Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Le président Macron avait souhaité réunir le Groupe international de soutien (GIS) pour le Liban aujourd'hui à Paris à l'issue d'une séquence au cours de laquelle la France a beaucoup oeuvré pour éviter une crise grave au Liban. Nous sommes heureux d'accueillir ici le président du Conseil libanais, Saad Hariri, deux semaines après sa venue à Paris à l'invitation du président de la République, et quelques jours après la confirmation de son maintien à la présidence du Conseil des ministres libanais. J'ai aussi été heureux d'accueillir avec lui mon homologue libanais, M. Gebran Bassil. Je tiens également à saluer la forte mobilisation des Nations unies et à remercier la vice-secrétaire générale des Nations unies, Mme Amina Mohammed, de sa présence et de son engagement.
Je retiens, au terme de cette rencontre, trois mots qui résument les échanges de ce matin :
1/ L'unité, d'abord. Les partenaires du GIS ont rappelé leur attachement unanime à la souveraineté du Liban et à son modèle de pluralité politique et confessionnelle.
2/ La détermination, ensuite. Nous sommes engagés à tout mettre en oeuvre pour assurer la stabilité du Liban. Nous soutenons l'action déterminée de son armée et de ses services de sécurité pour lutter contre les groupes terroristes. Nous appelons aussi les partis libanais à ne pas s'impliquer dans les conflits extérieurs et à ne pas importer dans leur pays les tensions régionales. C'est ce que l'on appelle, selon les intervenants, la dissociation ou la distanciation, mais c'est finalement le même concept. Nous rappelons enfin la contribution essentielle de la FINUL à la stabilité au sud du Liban.
3/ La mobilisation, enfin. Cette réunion a permis de prendre de nouvelles initiatives en faveur du Liban. Je pense en particulier aux deux conférences de soutien que le président de la République a appelé de ses voeux à l'occasion de la visite d'État du président Michel Aoun à Paris. L'une aura pour objectif de soutenir l'investissement au Liban, avec l'engagement précieux de l'Allemagne. Elle se tiendra à paris au mois de mars, on l'appellera «Paris 4» car il y a eu dans le passé d'autres réunions sur l'investissement. L'autre sera consacrée aux moyens de l'armée et des structures de sécurité au Liban, avec le concours de l'Italie et des Nations unies notamment.
Il y aura aussi la conférence qui sera organisée prochainement à Bruxelles pour répondre aux besoins humanitaires et aider le Liban à prendre en charge les nombreux réfugiés présents sur son sol ; la France y participera et je tiens à saluer la mobilisation de la Haute représentante de l'Union européenne à cet égard.
Il y a autour de cela une cohérence, autour de la conviction et de la confiance que nous avons exprimées les uns et les autres à l'égard du Liban.
Le Liban a besoin d'institutions solides pour relever l'ensemble des défis que je viens d'énumérer. La réunion de ce matin apportera une contribution signification à ce défi. Voilà ce que je peux dire pour l'instant sur cette réunion qui s'est déroulée dans une atmosphère extrêmement positive. Merci.
Q - Avez-vous noté des engagements de la part des Saoudiens de respecter la stabilité du Liban ? Pour vous, concrètement, quand on dit qu'il faut soutenir l'armée libanaise, comment fait-on ?
R - Les relations que la France a avec l'Arabie saoudite sont des relations de confiance, de grande transparence sur les décisions, les intentions et les initiatives des uns et des autres. Cette réunion s'est déroulée avec l'information de l'ensemble des acteurs, y compris l'Arabie saoudite.
Sur la question que vous posez concernant l'armée libanaise, il y aura une réunion à Rome qui nous amènera à mobiliser les moyens pour renforcer à la fois les capacités des forces armées libanaises et aussi les capacités des forces de sécurité intérieure. C'est à ce moment-là que nous serons amenés à mobiliser les participations, sous la responsabilité du président Aoun et du président du conseil Saad Hariri.
Q - Monsieur le Ministre, quel est le message que vous adressez, à travers l'organisation de cette conférence aujourd'hui, aux acteurs libanais, régionaux et internationaux dans un contexte régional très tendu ?
R - Le message est clair et simple, je crois l'avoir évoqué dans mon propos et le président Macron l'a dit tout à l'heure en introduction.
Nous constatons avec beaucoup de satisfaction l'unité de la communauté internationale sur le principe de la souveraineté, de l'indépendance du Liban et de la distanciation, de la dissociation du Liban de l'ensemble des crises et des perturbations qui peuvent se dérouler dans toute la région. Nous redisons notre confiance dans ce pays, notre confiance dans le modèle pluriconfessionnel qui est en oeuvre depuis longtemps, qui parfois a traversé des moments de perturbation, mais qui aujourd'hui a repris un bon chemin.
Q - Avez-vous un rôle à jouer avec l'Iran, qui pourrait aider le Liban à dépasser la crise ?
R - La réponse à la première partie de votre question, pour moi, est simple : la distanciation ou la dissociation - mais le président Hariri dit ?distanciation' et je reprends ce terme, elle s'adresse à tous, à l'intérieur et à l'extérieur.
Q - Comment faire en sorte que le Liban ne tombe pas dans la crise entre les Saoudiens et les Iraniens ?
R - Je vous dirai ce que je viens de dire à l'interlocutrice précédente : la distanciation s'impose à tous. Ce sont des principes sur lesquels nous sommes engagés, qui reprennent d'ailleurs les résolutions antérieures des Nations unies, que ce soit pour l'Arabie saoudite ou pour l'Iran et d'autres. Cela s'impose à tous, c'est le respect de ces engagements auxquels nous tenons et que nous avons tous réaffirmés ce matin dans cette conférence.
Il fallait le rappeler avec force, c'est fait. Le principe de distanciation suppose parallèlement le renforcement de l'État libanais. Là aussi, les initiatives ont été prises. Nous sommes donc sur un train vertueux à cet égard.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 décembre 2017