Texte intégral
YVES CALVI
Elizabeth MARTICHOUX, vous recevez donc ce matin la ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation, Frédérique VIDAL.
ELIZABETH MARTICHOUX
Bonjour Frédérique VIDAL.
FREDERIQUE VIDAL
Bonjour.
ELIZABETH MARTICHOUX
Merci beaucoup d'être avec nous ce matin sur RTL. Vous portez une des réformes les plus sensibles dont on mesurera la pleine réussite ou pas en septembre prochain. Suspense d'ici-là. Vous allez remplacer le système APB à bout de souffle en un temps record. Il y en a beaucoup ce matin, je les connais, qui sont soulagés d'entendre que APB, c'est fini, plus de tirage au sort pour rentrer à l'université, c'est promis, entre autres. Est-ce que tous les bacheliers, qui le souhaitent, bacheliers 2017, auront une place à l'université en septembre 2018, auront une place à la rentrée prochaine ?
FREDERIQUE VIDAL
Tous les bacheliers qui souhaiteront poursuivre dans l'enseignement supérieur seront accueillis dans l'enseignement supérieur, et ça, c'est vraiment une chose à laquelle nous tenions énormément, sans tirage au sort, effectivement, puisque le constat qui nous a amené à faire une très grande concertation cet été, c'est que, on ne souhaitait absolument plus de tirage au sort, parce que c'est la chose la plus arbitraire qui puisse arriver à un jeune
ELIZABETH MARTICHOUX
Et plus cruelle
FREDERIQUE VIDAL
Pour rentrer dans l'enseignement supérieur. Mais on a souhaité aussi s'occuper du taux d'échecs très fort sur les filières de licence générale, et ça, c'est la chose qui est la plus injuste socialement.
ELIZABETH MARTICHOUX
Et qui est la plus compliquée à mettre en oeuvre. Est-ce qu'il y aura une place pour tous, est-ce que tous auront une place dans une des filières de leur choix ?
FRÉDÉRIQUE VIDAL
Là aussi, nous sommes évidemment en train de travailler pour que ce soit le cas, donc à titre d'exemple, sur les filières sport, nous avons déjà identifié la possibilité d'avoir plusieurs milliers de places supplémentaires.
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc vous nous dites ce matin : on va créer plusieurs places supplémentaires par exemple en sport, mais plusieurs milliers, vous ne pouvez pas être un peu plus précise ce matin ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors, c'est difficile puisque nous sommes en train, en fait, de recenser tous les endroits où, y compris en utilisant des installations sportives municipales ou locales, qu'on sera en capacité de louer, on pourra augmenter le nombre d'étudiants inscrits en première année dans la filière STAPS par exemple.
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais l'objectif, c'est quoi ? C'est de créer autant de places que de besoins, que de demandes ou vous allez vous arrêter à un chiffre qui correspond au champ des possibles, et puis après, ce sera terminé ?
FRÉDÉRIQUE VIDAL
Alors, en fait, on essaie d'avoir l'éventail le plus large possible, parce que, on a des jeunes qui souhaitent faire quelque chose dans les métiers du sport, il n'y a pas que les licences STAPS qui autorisent cela, donc on regarde vraiment toutes les pistes, la formation initiale en CREPS, la réouverture des DEUST de sport, de manière à ce que, on puisse faire des propositions dans la filière de leur choix, à un maximum de lycéens.
ELIZABETH MARTICHOUX
Quand est-ce que vous nous direz combien de places vous créez ? Plusieurs milliers, vous avez dit, en plus ?
FREDERIQUE VIDAL
Oui, les doyens des facultés de STAPS sont en train de travailler, on travaille aussi avec Laura FLESSEL sur toutes les formations qui dépendent du ministère des Sports, donc voilà, dès qu'on saura, évidemment, on le dira
ELIZABETH MARTICHOUX
Avant la fin de l'année ? Avant la fin de cette année ?
FREDERIQUE VIDAL
On espère avoir le bilan avant la fin de l'année, oui.
ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, vous êtes prudente. Reprenons, si vous voulez bien, le nouveau mode d'emploi, pour les élèves qui sont en terminale, vous avez annoncé un dédoublement des professeurs principaux dans chaque classe, pour aider à l'orientation, ce sera fait quand ?
FRÉDÉRIQUE VIDAL
Alors, les professeurs principaux, les seconds professeurs principaux sont en train d'être identifiés dans chacun des lycées, donc il est prévu que, à la fin du mois de novembre, au plus tard, on ait ce dédoublement de professeurs principaux dans toutes les classes de terminale de tous les lycées
ELIZABETH MARTICHOUX
Ils auront droit à la prime comme les autres ?
FREDERIQUE VIDAL
Absolument, c'est exactement le même traitement qui est prévu. L'idée, c'est d'avoir un accompagnement facilité et plus de temps pour informer, orienter et accompagner les choix des élèves, il ne s'agit pas de faire des professeurs principaux des conseillers d'orientation, ce n'est pas leur métier, mais simplement, qu'ils soient en capacité de mieux échanger avec les élèves, avec les familles, et de passer d'une envie de faire quelque chose, comme études supérieures, à un véritable projet.
ELIZABETH MARTICHOUX
Donc le but, c'est que, il y aura deux profs principaux pour des classes de 30, 35, ce qui permettra d'avoir un peu plus de temps pour traiter chaque cas. Deuxième sujet d'inquiétude des lycéens, l'avis du conseil de classe et des parents, il y aura une première préconisation du conseil de classe dès la fin du premier trimestre, dès le premier conseil ?
FRÉDÉRIQUE VIDAL
Alors, il ne s'agit pas de préconisation, il s'agit vraiment de recommandation et d'échange avec l'élève et avec sa famille. Le dernier choix, il sera à l'élève, c'est lui qui posera ses choix sur la nouvelle plateforme dont on parlera probablement tout à l'heure, mais simplement
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais ça prendra quelle forme à la fin du premier trimestre, on dira à l'élève : eh bien écoute, si tu t'intéresses à l'histoire, ça ne va pas le faire, il vaudrait mieux que tu voies du côté des sports ou des sciences ?
FREDERIQUE VIDAL
Non, l'idée, c'est que, on soit en capacité de dire à l'élève : si tu t'intéresses à l'histoire, voilà ce que sera le chemin que tu auras à parcourir pour passer de ce projet à sa concrétisation.
ELIZABETH MARTICHOUX
Ça veut dire que chaque élève, dans l'idéal, aura déjà dû transmettre au prof principal un début de souhait.
FREDERIQUE VIDAL
Non, là, on sera vraiment encore sur des échanges
ELIZABETH MARTICHOUX
Un peu vagues, on va dire
FREDERIQUE VIDAL
Mais il y en a qui savent ce qu'ils veulent faire
ELIZABETH MARTICHOUX
Eh bien, ceux-là, ils n'ont pas besoin de conseils, ils sont très déterminés, et souvent assez motivés, ils ont beaucoup de chance
FREDERIQUE VIDAL
Mais ils peuvent être déterminés, ils peuvent être motivés, et ils pourtant ne pas savoir quel est le chemin à parcourir.
ELIZABETH MARTICHOUX
Et ne pas être sûrs d'avoir une place, comme on l'a vu par exemple en médecine. Le conseil de classe se prononcera sur tous les voeux à la fin du second trimestre. Là, ce sera un avis qui sera prononcé, à la fin du second trimestre ?
FRÉDÉRIQUE VIDAL
C'est toujours pareil, on reste sur quelque chose qui est une aide et un accompagnement pour les choix, là, vraiment, ce qui nous a guidés là-dedans, c'est que l'an dernier, il y a eu une expérimentation pour les bacheliers professionnels, qui souhaitaient rejoindre des BTS avec justement ces recommandations des conseils de classe, ce qui fait que, dans ce cas-là, les bacheliers professionnels ont été plus facilement accueillis dans les BTS parce que cet échange s'était mis en place entre les professeurs du secondaire et ceux du supérieur.
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous connaissez l'angoisse des élèves, qui se disent, pour certains : mais mon prof de maths ne peut pas me supporter, quand il saura que je veux faire science, eh bien, il va me casser à la fin du second trimestre.
FREDERIQUE VIDAL
Alors, aucune recommandation ne sera à caractère négatif, les conseils de classe, ils ont pour vocation de mettre en avant des profils particuliers, des qualités particulières des élèves, et pas de dire : les notes en maths sont insuffisantes, parce que, voilà, les notes en maths, tout le monde les connaît
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais pourtant, c'est comme ça que ça se passe dans la réalité, Frédérique VIDAL
FREDERIQUE VIDAL
C'est comme ça que ça se passe sur les filières sélectives
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous avez beaucoup d'enseignants qui disent : mais non, tu ne peux pas faire ça !
FREDERIQUE VIDAL
C'est comme ça que ça se passe sur les filières sélectives actuellement, où, effectivement, les avis qui sont donnés sont : très favorable, favorable ou doit faire ses preuves.
ELIZABETH MARTICHOUX
Etape suivante, on envoie son dossier de dix voeux, il n'y a plus cette fois, à une plateforme informatique, la future APB, qui s'appellera comment d'ailleurs ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors, on va lancer en fait une consultation pour choisir le nom, parce que je dois avouer que le nom, c'est la dernière chose dont on s'est préoccupé, on s'est surtout préoccupé de la façon dont ça allait fonctionner
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais il y aura un petit nom
FREDERIQUE VIDAL
Mais, oui, il y aura un petit nom, oui
ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, démocratie participative, sur ce sujet, chaque université définira des attendus, alors, ça veut dire quoi, des conditions d'entrée qui permettront de juger du niveau de connaissance et de motivation de l'élève qui veut entrer dans cette fac ?
FREDERIQUE VIDAL
Non, en fait, ce qui se passe, c'est que lorsque, un professeur se retrouve en bas d'un amphithéâtre, en premier cours de première année de licence, il présuppose que les étudiants en face de lui savent un certain nombre de choses, ont une forme d'autonomie, etc. Donc ce qu'on demande simplement, c'est ces choses tacites que pense le professeur, on demande que ce soit explicité, je vais vous donner un exemple, c'est très important d'avoir un esprit logique lorsqu'on veut faire du droit, et donc, ça, ce sera un attendu, c'est savoir que, on a besoin d'avoir un raisonnement logique de manière facile lorsqu'on veut faire du droit. Evidemment, ce sera défini au niveau national, puisque, une licence de droit, c'est une licence de droit. Par contre, comme tous les parcours sont différents, les universités pourront rajouter des informations complémentaires. Donc c'est vraiment rendre explicite ce que le prof attend
ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, le profil qui est attendu pour telle filière, il y a des profils qui se révèlent tard, Madame la Ministre.
FREDERIQUE VIDAL
Absolument
ELIZABETH MARTICHOUX
Il y a des élèves en terminale qui n'ont pas encore eu la possibilité d'épanouir certaines compétences qui se révèlent bien plus tard, ceux-là, excusez-moi de dire ça comme ça, ils sont morts
FREDERIQUE VIDAL
Pas du tout
ELIZABETH MARTICHOUX
Parce que la logique, elle peut se révéler, eh bien, ma foi, deux, trois ans après le bac.
FREDERIQUE VIDAL
Alors, pas du tout, parce que vous oubliez un point essentiel, qui est que les licences générales continuent à accueillir l'ensemble des bacheliers qui souhaitent y entrer tant qu'elles ont de la place, et nous faisons tout pour qu'il y ait suffisamment de places partout. Donc il faut bien comprendre que la différence avec ce qui se passe actuellement
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais pas partout
FREDERIQUE VIDAL
C'est que, on pourra proposer des accompagnements spécifiques, on pourra proposer des licences pluridisciplinaires, qui vont permettre
ELIZABETH MARTICHOUX
A l'élève, je comprends, d'attendre
FREDERIQUE VIDAL
Une année de
ELIZABETH MARTICHOUX
C'est ça, d'une certaine façon
FREDERIQUE VIDAL
Pas d'attendre, il sera vraiment inscrit dans une licence, mais avec des majeurs, des mineurs, qui pourront changer en cours d'année
ELIZABETH MARTICHOUX
Si pour des raisons de capacité d'accueil, c'est le document de l'Education nationale
FRÉDÉRIQUE VIDAL
Absolument
ELIZABETH MARTICHOUX
De l'Enseignement supérieur. L'université ne peut admettre tous les candidates, la priorité sera donnée à ceux dont le parcours, la motivation et le projet sont les plus cohérents, avec la formation choisie. Vous ne le direz pas, mais ça, c'est de la sélection douce, Frédérique VIDAL ? C'est une façon vous allez me dire de ne pas se faire fracasser, un élève qui se destine à une filière qui ne lui est pas destiné, mais c'est une sélection douce
FREDERIQUE VIDAL
C'est une façon de faire en sorte que lorsque, effectivement, il n'y a physiquement pas suffisamment de places assises, on ne tire pas au sort, mais, on prenne en considération ce qu'a fait l'élève avant plutôt que de le tirer au sort, vous voyez, il y a des jeunes qui ont été tirés au sort
ELIZABETH MARTICHOUX
C'est moins pire que le tirage au sort, c'est ça que vous voulez dire, et ce sera individualisé ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors, ce sera individualisé, et puis, surtout, il ne faut pas oublier la suite, c'est que, il y a des commissions mixtes qui sont mises en place de manière à ce que des propositions soient faites ensuite directement aux bacheliers, qui se seraient retrouvés dans cette situation, mais qui vont être vraiment minoritaires.
ELIZABETH MARTICHOUX
Dans le fond, le dernier mot, ce sera pour la faculté et pas pour l'élève, si on devait résumer ?
FREDERIQUE VIDAL
Non, je ne peux pas dire ça
ELIZABETH MARTICHOUX
Tout élève aura, de toute façon, une place, vous l'avez dit, il n'y aura pas d'élèves qui seront sur le banc, mais, en ce qui concerne le choix de la faculté, cest la fac qui aura le dernier mot ?
FREDERIQUE VIDAL
Non, le dernier mot, il est à l'élève en ce qui concerne la filière qu'il souhaite suivre pour ses études ; le dernier mot sera à la faculté pour dessiner le chemin, je crois que c'est aussi une question de confiance, on fait confiance aux jeunes en les aidant à s'orienter et à s'informer pour qu'ils fassent des voeux éclairés. Et on fait confiance à la faculté pour que, on propose à ces jeunes des parcours personnalisés.
ELIZABETH MARTICHOUX
On n'a pas fini d'en parler, on a toute l'année pour expliquer aux élèves de terminale et à leurs parents comment faire pour s'associer à ce nouveau, à cette nouvelle procédure. Merci beaucoup Frédérique VIDAL de nous avoir éclairés ce matin
FREDERIQUE VIDAL
Je vous en prie. Merci à vous.
YVES CALVI
Néanmoins, le tirage au sort est absolument proscrit, et APB abandonnée pour la prochaine rentrée, c'est ce que vient de nous confirmer, entre autres, la ministre de l'Enseignement supérieur.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 15 novembre 2017