Interview de M. Mounir Mahjoubi, secrétaire d'Etat au numérique à Europe 1 le 23 janvier 2018, sur l'intelligence artificielle et les investissements étrangers en France.

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Média : Europe 1

Texte intégral


PATRICK COHEN
Bonjour Mounir MAHJOUBI.
MOUNIR MAHJOUBI
Bonjour.
PATRICK COHEN
C'était comment Versailles ?
MOUNIR MAHJOUBI
C'était intéressant. C'était intéressant de voir comment des étrangers, des dirigeants d'entreprise voient la France, voient le changement, perçoivent le changement. Et c'est intéressant personnellement en tant que membre du gouvernement de les convaincre que ce changement a eu lieu et qu'il n'a jamais été meilleur moment pour investir en France.
PATRICK COHEN
Je vous demande de nous raconter parce que nous on n'y était pas. C'était à huis clos, les journalistes étaient interdits, c'est quand même bizarre ? C'était une sorte de négociation commerciale ?
MOUNIR MAHJOUBI
Non si vous voulez imaginer les choses, imaginer près de 200 personnes dans le château de Versailles faisant des réunions courtes. J'avais une petite table dans laquelle ce sont enchainés des rendez-vous toutes les 30 minutes.
PATRICK COHEN
Ah bon !
MOUNIR MAHJOUBI
Des rendez-vous rapides avec des dirigeants d'entreprise qui avaient envie de comprendre qu'est-ce qu'on était en train de transformer aujourd'hui en France. Alors moi je leur parlais de numérique, de l'ambition qu'on avait donné sur la formation, sur l'emploi, sur le territoire. Bruno LE MAIRE lui racontait les grandes transformations économiques. Et puis vous voyez la ministre du Travail avec qui ont discutait de la suite. Et puis entre eux surtout il y a eu des affaires, il y a plusieurs start-up qui ont fait des affaires avec des grands groupes internationaux hier. Je ne peux pas en parler mais ils se sont rencontrés autour de cette table et puis ils ont tapé la main à la fin en disant : allez on essaye !
PATRICK COHEN
Décider comme ça en quelques heures. Emmanuel MACRON ne nous dit pas qu'il a convaincu les investisseurs Facebook et Google de miser sur la France, ce n'est pas tombé du ciel comme ça.
MOUNIR MAHJOUBI
Il y a eu des belles annonces hier, il y a eu TOYOTA qui a annoncé son investissement en France. Il a eu Facebook et Google qui ont annoncé leur investissement sur l'intelligence artificielle.
PATRICK COHEN
Alors Google ce sera un centre de recherche fondamental installé à Paris sur un campus de 6.000 mètres carrés avec un millier de salariés, c'est ça. Et Facebook doublement du nombre de scientifiques de son centre de recherche fondamental qui passera de 30 à 60.
MOUNIR MAHJOUBI
Et vous notez dans les deux cas ce n'est pas des équipes publicité, ce sont des équipes d'intelligence artificielle parce qu'on a en France parmi les meilleurs étudiants les meilleurs chercheurs en intelligence artificielle.
PATRICK COHEN
Pourquoi la France deviendrait un paradis pour l'intelligence artificielle Mounir MAHJOUBI ?
MOUNIR MAHJOUBI
La première chose, et c'est essentiel, et ça va être tout un des enjeux de la stratégie de l'intelligence artificielle pour la France, c'est la qualité de notre recherche publique. C'es la qualité de nos chercheurs et c'est le fait qu'on est un des pays au monde qui diplôme le mieux les étudiants et les futurs chercheurs, les futurs professionnels de l'intelligence artificielle. Il faudra qu'on en fasse plus, il faudra qu'on en fasse plus dans plus de domaines de l'intelligence artificielle. Mais aujourd'hui c'est en France qu'on vient les chercher. Moi je suis très heureux d'entendre de ces deux géants qu'ils viennent en France pour venir chercher l'expertise et créer des emplois.
PATRICK COHEN
Vos arguments à vous face aux investisseurs étrangers, aux chefs d'entreprise que vous aviez face à vous c'était quoi en priorité ?
MOUNIR MAHJOUBI
La première des priorités c'est leur expliquer qu'aujourd'hui on a en France des professionnels du numérique qui sont présents. Qu'on a des entreprises du numérique et notamment nos start-up, près de 10.000 d'entre elles, qui sont parmi les plus innovantes au monde, les plus innovantes en Europe et que donc il n'a jamais été un meilleur moment pour faire des deals avec eux, pour faire des contrats avec eux pour les rencontrer, pour investir chez elles. Moi ce que je souhaite et là mon rôle hier c'est de faire venir de l'argent pour nos start-up françaises pour qu'elles créent des emplois en France et puis leur trouver des marchés à l'étranger parce que si nos start-up françaises vendent à l'export elles créent de la valeur en France, elles créent de l'emploi en France.
PATRICK COHEN
Et si le plan des conditions sociales, des critères d'activité vous aviez des arguments là aussi ?
MOUNIR MAHJOUBI
Mais sur les critères d'attractivité je vais vous le dire, vous savez nos ingénieurs aujourd'hui coûtent moins cher qu'un ingénieur sur la Côte ouest américaine et ils sont souvent considérés comme étant des ingénieurs plus performants avec une plus grande culture générale scientifique et donc très intéressant pour les grandes groupes. Hier, dans les quelques annonces qui ont été faites il y a les deux annonces des deux géants numériques qui viennent pour des ingénieurs, pour des chercheurs et puis il y avait toutes ces entreprises qui réfléchissaient à où est-ce que je mets mon centre de R&D, est-ce que je vais en France, est-ce que je vais en Allemagne ?
PATRICK COHEN
Recherche & Développement.
MOUNIR MAHJOUBI
Recherche & Développement. Et à chaque fois le réflexe qu'on est en train d'avoir c'est : la R&D le mieux c'est de le faire en France, ça c'est formidable !
PATRICK COHEN
Mounir MAHJOUBI est-ce que la question de la fiscalité a été mise sur la table par le gouvernement, par le président français ou bien est-ce que vous considérez les investissements par exemple de Google ou de Facebook comme une sorte de dédommagement pour le manque à gagner fiscal ?
MOUNIR MAHJOUBI
Alors là que ce soit bien clair, et dans la discussion que j'ai très régulièrement avec Facebook, que nous avons très régulièrement avec ces grands groupes, la discussion de la fiscalité est indépendante de tout ce qu'il pourrait faire de façon positive pour la France. C'est-à-dire que sur la question de la fiscalité on ne reculera pas, on avance, on continue d'avancer. On a un agenda européen sur le sujet, on a un agenda mondial avec l'OCDE, on avance, c'est une priorité absolue.
PATRICK COHEN
Et vous en avez reparlé hier à Versailles ou c'est un sujet qui fâche.
MOUNIR MAHJOUBI
On en reparle toujours, il n'y a jamais aucun tabou avec eux. Par contre quand ils décident d'investir nous célébrons le fait qu'ils investissent et nous sommes très heureux qui le fassent. Mais par contre on rappelle en permanence qu'il faudra bien qu'on trouve une solution sur la taxation des géants du numérique.
PATRICK COHEN
Vous devrez un jour ou l'autre payer des impôts dans les endroits où vous faites des profits.
MOUNIR MAHJOUBI
Je pense qu'on l'a suffisamment évoqué avec le président et Bruno LE MAIRE, nous irons jusqu'au bout.
PATRICK COHEN
Il y aura un autre sommet de ce genre l'an prochain, le rendez-vous de Versailles avant Davos, ce sera institué ?
MOUNIR MAHJOUBI
Le président en a fait l'annonce durant le diner hier soir, il a annoncé à toutes ces personnes qu'elles étaient réinvitées l'année prochaine et qu'on souhaitait continuer à rentrer dans cette démarche où on pourrait profiter de cet évènement pour annoncer tous les nouveaux emplois crées en France.
PATRICK COHEN
Merci à vous Mounir MAHJOUBI, secrétaire d'Etat chargé du numérique, d'être venu en direct sur Europe 1.
MOUNIR MAHJOUBI
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 24 janvier 2018