Texte intégral
PATRICK ROGER
Bonjour Jacques MEZARD.
JACQUES MEZARD
Bonjour.
PATRICK ROGER
Alors l'évacuation de Notre-Dame-des-Landes a démarré ce matin, il faut de la fermeté, quitte à déclencher de la violence évidemment avec les zadistes ?
JACQUES MEZARD
Nous ne souhaitons pas déclencher de la violence, je crois que la politique du gouvernement, c'est dialogue et autorité. Nous avons pris la décision d'abandonner le projet de Notre-Dame-des-Landes qui n'était pas notre projet d'ailleurs, qui durait depuis une quarantaine d'années, et dans foulée, il était nécessaire que l'Etat de droit revienne, c'est la décision qui avait été prise par le gouvernement, qui avait été annoncée, une fois de plus, le président de la République a fait une annonce et tient les engagements ainsi que le Premier ministre
PATRICK ROGER
Qui est visé par les expulsions ce matin là-bas ?
JACQUES MEZARD
J'ai dit qu'il y avait beaucoup de dialogue, c'est-à-dire que contact a été pris avec tout le monde sur place, il y a quelques agriculteurs dits historiques qui resteront, il y a d'autres personnes qui ont la volonté de s'installer de manière tout à fait normale, et le gouvernement en a tenu compte
PATRICK ROGER
Illégalement quand même, parce que, bon, ils n'ont pas de titre de propriété
JACQUES MEZARD
Non, mais là dessus, soyons clairs, ceux qui ont décidé de faire une zone dite de défense qui sont totalement dans l'illégalité et qui ne veulent pas en sortir, eh bien, ceux-là, s'il est nécessaire de faire une évacuation par la force, ce sera fait, mais il y a eu toutes les décisions nécessaires pour que ça se fasse avec le respect de la déontologie, et beaucoup d'efforts ont été faits encore hier pour que les choses soient parfaitement claires ; maintenant, ceux qui ne veulent pas de l'Etat de droit, il est nécessaire, à un moment, que l'autorité de l'Etat se fasse sentir, c'est exactement ce qui est en train de se passer, ce que nous souhaitons effectivement, sait qu'il y ait le moins de violences possibles, c'est la volonté du gouvernement.
PATRICK ROGER
Oui, de l'autorité également dans la grève, face à la grève de la SNCF, écoutez, moins il y aura de rapports de force, mieux ce sera, moi, ce que je voulais dire par rapport à ça .
PATRICK ROGER
Oui, mais il y a forcément un rapport de force.
JACQUES MEZARD
Non, mais, nous sommes en démocratie, il est normal que les syndicats fassent entendre leur voix, il est aussi normal et que le gouvernement tienne à ce que les engagements qu'il a pris puissent être respectés. Il y a toujours du dialogue, ce que je veux dire, c'est qu'il ne s'agit pas de stigmatiser les agents de la SNCF, la plupart d'entre eux, l'immense majorité d'entre eux sont attachés à leur entreprise, à la SNCF, il s'agit simplement de constater aujourd'hui que si nous n'évoluons pas si nous n'arrivons pas à moderniser le fonctionnement de cette structure qui est extrêmement importante pour le pays, eh bien, ça aura des conséquences graves, nous savons quelle est la situation
PATRICK ROGER
Y compris sur votre territoire dans le Cantal, en Auvergne, Jacques MEZARD, évidemment parce que les petites lignes, souvent, on dit qu'elles risquent de fermer à terme, elles ne seront pas rentables.
JACQUES MEZARD
Ecoutez, s'il y en a un qui connaît bien les problèmes d'accessibilité, c'est moi, pour être élu de ce qu'on appelle la préfecture la plus enclavée de France, donc vous avez noté qu'à la suite du rapport Spinetta, le gouvernement a fait attention à dissocier, de manière très claire, à la fois la restructuration de la SNCF, et puis la question des petites lignes. Ce sujet-là, il faut l'étudier cas par cas, ligne par ligne, parce qu'il ne s'agit pas de supprimer une petite ligne quand on n'a pas un moyen alternatif sérieux, et le gouvernement, là-dessus, a été très clair, et personnellement, j'y tenais particulièrement parce que je suis bien placé pour connaître ce sujet qui est très préoccupant pour nombre de territoires.
PATRICK ROGER
Vous avez déclaré cette semaine que la théorie du ruissellement, c'est la semaine dernière, c'est bien, mais que vous n'avez pas encore reçu de gouttes de cette pluie sur votre territoire dans le Cantal, vous avez eu un petit tacle au passage de Gérard COLLOMB. Alors, est-ce que vous attendez justement des nouvelles de la part du président de la République dans son message cette semaine dans un village dans l'Orne, en Normandie ?
JACQUES MEZARD
Je crois que le président de la République est très attaché à ce que l'on rétablisse l'équilibre entre les territoires. Au-delà de quelques échanges un peu humoristiques avec mon ami Gérard COLLOMB, moi, je n'oppose
PATRICK ROGER
Ah ben oui, bien sûr, il a dit que c'était la capitale du parapluie à Aurillac, mais qu'il n'y avait plus rien depuis
JACQUES MEZARD
Non, heureusement, ce n'est pas le cas, et il y a de belles entreprises et certaines, qui sont tout à fait en expansion, et je le lui montrerai
PATRICK ROGER
Ah ben, c'est ça, vous allez inviter Gérard COLLOMB !
JACQUES MEZARD
Bien sûr bien sûr, pour lui montrer que tous les territoires veulent vivre et ont des capacités de vivre, c'est justement l'enjeu des débats que nous avons, c'est de rétablir ces équilibres, moi, je considère que, il faut des métropoles fortes. Je pensais qu'il en fallait moins qu'il n'y en a, mais on a besoin de métropoles fortes, mais entre les métropoles, nous avons des territoires qui doivent vivre, j'ai lancé, il y a quelques jours, l'opération « Villes moyennes » « Action coeur de ville » sur 222 villes moyennes, et je vous assure que, on voit sur le terrain, et je passe chaque semaine une à deux journées dans ces territoires, on voit ce besoin de faire bouger ces villes moyennes qui ont souvent des centres-villes avec des logements vacants, des commerces vacants et on a besoin de cet équilibre territorial.
PATRICK ROGER
Eh bien, il y a urgence à tous les niveaux, Jacques MEZARD, si on vous écoute, ministre de la Cohésion effectivement des territoires, parce que, il y a les villages, la ruralité, comme vous l'avez dit, les villes moyennes, et puis maintenant, il y a les banlieues, où vous allez cet après-midi pour les emplois francs, ça va changer quelque chose, ces emplois francs, c'est-à-dire 15.000 euros en trois ans pour recruter quelqu'un qui habite dans ces quartiers en difficulté ?
JACQUES MEZARD
C'est un élément parmi d'autres, je crois que nous avons besoin d'une politique extrêmement forte par rapport à ça, nous avons d'ailleurs pris un certain nombre déjà de décisions fortes, puisque, il y a eu la sanctuarisation des crédits politique de la ville pour le quinquennat, il y a eu
PATRICK ROGER
Tout le monde n'est pas content, Stéphane GATIGNON, de Sevran, le maire de Sevran, a démissionné.
JACQUES MEZARD
Oui, écoutez, je n'entrerai pas dans une polémique avec Stéphane GATIGNON
PATRICK ROGER
Eh bien, oui, mais enfin, il vous disait que l'Etat a abandonné
JACQUES MEZARD
Non, il le disait en 2012, il a même fait à cette époque une grève de la faim devant l'Assemblée nationale dans une tente, je n'entre pas dans cette polémique-là, je sais qu'il y a beaucoup de maires dans ces quartiers difficiles qui vivent depuis des années des moments difficiles, parce que c'est très dur de gérer des collectivités dans un certain nombre de ces communes. Ce dont nous avons besoin, c'est d'apporter un soutien plus fort, nous venons de le faire avec la dotation de solidarité urbaine où il y a eu des augmentations assez significatives, on le fait avec le dédoublement des classes primaires, on le fait aussi avec le doublement que nous enclenchons des crédits pour la politique de rénovation urbaine, puisque j'ai encore signé, il y a quelques jours, une convention avec le monde HLM pour caler le doublement à 10 milliards de ces crédits, il y a donc toute une série d'opérations que nous lançons qui sont maintenant bouclées, et je pense aussi qu'avec le concours de Jean-Louis BORLOO avec lequel je travaille
PATRICK ROGER
Oui, cette semaine
JACQUES MEZARD
Nous avançons de manière tout à fait positive là-dessus. Mais c'est un sujet lourd, le rétablissement des équilibres, on vient de parler des territoires ruraux, de certains territoires ruraux, des villes moyennes, des quartiers prioritaires, ça ne remonte pas, ces difficultés, à dix mois
PATRICK ROGER
Il y a du boulot Oui, Jacques MEZARD, question politique encore de Michaël DARMON, et tout d'abord, Christophe BORDET.
CHRISTOPHE BORDET
Alors, deux petites suite aux questions de Patrick ROGER, tout d'abord, après l'opération qui est en cours là, à un Notre-Dame-des-Landes ce matin, il s'agit en fait de quoi, concrètement, de montrer que l'Etat de droit est de retour avec MACRON, c'est ça le message qui est envoyé ce matin ?
JACQUES MEZARD
Eh bien écoutez, il s'agit tout simplement de rétablir l'Etat de droit, on ne peut pas accepter dans notre pays, avec ses traditions, avec cet attachement à la légalité républicaine, qu'il y ait des zones de non-droit qui se multiplient, il fallait et il faut montrer que cette fois-ci, sur ces zones de non-droit, ça suffit, il y a eu l'opération de Bure qui a été aussi réalisée il y a quelques semaines
CHRISTOPHE BORDET
Mais est-ce que c'est un avertissement aussi à ceux qui ont tendance à occuper les facs sans être forcément des étudiants, mais plutôt des gens d'extrême gauche ?
JACQUES MEZARD
Ecoutez, le message, c'est celui, à la fois du dialogue et de l'autorité, il y a un moment où, quand certains ne respectent plus la loi, eh bien, il est nécessaire de leur dire qu'on est en République, dans un système
CHRISTOPHE BORDET
Dans les facs, il faudra y aller peut-être à un moment !
JACQUES MEZARD
Enfin, y aller, écoutez, moi, j'ai vécu
CHRISTOPHE BORDET
Quel est votre sentiment ?
JACQUES MEZARD
J'étais en troisième année de licence en mai 1968, j'ai peut-être une relative expérience historique à ce niveau-là, donc je crois que, il y a beaucoup il y a une grande majorité
CHRISTOPHE BORDET
Non, mais la police devra rentrer à un moment !
JACQUES MEZARD
Vous savez, la police dans les facs, ce n'est pas dans la tradition républicaine. Je pense qu'il est nécessaire que les examens puissent se tenir parce que nous avons et c'est normal une immense majorité d'étudiants qui veulent passer leurs examens, qui veulent réussir dans la vie, et qui ne veulent pas être traités de cette manière-là.
MICHAËL DARMON
Une opération est lancée aujourd'hui avec Muriel PENICAUD, les emplois francs, c'est le nouvel outil du gouvernement pour essayer de rattraper justement ces quartiers en décrochage ?
JACQUES MEZARD
Je l'ai dit, c'est un des éléments, nous avons sélectionné sept territoires expérimentaux pour les emplois francs. Les emplois francs, c'est quoi ? C'est une aide importante de l'Etat, puisque c'est 5.000 euros par an sur des CDI pendant trois ans, pour une entreprise ou une association, qui embauche un jeune domicilié dans ces quartiers prioritaires. Et nous avons sélectionné sept territoires qui correspondent à 25 % de l'ensemble des quartiers de la politique de la ville. C'est un élément important, mais ce n'est pas le seul. Il est lié, comme je viens de vous le dire, au doublement des financements de la politique de la ville, à l'augmentation considérable de la dotation de solidarité urbaine
MICHAËL DARMON
Justement, c'est un petit peu peut-être le énième plan banlieue auquel on va assister cette semaine, avec Jean-Louis BORLOO, toujours lui, qui est là dès qu'on parle de banlieues, 48 milliards, il propose, et pourtant, dans les quartiers, c'est toujours le chômage endémique, c'est toujours la déconnexion malgré les milliards déversés depuis des années. Qu'est-ce qui va changer cette fois-ci ?
JACQUES MEZARD
D'abord, ce qui va changer, c'est que ce plan emplois francs va fonctionner, le précédent n'avait pas fonctionné parce qu'il était tellement compliqué que, il y a quelques centaines de cas qui ont été mis en place, alors que le système nous mettons en place, il est simple, il est pratique, il est utile, c'est-à-dire que cette expérimentation va nous permettre d'apporter de l'emploi à plusieurs dizaines de milliers de personnes
PATRICK ROGER
Plusieurs dizaines de milliers, là, vous prenez un engagement quand même assez conséquent !
JACQUES MEZARD
Je prends
MICHAËL DARMON
Et en même temps, large
JACQUES MEZARD
Comment ?
MICHAËL DARMON
En même temps, large
JACQUES MEZARD
Oui, mais parce que je crois que ça va fonctionner, je crois que ça va fonctionner parce que c'est simple. Les difficultés que nous avons souvent sur le terrain, ce sont des plans qui sont extrêmement compliqués à réaliser. Je viens de lancer le plan Villes moyennes sur 222 villes
PATRICK ROGER
Oui, ce que vous avez dit, oui
JACQUES MEZARD
Eh bien, c'est un plan qui est simple, il ne s'agit pas de dire aux villes moyennes, vous allez faire ceci, vous allez faire cela, il s'agit de leur faciliter le boulot
MICHAËL DARMON
Alors, Monsieur MEZARD, la question qu'on aime bien ici, à Sud Radio, pourquoi n'y a-t-il toujours pas de ministre de la Ville compte tenu de l'importance de ce sujet ?
JACQUES MEZARD
Ecoutez, il y a un ministre de la Cohésion des territoires, s'il faut un ministre par problème, je pense que, on multipliera, de manière considérable la place
MICHAËL DARMON
Ça pourrait être une responsabilité, un secrétariat d'Etat
JACQUES MEZARD
Je ne crois pas que ce soit la solution
MICHAËL DARMON
Un interlocuteur
JACQUES MEZARD
Ecoutez, nous avons le ministre de la Cohésion des territoires, ça a un sens, c'est d'essayer justement d'agir sur les territoires les plus en difficulté, parce que, il y a des problèmes qui se retrouvent aussi dans l'ensemble de ces territoires, et qu'il faut avoir une vision d'ensemble
PATRICK ROGER
Une vision globale. Alors, Philippe, un auditeur de Bordeaux, est avec nous, Jacques MEZARD, pour vous poser une question. Bonjour Philippe.
PHILIPPE
Oui, bonjour. Eh bien, ma question, ça va être simple, moi, je ne comprends pas, il va falloir que le ministre, il m'explique la Cohésion des territoires quand la dotation des habitants de la ruralité, indexée, donc, c'est 64 euros, et pour un urbain, c'est 128 euros. Comment il va m''expliquer que la continuité dans les transports, dans la ruralité, il n'y en a aucune, et en plus, on nous rajoute on nous augmente le carburant. Et enfin, la cerise sur le gâteau, avec leur nouvelle loi sur les emplois francs, nous, dans la ruralité, il n'y a personne qui va nous embaucher avec 5.000 euros de réduction
INTERVENANT
Oui, ça, c'est vrai, Philippe, oui, Jacques MEZARD, c'est de la discrimination, quoi ?
JACQUES MEZARD
Non, j'entends ce discours, vous savez, pour être élu d'un de ces territoires, je connais cette situation, mais la situation n'est pas exactement la même, nous avons dans les quartiers dits prioritaires un taux de chômage qui est deux fois et demie plus élevé qu'ailleurs. Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de problème dans les territoires ruraux, il y a des problèmes d'accessibilité, il y a les problèmes aussi de l'évolution de l'agriculture, et je crois qu'on a montré avec le président de la République, lors du salon de l'agriculture, à la fois la connaissance du président de la République sur ces sujets et la volonté aussi de protéger les territoires ruraux.
PATRICK ROGER
Merci. Jacques MEZARD était l'invité de Sud Radio ce matin.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 16 avril 2018