Interview de M. Benjamin Griveaux, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'économie et des finances, avec Europe 1 le 25 octobre 2017, sur la baisse du chômage, la directive des travailleurs détachés et sur La République en marche.

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Texte intégral


JULIE LECLERC
Patrick COHEN, vous recevez ce matin le secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie et des Finances.
PATRICK COHEN
Bonjour Benjamin GRIVEAUX.
BENJAMIN GRIVEAUX
Bonjour Patrick COHEN.
PATRICK COHEN
Vous ne serez pas le premier de cordée dans la majorité présidentielle, Christophe CASTANER vient de confirmer sa candidature à la tête du parti, on va y revenir. D'abord, le chômage qui recule fortement en septembre. 65 000 chômeurs de moins, c'est un bon signe, un très bon signe ou ça demande confirmation, il faut rester prudent ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Par définition, en matière de chômage, la prudence s'impose. C'est un bon signe, c'est un bon signal, ça montre d'abord que notre économie repart, que la conjoncture internationale aide à permettre la création d'emplois. Moi, ma certitude c'est que les mesures que nous sommes en train de mettre en place, que ce soit par les ordonnances qu'a défendu Muriel PENICAUD, par le budget que nous sommes en train de débattre à l'Assemblée nationale et dont la première partie a été votée hier, porteront leurs fruits pour permettre eh bien d'accentuer et d'accélérer, parce que...
PATRICK COHEN
Oui, parce que là ce sont les mesures du quinquennat précédent, qui font effet.
BENJAMIN GRIVEAUX
C'est bien 65 000 chômeurs de moins, mais moi je pense d'abord aux 3,5 millions de chômeurs qui restent, et notre seul objectif et la mission qui nous a été confiée à Bruno LE MAIRE et à moi-même à Bercy, s'est de transformer le modèle économique de notre pays pour permettre à nos entreprises de grandir, de créer de la richesse et de développer l'emploi, et c'est notre seule obsession, matin, midi et soir.
PATRICK COHEN
Merci pour ce commentaire, Benjamin GRIVEAUX, même si je croyais que ce gouvernement s'était juré de ne plus commenter les chiffres mensuels de Pôle emploi.
BENJAMIN GRIVEAUX
A nouveau, je vous ai dit, notre seule ambition c'est de faire en sorte que, à l'issue de ce quinquennat, nous ayons, Muriel PENICAUD l'a rappelé hier, un objectif autour de 7 % de chômage. Je crois que cela est possible, j'ai la certitude que ce que nous mettons en place permettra, eh bien d'arriver à cet objectif ambitieux.
PATRICK COHEN
A propos de commentaires, les travailleurs détachés, est-ce que ça méritait les cris de victoire entendus hier, s'agissant de dispositions qui n'entreront pas en vigueur avant 2022, qui ne concernent pas le transport routier et qui au fond ne changeront pas grand-chose dans les camions en France et sur les chantiers.
BENJAMIN GRIVEAUX
Vous savez, les travailleurs détachés, quand Emmanuel MACRON a été élu président de la République, et qu'une majorité lui a été donnée au Parlement, personne n'en parlait, tout le monde, plutôt en parlait dans les meetings, personne n'avait fait grand-chose sur ce sujet, personne n'avait pris à bras-le-corps la question. Il s'en est emparé, il est allé à convaincre, un par un les gouvernements européens qu'il fallait agir sur ce sujet important, parce que c'est un sujet qui incarne une question centrale pour les Français, qui est la question de la capacité de l'Europe, à protéger aussi, eh bien les travailleurs de chaque pays. Et demain...
PATRICK COHEN
La question c'est : est-ce que ce compromis va changer quelque chose réellement ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Le compromis change réellement. Aujourd'hui vous pouviez détacher deux ans, demain ça sera 12 mois, ça sera à travail égal, un salaire égal, c'est-à-dire que, aujourd'hui...
PATRICK COHEN
Ça, le principe était acquis avant l'été par la Commission européenne.
BENJAMIN GRIVEAUX
Oui, enfin, vous savez, les principes toujours acquis, c'est toujours mieux quand les choses sont réellement actées, et que c'est voté. Il y a donc eu un travail de convictions, c'est un pas important pour l'Europe sociale, pour la construction d'une Europe de la protection et on doit ça à l'engagement absolu du président de la République sur ce sujet, je crois qu'on peut s'en féliciter, c'est une avancée.
PATRICK COHEN
C'est donc, Benjamin GRIVEAUX, c'est donc Christophe CASTANER qui a été choisi par Emmanuel MACRON pour diriger la République En Marche ! Dans votre système, c'est donc le président qui désigne le chef du parti ?
BENJAMIN GRIVEAUX
J'ai su que ça a été beaucoup présenté de cette manière-là, mais vous savez, nous, on a fonctionné...
PATRICK COHEN
Ça n'a pas été démenti.
BENJAMIN GRIVEAUX
On a fonctionné depuis un peu moins de deux ans, que le projet d'En Marche ! A été constitué, on a toujours fait des choix collectifs, c'est comme ça que ça a fonctionné, et comme ça nous a plutôt bien réussi jusqu'à présent, on n'a pas l'intention de changer les recettes qui marchent. Donc on a discuté, on s'est mis autour de la table...
PATRICK COHEN
C'est qui « on » ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Quelques-uns, parmi les marcheurs de la première heure...
PATRICK COHEN
A l'Elysée, au Palais de l'Elysée ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Vous savez, il nous arrive de discuter en dehors du palais de l'Elysée et c'est heureux. Et donc les marcheurs de la première heure, on s'est mis autour de la table et on a discuté pour savoir qu'il ferait un bon chef d'équipe, dans cette période importante...
PATRICK COHEN
C'est-à-dire CASTANER, vous, Richard FERRAND.
BENJAMIN GRIVEAUX
Il y avait Julien DENORMANDIE, aussi, qui a été cité, Richard FERRAND, Christophe CASTANER. Et le choix s'est arrêté collectivement sur Christophe CASTANER. Pour plusieurs raisons. D'abord c'est un marcheur de la première heure, et c'est important d'avoir quelqu'un qui a l'historique du mouvement, qui connaît la philosophie avec laquelle on a construit ce mouvement et les raisons pour lesquelles les gens nous ont rejoints. Je rappelle qu'il y a un an, nous étions des fous, nous n'avions pas de candidat à l'élection présidentielle, d'ailleurs on nous expliquait qu'il ne serait pas candidat, puis qu'il ne serait pas président, puis que nous n'aurions pas de majorité parlementaire. Et donc, on a besoin de gens qui étaient là dès le départ. C'est un élu de terrain, c'est un homme expérimenté. Moi je l'ai découvert au moment des élections régionales où il y a eu le courage de ne pas se maintenir au second tour et d'appeler à voter, sans ambiguïté, pour Christian ESTROSI, pour faire battre le Front national, c'est aussi un élément important dans l'historique personnel de Christophe. Et puis moi, j'ai un souvenir de lui, à un meeting, à un moment de la campagne. On était à Toulon, c'était un meeting où je le rappelle, les militants du Front national empêchaient la tenue de ce meeting et empêchaient à nos adhérents et aux gens qui souhaitaient participer, d'entrer physiquement dans le meeting. Et il avait donné un discours, je me souviens ce jour-là, particulièrement touchant je crois, imprégné de justement cette élection régionale face... dans laquelle il a été confronté aux Front national et où il a fait appel à battre le Front national sans aucune ambiguïté. Pour moi, c'est ça Christophe CASTANER, et je crois qu'il aura justement ce talent-là, à la tête de la République En Marche !.
PATRICK COHEN
C'est aussi un Provincial, contrairement au Parisien que vous êtes, Benjamin GRIVEAUX. Ça a compté, ça ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Ecoutez, que vous disiez au Bourguignon que je suis, que je suis Parisien...
PATRICK COHEN
Oui, vous avez été élu de Saône-et-Loire.
BENJAMIN GRIVEAUX
... je le prends comme un compliment, monsieur COHEN.
PATRICK COHEN
Vous avez été élu de Saône-et-Loire, mais aujourd'hui vous êtes implanté à Paris, on vous prête des ambitions parisiennes.
BENJAMIN GRIVEAUX
J'ai été élu, j'y suis même né. Et qu'un Bourguignon ait pu être adopté Parisien, je m'en réjouis, mais je crois que Paris, vous savez, ne se regarde pas le nombril les Parisiens n'aiment pas se regarder le nombril, et considérer que Paris est uniquement réservée aux Parisiens, aux pures souches, ça serait faire mourir Paris.
PATRICK COHEN
Donc ça aurait pu être vous. Donc ça aurait pu être vous, le chef de la République En Marche !.
BENJAMIN GRIVEAUX
Ça aurait pu être Richard FERRAND, qui est un élu de Bretagne, ça aurait pu être Julien DENORMANDIE, ça aurait pu être beaucoup de monde. C'est la chance aussi que nous avons, d'avoir...
PATRICK COHEN
Ça aurait pu être un trenta comme vous, plutôt qu'un quinqua, enfin, trenta pour quelques semaines encore, vous aurez 40 ans en décembre...
BENJAMIN GRIVEAUX
Je vous confirme.
PATRICK COHEN
... plutôt qu'un quinqua comme CASTANER.
BENJAMIN GRIVEAUX
Ecoutez, avoir quelqu'un d'expérience, je crois que c'est utile à la tête de la République En Marche !, et puis, vous savez, il ne sera pas seul, il aura un collectif autour de lui, il aura un bureau exécutif qui sera composé à nouveau de l'ensemble des sensibilités présentes dans la République En Marche !, des gens issus de la société civile, et moi je veux aussi rendre hommage aux trois personnes qui depuis des mois, on fait tourner ce mouvement, à Bariza KHIARI, à Astrid PANOSYAN, à Arnaud LEROY, qui ont permis à ce mouvement eh bien de passer les élections législatives, à Catherine BARBAROUX, qui a été d'une grande aide aussi. On a toujours fonctionné de manière collective, on n'a pas de raison de ne pas continuer.
PATRICK COHEN
Bon, c'est quand même Emmanuel MACRON, au final, qui a choisi. C'est le président qui décide.
BENJAMIN GRIVEAUX
Si vous me demandez si Emmanuel MACRON a eu son mot à dire et qu'on en a discuté avec lui, à l'évidence. Mais, vous savez, c'est aussi...
PATRICK COHEN
Oui, donc c'est la tradition gaulliste.
BENJAMIN GRIVEAUX
C'est aussi un choix collectif.
PATRICK COHEN
C'est la tradition des godillots qui colle bien à l'intitulé de votre parti aussi.
BENJAMIN GRIVEAUX
C'est aussi un choix collectif et je crois que les 380 000 adhérents du mouvement la République En Marche ! apprécieront d'avoir été traités de godillots, ils sont tout sauf des godillots, croyez moi.
PATRICK COHEN
Mais il sert à quoi le parti ? Il va débattre, il pourra y avoir débat, il pourra contester, infléchir éventuellement la politique du gouvernement ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Il restera un mouvement avant d'être un parti. C'est un mouvement qui d'abord doit être au service des Français, et ça c'est sans doute quelque chose d'assez nouveau, et donc impliqué dans les territoires où il est, et recoller avec la société civile, garder ce lien précieux qui a fait que les Français ont tourné la page 30 ans de vie politique en mai dernier. Donc ça c'est sa première mission. La deuxième mission, c'est aussi de produire des idées nouvelles, de nous challenger, de nous a bousculer dans nos certitudes. C'est ce que n'ont plus fait les deux grands partis traditionnels. Regardez ce qui s'est passé à la fois au Parti socialiste et chez Les Républicains, les intellectuels travaillaient dans des think tanks, à côté, de manière périphérique. Le rôle d'un mouvement politique, c'est aussi de produire des idées, de produire du contenu, et d'avoir un exercice de convictions auprès de nos concitoyens, de garder ce lien précieux qui a fait qu'Emmanuel MACRON a été élu Président de la République.
PATRICK COHEN
Donc Christophe CASTANER futur chef... chef ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Délégué général.
PATRICK COHEN
Délégué général du parti la République En Marche ! On doit dire la REM, c'est ça, maintenant ?
BENJAMIN GRIVEAUX
On peu dire la République En Marche ! on peut dire la REM, c'est...
PATRICK COHEN
La REM. Bon, ok, il faudra d'y faire. Il pourra rester au gouvernement ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Ecoutez, ça c'est une décision qui appartient au Premier ministre et au président de la République. La question, avant de savoir s'il peut rester au gouvernement, c'est qu'il ait un soutien massif le 18 novembre lors de notre congrès à Lyon, il y a une élection, et donc moi j'invite l'ensemble des adhérents de la République En Marche !, à manifester leur soutien à la démarche engagée par Christophe CASTANER et à l'équipe qu'il va constituer autour de lui, pour avoir de cette mission importante.
PATRICK COHEN
Mais chef de pari et porte-parole du gouvernement, comme ça, a priori, ça ne vous paraît pas forcément incompatible.
BENJAMIN GRIVEAUX
Pardon ?
PATRICK COHEN
Chef de parti et porte-parole du gouvernement, ça ne vous paraît pas, a priori, incompatible, Benjamin GRIVEAUX ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Porte-parole, vraisemblablement c'est compliqué...
PATRICK COHEN
Porte-parole c'est compliqué.
BENJAMIN GRIVEAUX
... mais en revanche, membre du gouvernement, rien n'est incompatible. A nouveau, c'est une décision qui appartient au Premier ministre et au président de la République.
PATRICK COHEN
Ce qui pourrait du coup vous faire revenir le porte-parole, là, du gouvernement.
BENJAMIN GRIVEAUX
Ecoutez, très franchement, ce petit jeu qui consiste à faire les tours de passepasse entre les uns et les autres, un, je pense ne passionne pas vos auditeurs, en tout cas, moi c'est pas ce sur quoi on m'interroge quand je me promène dans les rues de Paris, on m'interroge sur bien d'autres choses.
PATRICK COHEN
Vous, vous n'aviez pas envie du poste, Benjamin GRIVEAUX ?
BENJAMIN GRIVEAUX
A nouveau, c'est un choix qui s'est fait de manière collective et j'entends beaucoup que certains disent...
PATRICK COHEN
Ça ne répond pas à ma question.
BENJAMIN GRIVEAUX
... certains doivent être déçus ce matin. Ceux qui sont déçus n'ont pas de place dans notre aventure collective. Moi je suis ravi, c'est, d'une chose, de rester à Bercy pour transformer en profondeur l'économie de notre pays et pour faire en sorte que mes successeurs aient le plaisir de commenter des bons chiffres chaque mois, en baisse, sur le front du chômage.
PATRICK COHEN
Et ça vous laisse le temps de cultiver vos ambitions parisiennes, Benjamin GRIVEAUX ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Ecoutez, moi je n'ai qu'une ambition : que c'est...
PATRICK COHEN
…
BENJAMIN GRIVEAUX
Mais à nouveau, je vous le redis, ça fait huit ou neuf fois que je démens, je l'ai même fait déjà d'ailleurs à votre antenne, et donc je le redis, je le redis : je n'ai pour l'instant qu'une seule ambition, faire baisser le chômage dans notre pays et permettre à nos entreprises de grandir et d'embaucher.
PATRICK COHEN
Merci Benjamin GRIVEAUX d'être venu ce matin au micro d'Europe 1.
source : Service d'information du Gouvernement, le 26 octobre 2017