Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
Nous avons tenu, sur l'invitation de mon collègue Abdelkader Messahel, notre réunion du 5+5, «Dialogue 5+5», au niveau des ministres des affaires étrangères. Un peu plus d'un an après la réunion de Marseille, nous avons pu aujourd'hui faire le point sur les grands enjeux économiques et sociaux auxquels nous faisons face et aborder les différentes crises qui affectent l'espace méditerranéen et qui compromettent la stabilité de la région. Nous avons échangé sur ces différents enjeux dans une atmosphère constructive et collégiale. C'est la marque de ce forum qui exprime depuis sa création en 1991 la volonté d'agir de concert autour de cet espace commun de vie et d'action qu'est la Méditerranée occidentale.
Nous avons beaucoup travaillé sur la question de la jeunesse, en particulier de l'accès à l'emploi dans une économie globalisée et en particulier de l'employabilité, de la lutte contre le chômage et de la nécessité d'avoir pour nos jeunes, à la fois une mobilité et une formation dans leur propre territoire. C'est un sujet qui continuera à être au centre de l'action du 5+5 au cours des mois qui viennent, à la fois en matière d'éducation, d'échange universitaire, de formation professionnelle, d'accès à l'emploi. Nous avons convenu d'échanger toutes les expériences, car il y a entre les membres du 5+5 beaucoup d'expériences, d'initiatives qui sont menées pour la formation des jeunes et nous allons les documenter et les échanger.
Nous avons aussi décidé de faire en sorte qu'il y ait un 5+5 «Finances» et le lancement d'un 5+5 «Aménagement du territoire». Tout cela fait l'objet d'une déclaration dont vous allez avoir connaissance et qui résume l'ensemble de nos conclusions et de nos orientations.
Nous avons également été amenés à évoquer la stabilité de notre environnement face aux crises qui affectent l'espace méditerranéen. Nous avons aussi abordé la mise en oeuvre d'un processus politique inclusif afin de restaurer l'unité et l'effectivité de l'Etat libyen. A ce titre, nous avons réaffirmé notre soutien unanime à la médiation du représentant spécial du secrétaire général des Nations unies, M. Salamé.
Voilà, pour l'essentiel, les sujets que nous avons abordés et les conclusions que nous pouvons en retenir, avec la volonté d'agir en commun dans un espace qui est vraiment devenu un espace d'expression libre, d'initiatives et de création, et puis ensuite, en bonne collaboration aussi avec l'Union européenne et l'Union africaine, ce qui permet d'avoir des résultats concrets.
Q - Ma question s'adresse à la fois à M. Messahel et à M. Le Drian : vous avez affirmé à l'ouverture des travaux que le destin des pays se joue en Méditerranée mais ce que l'on constate jusqu'à présent, c'est que c'est un espace où se déroulent des tragédies humaines. Qu'est-ce qui fait que jusqu'à aujourd'hui, et depuis des années, les Etats, n'arrivent pas à endiguer cette tragédie ?
R - On parlait de la Méditerranée occidentale. Pour le 5+5, c'est l'espace de dialogue de la Méditerranée occidentale. C'est vrai qu'il y a eu des drames, c'est vrai qu'il y en a encore mais c'est vrai qu'il y a aussi aujourd'hui la volonté de l'ensemble des acteurs de faire en sorte que se déclinent en même temps la volonté politique de partenariat - c'est le cas -, à la fois la dimension sécuritaire pour lutter contre toutes les formes de terrorisme et à la fois la dimension de développement.
Lorsque s'est tenu à Abidjan, il y a quelques jours, le sommet entre l'Union européenne et l'Union africaine, a été arrêté, pour la Libye en particulier - puisque c'était l'exemple le plus significatif, immédiat et dramatique - un plan en 9 points qui se met en oeuvre et qui conjugue à la fois la nécessité politique, c'est-à-dire bientôt le processus électoral et le processus constitutionnel, la nécessité sécuritaire, avec les outils indispensables pour assurer cette prévention, et la nécessité de développement, avec la participation de l'Union européenne et de l'Union africaine pour que la Libye retrouve une voie de sérénité.
Il y aura dans quelques jours un grand Forum de développement économique à Benghazi pour assurer ce développement. Il faut toujours mener de front les trois en même temps et c'est la logique du dialogue 5+5 que d'assumer l'ensemble de la configuration nécessaire pour lutter contre la désespérance et les drames qu'on a pu connaître encore il y a peu de temps.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 mars 2018