Déclaration de Mme Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé, sur le rôle des travailleurs sociaux et du travail social, Paris le 22 mars 2018.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Texte intégral


Je suis très heureuse d'être avec vous pour conclure cette Journée mondiale du travail social.
Je remercie chaleureusement Brigitte Bourguignon qui nous a si bien accueillis ici à l'hôtel de Lassay et qui me donne l'occasion d'intervenir devant vous.
Je remercie aussi les animateurs et intervenants, et naturellement, chacune, chacun d'entre vous, qui êtes présents aujourd'hui.
En écho aux propos introductifs qu'a tenus Brigitte Bourguignon, je souhaite revenir sur les fondements du travail social.
S'appuyant sur des principes de solidarité, de justice et d'accès aux droits, l'essence du travail social repose sur la relation à l'autre.
Il a vocation, dans la pluralité de ses missions, à accompagner chaque personne vers l'autonomie et vers l'exercice de sa citoyenneté. Accompagnement et autonomie sont indissociables.
Le travail social protège, guide et émancipe.
Par tous ces aspects, il s'inscrit et porte nos valeurs républicaines.
Devant cet auditoire d'étudiants et de professionnels, je ne pense pas être contredite en disant que choisir le travail social, c'est placer l'humain au centre de son action. C'est être sans cesse animé par la volonté d'agir pour et avec l'autre.
Nous le savons, l'humain n'est pas simple. Il est parfois imprévisible, parfois contradictoire. Il échappe quand on croit le cerner. Il n'existe donc pas de solutions simples face aux sujets complexes auxquels les travailleurs sociaux sont tous les jours confrontés.
C'est pourquoi nous devons réfléchir, collectivement, pour proposer des réponses adaptées et innovantes, qui soient à la hauteur des défis et des besoins.
A l'heure où nos politiques sociales connaissent des évolutions majeures, le rôle de travailleurs sociaux est plus que jamais décisif. Ils en sont le maillon essentiel, le bras armé mais aussi la part humaine.
Je ne vais pas dresser la liste exhaustive des différentes stratégies dans lesquelles les travailleurs sociaux sont impliqués, étant par définition mobilisés dans toutes les actions intégrant des objectifs de solidarité et de cohésion sociale.
J'en donnerai seulement trois exemples.
Certains ne relèvent pas directement de mon périmètre ministériel : je les ai choisis pour mieux souligner la transversalité de leurs missions.
Le « Plan quinquennal pour le logement d'abord », porté par le Ministère de la Cohésion des Territoires, premièrement.
Ce plan bouleverse les pratiques du secteur de l'accès au logement, en permettant à des personnes sans domicile d'accéder, avant toute chose, à un logement pérenne.
Les travailleurs sociaux seront en première ligne pour mener à bien cette politique ambitieuse, car sans un accompagnement social de qualité et adapté aux besoins de chacun, elle ne pourra aboutir.
Ils devront cependant adapter leurs pratiques professionnelles à ce changement de paradigme.
Dans un tout autre champ, le 4ème plan autisme mobilisera, aux côtés des autres professionnels, les travailleurs sociaux pour améliorer les réponses apportées dans ce domaine, en particulier dans l'identification la plus précoce possible des troubles du spectre autistique.
Enfin, la stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté des enfants et des jeunes.
Les six groupes de travail ayant mené les concertations territoriales m'ont remis leur rapport. Sur la base de ces propositions, une stratégie sera dévoilée prochainement.
Une place importante sera accordée au travail social, indispensable à la mise en oeuvre des ambitions que nous allons afficher.
J'aurais pu prendre bien d'autres exemples de politiques pour lesquelles le travail social est la pierre angulaire. Je pense par exemple à l'aide à domicile pour les personnes âgées.
Nous bénéficions tous, dans notre vie, directement ou pour nos proches, de l'accompagnement d'un travailleur social.
Les travailleurs sociaux incarnent la diversité des situations et des besoins sociaux.
Les attentes à leur égard sont donc fortes. Cela créée sans doute une pression qui n'est pas facile.
C'est pourquoi nous devons, non seulement les soutenir, mais aussi poursuivre les efforts de modernisation du secteur.
En effet, certaines évolutions des pratiques professionnelles sont nécessaires, notamment pour développer l'action collective, pour renforcer la participation des personnes accompagnées, pour multiplier les pratiques consistant à « aller vers » les personnes pour prévenir les risques et proposer des réponses.
Ces évolutions ne relèvent pas, et ne doivent pas uniquement relever de la responsabilité des travailleurs sociaux.
Tous les acteurs, notamment les collectivités locales et les associations qui les emploient, ont leur rôle à jouer.
Dans ce contexte, les réflexions dans le cadre des états généraux du travail social, qui ont abouti à un plan en faveur du travail social et du développement social, ont sans doute rencontré certaines limites. Mais elles ont permis d'avancer.
Nous entendons nous inscrire dans le prolongement de ces réflexions mais en les actualisant, notamment dans le cadre de la stratégie pauvreté.
Concernant la formation professionnelle.
D'ici 2022, l'ensemble des diplômes du travail social auront fait l'objet de réingénieries ambitieuses. Dès la rentrée 2018, celle des anciens diplômes de niveau III sera effective, avec un accolement au grade de licence et un passage au niveau II.
Il était nécessaire de reconnaître la richesse des métiers auxquels ces diplômes préparent.
Par ailleurs, je veillerai à la mise en place d'une gouvernance du secteur performante et participative, laissant aux acteurs des territoires une marge de manoeuvre indispensable pour la mise en oeuvre.
Enfin la promotion de pratiques professionnelles innovantes, intégrant toutes les potentialités des outils numériques et des manières alternatives de travailler, à l'image de l'expérimentation de référents de parcours ou de la mise en place sur les territoires du premier accueil social inconditionnel.
Face à cette mission difficile, le Haut conseil du travail social me paraît pouvoir jouer un rôle essentiel. Il me semble en effet important de l'aider à exercer une double mission :
- s'imposer comme centre de ressources et diffusion des pratiques inspirantes ;
- contribuer à développer une vision nationale ambitieuse du travail social.
Je n'oublie pas que cette journée est placée sous le signe de la jeunesse et c'est aussi pour cette jeunesse que nous devons oeuvrer collectivement.
J'imagine que certains d'entre vous dans cet auditoire sont encore étudiants : vous avez donc pris la décision de vous engager dans ce métier difficile et exigeant. Bravo, je vous en félicite !
Mesdames, Messieurs,
En cette journée mondiale du travail social, je souhaite conclure en saluant les professionnels du travail social et louer votre professionnalisme et votre engagement.
Vous pouvez compter sur mon implication et sur celle des services de l'Etat, pour vous aider et vous accompagner dans vos missions, qui servent avec noblesse notre idéal de solidarité et de fraternité.
Je vous remercie.
Source http://solidarites-sante.gouv.fr, le 26 mars 2018