu'il y a un manque ».
MOUNIR MAHJOUBI
Ils ont raison d'en parler. Il y a plusieurs raisons pour lesquelles une entreprise n'a pas envie de venir ou alors une entreprise n'est pas capable de recruter, c'est quand il n'y a pas Internet, c'est quand il n'y a pas les écoles, c'est quand il n'y a pas les médecins, et malheureusement il y a des territoires qui cumulent tout : pas de couverture mobile, pas de fibre optique, pas d'école à proximité et pas de médecin, tout le travail qu'on a fait et tous les plans qu'on a annoncés ces dernières semaines ils sont là pour résorber chacun de ces points-là. Sur la couverture mobile, c'est la plus importante, c'est la plus importante parce que le téléphone c'est ce qui nous connecte aux autres, c'est ce qui nous permet de travailler, ce qui nous permet d'échanger , c'est ce qui aujourd'hui même nous connecte à Internet pour une grande majorité de Français qui n'utilisent plus l'ordinateur dans le salon, aujourd'hui - on l'a annoncé dès qu'on est arrivés, c'était un objectif, le président de la République l'a rappelé 2020 engagement à avoir une couverture de bonne qualité partout sur le territoire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais ça veut dire quoi bonne qualité ?
MOUNIR MAHJOUBI
Ça veut dire qu'on arrête d'avoir des zones blanches, ça veut dire qu'on est capable de télécharger...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça veut dire que 100 % du territoire... Non ! Parce que j'entends le nombre de ministres qui ont annoncé que la France serait bien couverte à 100 %, vous n'allez pas le faire ?
MOUNIR MAHJOUBI
On ne sera pas loin, c'est-à-dire qu'on est à 100 % de la population et on sera à presque 100 % du territoire. L'enjeu c'est...
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire 90 % du territoire ?
MOUNIR MAJOUBI
Plus que ça.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Plus que ça, 95 % du territoire bien couvert ?
MOUNIR MAJOUBI
Je vous rappelle que ce n'est pas l'Etat qui équipe, ce sont les opérateurs...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, ce sont les opérateurs.
MOUNIR MAJOUBI
Par contre, c'est l'Etat qui peut créer des contraintes...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais oui !
MOUNIR MAJOUBI
Les contraintes que moi je suis en train de créer avec Julien DENORMANDIE...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez créer des contraintes aux opérateurs ?
MOUNIR MAJOUBI
Avec Julien DENORMANDIE aujourd'hui on exprime la volonté des citoyens, c'est-à-dire que le gouvernement ce n'est pas quelque chose qui tout d'un coup on a été élus et on a été élus... et, sur ce sujet, les Français n'en peuvent plus, donc de l'autre côté on a des opérateurs qui ont un business, ce business c'est de vendre des lignes téléphoniques aux gens, notre rôle c'est de dire : « si vous voulez continuer à le faire ce business, vous avez une obligation qui est d'assurer pour tous les citoyens le fait que vous avez des...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez contraindre les opérateurs ?
MOUNIR MAJOUBI
On a plein de façons de pouvoir le faire, mais aujourd'hui la façon de contraindre c'est d'abord par la négociation et donc maintenant qu'on a passé...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça n'a jamais tellement marché la négociation, jusque-là, si ?
MOUNIR MAJOUBI
Oh, ça dépend d'un certain nombre... On les a rencontrés une dizaine de fois depuis le début du mois de juillet, pendant l'été on a travaillé, ils ont fait des propositions, l'Arcep qui est le régulateur des télécoms a fait des analyses, des propositions de zones à enrichir en termes de poteaux...
JEAN-JACQUES BOURDIN
A équiper.
MOUNIR MAJOUBI
En termes d'équipements : actifs, passifs, partagés, non partagés... et, maintenant, l'Arcep va rentrer dans une nouvelle phase qui va être celle de discuter des moyens exacts que les opérateurs vont mettre avec un calendrier exact, avec des contraintes si le calendrier n'est pas respecté et parce qu'il y a des enjeux à la clé pour ces opérateurs...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, un calendrier et avec des contraintes si le calendrier n'est pas respecté ?
MOUNIR MAJOUBI
Un calendrier... ce qui n'était pas le cas auparavant, auparavant on avait des contraintes pas très élevées...
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce qui n'était pas le cas.
MOUNIR MAJOUBI
Et un calendrier pas très ambitieux.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Mounir MAJOUBI merci, on va se retrouver ce soir puisque ce soir c'est la 8ème cérémonie des Trophées PME et vous serez notre parrain, vous allez remettre les trophées ce soir, vous savez que depuis huit ans nous aidons, nous encourageons, nous portons les PME françaises, les PME françaises nous les aidons à se développer à travers les Trophées PME Bougeons-nous, trophées qui connaissent un succès considérable, grandissant d'année en année, ce soir c'est la remise des prix, vous serez là Mounir MAJOUBI, merci de nous accompagner.
MOUNIR MAJOUBI
Je serai là et je serai très heureux d'être là, parce que ces PME ce sont celles qui font tous nos emplois sur le territoire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, tous nos emplois. Vous nous rappeliez un chiffre--là ?
MOUNIR MAJOUBI
Oui, les PME partout en France c'est 49 % des emplois mais c'est 80 % des emplois qui ne sont pas dans une grande ville. Si on veut continuer à avoir des gens qui peuvent habiter et travailler partout dans nos régions, on a de ces PME, et avec la transition numérique on a un risque et donc c'est pour ça que ce soir je suis très heureux qu'avec vous on célèbre celles qui ont pris des risques et on célèbre celles qui innovent.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci. Oui, Matthieu ?
MATTHIEU BELLIARD
Cérémonie à suivre, je le précise pour ceux qui seraient intéressés chez vous, sur le site Booklive, montez sur la page trophées PME bougeons-nous RMC.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Merci beaucoup.
MOUNIR MAJOUBI
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 19 octobre 2017