Déclaration de M. Pierre Bérégovoy, Premier ministre, sur l'évolution du Kazakhstan et ses relations avec la France, Paris le 24 septembre 1992.

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Circonstance : Visite de M. Noursoultan Nazarbaiev, président du Kazakhstan

Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
C'est pour moi un grand honneur de vous accueillir.
Un nouveau chapitre vient de s'ouvrir dans l'histoire des relations entre nos pays, désormais également indépendants et souverains. La France vous reçoit avec le désir très chaleureux d'approfondir notre coopération.
Le tour que vous donnez au destin de votre pays, en ayant fait le choix courageux de la démocratie et de l'économie de marché est décisif. En quelques mois, votre gouvernement, s'est attaché à poser les premiers jalons d'une oeuvre de longue haleine. Chacun peut observer le courage et la ténacité avec lesquels vous vous employez à consolider votre indépendance. Il va sans dire que nous partageons votre ardeur à oeuvrer ainsi pour l'avènement d'une société d'hommes libres et solidaires. En ces jours où la France célèbre la République, je voulais vous dire que, chaque fois qu'un peuple recouvre ses droits et sa liberté, cela sonne chez nous d'un son fraternel et familier.
Votre pays occupe une position stratégique, à la charnière de l'Europe et de l'Asie. Nous vous savons extrêmement attentif aux problèmes de sécurité internationale. Monsieur le Président, le peuple français partage votre souci de ne ménager aucun effort pour laisser à nos enfants un monde sûr et apaisé.
A peine accédiez-vous à l'indépendance, que vous preniez position sur la délicate question du contrôle des exportations d'armements. Votre attitude responsable s'est à nouveau manifestée dans le cadre des accords signés par les Chefs d'Etat de la CEI sur la sécurité et la défense. A la fin du mois de mai, en quelques jours, vous apposiez votre haute signature au bas de trois documents essentiels pour la sécurité et la paix de votre région et du monde : le Traité de sécurité collective de Tachkent, le protocole de Lisbonne et votre Traité bilatéral avec la Russie. Nous sommes confiants que vous ne manquerez pas de poursuivre dans cette voie en ratifiant le protocole de Lisbonne, en adhérant aussitôt que possible au TNP en tant qu'Etat non-doté d'armes nucléaires et en ratifiant le Traité Start.
Nous nous félicitons également, Monsieur le Président, que vous fassiez vôtre la Charte de Paris pour une nouvelle Europe qui vient parfaire votre adhésion à la CSCE et votre fidélité aux engagements et aux principes de la Charte des Nations unies.
Le Traité que vous avez signé hier avec le Président de la République organise et complète notre commune participation à cet édifice international. Nous y réitérons notre volonté désormais conjuguée de contribuer au maintien de la paix entre les Etats, à la prévention des conflits de quelque nature qu'ils soient et à la garantie des droits des minorités.
Ce Traité consacre notre entente, notre amitié mais envisage également notre coopération dans de nombreux domaines.
Pour mener à bien cette coopération, nous avons d'abord décidé, dès mars dernier, d'ouvrir chez vous une ambassade.
Je constate par ailleurs, et pour m'en féliciter, que d'ores et déjà nos industriels et nos banquiers ont su répondre très rapidement aux nouveaux défis économiques et technologiques apparus dans votre pays.
Dans le secteur vital de l'énergie, ELF Aquitaine a conclu le premier contrat de cet ordre avec votre Etat nouvellement indépendant.
Dans d'autres secteurs, plusieurs entreprises françaises, et non des moindres, ont déjà commencé à mobiliser leurs efforts pour travailler avec vos industriels. Je pense à BOUYGUES dans le secteur des travaux publics, à Thomson qui met à la disposition du Kazakhstan son expertise dans le domaine de l'électronique aéronautique. Par sa position-clé dans la région, votre pays, en modernisant ses systèmes de contrôle aérien, contribuera à l'insertion réussie de toute l'Asie centrale dans les réseaux internationaux de communication.
Je pourrais encore citer le secteur bancaire, avec l'accord signé entre le CCF et l'ALEM BANK.
Nous allons vous aider à former vos futurs cadres publics en créant à Alma Ata une école sur le modèle de notre école nationale d'administration.
Je pourrais aussi évoquer la coopération linguistique et économique entre les établissements de Rennes-II et d'Alma Ata, dans le cadre du jumelage entre ces deux villes.
Vous pouvez compter sur notre soutien dans vos efforts pour reconvertir votre système éducatif, en fonction des nouveaux objectifs nationaux que vous lui assignez.
Puisse donc notre coopération s'élargir et s'enrichir toujours davantage et être bénéfique à nos peuples et à la paix du monde.
En vous redisant à nouveau le grand honneur qu'éprouve le Gouvernement français à vous accueillir à Paris, je porte un toast à l'indépendance du Kazakhstan, à sa liberté reconquise et à sa prospérité !
Vive le Kazakhstan !
Vive la France !