Texte intégral
M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion, après engagement de la procédure accélérée, du projet de loi relatif à la programmation militaire pour les années 2019 à 2025 et portant diverses dispositions intéressant la défense (nos 659, 765, 732, 762, 761).
- Présentation -
M. le président. La parole est à Mme la ministre des armées.
Mme Florence Parly, ministre des armées. Monsieur le président, monsieur le président et rapporteur de la commission de la défense nationale et des forces armées, mesdames et messieurs les députés, la France a besoin de sa défense. Partout dans le monde, nos soldats, nos marins, nos aviateurs se battent pour nous. Ils combattent contre le terrorisme, pour nos valeurs. Ils risquent leur vie pour notre sécurité, pour notre liberté. Partout en France, nos militaires assurent notre protection au quotidien dans le cadre de l'opération Sentinelle. Ils s'entraînent et font vivre des villes entières dans leurs régiments ou sur leurs bases. Partout dans notre pays, civils et militaires de la défense travaillent sans compter, avec un seul but : servir notre pays, le servir pleinement.
Je voudrais rendre hommage ici, devant vous, à ceux qui sont tombés pour notre pays, à celles et ceux qui sont rentrés d'opérations atteints dans leur chair ou dans leur esprit, à leurs camarades, à leurs familles et à leurs proches car, rappelons-le, c'est un soldat qu'on recrute, mais c'est une famille entière qui s'engage. Nos concitoyens doivent savoir ce qu'ils doivent à l'engagement inconditionnel de ces femmes et de ces hommes, au travail et au courage des 270 000 civils et militaires de la défense, à toutes leurs familles, qui vivent au rythme des engagements, à cette fierté teintée d'angoisse des opérations. La mission de nos militaires n'a rien d'ordinaire. Il n'est pas ordinaire de risquer sa vie au quotidien. Eux, peut-être, s'habituent à l'extraordinaire. Notre rôle, à nous, est de ne jamais l'oublier.
Depuis des années pourtant, avons-nous été à la hauteur de leur engagement ? Avons-nous réellement pris la mesure des menaces qui pèsent durablement sur la sécurité du monde ? Avons-nous répondu à cet écho qui nous vient des dunes du Sahel ou du large de la Méditerranée ? Avons-nous entendu l'appel pourtant si vif qui résonne de la base aérienne de Mont-de-Marsan aux terrains d'entraînement de Mourmelon ? La réponse est non. Depuis des décennies, nous ne sommes pas à la hauteur. Depuis des années, nous imposons à nos armées un grand écart intenable, qui ne pouvait plus durer : d'un côté, plus d'engagements, des engagements nécessaires, menés avec courage et succès ; de l'autre, des moyens toujours plus réduits, des effectifs toujours plus faibles, des programmes d'armement toujours plus retardés, quand ils ne sont pas annulés. Cela devait cesser.
Si je viens cet après-midi, la tête haute, présenter ce projet de loi de programmation militaire, c'est que j'ai une nouvelle à annoncer : le temps des sacrifices est révolu, le renouveau de nos armées commence. Le projet de loi de programmation 2019-2025 est une réponse à l'appel de nos armées. C'est une réponse à la hauteur du courage de nos militaires et de la force de leurs familles. C'est une réponse pour la défense de la France, pour protéger pleinement les Français des menaces d'aujourd'hui et de demain.
Ces menaces, nous les connaissons, nous les prévoyons, nous les anticipons. La revue stratégique de défense et de sécurité nationale 2017, dont les conclusions ont été approuvées par le Président de la République en octobre dernier, nous a permis de les identifier et de disposer d'une analyse précise, fine, des enjeux et des menaces, afin de bâtir une loi de programmation militaire qui y réponde au mieux.
Le premier des constats de cette revue est que le monde est plus imprévisible, plus dangereux, plus belliqueux. Le terrorisme reste le premier fléau que nous devons affronter. Si Daech est au sol, ses métastases sont encore bien vivaces. Face au terrorisme, nous ne pouvons ni devons baisser la garde. Nous devons être fermes, inflexibles et combattre jusqu'au bout. Nous ne devrons avoir ni états d'âmes ni angélisme mal placé.
En outre, les puissances s'arment ; elles affirment leur force et leur pouvoir par tous moyens. L'attaque de Salisbury nous a montré qu'une grande puissance, la Russie, n'avait pas hésité à employer une arme chimique interdite sur le sol européen et que nous devrons être toujours extrêmement vigilants.
M. Jean-Luc Mélenchon. Rien ne le prouve !
Mme Florence Parly, ministre. Dans ce contexte, les conflits changent. Les cyberattaques menacent notre quotidien : elles peuvent dérégler nos gares, arrêter nos hôpitaux, bloquer nos économies. Les nouvelles technologies ne sont plus l'apanage de quelques armées privilégiées. Elles sont partout, accessibles à tous, y compris à nos ennemis.
Dans ce monde, la France devait donc agir, vite et fortement. Ce projet de loi de programmation militaire a donc été réalisé en un temps record, exigeant la mobilisation de tous : c'est six mois à peine après le début des travaux de programmation au sein du ministère que je l'ai présenté en conseil des ministres.
Ce texte répond d'abord à une ambition, fixée à une échéance raisonnable mais proche : 2030. C'est un calendrier comparable à celui retenu pour la plupart des LPM lois de programmation militaire précédentes. Nous affichons l'ambition d'être capables d'agir rapidement sur tous les terrains, de répondre à tous les assauts et de l'emporter face à tous les ennemis. Cette ambition, c'est celle de disposer, d'ici à 2030, d'un modèle d'armées moderne, complet et équilibré pour les cinq fonctions stratégiques : la dissuasion, la protection, la connaissance et l'anticipation, la prévention et, bien sûr, l'intervention. C'est un modèle qui doit être soutenable et durable, car la pente que nous suivions nous amenait inéluctablement à consommer le capital financier, humain et moral de nos armées.
Pour atteindre cet objectif, il nous fallait donc investir massivement dans nos armées. Le cap fixé par le Président de la République ne pouvait être plus clair : 2 % de la richesse nationale française seront consacrés à la défense d'ici à 2025. Les fantasmes budgétaires ou les calculs douteux n'y feront rien : les moyens sont là. Dès l'année 2017, j'ai obtenu le dégel de 1,9 milliard d'euros pour notre défense, ce qui a permis de respecter à l'euro près le budget de 2017. L'ensemble des surcoûts des OPEX opérations extérieures a été couvert en interministériel par des ressources supplémentaires pour le budget de la défense. Pour cette année, vous avez voté, dans la loi de finances pour 2018, sur la proposition du Gouvernement, la première marche de la remontée en puissance de nos armées, avec une augmentation historique de son budget de 1,8 milliard d'euros. Concrètement, après des baisses continues au cours des années précédentes, le budget consacré à l'effort de défense, en pourcentage du PIB, est remonté cette année.
Les moyens sont là, disais-je. Ainsi, 295 milliards d'euros seront consacrés à nos armées sur toute la période de programmation. Certains diront que les moyens viennent trop tard. Sur la seule période 2019-2023, 198 milliards d'euros seront investis pour notre défense, soit 23 % de plus qu'au cours de la période 2014-2018. Je n'ai qu'une chose à dire : pour les demi-mesures, il va falloir chercher ailleurs !
En outre, contrairement aux précédentes, cette loi de programmation militaire ne se fonde sur aucune recette exceptionnelle ni aucune prédiction bancale : uniquement sur des crédits budgétaires. Il s'agit d'un texte solide fondé sur des moyens sincères. Il pose les fondements de notre outil de défense, trop souvent devenu la variable d'ajustement au cours des décennies passées.
Mais je sais que ces faits, si massifs et incontournables soient-ils, ne feront pas taire les vociférations de la troupe des grincheux et des amnésiques. Sans doute est-il si inattendu de voir un gouvernement prendre des engagements en vue de les tenir que cela dérange !
On agite la question du surcoût des OPEX, comme si elle n'était pas tranchée. Le Président de la République l'a dit et répété : la provision budgétaire pour les OPEX, bien trop faible actuellement, sera portée de 650 millions d'euros niveau atteint en 2018 à 1,1 milliard d'euros dès 2020, soit plus du double du montant de 2017. Et le texte précise noir sur blanc que les éventuels surcoûts seront financés au niveau interministériel.
Avec cette hausse, nous mettons enfin un terme à une situation intenable, qui plaçait la défense dans l'incertitude au sujet des ressources disponibles pour financer les opérations extérieures et la contraignait in fine à annuler des crédits d'équipement pour couvrir les opérations extérieures.
M. François André. Très juste !
Mme Florence Parly, ministre. Les sceptiques trouveront alors une nouvelle idée : le financement du service national universel. Le chef de l'État a été très explicite sur ce point aussi. Je répète donc une bonne fois pour toutes que le service national universel fera l'objet d'un financement ad hoc indépendant des crédits prévus par le projet de loi de programmation militaire.
M. Charles de la Verpillière. Écrivez-le !
Mme Florence Parly, ministre. Décidément, il faudra s'y habituer : ce gouvernement s'efforce de faire ce qu'il dit et de dire ce qu'il fait.
M. Laurent Furst. Pour les places de prison, le compte n'y est pas !
Mme Florence Parly, ministre. La nation tout entière va donc investir massivement dans ses armées. Ses moyens sont financiers mais aussi humains. En effet, d'ici à 2025, 6 000 postes seront créés, notamment dans les secteurs du renseignement et de la lutte dans le cyberespace. Ils permettront d'inverser résolument la courbe des recrutements et de nous préparer aux conflits du futur.
Les moyens, nous les avons ; mais comment les répartir ? Le projet de loi de programmation militaire s'articule autour de quatre axes, dont chacun permettra de réparer les carences du passé et de préparer l'avenir de nos armées.
Le premier choix de ce texte de renouveau consiste à se placer à hauteur d'homme. Si j'osais, je dirais que cette LPM, c'est l'humain d'abord.
M. André Chassaigne. Nous allons demander des droits d'auteur !
Mme Florence Parly, ministre. Les précédents textes ont toujours placé en leur coeur les gros équipements, tandis que celui-ci tient d'abord compte de celles et ceux qui se battent pour nous. Il s'agit d'un choix que j'assume, que je revendique et dont je suis fière.
Depuis des années, les coupes budgétaires opérées par les gouvernements successifs portaient systématiquement sur les petits équipements. On enlevait donc à nos forces ce qui était le plus nécessaire à leur quotidien. Ces coupes budgétaires étaient le signe d'une mesquinerie comptable inacceptable. Elles étaient je n'ai pas peur de le dire la honte des décideurs publics face à nos armées.
M. Thibault Bazin. Comme de 2000 à 2002, lorsque vous étiez secrétaire d'État au budget !
Mme Florence Parly, ministre. J'entends vos commentaires, monsieur le député, auxquels je répondrai ceci : si la capacité à maîtriser les finances publiques était avérée de votre côté de l'hémicycle, cela se saurait ! (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.)
Nous ne pouvions plus tolérer cet état de fait. C'est pourquoi le projet de loi prévoit la livraison aux armées de 55 000 gilets pare-balles dernier standard, dont 25 000 dès l'année prochaine. Il prévoit également la livraison dès cette année de 23 000 nouveaux treillis ignifugés, dont tout le personnel en OPEX sera équipé dès 2020, avant que l'intégralité de nos forces le soit d'ici à 2025.
Le projet de loi de programmation militaire prévoit aussi de nouveaux droits civiques, en autorisant les militaires à siéger dans les conseils municipaux de certaines communes. Il s'agit d'une mesure de justice. Il ne s'agit pas de faire de la politique mais de donner aux militaires les moyens d'un engagement local et à toutes les communes surtout les plus petites la capacité de bénéficier de tous les talents et de toutes les bonnes volontés.
Le projet de loi amplifie les mesures prévues par le plan famille, dont la plupart des dispositions entreront en vigueur dès cette année. Très concrètement, il prévoit du wifi, des places en crèche, des logements supplémentaires et des affectations connues plus tôt qu'actuellement.
Le projet de loi assurera de meilleures conditions de vie et d'exercice à nos militaires et à nos civils engagés à leurs côtés. Il maintient l'envie de s'engager et permet de continuer à vivre son engagement tout au long de sa vie. À cet égard, j'aimerais citer une mesure emblématique : le présent projet de loi de programmation permettra à tous les militaires, femmes et hommes, en congé pour convenance personnelle afin d'élever leur enfant, de servir dans la réserve et de maintenir ainsi un lien avec leur engagement et leur vocation.
Nos forces armées sont au coeur du projet de loi de programmation militaire, qui n'oublie pas leur vocation : l'action. Pour leur permettre d'agir d'agir pleinement et de garantir le succès de nos opérations, il prévoit un renouvellement majeur de nos capacités opérationnelles et un élargissement du périmètre des cibles stratégiques.
Nous aurons sans doute l'occasion, au cours du débat, de revenir sur celles-ci et sur l'avancée des principaux programmes. Je ne me lancerai donc pas dans un inventaire à la Prévert. J'évoquerai néanmoins ce qui nous a guidés, en concertation étroite avec les états-majors, au cours de l'élaboration du projet de loi, et je préciserai ce qui en est le fil rouge.
Auparavant, je partagerai avec vous un constat. Compte tenu du renouvellement exceptionnel de cette assemblée, certains de nos matériels en opérations sont plus âgés que bon nombre de parlementaires siégeant sur ces bancs.
M. Jean-Luc Mélenchon. Pour ce qui me concerne, cela paraît impossible ! (Sourires.)
M. Jean-Jacques Bridey, rapporteur de la commission de la défense nationale et des forces armées. Pas tous les parlementaires !
Mme Florence Parly, ministre. Bon nombre ! Or l'âge qui est le bon pour un député l'est nettement moins pour un char en opération ! (Rires. Applaudissements sur quelques bancs du groupe LaREM.) Le renouvellement des matériels n'était donc pas une option mais un impératif absolu.
Réparer, préparer : je le répète, c'est l'une des lignes directrices du texte. Contrairement aux précédentes lois de programmation militaire, celle-ci ne procède à aucune annulation de programme ni à aucune renégociation massive de contrats. Nous allons donc, dans les trois armées, réparer les déficits capacitaires, relancer les programmes et les accélérer. Pour l'armée de terre, nous accélérerons le programme SCORPION Synergie du contact renforcée par la polyvalence et l'infovalorisation. Par ailleurs, 50 % des nouveaux blindés médians seront livrés d'ici à 2025. La marine bénéficiera de sous-marins nucléaires d'attaque Barracuda de nouvelle génération, de nouvelles frégates et de patrouilleurs modernes. L'armée de l'air connaîtra l'arrivée de ses premiers drones armés, le renouvellement de sa flotte d'aviation de chasse et l'acquisition de davantage de nouveaux avions ravitailleurs et de transport stratégique que prévus. Armée de terre, marine, armée de l'air : aucune impasse n'a donc été faite ; les trois armes voient leurs capacités renforcées et modernisées et, pour les plus stratégiques, accrues.
Le projet de loi assure également le renouvellement de l'assurance-vie de notre nation que sont les deux composantes de notre dissuasion nucléaire. Il s'agit du respect de l'engagement du Président de la République et d'un choix que je revendique, car il n'est pas question de jouer aux dés avec le coeur de la souveraineté de notre nation ni de baisser la garde, tandis que notre environnement stratégique se détériore un peu plus chaque jour.
M. Jean-Paul Lecoq. Cela n'y changera rien !
Mme Florence Parly, ministre. Le troisième fondement du projet de loi de programmation militaire est justement la garantie de l'autonomie stratégique de la France. Il s'agit de s'assurer que la voix de la France sera toujours entendue, écoutée et respectée, et que nous serons capables de l'emporter toujours et partout. Le projet de loi de programmation militaire prend donc acte de la métamorphose des conflits actuels. Il nous faut anticiper mieux, prévoir et savoir.
C'est pourquoi ce texte accorde des moyens exceptionnels au renseignement, avec 1 500 nouveaux postes et un investissement de 4,6 milliards d'euros pour ses équipements.
Il prend aussi le tournant de la cyberdéfense et la mesure de ses enjeux : nous investirons 1,6 milliard d'euros pour la lutte dans le cyberespace et recruterons 1 000 cybercombattants supplémentaires d'ici 2025.
La France possède la plus grande armée d'Europe, la deuxième du monde libre. Avec ce texte, elle conforte sa place. Je dirais même plus : la France assume sa place. Elle en assume les forces comme les responsabilités, au premier rang desquelles celle de fédérer et de faire le choix des projets ambitieux et des coopérations à grande échelle plutôt que des succès étroits.
Nous devrons donc nous tourner vers nos alliés, européens notamment, et chercher à élaborer des projets fédérateurs et stratégiques, par exemple autour de notre politique spatiale, de notre groupe aéronaval et de la défense aérienne élargie.
Nos voisins européens sont confrontés aux mêmes menaces que nous ; ils affrontent les mêmes dangers et dressent les mêmes constats. L'Europe de la défense est une réponse collective et nécessaire. Elle ne naîtra pas d'un énième traité. Nous la construirons autour d'opérations communes et de projets concrets. Tel est le pari du projet de loi de programmation militaire : celui d'une Europe de la défense forte, utile et véritablement protectrice. Certains le contestent nous aurons l'occasion d'y revenir, je pense, au cours du débat.
M. Thibault Bazin. Oh que oui !
Mme Florence Parly, ministre. Enfin, le dernier axe de cette loi de programmation militaire 2019-2025 est l'innovation. C'est une orientation à laquelle je tiens tout particulièrement et c'est, je crois, une nécessité pour conserver notre supériorité opérationnelle. On ne se prépare pas aux conflits du XXIe siècle comme à une guerre de tranchée. S'accrocher coûte que coûte à notre modèle d'armée actuel sans anticiper le futur, c'est comme se retrancher derrière la ligne Maginot.
Avec la loi de programmation militaire 2019-2025, les armées font pleinement leur entrée dans la modernité. Le numérique est présent partout. Nous devons l'intégrer dans toutes nos technologies et tous nos modes de combat. Nous devons nous emparer de la recherche, nous placer à sa pointe et créer des ponts entre l'économie civile et l'économie militaire. Ces enjeux sont absolument déterminants pour nos armées ; ils le sont aussi pour notre économie, pour les 200 000 emplois de l'industrie de défense, pour les 4 000 PME de la base industrielle et technologique de défense. Ils le sont pour les start-up, pour les inventions qui feront demain notre quotidien. La recherche militaire a déjà inventé internet, le pneu et le GPS ; pourquoi s'arrêterait-elle maintenant ? Et pourquoi ces inventions seraient-elles l'apanage des États-Unis ?
Ce texte nous donne, j'en suis persuadée, les moyens de réussir. Nous augmenterons les moyens des études et de l'innovation en les portant de 730 millions d'euros par an à 1 milliard d'euros dès 2022. Nous créerons, comme je l'ai annoncé la semaine dernière, une agence de l'innovation de défense. Nous prendrons le tournant des défis de demain, en investissant par exemple 100 millions d'euros par an dans l'intelligence artificielle.
Avec ce projet de loi, nous préparons aussi l'avenir en engageant les phases préparatoires des grands programmes d'équipement et d'armement qui structureront l'avenir de nos armées : 1,8 milliard d'euros par an en moyenne seront ainsi consacrés aux études qui nous permettront de concevoir l'avion de combat du futur, le char de combat du futur ou le successeur du Charles de Gaulle.
L'innovation, c'est un mode de pensée, un état d'esprit. Avec cette loi de programmation militaire, nous pourrons agir comme nous le souhaitons, briser les carcans, bousculer les conservatismes. Quatorze chantiers de transformation nous permettront de moderniser le ministère, de le rendre plus numérique, de réformer la direction générale de l'armement ou encore d'augmenter la disponibilité de nos appareils en réformant le maintien en condition opérationnelle.
Ces réformes sont nécessaires et je prends devant vous l'engagement ferme de les mener à leur terme et de surveiller leur exécution comme pour toutes celles prévues par la LPM.
Ce projet de loi de programmation militaire, c'est la remontée en puissance de nos armées. C'est le renouveau de notre défense. C'est l'assurance, enfin, de notre liberté à tous. Ce projet de loi, c'est la première pierre pour des armées modernes, adaptées aux défis de demain, prêtes à intervenir partout et à l'emporter face à chaque adversaire ; la première pierre aussi pour de meilleures conditions de vie et d'exercice de nos militaires, de nos civils et de leurs familles ; la première pierre enfin pour des moyens à la hauteur des ambitions, des enjeux et du courage de nos forces.
Cet édifice dont nous posons aujourd'hui les fondements, c'est à nous de le bâtir, ensemble, avec responsabilité et vigilance, de le bâtir, surtout, avec ambition et audace. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM, MODEM et UDI-Agir.)
source http://www.assemblee-nationale.fr, le 27 mars 2018