Texte intégral
ELIZABETH MARTICHOUX
Bonjour Benjamin GRIVEAUX.
BENJAMIN GRIVEAUX
Bonjour.
ELIZABETH MARTICHOUX
Merci beaucoup à vous d'être dans ce studio de RTL ce matin. Selon Les Echos, le gouvernement réfléchit à un élargissement de la baisse de charges patronales, jusqu'à 3 fois le SMIC, aujourd'hui c'est 2 fois et demi maximum. C'est un nouveau coup de pouce nécessaire ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Alors ce sujet-là a été évoqué dès 2012 par Louis GALLOIS, dans le rapport qu'il avait remis sur la question de la compétitivité de nos entreprises et, en particulier, de notre industrie. Et c'est quelqu'un qui connaît bien l'industrie Louis GALLOIS. C'est un sujet important parce qu'il faut que la France puisse et nos entreprises et notre industrie en particulier rester compétitive vis-à-vis de nos concurrents européens, mais également à l'international. C'est une piste qui est étudiée, mais que les choses soient très claires
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais pourquoi c'est important, en deux mot pourquoi est-ce que ça améliore notre compétitivité ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Parce que la compétitivité prix de notre industrie sur les salaires plus élevés, sur les bas salaires grâce aux mesures qui ont été prises par le gouvernement et qui seront mises en oeuvre dès l'année prochaine, nous aurons une compétitivité qui sera meilleure vraisemblablement, y compris que celle de nos voisins allemands. Mais on a aussi l'industrie avec des salaires plus élevés et on peut se poser cette question. En revanche
ELIZABETH MARTICHOUX
Parce qu'il vaut mieux il faut plus de formations
BENJAMIN GRIVEAUX
En revanche
ELIZABETH MARTICHOUX
Que plus de qualifications pour être plus compétitif ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Oui, mais en revanche il y a l'autre obligation qui est celle de la crédibilité financière, de la signature de la France. Et c'est un engagement que nous avons pris vis-à-vis de nos partenaires européens de ne pas dégrader structurellement nos comptes publics, il en va de la crédibilité française. Et donc, c'est dans cet équilibre entre à la fois une compétitivité de nos entreprises meilleure mais également le respect budgétaire de nos engagements européens
ELIZABETH MARTICHOUX
Qu'il va falloir arbitrer.
BENJAMIN GRIVEAUX
Que nous allons devoir arbitrer.
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais donc vous voulez souligner que ça coûte cher, ce ticket supplémentaire si je puis dire, ce coup de pouce sur les baisses de charges, ça coûterait 3 milliards sur l'année 2019, de toute façon pas avant 2019, c'est un chantier que vous envisagez pour 2019 ?
BENJAMIN GRIVEAUX
De toute façon pour 2018, l'affaire est entendue.
ELIZABETH MARTICHOUX
L'affaire est entendue, donc ce serait dans le budget prochain. Pour 2019, vous y êtes favorable en tant que secrétaire d'Etat à Bercy ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Ecoutez ! Moi tout ce qui va en faveur
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous trouvez que c'est nécessaire pour l'industrie française ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Tout ce qui permet à notre industrie de progresser, j'y suis favorable mais il n'y a pas que la compétitivité prix, il y a aussi la compétitivité hors prix, à savoir l'innovation, la transformation de notre appareil productif, la transformation de notre industrie vers ce qu'on appelle « une industrie 4.0 », comment on va numériser, comment on va internationaliser notamment nos PME pour les aider à grandir, pour aller à l'export et pour avoir en Allemagne il y a 12.000 entreprises de taille intermédiaire, en France il y en a 4.000. Notre objectif, c'est de constituer un tissu industriel français solide qui permette à l'entreprise d'aller à l'étranger, de gagner des parts de marché et d'être compétitive.
ELIZABETH MARTICHOUX
D'après ce que vous savez, l'arbitrage sera rendu à quelle échéance sur ce dossier ?
BENJAMIN GRIVEAUX
A ce stade, il n'y a pas de date
ELIZABETH MARTICHOUX
Il n'y a pas
BENJAMIN GRIVEAUX
Non.
ELIZABETH MARTICHOUX
Contrairement à ce peuvent dire nos confrères une décision qui sera annoncée dès aujourd'hui ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Non.
ELIZABETH MARTICHOUX
Ce ne sera pas aujourd'hui, le gouvernement, Emmanuel MACRON prend son temps.
BENJAMIN GRIVEAUX
C'est préférable sur des sujets aussi structurants.
ELIZABETH MARTICHOUX
Et aussi coûteux pour les finances publiques, on le rappelle
BENJAMIN GRIVEAUX
Structurants.
ELIZABETH MARTICHOUX
Rien que pour l'année 2019 3 milliards d'euros. Dans l'actualité aussi ce matin, l'hypothèse de la fin d'Angela MERKEL en Allemagne, les négociations pour former un gouvernement de coalition ont échoué cette nuit. De nouvelles élections ne sont pas impossibles, c'est une hypothèse qui est sur la table, c'est une mauvaise nouvelle ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Ecoutez ! D'abord il y a une tradition de constitution de coalition en Allemagne qui est différente de la tradition politique que nous avons en France. Donc on va voir
ELIZABETH MARTICHOUX
Ça, on le voit à l'oeuvre, mais là ça n'a pas l'air d'avancer positivement.
BENJAMIN GRIVEAUX
Vous savez, je ne vais pas faire le commentateur de la vie politique allemande, il est souhaitable qu'une coalition puisse être trouvée. Est-ce que de nouveaux éléments permettant de poursuivre les discussions seront mis sur la table dans les jours qui viennent ? Je n'en sais rien, c'est souhaitable d'avoir ainsi une coalition constituée avant la fin de l'année.
ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, alors ça c'est un discours que vous auriez pu tenir absolument mot pour mot juste après les élections qui ont permis à Angela MERKEL d'arriver en tête, mais avec la nécessité de trouver une coalition. Il se passe quelque chose de plus grave, elle a échoué cette nuit, Emmanuel MACRON souhaite réformer l'Union européenne en profondeur, est-ce que ça ne risque pas de freiner ses ambitions européennes, est-ce qu'il n'est pas là l'enjeu pour nous ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Ecoutez ! 1) Emmanuel MACRON a évidemment on a une relation particulière avec l'Allemagne, on a ce couple franco-allemand dont je crois que le moteur
ELIZABETH MARTICHOUX
Indispensable pour faire avancer l'Europe
BENJAMIN GRIVEAUX
C'est l'un des moteurs de l'Europe mais pas uniquement ; et c'est aussi le sens du discours qu'Emmanuel MACRON a donné à la Sorbonne, le discours qu'il a donné à Athènes, à savoir que si nous voulions relancer l'Europe, ça ne peut se faire uniquement que dans un tête à tête avec les Allemands, mais de manière coordonnée et avec l'ensemble des grands pays européens
ELIZABETH MARTICHOUX
Alors vous ne répondez pas à ma question, est-ce que si l'hypothèse la plus pessimiste se confirmait dans les heures qui viennent, ce ne serait pas tout de même une préoccupation majeure pour Emmanuel MACRON ?
BENJAMIN GRIVEAUX
C'est évidemment une préoccupation, c'est un partenaire important pour la France. Mais moi je suis un optimiste, j'ai tendance à voir le verre à moitié plein plutôt qu'à moitié vide et je suis certain que des éléments nouveaux peuvent permettre de constituer une coalition autour d'Angela MERKEL.
ELIZABETH MARTICHOUX
On le verra. Verre à moitié plein aussi pour la décision attendue aujourd'hui concernant l'autorité bancaire, on rappelle qu'elle est à Londres, à cause du Brexit elle doit déménager. C'est une grande agence européenne, l'enjeu ce n'est pas tellement l'emploi Benjamin GRIVEAUX, c'est plutôt l'influence de la France sur
BENJAMIN GRIVEAUX
L'Agence bancaire, l'Autorité bancaire européenne est à Londres, dans le cadre du Brexit elle va donc être relocalisée en Europe continentale. Il y a différents pays qui se sont porté candidats pour accueillir
ELIZABETH MARTICHOUX
Luxembourg, Vienne, Dublin, Prague, Bruxelles, Francfort et Paris.
BENJAMIN GRIVEAUX
Et Paris. Il y a quelques mois, nous n'avions quasiment aucune chance, je dirai qu'on a aujourd'hui
ELIZABETH MARTICHOUX
Outsider ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Une chance sur deux, ce qui donc marque un progrès. Mais cet élément alors évidemment il y a les 200 personnes avec leurs familles qui seraient amenés à franchir la Manche, mais ça n'est pas le sujet de l'emploi. C'est le sujet du rééquilibrage en Europe continentale des outils bancaires et financiers. Il y a la Banque centrale européenne à Francfort, je trouverai utile d'avoir un rééquilibrage avec l'accueil à Paris de cette Autorité bancaire européenne. Et je veux dire aussi par-là que la France par les réformes que nous avons engagées et par la transformation que nous avons engagée est en train de retrouver l'attractivité financière, notamment la place de Paris. On nous avait dit il y a quelques semaines et quelques mois : mais vous savez, tout ira à Francfort ou à Luxembourg dans le cadre du Brexit. L'assureur CHUBB, qui est l'un des plus grands assureurs américains, installe son siège européen avec ses 300 salariés à Paris, BANK OF AMERICAIN MERRILL LYNCH qui n'est pas une petite banque
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous n'allez pas refaire la plaidoirie ici puisque de toute façon
BENJAMIN GRIVEAUX
Non, ce n'est pas une plaidoirie
ELIZABETH MARTICHOUX
La campagne que vous avez menée
BENJAMIN GRIVEAUX
Madame MARTICHOUX
ELIZABETH MARTICHOUX
Elle est terminée.
BENJAMIN GRIVEAUX
Ce n'est pas une plaidoirie, on voit toujours le verre à moitié vide et donc permettez-moi aussi de marquer le verre à moitié plein. Nous accueillons 300 traders de BANK OF AMERICA MERRIL LYNCH à Paris, potentiellement 1.000 à terme ; GOLDMAN SACHS a donné de bons signaux la semaine dernière. Et donc ça veut dire quoi ? Que concrètement quand on travaille, le travail paie et qu'il faut le faire calmement, silencieusement mais efficacement.
ELIZABETH MARTICHOUX
Et on saura ce soir si Paris a réussi à tailler des croupières à Francfort, puisque c'est un des enjeux, on verra ça ce soir. Benjamin GRIVEAUX, pourquoi aux yeux d'Emmanuel MACRON vous n'aviez pas les qualités pour diriger le parti En Marche ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Ecoutez ! Christophe CASTANER, moi je suis certain, a toutes les qualités pour diriger le parti. Le sujet était assez simple, il fallait un marcheur de la première heure, sans doute quelqu'un qui avait une expérience d'élu local et qui avait cette expérience d'élu local en dehors de Paris
ELIZABETH MARTICHOUX
Pas vous, en dehors de Paris
BENJAMIN GRIVEAUX
Non, moi je suis député de Paris.
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous étiez trop parisien pour le président !
BENJAMIN GRIVEAUX
Elu depuis le mois de juin. Ça, je ne sais pas si j'étais trop parisien, j'ai vécu la moitié de ma vie en Bourgogne, l'autre moitié à Paris
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc ce n'est pas ça qui a fait la différence !
BENJAMIN GRIVEAUX
Suis-je donc d'adoption parisienne, je n'en sais rien. Mais ce dont je suis certain, c'est que Christophe CASTANER par son parcours et notamment et je crois que c'est un des éléments importants l'élection régionale de 2015 lorsqu'il se retire au second tour de l'élection régionale pour faire battre le Front national. Moi je n'oublie pas que Marine LE PEN était au second tour de l'élection présidentielle, que pour la deuxième fois en 15 ans le Front national était présent au second tour de l'élection présidentielle et que c'est l'un des enjeux
ELIZABETH MARTICHOUX
Alors je vous ai posé une question pour vous
BENJAMIN GRIVEAUX
C'est l'un des enjeux de raccrocher cette France
ELIZABETH MARTICHOUX
Et vous me faites l'éloge de Christophe CASTANER
BENJAMIN GRIVEAUX
De raccrocher si je peux terminer Elizabeth MARTICHOUX, de raccrocher cette France dite des périphéries qui se sent mise à l'écart de la mondialisation, c'est important et je crois que Christophe CASTANER incarne aussi et qu'il parle à cette France.
ELIZABETH MARTICHOUX
Alors Christophe CASTANER qui attend de savoir si Emmanuel MACRON le maintient au gouvernement ou pas, il ne sera plus porte-parole mais il souhaiterait rester secrétaire d'Etat chargé des Relations avec le Parlement. Le président n'a pas tranché, il hésite ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Ecoutez ! Vous lui poserez la question.
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais s'il ne l'a pas encore dit, c'est qu'à votre avis son opinion, sa conviction n'est pas encore
BENJAMIN GRIVEAUX
Je ne fais pas de conjecture ni de commentaire
ELIZABETH MARTICHOUX
Pourquoi ne pas annoncer s'il a décidé ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Le commentaire ça n'est pas mon rôle, ça n'est pas mon rôle, donc je ne ferai pas de commentaire sur ce sujet.
ELIZABETH MARTICHOUX
Ça vous intéresserait, est-ce que ça vous intéresse de devenir
BENJAMIN GRIVEAUX
Je renvoie à l'article 8 de la Constitution qui, jusqu'aux dernières nouvelles, n'a pas changé, à savoir que c'est le président de la République qui nomme sur proposition du Premier ministre
ELIZABETH MARTICHOUX
Ça ne vous intéresse pas ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Le gouvernement.
ELIZABETH MARTICHOUX
Ça ne vous intéresserait pas, est-ce que ça vous intéresserait ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Je ne à nouveau, je ne vous répondrai pas.
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous ne répondrez pas. Est-ce que votre conviction, c'est qu'il est compatible qu'il soit à la fois le chef du parti qu'a créé Emmanuel MACRON et membre du gouvernement ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Le délégué général dans une direction collégiale du mouvement qui a été créé par Emmanuel MACRON, je me permets de mettre les bons mots sur les fonctions qu'occupe Christophe CASTANER, à mon avis ça n'est pas incompatible, ça n'est pas incompatible de pouvoir mener de front le travail avec le Parlement. C'est un travail au fond d'ingénierie gouvernementale important et d'ingénierie parlementaire
ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, les adhérents En Marche sont quand même
BENJAMIN GRIVEAUX
Et d'être le responsable du mouvement.
ELIZABETH MARTICHOUX
Un peu déstabilisés, on n'en a pas rencontré beaucoup à Lyon qui disaient « formidable, il faut qu'il reste au gouvernement ». Ils sont plutôt enclins à se dire qu'il soit à plein temps délégué général.
BENJAMIN GRIVEAUX
Moi ceux que je vois ceux que je vois ne me parlent pas de ce sujet-là et les Français que je croise ne me parlent pas
ELIZABETH MARTICHOUX
Dites donc, vous n'en voyez on ne voit pas les mêmes alors !
BENJAMIN GRIVEAUX
Tous les matins de savoir s'il faut qu'il reste au gouvernement ou pas, ils me demandent ce qu'on fait pour l'emploi, ils me demandent ce qu'on fait pour l'éducation, ce qu'on fait pour le logement et assez peu ce qui va se passer dans les 48 h 00 ou 72 h 00 qui viennent.
ELIZABETH MARTICHOUX
Dernière question, François FILLON a arrêté la politique, il abandonne, il incarnait quoi ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Il incarnait une droite conservatrice ; et la campagne qu'il a menée a montré que cette droite n'était pas majoritaire dans le pays ou qu'il n'était pas celui qui était capable de réunifier l'ensemble des familles de la droite. Il y a en France une droite sociale, une droite européenne, une droite libérale dont je crois que François FILLON n'était pas l'incarnation.
ELIZABETH MARTICHOUX
François FILLON qui était il y a un an donné président, ça rend humble. Merci beaucoup Benjamin GRIVEAUX
BENJAMIN GRIVEAUX
Merci.
ELIZABETH MARTICHOUX
D'avoir été avec nous dans ce studio, bonne journée.
YVES CALVI
Après les infos publiées par Les Echos sur de nouvelles baisses des charges, Benjamin GRIVEAUX nous confirme que son objectif est bien de constituer un tissu industriel avec l'équipe gouvernementale solide pour affronter la concurrence internationale. Benjamin GRIVEAUX qui dit ne pas être inquiet par ailleurs de la situation politique en Allemagne.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 22 novembre 2017