Texte intégral
Monsieur le Président de l'Association des Anciens de la Division Leclerc,
Monsieur le Maire,
Madame la Maréchale,
Mesdames, Messieurs,
"Vous avez de la chance"... disait le Général de Gaulle au Général Leclerc qui allait marcher sur Paris.
Oui, Vétérans de la 2ème Division Blindée, anciens de la glorieuse "Caravane", vous aviez de la chance... Paris vous attendait...
Guidés par un chef exemplaire, vous avez mérité l'honneur de cette victoire. Vous étiez promis à un destin sans pareil. Vous entriez dans l'Histoire derrière le futur Maréchal Leclerc.
Pour toutes les mémoires, plus encore peut-être que de la valeur, la Croix de Lorraine, est symbole d'union, celle des français devant le danger. Une union enfin réalisée. De cette union seule pouvait naître la chance que le 24 août 1944, pour Paris et la France entière, vous avez incarnée. C'est de cette union qu'aujourd'hui, nous célébrons les vertus.
Cette union fut peu à peu conquise, de succès en succès, d'année en année tout au long de la guerre...
Le 25 août 1940, le Colonel Leclerc arrive à Douala. Il gagne le Cameroun au choix national qu'il a fait, il en devient le Gouverneur. Le Gabon, le Congo, l'Oubangui suivirent. Leclerc fut au premier rang de ceux qui appelèrent l'Afrique Française à la liberté. Elle entra dans la guerre.
Le 1er mars 1941, la citadelle italienne de Libye, Koufra, tombait. C'était, depuis l'été 1940, le premier succès de la France en armes. Notre pays, avec le Général Leclerc, s'était fixé un nouvel horizon. Il ne déposerait les armes qu'en voyant nos couleurs flotter à nouveau sur la Cathédrale de Strasbourg...
Commandant militaire de l'Afrique Equatoriale Française, le Général Leclerc approcha les oasis du Fezzan au printemps 1942. Il les conquit durant l'hiver.
Il mena les 3 000 hommes de son unité des bords du Tchad jusqu'aux rives de la Méditerranée. Ils prirent part aux campagnes de Tripolitaine et de Tunisie. La "Colonne Leclerc" était alors devenue "la Force L".
Mais la plus belle victoire du Général Leclerc fut peut-être aussi la plus longue à forger. En un an, de l'été 1943 à l'été 1944, d'hommes que les événements avaient divisés, de petites cohortes mal armées, il fit des régiments soudés, bien organisés, efficaces.
Ce corps d'armée motorisé, aidé du matériel allié, fut un creuset d'unité. Certains venaient de l'Armée d'Afrique. Certains, évadés de France, étaient passés par l'Espagne. Certains, anciens membres du Régiment de tirailleurs Sénégalais, venaient du Régiment de marche du Tchad. Il y avait aussi des volontaires du Corps Franc d'Afrique, du 1er groupe du 3ème Régiment d'artillerie coloniale et du 22ème groupe des forces terrestres antiaériennes.
Certains venaient du Moyen-Orient. Parmi eux, on comptait deux Régiments blindés : le 501ème chars de combat, le 1er spahis marocains de marche, qui avaient appartenu à la 1ère compagnie de chars et aux escadrons de spahis de la Colonne volante d'Egypte. Certains venaient de Syrie. Je pense au 13ème Bataillon du Génie.
Le 24 août 1943, naissait la 2ème Division Blindée. Un an plus tard, jour pour jour, Paris était libérée.
Cinquante ans après, jour pour jour, nous tenons à transmettre vivante la mémoire de l'action de la 2ème DB au service de la France. Par un musée moderne qui, au coeur de notre cité parisienne, sur ce lieu symbolique de la gare Montparnasse, ravivera chaque jour la flamme de notre souvenir.
Comme, autrefois, le Général Carnot et comme, plus tard, le Général de Lattre, le Général Leclerc - au Maroc, puis en Angleterre - poursuivit ce lent et difficile, ce passionnant travail d'unification. Pour rassembler ces volontés impatientes, il fallait un guide. Il fallait un chef et une même foi - celle que Philippe Leclerc de Hauteclocque insuffla : foi en la patrie, foi en la valeur de l'homme, foi en la justice du combat qu'ils menaient.
Le 25 août 1944, en présence du Général Leclerc, l'ennemi signait la "convention de reddition". De la gare Montparnasse - ici-même, il y a cinquante ans, dans le PC de Leclerc, l'ennemi rédigea les ordres de reddition. La 2ème DB avait triomphé des résistances allemandes dans Paris. Jamais, sur aucun champ de bataille, elle ne connut la défaite.
A Paris, l'insurrection couvait, prête à flamber. Elle courrait par les rues. Elle prenait l'ennemi de court. Mais faute d'armes suffisantes, les FFI ne pouvaient réduire les points d'appui allemands, trop solides encore.
La division du Général Leclerc apporterait la puissance de feu nécessaire. Le détachement du Chef d'Escadron de GUILLEBON fut envoyé en reconnaissance. Puis, la 2ème DB, parcourant 240 kilomètres en moins de 40 heures, passa entre les poches allemandes. Le 24 août au soir, 3 chars et quelques dizaines d'hommes, le détachement du Capitaine DRONNE, parvinrent à l'Hôtel de Ville. Le 26 août, le Général de Gaulle descendait les Champs-Elysées. A ses côtés, le Général Leclerc, qui avait bien mérité de la nation.
Mais peu avant minuit, la capitale subissait un bombardement. Il y eut de nouvelles victimes. Tout au long de la nuit, les hommes de la 2ème DB durent repousser des renforts allemands. Le lendemain, commencèrent les combats du Bourget. La guerre continuait.
La 2ème DB perdit cent trente hommes. Elle eut plus de trois cents blessés. Paris n'a pas - nous n'avons pas oublié.
Paris fut tout d'abord le terrain de résistances dispersées, mais très vite devint le champ peu à peu unifié d'une bataille commune. Dans la ville couverte de barricades, les Français agirent de concert. L'insurrection populaire, la résistance et les forces armées débarquées en Normandie se rejoignaient pour sauver la Ville de la destruction, la libérer. Lors de l'attaque du Luxembourg, FFI et soldats de la 2ème DB luttèrent ensemble sous les ordres du Franc Tireur Partisan Fabien.
De cette histoire encore proche, de cette union, sachons tirer les leçons !
"Je vous demande de réfléchir à l'importance de cette réunion. Notre pays ne peut plus se payer le luxe de divisions intestines. L'union est plus nécessaire que jamais pour rendre à la France sa grandeur nationale", écrivait Leclerc.
Il avait fallu moins de trois semaines à la 2ème DB, partie de Normandie le 6 août, pour libérer Paris. Elle avait débarqué au premier jour du mois à Utah-Beach. Elle avait fait sauter les verrous qui bloquaient le chemin de la capitale. Elle avait, passé Avranches, Alençon et Ecouché. Et elle ne s'arrêterait pas à Paris...
Elle avait encore à combattre. La 12 septembre, en Côte d'Or, elle rejoindrait la 1ère Armée. Le 23 novembre, après avoir pris le col de Saverne, la 2ème DB tiendrait parole. Strasbourg serait libérée. Au printemps, elle remonterait jusqu'au "nid d'aigle d'Hitler", le 4 mai 1945, à Berchtesgaden.
De KOUFRA à PARIS, de BACCARAT à STRASBOURG, puis à BERCHTESGADEN, la 2ème DB s'illustra sous l'irrésistible impulsion de son chef.
Toute sa carrière fut celle d'un homme d'exception. Il fut reçu major à l'Ecole de cavalerie de Saumur. Il fut reçu premier à l'Ecole de Guerre. Deux fois prisonnier et deux fois évadé, Philippe de HAUTECLOCQUE, devenu LECLERC, parvint à rejoindre le Général de Gaulle à Londres. A partir de là commença son épopée.
Vous tous, anciens de la 2ème DB, qui avez tenu à être présents, vous vous reconnaissiez en votre chef. Cette épopée, c'est la vôtre, la vôtre à tous.Vous qui étiez la première unité française à débarquer sur notre territoire occupé, vous avez libéré Paris. Ce jour là, par votre bravoure, vous avez été la fierté de la France.
Monsieur le Maire,
Madame la Maréchale,
Mesdames, Messieurs,
"Vous avez de la chance"... disait le Général de Gaulle au Général Leclerc qui allait marcher sur Paris.
Oui, Vétérans de la 2ème Division Blindée, anciens de la glorieuse "Caravane", vous aviez de la chance... Paris vous attendait...
Guidés par un chef exemplaire, vous avez mérité l'honneur de cette victoire. Vous étiez promis à un destin sans pareil. Vous entriez dans l'Histoire derrière le futur Maréchal Leclerc.
Pour toutes les mémoires, plus encore peut-être que de la valeur, la Croix de Lorraine, est symbole d'union, celle des français devant le danger. Une union enfin réalisée. De cette union seule pouvait naître la chance que le 24 août 1944, pour Paris et la France entière, vous avez incarnée. C'est de cette union qu'aujourd'hui, nous célébrons les vertus.
Cette union fut peu à peu conquise, de succès en succès, d'année en année tout au long de la guerre...
Le 25 août 1940, le Colonel Leclerc arrive à Douala. Il gagne le Cameroun au choix national qu'il a fait, il en devient le Gouverneur. Le Gabon, le Congo, l'Oubangui suivirent. Leclerc fut au premier rang de ceux qui appelèrent l'Afrique Française à la liberté. Elle entra dans la guerre.
Le 1er mars 1941, la citadelle italienne de Libye, Koufra, tombait. C'était, depuis l'été 1940, le premier succès de la France en armes. Notre pays, avec le Général Leclerc, s'était fixé un nouvel horizon. Il ne déposerait les armes qu'en voyant nos couleurs flotter à nouveau sur la Cathédrale de Strasbourg...
Commandant militaire de l'Afrique Equatoriale Française, le Général Leclerc approcha les oasis du Fezzan au printemps 1942. Il les conquit durant l'hiver.
Il mena les 3 000 hommes de son unité des bords du Tchad jusqu'aux rives de la Méditerranée. Ils prirent part aux campagnes de Tripolitaine et de Tunisie. La "Colonne Leclerc" était alors devenue "la Force L".
Mais la plus belle victoire du Général Leclerc fut peut-être aussi la plus longue à forger. En un an, de l'été 1943 à l'été 1944, d'hommes que les événements avaient divisés, de petites cohortes mal armées, il fit des régiments soudés, bien organisés, efficaces.
Ce corps d'armée motorisé, aidé du matériel allié, fut un creuset d'unité. Certains venaient de l'Armée d'Afrique. Certains, évadés de France, étaient passés par l'Espagne. Certains, anciens membres du Régiment de tirailleurs Sénégalais, venaient du Régiment de marche du Tchad. Il y avait aussi des volontaires du Corps Franc d'Afrique, du 1er groupe du 3ème Régiment d'artillerie coloniale et du 22ème groupe des forces terrestres antiaériennes.
Certains venaient du Moyen-Orient. Parmi eux, on comptait deux Régiments blindés : le 501ème chars de combat, le 1er spahis marocains de marche, qui avaient appartenu à la 1ère compagnie de chars et aux escadrons de spahis de la Colonne volante d'Egypte. Certains venaient de Syrie. Je pense au 13ème Bataillon du Génie.
Le 24 août 1943, naissait la 2ème Division Blindée. Un an plus tard, jour pour jour, Paris était libérée.
Cinquante ans après, jour pour jour, nous tenons à transmettre vivante la mémoire de l'action de la 2ème DB au service de la France. Par un musée moderne qui, au coeur de notre cité parisienne, sur ce lieu symbolique de la gare Montparnasse, ravivera chaque jour la flamme de notre souvenir.
Comme, autrefois, le Général Carnot et comme, plus tard, le Général de Lattre, le Général Leclerc - au Maroc, puis en Angleterre - poursuivit ce lent et difficile, ce passionnant travail d'unification. Pour rassembler ces volontés impatientes, il fallait un guide. Il fallait un chef et une même foi - celle que Philippe Leclerc de Hauteclocque insuffla : foi en la patrie, foi en la valeur de l'homme, foi en la justice du combat qu'ils menaient.
Le 25 août 1944, en présence du Général Leclerc, l'ennemi signait la "convention de reddition". De la gare Montparnasse - ici-même, il y a cinquante ans, dans le PC de Leclerc, l'ennemi rédigea les ordres de reddition. La 2ème DB avait triomphé des résistances allemandes dans Paris. Jamais, sur aucun champ de bataille, elle ne connut la défaite.
A Paris, l'insurrection couvait, prête à flamber. Elle courrait par les rues. Elle prenait l'ennemi de court. Mais faute d'armes suffisantes, les FFI ne pouvaient réduire les points d'appui allemands, trop solides encore.
La division du Général Leclerc apporterait la puissance de feu nécessaire. Le détachement du Chef d'Escadron de GUILLEBON fut envoyé en reconnaissance. Puis, la 2ème DB, parcourant 240 kilomètres en moins de 40 heures, passa entre les poches allemandes. Le 24 août au soir, 3 chars et quelques dizaines d'hommes, le détachement du Capitaine DRONNE, parvinrent à l'Hôtel de Ville. Le 26 août, le Général de Gaulle descendait les Champs-Elysées. A ses côtés, le Général Leclerc, qui avait bien mérité de la nation.
Mais peu avant minuit, la capitale subissait un bombardement. Il y eut de nouvelles victimes. Tout au long de la nuit, les hommes de la 2ème DB durent repousser des renforts allemands. Le lendemain, commencèrent les combats du Bourget. La guerre continuait.
La 2ème DB perdit cent trente hommes. Elle eut plus de trois cents blessés. Paris n'a pas - nous n'avons pas oublié.
Paris fut tout d'abord le terrain de résistances dispersées, mais très vite devint le champ peu à peu unifié d'une bataille commune. Dans la ville couverte de barricades, les Français agirent de concert. L'insurrection populaire, la résistance et les forces armées débarquées en Normandie se rejoignaient pour sauver la Ville de la destruction, la libérer. Lors de l'attaque du Luxembourg, FFI et soldats de la 2ème DB luttèrent ensemble sous les ordres du Franc Tireur Partisan Fabien.
De cette histoire encore proche, de cette union, sachons tirer les leçons !
"Je vous demande de réfléchir à l'importance de cette réunion. Notre pays ne peut plus se payer le luxe de divisions intestines. L'union est plus nécessaire que jamais pour rendre à la France sa grandeur nationale", écrivait Leclerc.
Il avait fallu moins de trois semaines à la 2ème DB, partie de Normandie le 6 août, pour libérer Paris. Elle avait débarqué au premier jour du mois à Utah-Beach. Elle avait fait sauter les verrous qui bloquaient le chemin de la capitale. Elle avait, passé Avranches, Alençon et Ecouché. Et elle ne s'arrêterait pas à Paris...
Elle avait encore à combattre. La 12 septembre, en Côte d'Or, elle rejoindrait la 1ère Armée. Le 23 novembre, après avoir pris le col de Saverne, la 2ème DB tiendrait parole. Strasbourg serait libérée. Au printemps, elle remonterait jusqu'au "nid d'aigle d'Hitler", le 4 mai 1945, à Berchtesgaden.
De KOUFRA à PARIS, de BACCARAT à STRASBOURG, puis à BERCHTESGADEN, la 2ème DB s'illustra sous l'irrésistible impulsion de son chef.
Toute sa carrière fut celle d'un homme d'exception. Il fut reçu major à l'Ecole de cavalerie de Saumur. Il fut reçu premier à l'Ecole de Guerre. Deux fois prisonnier et deux fois évadé, Philippe de HAUTECLOCQUE, devenu LECLERC, parvint à rejoindre le Général de Gaulle à Londres. A partir de là commença son épopée.
Vous tous, anciens de la 2ème DB, qui avez tenu à être présents, vous vous reconnaissiez en votre chef. Cette épopée, c'est la vôtre, la vôtre à tous.Vous qui étiez la première unité française à débarquer sur notre territoire occupé, vous avez libéré Paris. Ce jour là, par votre bravoure, vous avez été la fierté de la France.