Texte intégral
GUILLAUME DURAND
Nous sommes en direct sur l'antenne de Paris Première et de Radio Classique avec Christophe CASTANER. Evidemment, les questions sont nombreuses. Est-ce que ce mot, « bordel » est le « casse-toi, pauvre con » d'Emmanuel MACRON ?
CHRISTOPHE CASTANER
Ça n'a rien à voir.
GUILLAUME DURAND
Il y a un mot pris à la volée, blessant pour certains et repris surtout par l'opposition de manière massive ce matin.
CHRISTOPHE CASTANER
Attendez, il y a deux choses. D'abord, le déplacement lui-même qui porte sur l'enjeu de la formation, de l'apprentissage, parce que nous avons ouvert ce chantier majeur hier en Conseil des ministres. Et puis, il y a cette polémique. Vous savez, il y a ceux qui alimentent les polémiques et il y a ceux qui font. Un milliard d'euros seront investis l'année prochaine dans la formation, quinze milliards dans la mandature pour une raison simple. C'est que la plus grande des injustices, c'est le chômage. Mais la seule solution la meilleure solution c'est la formation. Alors oui, le président de la République a utilisé dans une conversation privée avec le président de la région Aquitaine
GUILLAUME DURAND
Alain ROUSSET.
CHRISTOPHE CASTANER
Un mot qui provoque le débat. Mais est-ce qu'il n'y a pas de nombreux Français qui pensent cela ?
GUILLAUME DURAND
C'est une entreprise qui est dans la région et qui n'arrive pas à trouver un certain nombre de gens pour travailler auprès de cette entreprise justement.
CHRISTOPHE CASTANER
Oui, et puis ceux qui manifestaient étaient les syndicats d'une entreprise voisine sur lequel vous le savez, GM&S l'Etat, les collectivités locales, se sont très fortement mobilisés pour la sauver. Parce que sur le territoire où elle est, à La Souterraine, c'est la seule principale usine et donc il y a une grande mobilisation.
GUILLAUME DURAND
J'ai une question après. Je vous laisse expliquer mais après j'ai beaucoup de questions.
CHRISTOPHE CASTANER
Oui. Et pourtant, pour avoir suivi ce dossier de près, je peux vous dire qu'au moins dix fois pendant la procédure, y compris devant le tribunal, nous avions eu peur que le repreneur retire son offre. Parce que les situations de blocage organisé par certains ont fait peur à tous les investisseurs. C'est le contre-exemple de ce que nous avons vu à WHIRLPOOL. A WHIRLPOOL où effectivement il y a un risque de sinistre industriel mais là, les partenaires sociaux, les syndicats, se mettent autour de la table avec l'Etat, les collectivités et des repreneurs, et aujourd'hui on retrouve de l'espérance.
GUILLAUME DURAND
D'accord, c'est GMD mais il y a 156 suppressions d'emplois, il y a une colère. Pour l'instant, les syndicats de GM&S ont refusé d'aller rencontrer à Paris un des responsables de Bercy qui est Benjamin GRIVEAUX, mais il y a le vocabulaire quand même, il y a ce vocabulaire. Tout à l'heure, je parlais de Nicolas SARKOZY. Vous vous souvenez : « travaille, tu te paieras un costume », on se souvient de cette histoire-là ; l'affaire des fainéants qui s'adressait plutôt aux gouvernants et pas aux Français mais qui par l'opposition a été reprise comme étant une phrase adressée aux Français. Est-ce qu'il n'a pas un problème, bien qu'étant grand lecteur de STENDHAL, est-ce qu'il n'a pas un problème de vocabulaire en déplacement, Emmanuel MACRON ?
CHRISTOPHE CASTANER
Vous savez, je crois qu'on peut être cultivé et parler comme les Français. Je pense qu'on peut aussi avoir l'objectif en politique c'est le cas du porte-parole qui est devant vous, c'est aussi le cas d'Emmanuel MACRON d'arrêter la langue de bois et d'oser nommer les choses.
GUILLAUME DURAND
Mais alors c'est qui ? C'est MELENCHON, c'est la CGT ceux qui foutent le bordel ? Si vous prenez cette phrase au sérieux, à ce moment-là c'est qu'elle s'adresse à des gens qui, actuellement dans la situation française, jouent délibérément, de votre point de vue, la politique du pire ?
CHRISTOPHE CASTANER
Ils jouent la politique du blocage.
GUILLAUME DURAND
Mais qui ?
CHRISTOPHE CASTANER
Je viens de vous citer GM&S et le fait que, pendant une dizaine de moments, nous avons eu peur que cette hyper mobilisation syndicale fasse fuir les syndicats (sic). J'ai vu monsieur RUFFIN qui a voulu troller, comme on dit, Emmanuel MACRON sur le site de WHIRLPOOL et qui dit : « Il faut laisser tomber le plan social parce qu'il faut intégrer les intérimaires. » Mais c'est quoi comme type d'emploi qu'il veut défendre ? L'intérim ? Moi, je préfère les emplois réels. Les emplois de femmes et d'hommes formés.
GUILLAUME DURAND
C'est clairement la France Insoumise.
CHRISTOPHE CASTANER
Et donc, ceux qui foutent le bordel sont ceux qui veulent empêcher par exemple ces femmes et ces hommes de GM&S d'aller dans des plans de formation que nous proposons d'individualiser pour chacun, pour pouvoir travailler peut-être dans cette entreprise qui est juste à côté, et qui essayent de négocier un grand plan social avec une super prime qu'on appelle supra-légale. Moi, je crois que ce n'est pas ça la réalité. Nous, nous ne sommes pas là pour apporter des réponses individuelles aux revendications de tel ou tel. Nous sommes là pour mettre en place des plans de formation pour chacun.
GUILLAUME DURAND
Christophe CASTANER, vous êtes un responsable politique. Semble-t-il Emmanuel MACRON ne supporte pas qu'on le qualifie de président des riches. Il fait ce déplacement sur la formation professionnelle pour montrer qu'il n'est pas le président du CAC 40 et à ce moment-là, sur place effectivement, il s'adresse, on vient de l'expliquer, avec une formule qui est quand même un peu heurtante pour une partie de la population, à des gens qui sont justement à l'opposé social de ceux qu'on considère comme étant finalement ses partisans, c'est-à-dire les patrons du CAC 40, de la nouvelle économie, et cætera, et cætera. C'est peut-être une faute politique.
CHRISTOPHE CASTANER
Monsieur DURAND, ses partisans sont ceux qui l'ont élu, c'est-à-dire les Français, avec une large majorité. Il est arrivé en tête au premier tour. Personne ne pensait qu'on pouvait empêcher Marine LE PEN d'être en tête au premier tour, c'est lui qui l'a fait.
GUILLAUME DURAND
Mais ce n'est pas le sujet, là.
CHRISTOPHE CASTANER
Oui, mais je rebondis sur votre dernière phrase où vous expliquiez que ses partisans sont ceux du CAC 40. Je vous réponds que ce n'est pas le cas.
GUILLAUME DURAND
Non, c'est dans la bataille politique du moment. On essaye de lui coller cette étiquette « président des riches ». Il va faire un déplacement et à ce moment-là, il dit aux autres : « bordel ».
CHRISTOPHE CASTANER
Parce que nous parlons de cela depuis quelques minutes alors qu'on pourrait parler de formation.
GUILLAUME DURAND
Mais on va le faire.
CHRISTOPHE CASTANER
Ce n'est pas moi qui ai choisi de commencer sur ce mot, qui ai fait mon éditorial là-dessus. Par contre, si vous voulez, on va prendre le temps de parler de la formation. Mais ensuite, moi j'assume qu'un président de la République puisse nommer les choses et utiliser les mots que nous utilisons tous au quotidien.
GUILLAUME DURAND
La présidence des riches, est-ce que vous trouvez utile par exemple que les députés de La République En Marche déposent des amendements pour taxer les produits de luxe ?
CHRISTOPHE CASTANER
Oui.
GUILLAUME DURAND
Pourquoi ? Je précise la question et vous allez répondre tranquillement là aussi.
CHRISTOPHE CASTANER
Là, j'ai voulu faire court, vous avez vu ?
GUILLAUME DURAND
Bien sûr. Mais est-ce que ce n'est pas une manière de se dire : « Finalement, on se trompe » ? C'est un aveu de faiblesse de la politique qui est menée.
CHRISTOPHE CASTANER
Ecoutez, je suis aussi Secrétaire d'Etat en charge des Relations avec le Parlement, et je sais j'ai été cinq ans à la Commission des finances qu'il est normal que le Parlement contribue à l'élaboration de la loi de finances. Et si nous étions arrivés avec un texte totalement ficelé, totalement fini, on nous aurait dit : « Vous ne laissez pas travailler les parlementaires. » Donc oui, les parlementaires ont le droit d'amendement, mais mieux que le droit. Contrairement à ceux qui prônent des droits réels, des mondes meilleurs, moi je suis pour la réalité du fait. Et donc les parlementaires, le rapporteur général du budget, peuvent contribuer à l'amélioration. Sur l'ISF, on ne cherche pas à faire un cadeau aux riches. On cherche à favoriser l'investissement productif dans les entreprises, y compris pour ceux qui prennent le risque d'aller investir dans une boîte comme GM&S à La Souterraine. Et donc, il faut aujourd'hui arrêter de pénaliser.
GUILLAUME DURAND
Mais ce n'est pas un message contradictoire sur la fiscalité ?
CHRISTOPHE CASTANER
Ah, non.
GUILLAUME DURAND
Parce que finalement, tout le monde s'en fiche des bateaux, des voitures, et cætera. Est-ce que ce n'est pas un message contradictoire ? « Venez, on va améliorer la fiscalité du travail et en même temps les joujoux des riches. On va les taxer. » Alors qu'on sait, par exemple, que pour les bateaux ça ne rapporte rien du tout.
CHRISTOPHE CASTANER
Parce que l'objectif de modifier l'ISF, c'est de faire en sorte qu'on puisse sortir de l'argent qui permet d'investir dans l'entreprise. Ceux qui investissent dans un yacht, qui a toutes les chances de ne pas avoir été fabriqué en France, n'investissent pas dans l'entreprise ou dans l'économie réelle, donc il faut corriger cela. Ensuite, vous avez raison sur une chose, on est dans le symbole. La recette fiscale de ces taxations est ridicule par rapport à la fiscalité française et donc nous sommes dans le symbole. Mais en politique, les symboles ça a du sens aussi.
GUILLAUME DURAND
Et ce n'est pas un message contradictoire pour les investisseurs étrangers qui voudraient venir en France, en disant : « Tu viens mais avec ta 2 CV. Tu laisses la Rolls, le bateau et la Ferrrari au garage. »
CHRISTOPHE CASTANER
Tous les investisseurs étrangers ne sont pas des gens qui se promènent en Rolls ou qui ont des yachts. Ça n'est pas la réalité.
GUILLAUME DURAND
C'est une formule de Luc FERRY, l'histoire de la 2 CV.
CHRISTOPHE CASTANER
Oui, justement c'est peut-être une référence qu'il a pu connaître mais qui n'a pas vocation à être ce que nous faisons. Ce que nous voulons faire, c'est faire de l'ISF un outil qui permette d'investir dans l'économie réelle et donc dans l'emploi.
GUILLAUME DURAND
D'accord. Ce sera donc sur quoi ? Sur les bateaux ? Parce que les amendements qui vont être examinés par les parlementaires, ça portera sur quoi exactement ? Les lingots, les voitures ?
CHRISTOPHE CASTANER
Il y a une réunion aujourd'hui des parlementaires de la Commission des finances sur ce sujet. Vous avez cité trois objets qui peuvent effectivement rentrer dans une assiette de fiscalisation supplémentaire.
GUILLAUME DURAND
Il y a un enterrement très émouvant ce matin près d'Aix-en-Provence dans un beau village, évidemment les jeunes filles qui ont été massacrées par cet homme à Marseille. Est-ce que la présidence Macron c'est une question évidemment complexe est à cet égard naïve ? C'est-à-dire est-ce qu'elle croit qu'en apportant une sorte de prospérité en France, on va faire reculer le terrorisme ? C'est un peu les accusations qui lui sont portées ce matin aussi par l'opposition, cette fois-ci l'opposition de droite, c'est-à-dire de considérer qu'il est un naïf face à cette situation-là.
CHRISTOPHE CASTANER
Vous savez, on a voté il y a deux jours une loi sur la sécurité intérieure. Moi je peux noter que la droite, comme vous dites, au Sénat a trouvé que nous étions trop liberticides et que la droite à l'Assemblée nationale a trouvé, par contre, que nous n'allions pas assez loin. Donc où est la vérité ? Moi, je n'en sais rien. Ce que je sais, c'est qu'on fait une loi qui au quotidien va renforcer nos moyens de sécurité. Par contre, et je veux répondre à votre question sur la dimension sociale de tout ça, par contre je ne vous dirai pas qu'une loi, même une mobilisation, même des recrutements de policiers comme nous allons le faire, va nous enlever tout risque terroriste. Nous devons vivre avec le risque terroriste et nous devons nous armer contre. Nous armer, c'est l'esprit de la loi qui a été votée, pour nous armer sur le renseignement. Nous devons agir à la source aussi, au Sahel, au Levant, à l'international.
GUILLAUME DURAND
Les gens ont vu qu'à Lyon, il a été arrêté, qu'il a été relâché, qu'on n'avait pas trouvé de place dans un centre de rétention, le sous-préfet n'a pas été saisi alors que normalement, dans la loi qu'on vient de voter justement il y a deux jours, c'est le préfet qui doit faire un peu régner l'ordre. Donc il y a quand même une bavure incroyable à Lyon il y a trois, quatre, cinq, six jours.
CHRISTOPHE CASTANER
Le ministre de l'Intérieur a immédiatement demandé une inspection générale pour comprendre et pour sanctionner parce qu'effectivement il nous faut sanctionner. Mais est-ce que vous pensez qu'Emmanuel MACRON a une responsabilité dans le fait que le sous-préfet n'ait pas été saisi ? Nous ne sommes pas naïfs. Au moment où on vient de voter
GUILLAUME DURAND
« Un scandale d'Etat » disait hier par exemple un des responsables des Républicains, Guillaume LARRIVE.
CHRISTOPHE CASTANER
Oui, mais enfin monsieur LARRIVE et monsieur CIOTTI sont des spécialistes des mots. A un moment donné, ils sont aussi ceux qui ont fait en sorte qu'on supprime 13 000 places de policiers et de gendarmes pour protéger les Français. Alors à un moment donné, je pense qu'il faut avoir un peu de mémoire. Mais ce que je veux vous dire, c'est qu'on doit agir à la fois sur la sécurité, le renforcement des moyens, le renseignement. On doit agir à l'international mais on doit aussi agir en France parce qu'il y a une forme de désespérance de situation qui fait que ça peut pousser à la radicalisation. Et donc, oui, il faut aussi et c'était le sens de votre première question dont j'appréciais la globalité elle permet justement de dire qu'il faut aussi se battre pour la formation, pour l'emploi, pour faire en sorte de redonner une espérance à des jeunes qui n'en ont plus aujourd'hui.
GUILLAUME DURAND
Il n'y a pas, comme l'a dit Valérie BOYER, de mépris pour les Français comme le dit le Parti socialiste, d'immaîtrise du langage de la part d'Emmanuel MACRON dans un contexte social qui est extrêmement compliqué ?
CHRISTOPHE CASTANER
Nous revenons sur le premier sujet.
GUILLAUME DURAND
Non mais c'est l'ensemble de la situation française où un président de la République dialogue avec les Français sur tous les sujets. Il est évident qu'il doit faire attention à ce qu'il raconte et même attention à ce qu'il dit, quand on est une situation où il y a du chômage de masse et du terrorisme.
CHRISTOPHE CASTANER
Mais franchement, est-ce que ce gouvernement vous donne l'impression de ne pas faire grand-chose ? Moi, j'ai plutôt l'impression qu'au quotidien, nous changeons. Nous transformons en profondeur ce pays. Et chaque fois qu'on fait une proposition de transformation, les mêmes qui nous reprochent de ne pas faire disent : « Non, non, ce n'est pas possible. Parce que vous menacez telle profession, vous enlevez tel avantage à tel ou tel. » Ils sont les représentants de ce vieux monde qui protège ceux qui sont déjà dans le système. Nous assumons une transformation profonde sur la question du travail. La première étape, c'était les ordonnances ; ce sont les mêmes qui râlaient. La deuxième étape, c'est la formation, c'est l'apprentissage et ce seront les mêmes qui râleront demain. Et quand on ira sur des sujets comme la suppression du RSI pour les artisans et les commerçants, ou l'universalité des allocations chômage pour redonner de la liberté aux Français, vous verrez qu'ils râleront encore.
GUILLAUME DURAND
Les régimes spéciaux notamment.
CHRISTOPHE CASTANER
Et quand nous aborderons ces sujets-là, ils iront défendre chacun de ceux qui revendiqueront. Nous, notre responsabilité, c'est de changer les choses.
GUILLAUME DURAND
Et à aucun moment, sur aucun de ces sujets, le gouvernement ne reculera ? Formation professionnelle, régimes spéciaux.
CHRISTOPHE CASTANER
C'est le coeur de l'engagement d'Emmanuel MACRON pris pendant la campagne présidentielle. Nous avons ce mandat politique mais nous avons surtout ce devoir politique.
GUILLAUME DURAND
Merci beaucoup, Christophe CASTANER. Le porte-parole du gouvernement était l'invité politique de Radio Classique et de Paris Première ce matin.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 6 octobre 2017
Nous sommes en direct sur l'antenne de Paris Première et de Radio Classique avec Christophe CASTANER. Evidemment, les questions sont nombreuses. Est-ce que ce mot, « bordel » est le « casse-toi, pauvre con » d'Emmanuel MACRON ?
CHRISTOPHE CASTANER
Ça n'a rien à voir.
GUILLAUME DURAND
Il y a un mot pris à la volée, blessant pour certains et repris surtout par l'opposition de manière massive ce matin.
CHRISTOPHE CASTANER
Attendez, il y a deux choses. D'abord, le déplacement lui-même qui porte sur l'enjeu de la formation, de l'apprentissage, parce que nous avons ouvert ce chantier majeur hier en Conseil des ministres. Et puis, il y a cette polémique. Vous savez, il y a ceux qui alimentent les polémiques et il y a ceux qui font. Un milliard d'euros seront investis l'année prochaine dans la formation, quinze milliards dans la mandature pour une raison simple. C'est que la plus grande des injustices, c'est le chômage. Mais la seule solution la meilleure solution c'est la formation. Alors oui, le président de la République a utilisé dans une conversation privée avec le président de la région Aquitaine
GUILLAUME DURAND
Alain ROUSSET.
CHRISTOPHE CASTANER
Un mot qui provoque le débat. Mais est-ce qu'il n'y a pas de nombreux Français qui pensent cela ?
GUILLAUME DURAND
C'est une entreprise qui est dans la région et qui n'arrive pas à trouver un certain nombre de gens pour travailler auprès de cette entreprise justement.
CHRISTOPHE CASTANER
Oui, et puis ceux qui manifestaient étaient les syndicats d'une entreprise voisine sur lequel vous le savez, GM&S l'Etat, les collectivités locales, se sont très fortement mobilisés pour la sauver. Parce que sur le territoire où elle est, à La Souterraine, c'est la seule principale usine et donc il y a une grande mobilisation.
GUILLAUME DURAND
J'ai une question après. Je vous laisse expliquer mais après j'ai beaucoup de questions.
CHRISTOPHE CASTANER
Oui. Et pourtant, pour avoir suivi ce dossier de près, je peux vous dire qu'au moins dix fois pendant la procédure, y compris devant le tribunal, nous avions eu peur que le repreneur retire son offre. Parce que les situations de blocage organisé par certains ont fait peur à tous les investisseurs. C'est le contre-exemple de ce que nous avons vu à WHIRLPOOL. A WHIRLPOOL où effectivement il y a un risque de sinistre industriel mais là, les partenaires sociaux, les syndicats, se mettent autour de la table avec l'Etat, les collectivités et des repreneurs, et aujourd'hui on retrouve de l'espérance.
GUILLAUME DURAND
D'accord, c'est GMD mais il y a 156 suppressions d'emplois, il y a une colère. Pour l'instant, les syndicats de GM&S ont refusé d'aller rencontrer à Paris un des responsables de Bercy qui est Benjamin GRIVEAUX, mais il y a le vocabulaire quand même, il y a ce vocabulaire. Tout à l'heure, je parlais de Nicolas SARKOZY. Vous vous souvenez : « travaille, tu te paieras un costume », on se souvient de cette histoire-là ; l'affaire des fainéants qui s'adressait plutôt aux gouvernants et pas aux Français mais qui par l'opposition a été reprise comme étant une phrase adressée aux Français. Est-ce qu'il n'a pas un problème, bien qu'étant grand lecteur de STENDHAL, est-ce qu'il n'a pas un problème de vocabulaire en déplacement, Emmanuel MACRON ?
CHRISTOPHE CASTANER
Vous savez, je crois qu'on peut être cultivé et parler comme les Français. Je pense qu'on peut aussi avoir l'objectif en politique c'est le cas du porte-parole qui est devant vous, c'est aussi le cas d'Emmanuel MACRON d'arrêter la langue de bois et d'oser nommer les choses.
GUILLAUME DURAND
Mais alors c'est qui ? C'est MELENCHON, c'est la CGT ceux qui foutent le bordel ? Si vous prenez cette phrase au sérieux, à ce moment-là c'est qu'elle s'adresse à des gens qui, actuellement dans la situation française, jouent délibérément, de votre point de vue, la politique du pire ?
CHRISTOPHE CASTANER
Ils jouent la politique du blocage.
GUILLAUME DURAND
Mais qui ?
CHRISTOPHE CASTANER
Je viens de vous citer GM&S et le fait que, pendant une dizaine de moments, nous avons eu peur que cette hyper mobilisation syndicale fasse fuir les syndicats (sic). J'ai vu monsieur RUFFIN qui a voulu troller, comme on dit, Emmanuel MACRON sur le site de WHIRLPOOL et qui dit : « Il faut laisser tomber le plan social parce qu'il faut intégrer les intérimaires. » Mais c'est quoi comme type d'emploi qu'il veut défendre ? L'intérim ? Moi, je préfère les emplois réels. Les emplois de femmes et d'hommes formés.
GUILLAUME DURAND
C'est clairement la France Insoumise.
CHRISTOPHE CASTANER
Et donc, ceux qui foutent le bordel sont ceux qui veulent empêcher par exemple ces femmes et ces hommes de GM&S d'aller dans des plans de formation que nous proposons d'individualiser pour chacun, pour pouvoir travailler peut-être dans cette entreprise qui est juste à côté, et qui essayent de négocier un grand plan social avec une super prime qu'on appelle supra-légale. Moi, je crois que ce n'est pas ça la réalité. Nous, nous ne sommes pas là pour apporter des réponses individuelles aux revendications de tel ou tel. Nous sommes là pour mettre en place des plans de formation pour chacun.
GUILLAUME DURAND
Christophe CASTANER, vous êtes un responsable politique. Semble-t-il Emmanuel MACRON ne supporte pas qu'on le qualifie de président des riches. Il fait ce déplacement sur la formation professionnelle pour montrer qu'il n'est pas le président du CAC 40 et à ce moment-là, sur place effectivement, il s'adresse, on vient de l'expliquer, avec une formule qui est quand même un peu heurtante pour une partie de la population, à des gens qui sont justement à l'opposé social de ceux qu'on considère comme étant finalement ses partisans, c'est-à-dire les patrons du CAC 40, de la nouvelle économie, et cætera, et cætera. C'est peut-être une faute politique.
CHRISTOPHE CASTANER
Monsieur DURAND, ses partisans sont ceux qui l'ont élu, c'est-à-dire les Français, avec une large majorité. Il est arrivé en tête au premier tour. Personne ne pensait qu'on pouvait empêcher Marine LE PEN d'être en tête au premier tour, c'est lui qui l'a fait.
GUILLAUME DURAND
Mais ce n'est pas le sujet, là.
CHRISTOPHE CASTANER
Oui, mais je rebondis sur votre dernière phrase où vous expliquiez que ses partisans sont ceux du CAC 40. Je vous réponds que ce n'est pas le cas.
GUILLAUME DURAND
Non, c'est dans la bataille politique du moment. On essaye de lui coller cette étiquette « président des riches ». Il va faire un déplacement et à ce moment-là, il dit aux autres : « bordel ».
CHRISTOPHE CASTANER
Parce que nous parlons de cela depuis quelques minutes alors qu'on pourrait parler de formation.
GUILLAUME DURAND
Mais on va le faire.
CHRISTOPHE CASTANER
Ce n'est pas moi qui ai choisi de commencer sur ce mot, qui ai fait mon éditorial là-dessus. Par contre, si vous voulez, on va prendre le temps de parler de la formation. Mais ensuite, moi j'assume qu'un président de la République puisse nommer les choses et utiliser les mots que nous utilisons tous au quotidien.
GUILLAUME DURAND
La présidence des riches, est-ce que vous trouvez utile par exemple que les députés de La République En Marche déposent des amendements pour taxer les produits de luxe ?
CHRISTOPHE CASTANER
Oui.
GUILLAUME DURAND
Pourquoi ? Je précise la question et vous allez répondre tranquillement là aussi.
CHRISTOPHE CASTANER
Là, j'ai voulu faire court, vous avez vu ?
GUILLAUME DURAND
Bien sûr. Mais est-ce que ce n'est pas une manière de se dire : « Finalement, on se trompe » ? C'est un aveu de faiblesse de la politique qui est menée.
CHRISTOPHE CASTANER
Ecoutez, je suis aussi Secrétaire d'Etat en charge des Relations avec le Parlement, et je sais j'ai été cinq ans à la Commission des finances qu'il est normal que le Parlement contribue à l'élaboration de la loi de finances. Et si nous étions arrivés avec un texte totalement ficelé, totalement fini, on nous aurait dit : « Vous ne laissez pas travailler les parlementaires. » Donc oui, les parlementaires ont le droit d'amendement, mais mieux que le droit. Contrairement à ceux qui prônent des droits réels, des mondes meilleurs, moi je suis pour la réalité du fait. Et donc les parlementaires, le rapporteur général du budget, peuvent contribuer à l'amélioration. Sur l'ISF, on ne cherche pas à faire un cadeau aux riches. On cherche à favoriser l'investissement productif dans les entreprises, y compris pour ceux qui prennent le risque d'aller investir dans une boîte comme GM&S à La Souterraine. Et donc, il faut aujourd'hui arrêter de pénaliser.
GUILLAUME DURAND
Mais ce n'est pas un message contradictoire sur la fiscalité ?
CHRISTOPHE CASTANER
Ah, non.
GUILLAUME DURAND
Parce que finalement, tout le monde s'en fiche des bateaux, des voitures, et cætera. Est-ce que ce n'est pas un message contradictoire ? « Venez, on va améliorer la fiscalité du travail et en même temps les joujoux des riches. On va les taxer. » Alors qu'on sait, par exemple, que pour les bateaux ça ne rapporte rien du tout.
CHRISTOPHE CASTANER
Parce que l'objectif de modifier l'ISF, c'est de faire en sorte qu'on puisse sortir de l'argent qui permet d'investir dans l'entreprise. Ceux qui investissent dans un yacht, qui a toutes les chances de ne pas avoir été fabriqué en France, n'investissent pas dans l'entreprise ou dans l'économie réelle, donc il faut corriger cela. Ensuite, vous avez raison sur une chose, on est dans le symbole. La recette fiscale de ces taxations est ridicule par rapport à la fiscalité française et donc nous sommes dans le symbole. Mais en politique, les symboles ça a du sens aussi.
GUILLAUME DURAND
Et ce n'est pas un message contradictoire pour les investisseurs étrangers qui voudraient venir en France, en disant : « Tu viens mais avec ta 2 CV. Tu laisses la Rolls, le bateau et la Ferrrari au garage. »
CHRISTOPHE CASTANER
Tous les investisseurs étrangers ne sont pas des gens qui se promènent en Rolls ou qui ont des yachts. Ça n'est pas la réalité.
GUILLAUME DURAND
C'est une formule de Luc FERRY, l'histoire de la 2 CV.
CHRISTOPHE CASTANER
Oui, justement c'est peut-être une référence qu'il a pu connaître mais qui n'a pas vocation à être ce que nous faisons. Ce que nous voulons faire, c'est faire de l'ISF un outil qui permette d'investir dans l'économie réelle et donc dans l'emploi.
GUILLAUME DURAND
D'accord. Ce sera donc sur quoi ? Sur les bateaux ? Parce que les amendements qui vont être examinés par les parlementaires, ça portera sur quoi exactement ? Les lingots, les voitures ?
CHRISTOPHE CASTANER
Il y a une réunion aujourd'hui des parlementaires de la Commission des finances sur ce sujet. Vous avez cité trois objets qui peuvent effectivement rentrer dans une assiette de fiscalisation supplémentaire.
GUILLAUME DURAND
Il y a un enterrement très émouvant ce matin près d'Aix-en-Provence dans un beau village, évidemment les jeunes filles qui ont été massacrées par cet homme à Marseille. Est-ce que la présidence Macron c'est une question évidemment complexe est à cet égard naïve ? C'est-à-dire est-ce qu'elle croit qu'en apportant une sorte de prospérité en France, on va faire reculer le terrorisme ? C'est un peu les accusations qui lui sont portées ce matin aussi par l'opposition, cette fois-ci l'opposition de droite, c'est-à-dire de considérer qu'il est un naïf face à cette situation-là.
CHRISTOPHE CASTANER
Vous savez, on a voté il y a deux jours une loi sur la sécurité intérieure. Moi je peux noter que la droite, comme vous dites, au Sénat a trouvé que nous étions trop liberticides et que la droite à l'Assemblée nationale a trouvé, par contre, que nous n'allions pas assez loin. Donc où est la vérité ? Moi, je n'en sais rien. Ce que je sais, c'est qu'on fait une loi qui au quotidien va renforcer nos moyens de sécurité. Par contre, et je veux répondre à votre question sur la dimension sociale de tout ça, par contre je ne vous dirai pas qu'une loi, même une mobilisation, même des recrutements de policiers comme nous allons le faire, va nous enlever tout risque terroriste. Nous devons vivre avec le risque terroriste et nous devons nous armer contre. Nous armer, c'est l'esprit de la loi qui a été votée, pour nous armer sur le renseignement. Nous devons agir à la source aussi, au Sahel, au Levant, à l'international.
GUILLAUME DURAND
Les gens ont vu qu'à Lyon, il a été arrêté, qu'il a été relâché, qu'on n'avait pas trouvé de place dans un centre de rétention, le sous-préfet n'a pas été saisi alors que normalement, dans la loi qu'on vient de voter justement il y a deux jours, c'est le préfet qui doit faire un peu régner l'ordre. Donc il y a quand même une bavure incroyable à Lyon il y a trois, quatre, cinq, six jours.
CHRISTOPHE CASTANER
Le ministre de l'Intérieur a immédiatement demandé une inspection générale pour comprendre et pour sanctionner parce qu'effectivement il nous faut sanctionner. Mais est-ce que vous pensez qu'Emmanuel MACRON a une responsabilité dans le fait que le sous-préfet n'ait pas été saisi ? Nous ne sommes pas naïfs. Au moment où on vient de voter
GUILLAUME DURAND
« Un scandale d'Etat » disait hier par exemple un des responsables des Républicains, Guillaume LARRIVE.
CHRISTOPHE CASTANER
Oui, mais enfin monsieur LARRIVE et monsieur CIOTTI sont des spécialistes des mots. A un moment donné, ils sont aussi ceux qui ont fait en sorte qu'on supprime 13 000 places de policiers et de gendarmes pour protéger les Français. Alors à un moment donné, je pense qu'il faut avoir un peu de mémoire. Mais ce que je veux vous dire, c'est qu'on doit agir à la fois sur la sécurité, le renforcement des moyens, le renseignement. On doit agir à l'international mais on doit aussi agir en France parce qu'il y a une forme de désespérance de situation qui fait que ça peut pousser à la radicalisation. Et donc, oui, il faut aussi et c'était le sens de votre première question dont j'appréciais la globalité elle permet justement de dire qu'il faut aussi se battre pour la formation, pour l'emploi, pour faire en sorte de redonner une espérance à des jeunes qui n'en ont plus aujourd'hui.
GUILLAUME DURAND
Il n'y a pas, comme l'a dit Valérie BOYER, de mépris pour les Français comme le dit le Parti socialiste, d'immaîtrise du langage de la part d'Emmanuel MACRON dans un contexte social qui est extrêmement compliqué ?
CHRISTOPHE CASTANER
Nous revenons sur le premier sujet.
GUILLAUME DURAND
Non mais c'est l'ensemble de la situation française où un président de la République dialogue avec les Français sur tous les sujets. Il est évident qu'il doit faire attention à ce qu'il raconte et même attention à ce qu'il dit, quand on est une situation où il y a du chômage de masse et du terrorisme.
CHRISTOPHE CASTANER
Mais franchement, est-ce que ce gouvernement vous donne l'impression de ne pas faire grand-chose ? Moi, j'ai plutôt l'impression qu'au quotidien, nous changeons. Nous transformons en profondeur ce pays. Et chaque fois qu'on fait une proposition de transformation, les mêmes qui nous reprochent de ne pas faire disent : « Non, non, ce n'est pas possible. Parce que vous menacez telle profession, vous enlevez tel avantage à tel ou tel. » Ils sont les représentants de ce vieux monde qui protège ceux qui sont déjà dans le système. Nous assumons une transformation profonde sur la question du travail. La première étape, c'était les ordonnances ; ce sont les mêmes qui râlaient. La deuxième étape, c'est la formation, c'est l'apprentissage et ce seront les mêmes qui râleront demain. Et quand on ira sur des sujets comme la suppression du RSI pour les artisans et les commerçants, ou l'universalité des allocations chômage pour redonner de la liberté aux Français, vous verrez qu'ils râleront encore.
GUILLAUME DURAND
Les régimes spéciaux notamment.
CHRISTOPHE CASTANER
Et quand nous aborderons ces sujets-là, ils iront défendre chacun de ceux qui revendiqueront. Nous, notre responsabilité, c'est de changer les choses.
GUILLAUME DURAND
Et à aucun moment, sur aucun de ces sujets, le gouvernement ne reculera ? Formation professionnelle, régimes spéciaux.
CHRISTOPHE CASTANER
C'est le coeur de l'engagement d'Emmanuel MACRON pris pendant la campagne présidentielle. Nous avons ce mandat politique mais nous avons surtout ce devoir politique.
GUILLAUME DURAND
Merci beaucoup, Christophe CASTANER. Le porte-parole du gouvernement était l'invité politique de Radio Classique et de Paris Première ce matin.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 6 octobre 2017