Texte intégral
GUILLAUME DURAND
Les questions économiques et politiques avec Mounir MAHJOUBI, donc secrétaire d' Etat au Numérique immédiatement. C'est une journée importante, GM&S à l'Elysée, l'affaire des travailleurs détachés - vous le savez d'ailleurs bonjour et bienvenue...
MOUNIR MAHJOUBI
Merci.
GUILLAUME DURAND
Une réunion donc se déroule à Luxembourg, là aussi c'est l'un des engagements d'Emmanuel MACRON, ça va être extrêmement important pour lui d'obtenir un résultat et puis il y a ce lab à Bercy. Mais je voudrais qu'on démarre par l'affaire des milliards, parce que Bruno LE MAIRE vous êtes aussi l'un des ministres de l'Economie si vous êtes chargé du Numérique considère qu'il y a une sorte de scandale d'Etat sur ces 10 milliards qui doivent être remboursés aux entreprises après intervention du Conseil constitutionnel, scandale d'Etat pourquoi Mounir MAHJOUBI ?
MOUNIR MAHJOUBI
Parce que 10 milliards c'est beaucoup, qu'on a demandé beaucoup d'efforts aux Français, qu'on a demandé beaucoup d'efforts à tous dans les administrations pour porter ce nouveau budget d'équilibre et que là alors qu'on se dirigeait vers une trajectoire assez équilibrée eh bien voilà on se prend ces 10 milliards qu'on doit rembourser, 10 milliards d'euros qu'on doit rembourser aux entreprises parce que cette taxe a été créée sous le précédent gouvernement...
GUILLAUME DURAND
Donc en 2012, c'est Pierre MOSCOVICI qui était ministre de l'Economie, à un moment il y a eu une impasse budgétaire, on décide de taxer les dividendes....
MOUNIR MAHJOUBI
... de façon exceptionnelle pour...
GUILLAUME DURAND
Les entreprises....
MOUNIR MAHJOUBI
Pour ces grandes entreprises.
GUILLAUME DURAND
Et le Conseil constitutionnel tape et dit : « ce n'est pas possible », donc on rembourse ?
MOUNIR MAHJOUBI
Et donc on doit rembourser rétroactivement oui, 10 milliards d'euros qui ont été prélevés. Donc ces 10 milliards d'euros qui n'étaient pas prévus au budget ,on avait quand même prévu la suppression de ce texte, donc on n'avait pas prévu dans les bénéfices à venir, ce n'était pas une ressource qu'on allait avoir au sein de l'Etat pour les années futures, par contre maintenant on doit rembourser ces 10 milliards.
GUILLAUME DURAND
Mais comment se fait-il que Bercy découvre cette affaire-là, c'est quand même insensé ?
MOUNIR MAHJOUBI
Il y avait des doutes, il y avait des risques, il y avait des inquiétudes, il y avait déjà eu des commentaires de la CGUE il y a quelques mois, Bruno LE MAIRE aujourd'hui n'a qu'un seul combat c'est chercher des solutions. Donc ces entreprises, à qui ont doit les rembourser, on peut aussi rentrer dans une discussion avec elles, il y a plusieurs schémas qui s'ouvrent, donc étaler la façon de rembourser ; on peut aussi demander une participation exceptionnelle ; on dit y réfléchir avec l'Assemblée, parce qu'aujourd'hui Bruno LE MAIRE vous l'avez entendu ces derniers jours est particulièrement engagé sur le sujet et ce qui est certain c'est qu'on ne veut pas que ce soit à tous les Français à qui ont a déjà demandé de faire des efforts de supporter tous ces efforts-là.
GUILLAUME DURAND
Est-ce que c'est ce qui explique les relations extrêmement tendues entre François HOLLANDE et le président de la République aujourd'hui ?
MOUNIR MAHJOUBI
Ah ! Ecoutez, je ne commente pas ça, parce que je ne suis pas sûr qu'elles soient si tendues que ça, je pense qu'il y a des responsabilités à voir. L'ex président François HOLLANDE aujourd'hui mène un travail exemplaire avec sa fondation, aujourd'hui Emmanuel MACRON est président de la République, il dirige la France...
GUILLAUME DURAND
C'est de la langue de bois, pardonnez-moi.
MOUNIR MAHJOUBI
Ce n'est pas de la langue de bois, vous avez vu ce qui se passe avec la France s'engage, c'est formidable ce qui se passe, moi qui me bat pour les quartiers et pour la jeunesse je trouve que le président François HOLLZNDE a trouvé un endroit formidable pour y aller...
GUILLAUME DURAND
Et ils ne se voient pas, c'est formidable mais ils ne se voient pas, enfin il y a quand même une tension extrême ? Prenons l'exemple de cette affaire, s'il y a eu une enquête et il va y avoir une enquête on va tomber sur MOSCOVICI évidemment, mais on va tomber sur Alexis KOHLER, qui est secrétaire général de l'Elysée, qui s'occupait des finances à Bercy, puis sur Emmanuel MACRON qui lui s'occupait des finances à l'Elysée, donc ce n'est pas une balle dans le pied qui est en train d'être tirée par cette demande d'enquête ?
MOUNIR MAHJOUBI
Non ! Et puis cette enquête elle ne cherche pas des coupables, elle ne cherche pas des personnes à clouer au pilori...
GUILLAUME DURAND
Non, non, mais la presse en a cherchés.
MOUNIR MAHJOUBI
Oui, mais on ne cherche pas à clouer au pilori, on cherche à trouver des solutions, on cherche à comprendre ce qui nous a amené dans cette entrave technique. Vous savez quand c'est la technique, quand c'est les points de détail qui remettent en cause une politique globale qui était censée recréer de l'équilibre aujourd'hui en France, ce n'est pas acceptable, moi je ne laisserai jamais la technique nous empêcher d'avancer.
GUILLAUME DURAND
Donc vous ne craignez pas que l'accablement de François HOLLANDE se transforme en accablement contre les techniciens qui ont décidé ça, peut-être ceux qui sont au pouvoir aujourd'hui ?
MOUNIR MAHJOUBI
En tout cas je vous dis que la recherche ce n'est pas celle de l'accablement, ce n'est pas celle du clouage, ce n'est pas celle de la punition.
GUILLAUME DURAND
Question donc à Bercy, se développe un lab alors c'est tout à fait expérimental le constat est le suivant : les PME en France ne sont pas suffisamment nombreuses, en tout cas les PME importantes pour passer à l'exportation, contrairement à l'Allemagne ou d'autres pays, donc on entame quoi exactement, une conversation, puis après une sorte de convocation des Français en ligne, puis après un projet de loi ?
MOUNIR MAHJOUBI
Voilà, c'est imaginer, c'est une mobilisation générale pour les PME de France, c'est comment on fait pour que ces PME elles se créent, elles grandissent, elles grossissent la croissance et qu'elles aillent à l'international pour créer de la valeur en France, pour recruter en France, pour payer de l'impôt en France, pour ça il va falloir qu'on se mobilise tous. Plusieurs phases : la première, vous en avez parlée, c'est le lab, le lab c'est une nouvelle philosophie, on va ouvrir les bureaux - on ouvre le 4ème étage et là on aura des fonctionnaires qui d'habitude travaillaient dans leurs services qui vont travailler ensemble dans cet endroit ; on a des entrepreneurs, plusieurs...
GUILLAUME DURAND
J'ai vu Eric KAYSER, le boulanger, par exemple.
MOUNIR MAHJOUBI
Tout à fait, qui est un boulanger français qui est des plus grands boulangers à l'export au monde et donc qui va être un témoin et en même temps un export qui va inspirer les autres entrepreneurs. Donc plusieurs semaines de travail collectif, on va identifier des sujets, certains qui nécessiteront une loi, d'autres qui nécessiteront peut-être simplement des adaptations réglementaires...
GUILLAUME DURAND
La loi, c'est pour le début de l'année prochaine ?
MOUNIR MAHJOUBI
Début d l'année 2018, une grande loi de croissance avec Bruno LE MAIRE, Benjamin GRIVEAUX, monsieur LEMOINE et moi-même ; et puis des chantiers un peu plus spécifiques, par exemple moi je vais porter deux chantiers, celui de la numérisation des PME, les PME françaises aujourd'hui elles sont en retard sur le numérique et donc, là, on a décidé deux choses : la première, c'est, dans le cadre de ce que je vous ai raconté, donc ce dispositif en plusieurs mois ; et puis une autre plus urgente, on a un plan sur lequel on travaille depuis cinq mois, on s'est dit : « on ne va pas attendre la loi pour le lancer », donc on le lance aujourd'hui aussi, j'ai nommé Philippe ARRAOU, l'ancien président des Experts comptables français, pour quil aille continuer ce travail qu'on a lancé depuis quatre mois, pour lancer cette initiative pour la numérisation des PME.
GUILLAUME DURAND
Oui, mais tous ceux qui nous écoutent doivent se dire : « c'est invraisemblable », tout le monde a des portables, tout le monde a des ordinateurs, comment se fait-il que les PME ne soient pas numérisées aujourd'hui ?
MOUNIR MAHJOUBI
Et pourtant on est 16ème en Europe, 16ème, 16ème sur les plus petites TPE-TPE on ne parle pas des grandes PME qui sont...
GUILLAUME DURAND
Mais les entreprises il y a du portable, il y a de l'informatique dans toutes les grandes entreprises...
MOUNIR MAHJOUBI
Oui, mais pas forcément utilisé pour l'activité traditionnelle. Vous savez aujourd'hui il y a un comportement qui est de plus en plus complexe pour les salariés c'est d'être beaucoup mieux équipé à la maison qu'au travail, c'est des dirigeants dentreprise qui vont plus utiliser le mobile et les réseaux sociaux avec leur famille que pour vendre leurs produits et, donc, ce qu'on va essayer de casser avec cette initiative c'est de faire qu'on ait un million de PME qui vont faire un premier pas numérique. Vous savez le fait de vendre en ligne aujourd'hui on est parmi les plus mauvais en Europe sur les plus petites entreprises, on a des super champions, on a de très belles industries...
GUILLAUME DURAND
Mais ça n'aura pas des conséquences sur l'emploi, ça ?
MOUNIR MAHJOUBI
Mais, au contraire, ça aura des conséquences dans la création d'emplois.
GUILLAUME DURAND
Mais il faut absolument que les entreprises se développent.
MOUNIR MAHJOUBI
Mais c'est ce que nous souhaitons, parce que, si elles ne se développent pas, si elles ne se numérisent pas, le plus grand danger c'est leur disparition et les PME en France aujourd'hui elles portent 80 % des emplois qui ne sont pas dans une grande ville, si nos PME disparaissent il y a 80 % des emplois en dehors des grandes villes qui disparaissent, 50 % des emplois de toute la France qui disparaissent. Donc c'est un impératif majeur, mobilisation générale...
GUILLAUME DURAND
Donc, vous croyez que tout ça peut être réglé par une affaire au 4ème étage de Bercy avec des gens qui vont discuter, qui vont être dans une ambiance formidable, mais...
MOUNIR MAHJOUBI
En tout cas de façon beaucoup plus efficace que si on se réunissait tous les trois avec Bruno LE MAIRE et Benjamin GRIVEAUX pour décider ce qui serait le mieux pour elles.
GUILLAUME DURAND
Question ! La présidence dirige la question du budget, il y a deux réunions aujourd'hui très importantes à l'Elysée sur le plan social qui font partie justement des domaines où le président de la République pourrait donner une image différente de celle qui lui est reproché : c'est l'affaire de GM&S, ils sont à l'Elysée, il s'agit de trouver donc une solution pour sortir de l'impasse et de la colère sociale ; et l'autre affaire c'est les travailleurs détachés à Luxembourg où là le président c'est tellement engagé que si tout d'un coup on n'obtient rien il va avoir l'air un petit peu ridicule au plan européen, est-ce qu'il y a sur ces deux dossiers un commentaire que vous apporteriez ce matin ?
MOUNIR MAHJOUBI
Le commentaire ce n'est jamais un mot très, très beau, ce qu'il faut retenir c'est la philosophie qui est derrière tout ça, c'est-à-dire qu'on a beaucoup parlé de libérer et de protéger. Vous avez vu dans ces deux sujets-là l'Etat il intervient quand il y a quelque chose qui ne fonctionne pas, aujourd'hui la libération et le marché du travail détaché a montré qu'il y avait des anomalies de plus en plus insupportables, notamment dans des secteurs spécifiques et sur lesquels en fait il ne faut pas laisser faire. Donc aujourd'hui en France on est l'un des pays les plus touchés, c'est pour ça qu'on est aussi l'un des pays les plus experts du sujet, on où s'est le plus mobilisés sur ce sujet, c'est pour ça qu'on a essayé de mobiliser nos amis Européens et que pour la première fois on a réussi à convaincre - y compris certains pays qui n'y croyaient pas - donc on avance...
GUILLAUME DURAND
Vous avez vu les Espagnols, ils font marche arrière, ils demandent un statut spécial pour les routiers ; il y a toujours les Polonais qui sont contre ; vous avez toujours les Tchèques qui sont contre...
MOUNIR MAHJOUBI
Emmanuel MACRON l'a annoncé dès qu'il a lancé la discussion, ce ne sera pas une discussion simple, seulement on a annoncé que pour la France c'était une position... une ligne rouge ,c'est-à-dire qu'il fallait qu'on apporte une solution, il fallait qu'on apporte un mieux sur ce sujet-là.
GUILLAUME DURAND
Et la structure du vote est telle que de toute façon quelles que soient les oppositions on obtiendra quelque chose ou pas, parce que là c'est un engagement qui est pris ?
MOUNIR MAHJOUBI
Sur ce sujet vous savez l'Europe, quand on décide de faire un collectif tous ensemble, il y a des sujets sur lesquels vous pouvez dire : « c'est ma ligne rouge », d'autres où vous devez être obligés de vous aligner, vous ne pouvez pas être sur la ligne rouge à chaque fois. Sur celui-là on a dit que c'était une ligne rouge, sur celui-là on a dit que c'était très important, sur celui-là on a dit que les pays qui ne suivraient pas ça nous mettraient dans des dispositions qui nous inviteraient à être particulièrement fermes vis-à-vis d'eux, donc on va continuer cette discussion mais c'est une exigence aussi qui est....
GUILLAUME DURAND
Et vous êtes certain que vous obtiendrez les résultats avant la fin de l'année ?
MOUNIR MAHJOUBI
En tout cas je suis certain qu'on a mis tout ce qu'il faut pour que ça arrive.
GUILLAUME DURAND
Nous sommes en direct avec Mounir MAHJOUBI. L'affaire de GM&S, est-ce qu'il n'y a pas quand même un regret, des mots dans cette affaire, les gens qui foutent le bordel ça a quand même alimenté la chronique et Emmanuel MACRON a été obligé de s'en expliquer longuement lors de l'émission de TF1 ?
MOUNIR MAHJOUBI
Moi je pense qu'aux gens, je pense qu'aux personnes, s'il y a des gens qui se sont sentis insultés ou s'il y a des gens qui se sont sentis blessés, alors oui ce n'était pas souhaitable. Maintenant il faut qu'on revienne sur la situation ! Qu'est-ce qu'on fait pour GM&S ? Qu'est-ce qu'on fait pour financer la capacité de la reprise ? Qu'est-ce qu'on fait pour les salariés ? C'est ça la seule chose qui doit nous empêcher de dormir ! Qu'est-ce qu'on fait pour ceux qui ne sont pas...
GUILLAUME DURAND
Et il y aura des solutions aujourd'hui ? Est-ce qu'il y a un plan de l'Elysée pour sortir justement de l'impasse de cette affaire ?
MOUNIR MAHJOUBI
Qu'est-ce qu'on fait pour ceux qui ne seront pas repris quel que soit le schéma ? Et quels que soient les schémas, quels que soient les schémas de reprise, quels que soient les schémas de financement de la reprise, il y en a qui ne seront pas repris, c'est pour eux qu'il faut se battre, c'est pour eux qu'on va trouver des solutions : de la formation, de l'emploi, rémunération complémentaire, des primes de départ... c'est pour eux qu'on doit se battre ; et puis on doit se battre pour qu'il y en ait le maximum qui puisse rester et pour que cet investissement il puisse être pérennisé parce qu'on n'a pas choisi dans ce gouvernement de laisser mourir les PME sur le territoire, y compris et surtout dans les territoires où il n'y a presque plus d'emplois. Vous savez là-bas, si jamais GM&S ferme, il n' y a plus d'entreprise industrielle tout autour, donc il y a parfois la nécessité pour le gouvernement de s'investir et de dire qu'il y a des disparitions qui sont inacceptables.
GUILLAUME DURAND
Et est-ce que le président, nous sommes en direct avec Mounir MAHJOUBI, une dernière question à caractère politique - on a commencé avec la politique et François HOLLANDE est-ce quil n'est pas un naïf de recevoir Nicolas SARKOZY en disant : « tout va bien, etc., etc. » et puis après il lit dans les journaux ce matin ou hier par exemple que l'ancien président de la République a dit qu'il allait directement dans le mur, donc à quoi ça sert de faire copain avec un ancien président qui derrière, semble-t-il, vous flingue ?
MOUNIR MAHJOUBI
Même réponse qu'au départ, ni copain, ni ennemi, parler avec un ancien président quand on est président c'est tout à fait souhaitable et tout à fait normal. Moi je ne commente pas les commentaires de reprises de commentaires, de discussions intimes entre les deux, ce que je vois c'est un président de la République qui fait tourner la France, qui avance, qui nous donne envie d'être dans ce gouvernement, de continuer à nous dépasser, de continuer à aller négocier, de continuer au niveau européen à partir, au niveau économique à continuer à transformer... et c'est ça qui est essentiel. Et les Français le voient, vous avez parlé du sondage tout à l'heure, les gens nous reconnaissent cette énergie, cette volonté de transformation, alors parfois il y a des à-coups, parfois il y a des incompréhensions, mais ce qu'on a annoncé, ce qu'on a dit pendant la campagne on est en train de le faire aujourd'hui.
GUILLAUME DURAND
Merci beaucoup Mounir MAHJOUBI, donc secrétaire d'Etat au Numérique, était l'invité politique de la matinale sur ce dossier important du lab et sur les autres dossiers politiques, économiques et sociaux.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 24 octobre 2017