Texte intégral
Bonjour à tous,
Hier, le Premier Ministre a commencé son discours de lancement de ce France Digital Day par une référence à l'un de ses auteurs préférés. Il a ainsi cité Chateaubriand.
A mon tour donc de vous citer mes classiques. Et je commencerai par une publication que vous connaissez certainement peut-être, le Manifeste du Hacker de 1986 dans le Phrak Magazine que j'ai découvert 10 ans après.
« I made a discovery today. I found a computer, wait a second, this is cool. It does what I want it to. If I make a mistake, it's because I screwed it up. Not because it does not like me. Or feels threatened by me.
Certains traduisaient les chansons qu'ils aimaient, moi, j'ai voulu traduire ce texte.
« Et ça y est, c'est arrivé, une porte s'est ouverte sur le monde, traversant à toute vitesse les câble du téléphone, comme l'héroïne dans la veine de l'addict. Une décharge électrique est envoyée.
Un refuge contre l'imperfection du quotidien, ça y est, une carte électronique est trouvée.
« This is it. This is where I belong » Je connais tout le monde ici, même si je ne les ai jamais rencontrés, même si je ne leur ai jamais parlé, et même si je n'entendrai plus jamais parler d'eux. Je vous connais tous. »
Et il conclue par un « We are all alike. »
Alors pourquoi commencer un discours de clôture du French Digital Day par une telle citation ? Et bien parce qu'elle résume bien, je crois, deux des raisons qui font que je suis toujours vraiment, authentiquement, heureux d'être avec vous.
Une madeleine de Proust d'abord, avec le rappel de cette découverte des ordinateurs qui m'a façonné. Je le raconte souvent mais ce fût une vraie motivation pour moi, ce qui m'a poussé à l'âge de 13 ans à candidater pour un concours de Sciences et Vie Junior, avec un unique but en tête : obtenir la récompense pour pouvoir m'offrir mon premier ordinateur. Et, je ne peux pas vous le cacher, cela a ensuite un peu marqué ma vie.
Mais ce qui raisonne aussi très fortement en moi dans le Manifeste des Hackers, c'est un appel, comme une injonction : « we are all alike ». Et c'est vrai, je me sens entouré de pairs ici. De gens qui, comme moi, ont essayé ou essaient aujourd'hui de créer et de faire grandir des entreprises. En échouant, souvent, et en réussissant, parfois. Comme moi.
Et en même temps, même si nous sommes tous semblables ici, nous ne sommes plus seuls, et nous ne sommes plus là pour rester entre nous. C'est là je crois une grande différence avec ce qui se passait il n'y a encore pas si longtemps, il y a peut-être 10-15 ans.
Vous étiez les pionniers, vous devenez les leaders ; vous étiez l'exception, vous devenez les moteurs ; on parlait de nouvelle économie : oubliez le mot nouvelle ; vous êtes l'économie
Ce monde que vous construisez, c'est donc le vôtre, mais c'est aussi le nôtre, et finalement celui de tous. Et sur ce chemin, je crois que nous avons un choix, entre deux grandes voies.
La première voie, c'est celle de l'aveuglement technologique sans valeur, qui consiste à aller toujours plus vite, toujours plus loin, mais sans réfléchir au sens de ce que nous faisons, en oubliant le socle de valeurs qui nous a jusqu'ici façonné : c'est ce qui se passe par exemple dans « La Nuit des Enfants rois » de Bernard Lenteric, une autre référence qui m'a nourrie et dans laquelle sept enfants, sept intelligences supérieures, finissent ensemble par commettre les pires atrocités car ils ne croient plus en rien.
Et puis il y a un autre chemin, celui qui consiste à avancer résolument, toujours plus vite, toujours plus fort aussi, mais en ne perdant jamais de vue le sens, pour éviter de se retrouver, comme l'ordinateur Pensées Profondes dans le Guide du Voyageur Galactique, à apporter des réponses à des questions qu'on ne saisit plus vraiment.
Alors, comment y arriver ? Comment suivre cette seconde voie ? En se montrant je crois à la hauteur de trois responsabilités, qui sont les vôtres et les miennes à la fois, et qui doivent résonner non comme un poids mais comme autant d'éléments d'excitation pour demain.
La première responsabilité, c'est celle d'encourager, sans cesse et toujours mieux, toutes les incroyables initiatives que vous portez aujourd'hui. Vous pouvez y contribuer, par votre travail au quotidien bien sûr, mais aussi en vous faisant, partout dans le monde, les ambassadeurs de cette French Tech qui grandit sans cesse, créant toujours plus d'entreprises et levant toujours plus de fonds. Un exemple pour illustrer cela : j'étais hier avec les lauréats du Pass French Tech cette année, et les chiffres donnent le tournis : 87 entreprises, plus de 5000 emplois générés, près de 700 millions d'euros levés.
Alors cette responsabilité dans l'innovation, c'est aussi bien sûr la mienne et celle du gouvernement. C'est pourquoi nous avons décidé
- d'ajuster le droit du travail (vous avez suivi :),
- de simplifier la fiscalité, avec des annonces que nous détaillerons demain,
- d'investir, avec un fonds de 10 milliards pour l'innovation et la croissance sur lequel nous reviendrons très bientôt, mais aussi
- de rendre l'environnement règlementaire et financier toujours plus favorable pour vous.
Je suis à ce titre très honoré que le Premier Ministre m'ait confié hier la mission de lancer, dès le mois d'octobre, une « revue sectorielle des start-ups » afin d'identifier, secteur par secteur, thème par thème, tous les irritants que vous pouvez percevoir dans votre activité, qu'ils soient législatifs, règlementaires ou ni législatifs ni règlementaires. Cette revue, nous la ferons ensemble, et vous pouvez compter sur mon équipe et sur moi.
Promouvoir donc, mais aussi inclure. C'est là une seconde responsabilité que nous avons tous, celle, dans la formidable révolution que nous portons, de ne laisser personne sur le bord de la route, de ne pas créer autour de nous de nouveaux fossés. Comment le faire ?
Chacun à notre niveau, en accompagnant ceux qui sont les plus éloignés du numérique aujourd'hui, et en mettant en place des environnements favorables à la diversité. Nous ne pouvons pas nous satisfaire nos start-ups françaises accueillent aujourd'hui que seul 1 entrepreneur sur 5 soit une femme, et que les milieux dit défavorisés soient sous-représentés dans la création d'entreprise. Là encore, nous assumerons au gouvernement nos responsabilités, en développant le French Tech ticket et le French Tech visa pour attirer toujours plus de talents étrangers, mais aussi en doublant l'an prochain les moyens consacrés au programme French Tech Diversité, un dispositif qui permet de soutenir par exemple des entrepreneurs issus des quartiers prioritaires de la politique de la ville. Et je m'engagerai avec Marlène Schiappa et tous ceux qui le souhaitent pour promouvoir l'entrepreneuriat au féminin, l'envie d'entreprendre commence tôt, il faudra dès le collège et le lycée toujours sensibiliser et ouvrir à nos métiers.
Enfin, nous avons une troisième responsabilité, celle de ne jamais éviter les sujets : l'intelligence artificielle soulève des craintes par exemple ? Regardons-les en face, en soulignant aussi et surtout les incroyables bénéfices qu'elle pourrait apporter. La France et l'Europe peuvent et doivent se positionner à la pointe sur ce sujet, et c'est là tout le sens de la mission que le Premier Ministre a confié à Cédric Villani, et que je suis très fier de porter avec lui.
Mesdames et messieurs du monde qui vient, du monde qui est, pionniers, leaders, éclaireurs, suiveurs, ceux qui suivent, qui tentent, qui innovent, avec de grands pouvoirs viennent oui de grandes responsabilités ; mais avec de grands pouvoirs viennent aussi de magnifiques opportunités ; alors prenons du plaisir et préparons pour la génération qui arrive la planète nous souhaitons.
Je vous remercie
source https://www.numerique.gouv.fr, le 30 octobre 2017