Texte intégral
F. Laborde Nous allons parler des conséquences de cette première attaque américaine. Il y a donc eu des bombardements, des frappes, avec un vocabulaire que l'on retrouve hélas - "frappes chirurgicales", "intervention militaire" - et peut-être aussi des pertes chez les civils. J'imagine que ce bombardement ne vous a pas surpris ?
- "Je n'ai pas été surprise, parce que depuis des semaines, depuis les attentats du 11 septembre, les Etats-Unis annonçaient une riposte. Il faut que ceux qui ont été les auteurs de ces actes barbares, les terroristes, soient vraiment châtiés, que justice soit faite par rapport à ces actes. C'est l'affaire de toute la communauté internationale. Aujourd'hui, j'ai envie de dire de faire attention à l'engrenage et surtout, de faire en sorte qu'il y ait le moins possible de victimes innocentes. Il y en a déjà eues suffisamment, hélas, dans ce que nous venons de vivre. Donc, il faut qu'à tout moment, l'ONU soit partie prenante de l'affaire."
Ce n'est pas encore le cas. Ce sont les Américains et les Britanniques, pour l'instant, et eux seuls...
- "C'est vraiment une nécessité. On ne pourra pas simplement avoir une réponse telle que celle-ci. Il y a un risque sinon."
On a entendu J. Chirac, hier soir, dire que la France pourrait intervenir davantage. Y a-t-il là-dessus un consensus et à l'intérieur du Gouvernement, et en termes de cohabitation, entre le Gouvernement et l'Elysée ?
- "Tout dépend des objectifs de l'intervention, bien évidemment. D'où la nécessité d'avoir à nouveau, comme nous l'avons déjà eu, un débat au niveau de l'Assemblée nationale."
Vous appelez un débat au Parlement là-dessus ?
- "Oui, cela va se faire, dès cette semaine. Il faut qu'à tout moment, la représentation nationale puisse être informée et consultée sur les conditions et les objectifs de l'intervention française."
Vous êtes ministre de la Jeunesse. Cette jeunesse des banlieues qui regardent cela, même si elle vit un mode de vie très américanisé ou occidentalisé, comment va-t-elle, aujourd'hui, regarder ce qu'il se passe en Afghanistan, dans un pays certes lointain, mais qui peut faire écho ?
- "Avec beaucoup d'inquiétude, beaucoup d'angoisse. Je l'avais vu après les attentats du 11 septembre. Ils ont peur, ils ont peur des conséquences sur les populations qu'ils aiment, dont leurs parents sont originaires. Et ils veulent comprendre. J'ai été très surprise par cette volonté de débat qui a eu lieu après les attentats du 11 septembre. Ils voulaient savoir pourquoi on en était arrivé là, ce qu'il se passait, avec parfois des questions sur l'état du monde. Partout où on le peut, là où il y a des jeunes, il faut qu'on leur donne des espaces pour qu'ils s'expriment, qu'on leur donne des informations nécessaires. C'est très important."
Cette jeunesse est un peu à fleur de peau...
- "Oui."
On l'a vu d'ailleurs, dans une toute autre circonstance, lors de la rencontre de football France-Algérie. Il y a quelque chose d'émotionnel très sensible ?
- "Oui, à la fois, c'était une fête formidable et tous ceux qui étaient dans le stade ont pu témoigner qu'il n'y avait pas d'agressivité, que les spectateurs, les supporters des deux équipes étaient mélangés, sans qu'il n'y ait aucun problème dans le stade ou à la sortie. Et puis cette émotion à fleur de peau qui fait, que, au coup de sifflet, lors de l'hymne français, après l'envahissement du terrain, on sent une très grande sensibilité. A la fois, cette identité partagée. Beaucoup de jeunes me disaient qu'ils avaient deux équipes. Il faut qu'on le prenne vraiment en compte."
C'est-à-dire que l'intégration n'est pas, de ce point de vue, une réussite ?
-"Mais est-ce que l'intégration vise à leur faire oublier leur histoire, leur identité ? Peut-être pas. Peut-être que ce n'est pas l'objectif. Mais il faut aussi, qu'eux-mêmes soient dans ce respect de leur identité, de leurs origines, mais aussi dans le respect du pays auquel ils appartiennent aujourd'hui - ils sont français."
On a vu que les Américains annonçaient en même temps que les premiers bombardements, des largages de vivres pour aider les populations civiles. Quel regard portez-vous là-dessus ? Vous avez le sentiment que c'est une guerre de communication ?
-"Ce qui serait l'urgence aujourd'hui, ce serait d'amener l'aide humanitaire dans tous les sites où se retrouvent déjà des réfugiés afghans. Il y a une dizaine de sites, peut-être qu'il y en aura 100 demain. C'est là qu'il faut apporter l'aide nécessaire - l'aide alimentaire, médicale, l'accueil, tout ce qu'il faut pour loger, nourrir et accueillir ces populations. Déjà, il y a des situations de détresse. J'ai vu des images, hier soir, d'hôpitaux, où il n'y avait pas de quoi sauver des bébés de la malnutrition. C'est là qu'il faut apporter l'aide humanitaire, plutôt que d'effectuer des largages dont on ne sait pas très loin l'objectif."
Faut-il davantage soutenir l'Alliance du Nord, les troupe de feu le commandant Massoud, qui pourrait recevoir de l'aide des Russes d'ailleurs, après les avoir combattus ?
- "Oui. Qu'on apporte de l'aide... Faisons attention aussi. Les propositions du gouvernement français, le plan d'action pour l'Afghanistan, présenté par H. Védrine, prévoyant une phase intermédiaire, sans faire d'automatisme entre un changement de gouvernement qui aboutirait à un gouvernement de la coalition du Nord. Je crois qu'il vaut mieux aller dans le respect de ce plan proposé par la France."
C'est aujourd'hui qu'on va connaître le nom du candidat communiste aux élections présidentielles. Les événements qui se passent ne vont-ils pas empêcher de l'annoncer ?
- "Non, le scrutin a eu lieu. Et l'on va donc annoncer les résultats vers 11 heures."
Ce sera R. Hue ?
- "Oui, je pense que Robert va être au-dessus de 75 % des voix. M. Gremetz - les informations que j'ai sont très partielles - sera, peut-être, à 13 % des voix ou un peu plus. Ce qui est important, c'est qu'il y a eu plus de 60.000 votants. Les choses se sont passées très sérieusement, j'y ai assisté moi-même. C'est-à-dire que les adhérentes et les adhérents du Parti ont vraiment eu les possibilités du choix."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 9 octobre 2001)
- "Je n'ai pas été surprise, parce que depuis des semaines, depuis les attentats du 11 septembre, les Etats-Unis annonçaient une riposte. Il faut que ceux qui ont été les auteurs de ces actes barbares, les terroristes, soient vraiment châtiés, que justice soit faite par rapport à ces actes. C'est l'affaire de toute la communauté internationale. Aujourd'hui, j'ai envie de dire de faire attention à l'engrenage et surtout, de faire en sorte qu'il y ait le moins possible de victimes innocentes. Il y en a déjà eues suffisamment, hélas, dans ce que nous venons de vivre. Donc, il faut qu'à tout moment, l'ONU soit partie prenante de l'affaire."
Ce n'est pas encore le cas. Ce sont les Américains et les Britanniques, pour l'instant, et eux seuls...
- "C'est vraiment une nécessité. On ne pourra pas simplement avoir une réponse telle que celle-ci. Il y a un risque sinon."
On a entendu J. Chirac, hier soir, dire que la France pourrait intervenir davantage. Y a-t-il là-dessus un consensus et à l'intérieur du Gouvernement, et en termes de cohabitation, entre le Gouvernement et l'Elysée ?
- "Tout dépend des objectifs de l'intervention, bien évidemment. D'où la nécessité d'avoir à nouveau, comme nous l'avons déjà eu, un débat au niveau de l'Assemblée nationale."
Vous appelez un débat au Parlement là-dessus ?
- "Oui, cela va se faire, dès cette semaine. Il faut qu'à tout moment, la représentation nationale puisse être informée et consultée sur les conditions et les objectifs de l'intervention française."
Vous êtes ministre de la Jeunesse. Cette jeunesse des banlieues qui regardent cela, même si elle vit un mode de vie très américanisé ou occidentalisé, comment va-t-elle, aujourd'hui, regarder ce qu'il se passe en Afghanistan, dans un pays certes lointain, mais qui peut faire écho ?
- "Avec beaucoup d'inquiétude, beaucoup d'angoisse. Je l'avais vu après les attentats du 11 septembre. Ils ont peur, ils ont peur des conséquences sur les populations qu'ils aiment, dont leurs parents sont originaires. Et ils veulent comprendre. J'ai été très surprise par cette volonté de débat qui a eu lieu après les attentats du 11 septembre. Ils voulaient savoir pourquoi on en était arrivé là, ce qu'il se passait, avec parfois des questions sur l'état du monde. Partout où on le peut, là où il y a des jeunes, il faut qu'on leur donne des espaces pour qu'ils s'expriment, qu'on leur donne des informations nécessaires. C'est très important."
Cette jeunesse est un peu à fleur de peau...
- "Oui."
On l'a vu d'ailleurs, dans une toute autre circonstance, lors de la rencontre de football France-Algérie. Il y a quelque chose d'émotionnel très sensible ?
- "Oui, à la fois, c'était une fête formidable et tous ceux qui étaient dans le stade ont pu témoigner qu'il n'y avait pas d'agressivité, que les spectateurs, les supporters des deux équipes étaient mélangés, sans qu'il n'y ait aucun problème dans le stade ou à la sortie. Et puis cette émotion à fleur de peau qui fait, que, au coup de sifflet, lors de l'hymne français, après l'envahissement du terrain, on sent une très grande sensibilité. A la fois, cette identité partagée. Beaucoup de jeunes me disaient qu'ils avaient deux équipes. Il faut qu'on le prenne vraiment en compte."
C'est-à-dire que l'intégration n'est pas, de ce point de vue, une réussite ?
-"Mais est-ce que l'intégration vise à leur faire oublier leur histoire, leur identité ? Peut-être pas. Peut-être que ce n'est pas l'objectif. Mais il faut aussi, qu'eux-mêmes soient dans ce respect de leur identité, de leurs origines, mais aussi dans le respect du pays auquel ils appartiennent aujourd'hui - ils sont français."
On a vu que les Américains annonçaient en même temps que les premiers bombardements, des largages de vivres pour aider les populations civiles. Quel regard portez-vous là-dessus ? Vous avez le sentiment que c'est une guerre de communication ?
-"Ce qui serait l'urgence aujourd'hui, ce serait d'amener l'aide humanitaire dans tous les sites où se retrouvent déjà des réfugiés afghans. Il y a une dizaine de sites, peut-être qu'il y en aura 100 demain. C'est là qu'il faut apporter l'aide nécessaire - l'aide alimentaire, médicale, l'accueil, tout ce qu'il faut pour loger, nourrir et accueillir ces populations. Déjà, il y a des situations de détresse. J'ai vu des images, hier soir, d'hôpitaux, où il n'y avait pas de quoi sauver des bébés de la malnutrition. C'est là qu'il faut apporter l'aide humanitaire, plutôt que d'effectuer des largages dont on ne sait pas très loin l'objectif."
Faut-il davantage soutenir l'Alliance du Nord, les troupe de feu le commandant Massoud, qui pourrait recevoir de l'aide des Russes d'ailleurs, après les avoir combattus ?
- "Oui. Qu'on apporte de l'aide... Faisons attention aussi. Les propositions du gouvernement français, le plan d'action pour l'Afghanistan, présenté par H. Védrine, prévoyant une phase intermédiaire, sans faire d'automatisme entre un changement de gouvernement qui aboutirait à un gouvernement de la coalition du Nord. Je crois qu'il vaut mieux aller dans le respect de ce plan proposé par la France."
C'est aujourd'hui qu'on va connaître le nom du candidat communiste aux élections présidentielles. Les événements qui se passent ne vont-ils pas empêcher de l'annoncer ?
- "Non, le scrutin a eu lieu. Et l'on va donc annoncer les résultats vers 11 heures."
Ce sera R. Hue ?
- "Oui, je pense que Robert va être au-dessus de 75 % des voix. M. Gremetz - les informations que j'ai sont très partielles - sera, peut-être, à 13 % des voix ou un peu plus. Ce qui est important, c'est qu'il y a eu plus de 60.000 votants. Les choses se sont passées très sérieusement, j'y ai assisté moi-même. C'est-à-dire que les adhérentes et les adhérents du Parti ont vraiment eu les possibilités du choix."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 9 octobre 2001)