Déclaration franco-danoise sur la politique européenne de l'emploi et la coopération entre la France et le Danemark sur l'emploi, Copenhague le 18 juin 1999.

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Intervenant(s) : 

Auteur(s) moral(aux) : Premier ministre

Circonstance : Visite officielle du Premier ministre au royaume de Danemark, du 17 au 18 juin 1999

Texte intégral

L'emploi constitue une priorité de la politique européenne. Le développement de nos sociétés au profit de tous les citoyens et la lutte contre les inégalités sociales supposent avant tout la création d'emplois. C'est pourquoi la coopération engagée par les pays européens dans le domaine de l'emploi devra être concrétisée et renforcée.
Le plein emploi n'est pas seulement une priorité économique. C'est aussi un droit humain avec toutes les possibilités de contact au niveau social et au niveau personnel qu'il permet. Le chômage est une source d'inégalité sociale.
Tel est le point de départ des discussions menées aujourd'hui entre le Premier Ministre français Lionel JOSPIN et le Premier Ministre danois, Poul NYRUP RASMUSSEN, sur la politique de l'emploi en France, au Danemark et en Europe.
L'expérience montre qu'il est possible de réduire le chômage en Europe, si la volonté politique de coopérer et de coordonner les efforts nationaux existe. Nous sommes satisfaits de constater que les pays de l'Union Européenne lors des Conseils Européens de Luxembourg, puis plus récemment de Cologne, ont décidé de renforcer leur coopération et l'efficacité de leur action dans le domaine de l'emploi. Nous considérons que Cologne constitue une étape dans la réorientation des priorités européennes vers la croissance et l'emploi. Le pacte européen pour l'emploi doit nous permettre de progresser, en intensifiant le dialogue social, vers une politique de croissance plus soutenue, une stratégie et des objectifs partagés de lutte contre le chômage, et des réformes économiques nécessaires.
Un élément important dans la politique européenne en matière d'emploi est de faire profiter aux autres pays de l'Union Européenne des meilleures expériences acquises. C'est dans cette perspective que nous avons eu un échange sur les initiatives développées pour créer des emplois et réduire le chômage en France et au Danemark.
La réduction du chômage et la création d'emploi résulteront d'une politique économique visant une croissance forte et durable. Une des possibilités mentionnées a été une réflexion concernant des objectifs de croissance quantifiés et ambitieux pour l'Europe pour les années à venir. Cette croissance doit être accompagnée d'une politique active de l'emploi et de la formation, à la fois pour les jeunes et les chômeurs adultes. L'objectif de " nouveau départ " et le développement de la formation tout au long de la vie permettent de concrétiser cette politique. Nos deux pays ont d'ores et déjà développé des initiatives en ce domaine, sur la base, notamment, des lignes directrices pour l'emploi décidées au niveau européen et ne ménageront pas leurs efforts pour les enrichir et les compléter.
Tout en prenant en compte les différences qui caractérisent le marché du travail en France et au Danemark, notre objectif commun est de préparer les sociétés européennes à maîtriser les changements rapides que le vingt et unième siècle ne manquera pas de nous apporter. Il nous faut conjuguer les objectifs de protection sociale, de compétitivité, de formation tout au long de la vie et d'égalité des chances pour être en mesure de nous adapter à un monde évolutif.
C'est d'une même voix que nous affirmons qu'une coopération plus étroite pourra contribuer au dynamisme économique et à la création d'emplois. Un accent particulier devrait être mis sur les orientations suivantes :
· Réintégrer plus rapidement les sans-emploi dans la vie sociale en leur proposant un nouveau départ par le biais de formation ou d'emploi.
· Créer de meilleures possibilités de formation tout au long de la carrière professionnelle et assurer la formation continue. Les salariés devront pouvoir s'adapter aux transformations de la société.
· Faire un effort particulier pour maintenir les gens sur le marché du travail et lutter contre l'exclusion des groupes fragiles.
· Développer les actions favorisant l'égalité de traitement entre les femmes et les hommes dans tous les domaines.
· Assurer activement le dialogue avec les partenaires sociaux à tous les niveaux pour préparer une politique économique qui favorise la croissance et l'emploi, à la suite des décisions prises par le Conseil européen de Cologne.
· Prendre des mesures communes au niveau européen pour faire augmenter les investissements, par exemple en concrétisant l'invitation faite par le Conseil Européen d'élargir le domaine des activités de la Banque Européenne d'Investissement. Et développer de nouvelles formes de coopération entre le secteur public et le secteur privé permettant de développer les investissements au profit de l'emploi.
· Formuler des objectifs concrets quantifiés et vérifiables que les pays européens s'engagent à respecter dans le cadre des lignes directrices pour l'emploi en 2000.
· Prendre des initiatives sur l'organisation du temps de travail, levier de la création d'emplois.
· Développer des services et des emplois nouveaux répondent à des besoins sociaux non satisfaits par le marché.
L'objectif de lutte pour l'emploi n'est pas seulement la responsabilité des décideurs politiques. Les chefs d'entreprises, comme l'ensemble des partenaires sociaux, ont aussi un rôle déterminant à jouer qu'il convient d'encourager autant que possible.
A l'issue de nos discussions, nous avons décidé d'établir un groupe de travail franco-danois qui, dans un proche avenir, travaillera dans deux directions :
· Echanger les expériences et les pratiques, et identifier les domaines dans lesquels la France et le Danemark pourront profiter des meilleurs résultats obtenus en matière d'emploi dans chacun des deux pays.
· Contribuer à une préparation commune du Conseil Européen extraordinaire sur l'Emploi au printemps et promouvoir un dialogue et des échanges dans la perspective de la Présidence française du deuxième semestre de l'an 2000.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 22 juin 1999)