Texte intégral
Interview à TF1 à New York le 12 novembre 2001 :
Q - Hubert Védrine, avez-vous pu voir votre collègue Colin Powell ?
R - Je viens de le voir. Il m'a dit qu'à ce stade les premières indications orientaient l'enquête vers l'accident, qu'ils venaient de retrouver les boîtes noires et qu'ils pensaient avoir des indications très vite.
Q - Vous qui avez sillonné les rues de New York aujourd'hui, avez-vous pu vous rendre compte que la tension est un peu retombée pour les New Yorkais et pour les Américains plus généralement ?
R - Oui, ces derniers jours, on ne sentait pas de tentions particulières, la ville s'est tout à fait remise à vivre. Il y a beaucoup de sécurité, beaucoup de polices, des restrictions de circulation mais c'est dû à l'Assemblée générale et au passage du président Bush à New York pour son discours. Sinon, la ville a retrouvé toute son énergie me semble-t-il. Pendant ce temps, nous travaillons ici sur l'Afghanistan en priorité.
Q - Quelle est la suite de votre programme dans vos discussions avec vos collègues ?
R - Le programme, c'est surtout l'urgence de la solution politique en Afghanistan car la prise de Mazar-i-Charif a créé une situation nouvelle. Il faut absolument que ceux qui sont maîtres du terrain se comportent de façon correcte car cela influencera la suite du processus. Il faut intensifier la mise au point de la solution politique, c'est-à-dire la mise en place d'une autorité de transition en un gouvernement de transition et c'est M. Brahimi, le représentant spécial du Secrétaire général, qui fera cela de façon intensive durant les prochains jours pour mettre d'accord les différents groupes afghans.
Q - Au passage, par parenthèse, la chute de Kaboul, vous semble-t-elle imminente ?
R - Ce que je sais, c'est que les cinq membres permanents, dont la France, sont d'accord entre eux et également avec les Etats-Unis, pour demander à l'Alliance du Nord de ne pas entrer seule dans Kaboul. Il est très important que la solution soit au point et que ce soient les différents groupes d'Afghans, représentatifs, les Pachtounes, les Tadjiks, les Ouzbeks qui entrent dans Kaboul ensemble, pour bâtir ensemble l'Afghanistan nouveau. Il ne faut pas que ce soit simplement une prise militaire, sinon ils risqueraient de renouveler les affrontements internes qui s'étaient produits en 1992, 1993 et après avec une guerre civile désastreuse. Nous sommes tous d'accord là-dessus.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 novembre 2001)
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Interview à RFI à New York, le 12 novembre 2001 :
Q - Monsieur le Ministre, quelles conséquences l'évolution militaire a-t-elle sur l'avancée des travaux d'accompagnement politique qui se fait ici, aux Nations Unies, sur l'Afghanistan ?
R - La chute de Mazar-i-Charif a évidemment changé la situation. Cela montre que les opérations militaires ont des résultats et maintenant, les choses sur le terrain peuvent aller vite. Sur le plan politique, aussi bien les membres permanents du Conseil de sécurité que les membres du G8, ce que l'on appelle le Groupe 6 + 2, les Quinze de l'Union européenne, nous sommes très attentifs au comportement des responsables des groupes militaires qui ont pris Mazar-i-Charif et les autres villes. Nous ne voulons absolument pas que recommencent les exactions et les massacres et les guerres civiles qui se sont développés après 1992. C'est la première exigence ici, à New York. Tous ces chefs afghans doivent savoir que nous regardons leur comportement, que nous sommes prêts à les aider de façon massive sur le plan humanitaire d'urgence et pour reconstruire le pays après, mais qu'ils doivent se comporter de façon responsable et de façon qui soit exemplaire par rapport à ce que nous voulons faire dans l'Afghanistan de demain. L'Afghanistan, c'est leur pays, c'est eux qui le feront mais en même temps, ils auront besoin de cette aide internationale. Je le dis tout de suite, sans juger qui que ce soit, puisque je n'ai pas d'élément d'information sur ce qui se passe sur le terrain. D'autre part, sur le plan politique, cela nous amène à accélérer les travaux de préparation de la solution politique de relève et c'est la tâche de M. Brahimi, le représentant spécial du Secrétaire général. Il faut maintenant traduire les choses de façon beaucoup plus concrète.
Q - Alors sur ce plan politique et vu le contexte très évolutif sur le plan militaire, que peut faire le représentant spécial du Secrétaire général, M. Brahimi ?
R - Quelle que soit l'évolution sur le terrain, a fortiori si cela va vite, il faut maintenant qu'il nous fasse une proposition dans les prochains jours sur la façon dont pourraient être répartis, dans l'autorité de transition, les membres de la coalition en Afghanistan, les représentants des Pachtounes, les représentants des Tadjiks, des Ouzbeks, des Hazaras et des autres petites minorités. Quelles structures, combien de participants, quel rôle, quel pouvoir ? Et d'autre part, quel dosage et ensuite, qui ? C'est cela que nous souhaitons en priorité : qu'il se concentre, sur ce travail de formation, en quelque sorte, du pouvoir de relève en Afghanistan, c'est cela la mission qui lui est confiée. Demain, à New York, il va présenter l'état actuel de ses conclusions, devant le Conseil de sécurité, ce qui préparera la résolution que, je l'espère, nous pourrons adopter vendredi. Mais il faut aussi qu'il y ait un travail d'équipe très concret qu'il fera peut-être en revenant dans la région. C'est urgent maintenant.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 novembre 2001)
Q - Hubert Védrine, avez-vous pu voir votre collègue Colin Powell ?
R - Je viens de le voir. Il m'a dit qu'à ce stade les premières indications orientaient l'enquête vers l'accident, qu'ils venaient de retrouver les boîtes noires et qu'ils pensaient avoir des indications très vite.
Q - Vous qui avez sillonné les rues de New York aujourd'hui, avez-vous pu vous rendre compte que la tension est un peu retombée pour les New Yorkais et pour les Américains plus généralement ?
R - Oui, ces derniers jours, on ne sentait pas de tentions particulières, la ville s'est tout à fait remise à vivre. Il y a beaucoup de sécurité, beaucoup de polices, des restrictions de circulation mais c'est dû à l'Assemblée générale et au passage du président Bush à New York pour son discours. Sinon, la ville a retrouvé toute son énergie me semble-t-il. Pendant ce temps, nous travaillons ici sur l'Afghanistan en priorité.
Q - Quelle est la suite de votre programme dans vos discussions avec vos collègues ?
R - Le programme, c'est surtout l'urgence de la solution politique en Afghanistan car la prise de Mazar-i-Charif a créé une situation nouvelle. Il faut absolument que ceux qui sont maîtres du terrain se comportent de façon correcte car cela influencera la suite du processus. Il faut intensifier la mise au point de la solution politique, c'est-à-dire la mise en place d'une autorité de transition en un gouvernement de transition et c'est M. Brahimi, le représentant spécial du Secrétaire général, qui fera cela de façon intensive durant les prochains jours pour mettre d'accord les différents groupes afghans.
Q - Au passage, par parenthèse, la chute de Kaboul, vous semble-t-elle imminente ?
R - Ce que je sais, c'est que les cinq membres permanents, dont la France, sont d'accord entre eux et également avec les Etats-Unis, pour demander à l'Alliance du Nord de ne pas entrer seule dans Kaboul. Il est très important que la solution soit au point et que ce soient les différents groupes d'Afghans, représentatifs, les Pachtounes, les Tadjiks, les Ouzbeks qui entrent dans Kaboul ensemble, pour bâtir ensemble l'Afghanistan nouveau. Il ne faut pas que ce soit simplement une prise militaire, sinon ils risqueraient de renouveler les affrontements internes qui s'étaient produits en 1992, 1993 et après avec une guerre civile désastreuse. Nous sommes tous d'accord là-dessus.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 novembre 2001)
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Interview à RFI à New York, le 12 novembre 2001 :
Q - Monsieur le Ministre, quelles conséquences l'évolution militaire a-t-elle sur l'avancée des travaux d'accompagnement politique qui se fait ici, aux Nations Unies, sur l'Afghanistan ?
R - La chute de Mazar-i-Charif a évidemment changé la situation. Cela montre que les opérations militaires ont des résultats et maintenant, les choses sur le terrain peuvent aller vite. Sur le plan politique, aussi bien les membres permanents du Conseil de sécurité que les membres du G8, ce que l'on appelle le Groupe 6 + 2, les Quinze de l'Union européenne, nous sommes très attentifs au comportement des responsables des groupes militaires qui ont pris Mazar-i-Charif et les autres villes. Nous ne voulons absolument pas que recommencent les exactions et les massacres et les guerres civiles qui se sont développés après 1992. C'est la première exigence ici, à New York. Tous ces chefs afghans doivent savoir que nous regardons leur comportement, que nous sommes prêts à les aider de façon massive sur le plan humanitaire d'urgence et pour reconstruire le pays après, mais qu'ils doivent se comporter de façon responsable et de façon qui soit exemplaire par rapport à ce que nous voulons faire dans l'Afghanistan de demain. L'Afghanistan, c'est leur pays, c'est eux qui le feront mais en même temps, ils auront besoin de cette aide internationale. Je le dis tout de suite, sans juger qui que ce soit, puisque je n'ai pas d'élément d'information sur ce qui se passe sur le terrain. D'autre part, sur le plan politique, cela nous amène à accélérer les travaux de préparation de la solution politique de relève et c'est la tâche de M. Brahimi, le représentant spécial du Secrétaire général. Il faut maintenant traduire les choses de façon beaucoup plus concrète.
Q - Alors sur ce plan politique et vu le contexte très évolutif sur le plan militaire, que peut faire le représentant spécial du Secrétaire général, M. Brahimi ?
R - Quelle que soit l'évolution sur le terrain, a fortiori si cela va vite, il faut maintenant qu'il nous fasse une proposition dans les prochains jours sur la façon dont pourraient être répartis, dans l'autorité de transition, les membres de la coalition en Afghanistan, les représentants des Pachtounes, les représentants des Tadjiks, des Ouzbeks, des Hazaras et des autres petites minorités. Quelles structures, combien de participants, quel rôle, quel pouvoir ? Et d'autre part, quel dosage et ensuite, qui ? C'est cela que nous souhaitons en priorité : qu'il se concentre, sur ce travail de formation, en quelque sorte, du pouvoir de relève en Afghanistan, c'est cela la mission qui lui est confiée. Demain, à New York, il va présenter l'état actuel de ses conclusions, devant le Conseil de sécurité, ce qui préparera la résolution que, je l'espère, nous pourrons adopter vendredi. Mais il faut aussi qu'il y ait un travail d'équipe très concret qu'il fera peut-être en revenant dans la région. C'est urgent maintenant.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 novembre 2001)