Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Notre invitée ce matin est Agnès BUZYN, Ministre des Solidarités et de la santé. Bonjour.
AGNES BUZYN
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci d'être avec nous. Je voudrais commencer avec une promesse d'Emmanuel MACRON claire qui a marqué les esprits : prise en charge à 100 % des lunettes, des prothèses auditives et des prothèses dentaires avant la fin du quinquennat. Voilà ce qu'avait dit le président de la République, enfin le candidat MACRON. Alors reste à charge zéro, où en est-on ?
AGNES BUZYN
Donc on a commencé en novembre des négociations d'une part avec les dentistes sur les prothèses dentaires, avec la filière optique sur les lunettes et avec les audioprothèses qui sont évidemment le principal problème aujourd'hui du reste à charge, avec quasiment 40 % des gens qui ne s'équipent pas en appareil auditif parce que c'est trop cher.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce que c'est trop cher.
AGNES BUZYN
Donc l'idée du reste à charge zéro, c'est l'idée que les Français n'aient plus à débourser pour accéder à des soins absolument indispensables pour préserver la sociabilité, pour faire en sorte que les enfants voient bien à l'école, que les personnes âgées entendent. Et donc, c'était une promesse, nous allons la tenir avec un calendrier qui va s'étaler le long du quinquennat. Ça va nécessiter de transformer un peu les filières.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez la tenir.
AGNES BUZYN
Bien sûr, bien sûr.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et elle sera effective quand ? Reste à charge zéro quand pour les Français ?
AGNES BUZYN
Donc selon les filières, le calendrier va être différent. Les premières annonces seront probablement faites sur le secteur dentaire parce que nous sommes en train de finir la négociation avec les chirurgiens-dentistes. Et l'idée, c'est de mieux valoriser les soins ce qu'on appelle conservateurs qui évitent la pose de prothèses et de réduire le prix des prothèses. Les négociations sont en cours.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien avancées.
AGNES BUZYN
Et bien avancées.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les tarifs de base. Vous allez revaloriser les tarifs de base.
AGNES BUZYN
Absolument.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Un chiffre par exemple ?
AGNES BUZYN
Non, il n'y a pas de chiffres aujourd'hui, les négociations sont en cours. Mais ce qui compte, c'est que dès le mois de juin, j'espère pouvoir
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je ne sais pas, moi, 5 % ? 10 % ? 20 % ? Je ne sais pas.
AGNES BUZYN
Non, mais ça dépend des actes en fait. Et en plus, ça va changer au cours du temps parce que c'est évolutif évidemment.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Evidemment.
AGNES BUZYN
Les techniques évoluent donc d'année en année on renégociera les prix en fonction des nouvelles techniques.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc les tarifs de base vont augmenter. Enfin, les soins de base. Les tarifs des soins de base.
AGNES BUZYN
Les soins de base, absolument. Ça va permettre aux chirurgiens dentistes d'être mieux payés pour faire des soins conservateurs et éviter justement les poses de prothèses. Et donc on va annoncer au mois de juin le calendrier de mise en oeuvre pour les différentes filières de la promesse du président qui est que les Français n'auront plus à débourser de l'argent de leur poche pour accéder à des lunettes de qualité ou à des audioprothèses de qualité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous confirmez cela avant la fin du quinquennat, on est bien d'accord.
AGNES BUZYN
Absolument.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous obtiendrez, parce que pour l'instant vous négociez avec les dentistes, c'est bien parti
AGNES BUZYN
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est un peu moins bien parti, même beaucoup moins bien parti, notamment dans le domaine de l'optique.
AGNES BUZYN
C'est plus compliqué.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça ne va pas. Pourquoi ?
AGNES BUZYN
Parce que la filière optique aujourd'hui est une filière qui s'est organisée avec énormément d'opticiens sur le territoire et évidemment cette profession réalise que cela risque de changer les équilibres économiques à terme. C'est pour ça que les annonces ne peuvent pas être brutales parce que les équilibres économiques vont être modifiés et donc il faut le temps qu'une filière se réorganise, et c'est pour ça que les annonces vont se faire sur deux, trois ans. Avant la fin du quinquennat, ça par contre c'est une promesse qui sera tenue.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Avant la fin du quinquennat. Est-ce que les opticiens, les audioprothésistes, pourront continuer à vendre leurs prothèses et leurs lunettes à tarifs libres ?
AGNES BUZYN
Bien sûr. Il faut que les Français aient le choix. Ils auront le choix entre un panier de soins remboursé à la fois par l'assurance maladie et
JEAN-JACQUES BOURDIN
A charge zéro.
AGNES BUZYN
Donc sans avance, sans qu'ils aient à débourser de l'argent de leur poche. C'est ce qu'on appelle le reste à charge zéro. Mais évidemment, ceux qui voudront un autre modèle ou des choses plus sophistiquées auront la possibilité de le faire. Et, bien sûr, les opticiens pourront proposer une offre très large et les Français, ce qu'on veut, c'est qu'ils aient le choix entre ce qu'ils ont envie de payer et ce qu'ils n'ont pas envie de payer de leur poche.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Reste à charge zéro pour des lunettes renouvelées tous les trois ans et non pas tous les deux ans. On est bien d'accord ?
AGNES BUZYN
Alors uniquement si c'est pour des raisons esthétiques. C'est-à-dire que si on a envie de changer de tête, là c'est tous les trois ans. Mais si on a un problème de vue et qu'un opticien prescrit des lunettes Pardon, un ophtalmologiste prescrit des lunettes tous les ans parce que la vue baisse, évidemment c'est pris en charge, ça sera remboursé à 100 %. Donc c'est uniquement pour des raisons esthétiques, les trois ans. Si c'est pour des raisons médicales avec une vue qui baisse, ce sera accéléré.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, sauf que les mutuelles vont augmenter leurs tarifs.
AGNES BUZYN
Tout cela est en train d'être négocié.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous négociez avec les mutuelles ?
AGNES BUZYN
Absolument.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous leur demandez de ne pas augmenter leurs tarifs ?
AGNES BUZYN
C'est l'objectif et donc il y aura évidemment une partie des charges supplémentaires qui vont aboutir dans le
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et qui va payer alors ?
AGNES BUZYN
L'assurance maladie.
JEAN-JACQUES BOURDIN
L'assurance maladie ?
AGNES BUZYN
L'assurance maladie aujourd'hui va mettre de l'argent évidemment pour rembourser ces soins et c'est normal quelque part. Ce sont des soins indispensables.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le pouvoir d'achat des Français, les Français reprochent déjà une augmentation, une forte augmentation des mutuelles en cette année 2018, vous le savez. Vous le savez.
AGNES BUZYN
Les mutuelles augmentent leurs prix chaque année en fonction de l'inflation.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Plus que l'inflation chaque année, Agnès BUZYN. Ce n'est pas vrai ?
AGNES BUZYN
Ça dépend des années. Après, ils ont aussi des offres qui sont très diversifiées. Les Français ont aussi le choix de choisir une mutuelle qui rembourse le nécessaire, l'indispensable et pas forcément des pratiques dont ils n'usent pas. Je pense par exemple à des pratiques d'ostéopathie ou des pratiques autres, et donc il faut laisser aux Français le choix. S'ils ont envie de payer une mutuelle plus chère qui leur offre un panier de soins très large, aujourd'hui l'offre existe.
JEAN-JACQUES BOURDIN
A propos d'autres pratiques, je fais juste une petite parenthèse, toutes les médecines dites parallèles continueront pour certaines ? Elles seront remboursées par la Sécurité sociale ? L'homéopathie par exemple.
AGNES BUZYN
Aujourd'hui, c'est la seule qui soit remboursée.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je sais, je sais. C'est la seule, l'homéopathie.
AGNES BUZYN
Les Français y sont attachés. C'est probablement un effet placebo. Si ça peut éviter d'utiliser des médicaments toxiques, quelque part je pense que nous y gagnons collectivement. Voilà, ça ne fait pas de mal.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On continue à rembourser l'homéopathie.
AGNES BUZYN
Nous verrons parce que ce sont
JEAN-JACQUES BOURDIN
« Nous verrons » ?
AGNES BUZYN
Non, nous verrons parce que les choses évoluent. Il y a en permanence une évaluation des médecines qu'on appelle complémentaires.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Complémentaires, pardon. J'ai dit « parallèles », c'est un peu péjoratif.
AGNES BUZYN
Donc il y a un groupe de travail à la Direction générale de la santé qui vérifie que toutes ces pratiques ne sont pas nocives, parce qu'il faut quand même s'assurer de l'état de l'art et donc, voilà, si ça continue à être bénéfique sans être nocif, ça continuera d'être remboursé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Visite au CHU de Rouen la semaine dernière qui a fait du bruit, Agnès BUZYN. Je regardais un peu ceux ou celles qui ont protesté et qui ont parlé d'éléments de langage de la part du président de la République : le chantage à la dette de nos enfants aussi grossier que la fable du loup au fond du puits, leur parler comme des imbéciles en faisant croire que le problème est une question de modernité et d'organisation. Que répondez-vous ?
AGNES BUZYN
C'est une question d'organisation. Il y a un vrai problème de la place de l'hôpital aujourd'hui. Vous faites référence évidemment à cette soignante qui demandait plus de moyens. Aujourd'hui, la France dépense beaucoup pour son système de santé, tant mieux parce que nous sommes un pays qui soigne bien. Mais la place de l'hôpital doit être repensée dans notre système de santé en général. Aujourd'hui, notre système de santé a été construit dans les années 60 pour faire face à des maladies aiguës, à des accidents de travail. Or aujourd'hui, nous avons à soigner des maladies chroniques et des personnes très âgées, et c'est ça la transformation du système de santé. C'est s'adapter aux nouveaux besoins des Français, ça n'est pas qu'une question de moyens.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Justement, je vais vous en parler. Il n'y a pas d'argent magique comme disait le président de la République. Ça veut dire qu'il n'y a pas d'argent, quoi. Il n'y pas d'argent magique, ça veut dire qu'il n'y a pas d'argent supplémentaire. Est-ce qu'il y aura de l'argent supplémentaire pour les hôpitaux publics ?
AGNES BUZYN
Il peut y avoir de l'argent supplémentaire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il peut ou il y aura ?
AGNES BUZYN
En fait, il faut arrêter de généraliser, monsieur BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors allez-y.
AGNES BUZYN
Non mais parce que la situation est complexe.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non mais allez-y, allez-y. Expliquez-nous.
AGNES BUZYN
Il y a des maladies par exemple qu'on ne soigne plus à l'hôpital. Je pense à l'hépatite C qui était une maladie très grave. Aujourd'hui, cette maladie se soigne en six semaines par des comprimés par la bouche. Vous n'avez plus besoin de lits pour soigner les malades de l'hépatite C en France. Donc ce secteur-là, il doit se réorganiser voire fermer des lits. Au contraire, on voit bien qu'en ce qui concerne les soins de suite et de réadaptation, on a probablement besoin de plus de lits et donc on ne peut pas généraliser. Il y a des secteurs qu'on doit renforcer et des secteurs qui peuvent aller vers plus d'ambulatoire, plus de prise en charge en ville, et c'est ça la réorganisation dont je parle.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Impliquer davantage la médecine de ville, on est bien d'accord, mais comment ? Comment ? J'ai vu les propositions, par exemple des propositions qui viennent, je crois, de la Fédération hospitalière : rendre obligatoire la communication des résultats médicaux aux médecins traitants et réciproquement.
AGNES BUZYN
Ça y est. Ça, ça va être fait puisque le dossier médical partagé, cet outil informatique où vont figurer tous nos examens et tous nos diagnostics, il va être déployé fin 2018 par l'assurance maladie. Il est déjà déployé dans quelques régions. Il y a plus d'un million de dossiers ouverts d'ores et déjà qui permettent de mettre dedans les résultats des examens. Et donc ce dossier médical partagé, il sera accessible par l'ensemble des soignants qui interviennent autour d'un malade. Et donc, ça va permettre d'éviter des examens redondants et favoriser la communication entre la ville et l'hôpital. Plus de partage.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le problème des urgences.
AGNES BUZYN
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le problème des urgences, vrai problème.
AGNES BUZYN
Alors vrai problème parce qu'énormément de malades aujourd'hui vont aux urgences
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les personnes âgées notamment.
AGNES BUZYN
Si, je suis vraiment en train d'agir donc si vous me laissez expliquer, monsieur BOURDIN, très rapidement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Allez-y, allez-y.
AGNES BUZYN
Il y a d'abord un problème d'annonce. C'est-à-dire que beaucoup de gens vont aux urgences alors qu'ils n'ont rien à y faire, parfois même pour renouveler des ordonnances. Et ça, ça veut dire que les médecines
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et restent sur des brancards.
AGNES BUZYN
Non. Ceux qui viennent pour renouveler une ordonnance
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, non mais d'accord. Mais certains restent sur des brancards pendant des heures.
AGNES BUZYN
Absolument. Ça veut dire que la médecine de ville doit prendre sa part pour l'accessibilité des malades aux soins non-programmés. C'est-à-dire que quand quelqu'un a besoin tout d'un coup d'un médecin, il faut qu'il puisse aller en ville. Et il y a des hôpitaux qui s'organisent avec des centres de santé qui sont adossés à l'hôpital, qui permettent de dégager tous les malades qui n'ont rien à faire aux urgences. Ensuite, il faut arrêter de mettre les personnes âgées aux urgences. Beaucoup de personnes âgées aujourd'hui pourraient aller directement dans les services de spécialité. C'est ce que nous organisons.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais encore faut-il trouver un médecin.
AGNES BUZYN
Non mais justement, dans les EHPAD aujourd'hui, nous réorganisons l'offre de soins. Nous mettons des infirmières de nuit, nous mettons de la télémédecine, de la téléconsultation pour favoriser les diagnostics très précoces et éviter que les personnes âgées, dès qu'il y a un problème en EHPAD, soient adressées aux urgences et attendent sur un brancard. Et donc, nous allons faciliter le fait que ces personnes aillent directement dans les services où elles doivent être soignées sans passer par la case « Urgences ».
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais alors pourquoi cette colère ? Pourquoi cette inquiétude ?
AGNES BUZYN
Mais parce que le temps, le temps d'une organisation. D'abord, il y a eu une épidémie de grippe extrêmement sévère cette année qui a touché beaucoup de gens, qui était très grave. J'ai envie de dire à tout le monde : « Arrêtons de pleurer sur les urgences et commençons par tous nous vacciner contre la grippe. » Ça évitera l'engorgement tous les mois de décembre et tous les mois de janvier. Donc soyons aussi responsables en tant que citoyens. Et puis, les organisations sont en train de se mettre en place dans tous les hôpitaux, avec notamment un nouveau logiciel de gestion de flux des lits qui va permettre de dégager beaucoup plus vite les malades des urgences vers des lits d'hospitalisation.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les EHPAD justement, les EHPAD. Où en est votre plan sur la prise en charge de la dépendance ? Où est-ce qu'on en est ?
AGNES BUZYN
Il y a deux choses. Sur les EHPAD, il y avait un problème aigu qui était lié à un changement de tarification des EHPAD. On est en train de le régler, nous avons nommé un médiateur qui a fait des propositions sur lesquelles toutes les fédérations adhèrent. J'ai rencontré les départements de France hier, puisque c'était en fait le financement des départements sur la partie dépendances qui posait problème, et nous sommes en train de trouver une solution pour qu'il n'y ait aucun EHPAD perdant avec la nouvelle tarification et qu'il n'y ait plus que des EHPAD qui vont gagner en tarification. Donc pendant deux ans, nous allons neutraliser les effets de la réforme, ce qui nous laisse le temps de réfléchir à l'avenir. Parce que l'avenir, c'est comment nous allons prendre en charge de plus en plus de personnes dépendantes, et la feuille de route sera présentée fin avril. Nous y travaillons. J'ai rencontré toutes les parties prenantes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors comment allez-vous faire ? Est-ce que vous allez créer une assurance vieillesse obligatoire ?
AGNES BUZYN
Donc j'ai envie d'ouvrir un débat sociétal, parce que ça l'est, de comment nous nous organisons pour prendre en charge la dépendance.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors comment on fait ?
AGNES BUZYN
Je veux rappeler quelques chiffres, monsieur BOURDIN. 1,5 million de personnes de plus de 85 ans aujourd'hui, nous serons cinq millions de personnes de plus de 85 ans en 2050. Donc il faut qu'on invente un nouveau modèle d'EHPAD, tout le monde est d'accord. L'EHPAD ne peut plus être le seul modèle de prise en charge.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. Un nouveau modèle, on est bien d'accord et un nouveau financement.
AGNES BUZYN
Oui, et un nouveau financement. Nous avons plusieurs pistes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors assurance vieillesse obligatoire ?
AGNES BUZYN
Non. Ça fait partie évidemment des pistes qui sont proposées par certains.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous y êtes favorable ou pas ? Franchement ? Franchement ?
AGNES BUZYN
Je ne suis pas trop favorable au modèle assurantiel. Je pense que c'est un problème de
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors comment faire pour financer ? Quelles pistes ?
AGNES BUZYN
Il y a des pistes évidemment.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Lesquelles ?
AGNES BUZYN
Via ce qu'on appelle l'ONDAM, c'est-à-dire de mélanger la partie dépendance et la partie soins dans une seule enveloppe. Aujourd'hui, ce sont des enveloppes séparées qui financent les soins des personnes âgées et l'aide à la dépendance pour les personnes âgées, donc on pourrait imaginer tout mettre ensemble.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qu'est-ce qu'il y a comme autres pistes, Agnès BUZYN ? Vous pouvez me dire une piste si ce n'est pas ça. Une piste.
AGNES BUZYN
Non, non. Les pistes, c'est évidemment les assurances privées, ce sont
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les assurances privées ?
AGNES BUZYN
Il y a aujourd'hui des gens qui ont envie de vendre ce type de modèle. Ce n'est pas mon modèle préférentiel. Je pense que nous avons Jean-Pierre RAFFARIN avait inventé la journée de solidarité active, le lundi de Pentecôte férié. On pourrait imaginer avoir deux lundis de Pentecôte travaillés.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous y êtes favorable ? Deux jours au lieu d'un ?
AGNES BUZYN
A vrai dire, je n'ai pas envie de donner mon opinion. Je préférerais aujourd'hui mettre toutes les
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais c'est une piste, ça ?
AGNES BUZYN
Toutes les pistes existent et je souhaiterais qu'il y ait un débat sociétal avec notamment les élus parce qu'ils sont très investis sur la question de la dépendance. Tout le monde sait que c'est le problème du futur. C'est un débat qui n'a jamais été ouvert par les gouvernements précédents, tellement il est compliqué. Donc vous me ferez grée de l'ouvrir et de proposer une solution d'ici la fin de l'année.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parkinson, nouvelle étude. Vous avez vu ça, augmentation de la maladie chez les Français qui vivent dans les régions les plus agricoles. Implication des pesticides.
AGNES BUZYN
(signe d'acquiescement)
JEAN-JACQUES BOURDIN
Que faire ?
AGNES BUZYN
Aujourd'hui nous avons, vous le savez, avec Nicolas HULOT un plan de prévention qui est assez ambitieux. Nous mettons en place un site Internet, alors c'est quand même intéressant à savoir, pour toutes les femmes enceintes pour qu'elles connaissent les produits chimiques dans leur environnement et qu'elles puissent se protéger. Donc ça, ça va être fait dès cette année. Et puis, il va y avoir ce plan de réduction des produits phytosanitaires qui est prévu et qui est annoncé. Donc évidemment, c'est une nécessité de réduire tout cet environnement chimique.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai une question d'Anaïs à propos des allergies alimentaires à l'école. « Pourquoi ne pas offrir et permettre aux enfants allergiques d'avoir un stylo auto-injecteur sur eux comme ça se fait dans d'autres pays ? »
AGNES BUZYN
Très intéressant, voilà. Je garde la proposition et je l'instruis.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y a eu un drame, il y a eu un drame.
AGNES BUZYN
Je sais bien, il y a eu un drame et c'est vrai que c'est troublant de se dire que l'école n'a pas les moyens aujourd'hui d'intervenir. Parce que s'il existe une situation d'urgence, c'est bien l'allergie et je pense qu'il faut effectivement que tous les établissements qui reçoivent du public soient équipés en stylos d'injection.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Agnès BUZYN, Corinne LEPAGE vous appelle à suspendre les compteurs Linky. Vous avez vu ça ? Non, vous n'avez pas vu ça ?
AGNES BUZYN
C'est plutôt dans le champ de monsieur Nicolas HULOT.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, ce n'est pas vous. Je dis ça parce que Bon, et le Lévothyrox, où en est-on ? Lévothyrox, pas de retour de l'ancienne formule. Elle n'est plus fabriquée.
AGNES BUZYN
Elle ne sera plus fabriquée par le laboratoire qui a changé de formule, donc aujourd'hui nous écoulons tous les stocks qui existent au niveau européen. Donc je me suis engagée jusqu'à fin 2018, ce qui aura laissé dix-huit mois aux personnes pour aller voir leur médecin et trouver une substitution. Il y a maintenant cinq nouveaux médicaments sur le marché donc cinq possibilités, et j'espère que tous les Français sous Lévothyrox trouveront évidemment le médicament qui leur convient le mieux.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sur l'alcool, est-ce que les messages de prévention, les pictogrammes, vont être plus grands, plus larges ?
AGNES BUZYN
Alors certainement pour les femmes enceintes. D'ailleurs, je rencontre la filière viticole ce soir avec Stéphane TRAVERT.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et alors ?
AGNES BUZYN
Ils veulent s'investir dans la prévention donc nous verrons jusqu'à quel point ils s'investissent dans la prévention. Moi, je veux que les femmes enceintes en France sachent que c'est zéro alcool pendant la grossesse pour éviter les syndromes d'alcoolisation foetale.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc sur chaque bouteille de vin, il y aura ce message.
AGNES BUZYN
Sur les femmes enceintes. Il est indispensable que les femmes enceintes, parce que je crois que les femmes enceintes ne savent pas qu'aujourd'hui l'alcool passe directement le placenta et vont alcooliser le bébé. Ça ne viendrait à l'esprit de personne de mettre de l'alcool dans un biberon. Or quand on boit de l'alcool et qu'on est enceinte, on nourrit son bébé, son foetus d'alcool. Et donc je pense que là, il y a une prise de conscience.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc sur toutes les bouteilles de vin, il y aura un pictogramme.
AGNES BUZYN
Un pictogramme « femme enceinte » qui existe déjà, qui est tout petit, que personne ne connaît.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qui existe déjà mais qui sera beaucoup plus grand.
AGNES BUZYN
Qui sera beaucoup plus grand. Nous négocions.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, qui sera plus grand. Vous voulez qu'il soit plus grand.
AGNES BUZYN
La filière viticole s'est engagée à ce qu'il soit plus grand donc nous devons trouver maintenant un consensus sur la taille.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Merci Agnès BUZYN. Merci d'être venue nous voir ce matin.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 avril 2018