Interview de M. Benjamin Griveaux, secrétaire d’Etat, porte-parole du Gouvernement, à France 2 le 13 avril 2018, sur la réforme de la SNCF, la poursuite de l'évacuation des "zadistes" à Notre-Dame-des-Landes et le blocage de certaines universités.

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Média : France 2

Texte intégral

JEFF WITTENBERG
La grève a repris à la SNCF. Quel message fait passer le gouvernement ce matin ? D'une part aux cheminots, et d'autre part aux usagers alors qu'on voit que la sortie de ce conflit semble très loin.
BENJAMIN GRIVEAUX, SECRETAIRE D'ETAT AUPRES DU PREMIER MINISTRE, PORTE-PAROLE DU GOUVERNEMENT.
D'abord que les discussions continuent à se poursuivre sur les différents sujets, que certains sujets ont pu être abordés au parlement, question de l'ouverture à la concurrence, il y a la question de la gouvernance, et puis la question de la dette qui a été évoquée hier lors de son intervention par le président de la République, qui avait déjà été évoquée mais qui n'est pas un préalable à la suite des discussions…
JEFF WITTENBERG
Et donc un compromis ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Et donc ce matin, disons que nous sommes à l'écoute des cheminots mais aussi à l'écoute des français qui subissent des contrariétés pour se rendre à leur travail le matin, pour rentrer chez eux le soir, c'est aussi à eux que nous pensons.
JEFF WINTERBERG
Et alors on l'a entendu, il y a moins de grévistes aujourd'hui, est-ce que c'est cela que vous attendez, peu de concession et finalement de moins en moins de grévistes à chaque fois, jusqu'à un enlisement du conflit, jusqu'à un épuisement des forces ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Ce n'est pas l'enlisement, l'épuisement, nous ce qu'on cherche c'est à pouvoir transformer cette grande entreprise publique pour faire en sorte que demain le service ferroviaire soit efficace, coûte moins cher, soit ponctuel et surtout puisse être en capacité à répondre à l'ouverture à la concurrence. Et pour avoir une entreprises solide et forte, il faut pouvoir la transformer, nous disons aux cheminots que nous les respectons, nous n'avons jamais eu de mots désagréables à leur endroit, ce ne sont pas des privilégiés, nous tenons à la rappeler mais il est nécessaire de pouvoir procéder à cette transformation parce que le statut quo n'est plus possible, on ne va pas construire la SNCF de demain avec un statut qui a bientôt plus de 70 ans.
JEFF WITTENBERG
Alors pourquoi alors qu'ils ne sont pas d'accord avec ce que vous venez de dire, seraient-ils d'accord demain ? Qu'est-ce qui pourrait changer ?
BENJAMIN GRIVEAUX
On a déjà avancé dans le cadre des concertations conduites par Elisabeth BORNE sur la question de l'ouverture à la concurrence, on va pouvoir avancer sur la question de la gouvernance et donc les choses se font par étape dans la discussion, ça fait de nombreuses semaines que les discussions sont engagées, elles vont se poursuivre, mais nous sommes extrêmement déterminés à pouvoir permettre la transformation dont la SNCF a besoin.
JEFF WITTENBERG
Hier dans son interview, le président a rappelé qu'il avait eu un grand-père cheminot qu'il comprenait leur problème. Est-ce que ce n'est pas l'aveu qu'il y a eu peut-être effectivement un défaut de considération des cheminots depuis le début de ce conflit, en tout cas un défaut de communication.
BENJAMIN GRIVEAUX
Il n'y a jamais eu de défaut de considération de la part du gouvernement et à nouveau, nous n'avons jamais souhaité opposer des cheminots à d'autres catégories de travailleurs ou de fonctionnaires ou de salariés du privé, ça n'est pas comme ça qu'on va transformer la SNCF.
JEFF WITTENBERG
Certains ont ressenti cela.
BENJAMIN GRIVEAUX.
Si ça était ressenti de cette manière-là c'est une mauvaise perception de la manière dont, en tout cas nous, nous les considérons et nous travaillons avec eux.
JEFF WITTENBERG
Il n'y a plus de zadistes officiellement Notre-Dame-des-Landes pourtant on apprend que les forces de l'ordre sont en train de sécuriser les lieux pour éviter justement qu'ils ne reviennent, ça veut dire que ce n'est pas tout à fait fini sur place ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Vous avez eu des opérations et moi je tiens à saluer le professionnalisme des forces de l'ordre parce que cela s'est fait dans un calme très relatif, avec évidemment des affrontements…2 500 gendarmes…quelques centaines de zadistes oui enfin
JEFF WITTENBERG
On s'est trompé lorsqu'on a dit quelques dizaines, c'était quelques centaines…
BENJAMIN GRIVEAUX
On a dit donc quelques centaines avec je le rappelle des catapultes, des cocktails molotov, un tir de fusée sur un hélicoptère de la gendarmerie qui a donc pour objectif de tuer ni plus ni moins, donc ce ne sont pas quelques gentils écologistes comme parfois ils étaient présentés mais ce sont de gens qui étaient là pour combattre. Ils sont une infime minorité de ceux qui ont occupé avec sincérité pour des convictions notamment environnementales eh bien cette zone, les processus de sécurisation se poursuivent, il y a le déblaiement parce que quand vous avez des personnes qui ont vécu pendant des années sur un site tel que Notre-Dame-des-Landes, il y a des choses qu'on qui doivent être déblayées, les routes doivent être sécurisées, mais les opérations se poursuivent, nous étions engagés à ce que à la fin de la trêve hivernale et donc à la fin du mois de mars nous procédions à cette évacuation, elle se fait , je le crois, avec beaucoup de professionnalisme de la part des forces de l'ordre.
JEFF WITTENBERG
Qu'est-ce que vous dites ce matin c'est la fermeté qui a payé, c'est un message finalement que fait passer le gouvernement comme aussi le fait aussi passer à la Sorbonne où l'université a été évacuée hier par les forces de l'ordre ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Nous faisons ce que nous avons dit que nous ferions et ça n'est pas de la fermeté, c'est de la détermination, c'est sans doute quelque chose de nouveau mais que ceux qui souhaitent que le pays ne bouge pas, ne se transforme pas, reste dans l'immobilisme, le statu quo, ma conviction c'est qu'ils sont minoritaires et ils ne doivent pas empêcher la majorité souvent silencieuse qui dans le pays souhaite pouvoir bosser, pouvoir étudier, souhaitent que l'Etat de droit et l'ordre soit respectés. Bien c'est cette majorité silencieuse-là qui a toute notre attention.
JEFF WITTENBERG
Donc quand on voit des universités bloquées, une agitation sociale, ça a le parfum de mai 68, le goût de Mai 68…
BENJAMIN GRIVEAUX
Non mais attendez, il y en a qui essaient de rejouer mai 68 dans les universités, ce sont quelques factions politisées d'extrême gauche très souvent instrumentalisées, avec le soutien de la France Insoumise évidemment qui rajoute de l'huile sur le feu. L'immense majorité des étudiants souhaitent pouvoir étudier, réviser leurs examens les passer. Il y a quelques universités qui sont bloquées par quelques étudiants et pour beaucoup des occupants de ces universités, ils ne sont plus étudiants depuis longtemps mais ils sont dans un combat politique dans un combat souvent lié à l'extrême gauche.
JEFF WITTENBERG
Et ils doivent s'attendre donc à une réponse très ferme de votre part ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Ils ne doivent pas empêcher les étudiants de pouvoir réviser leurs examens, de pouvoir assister à leurs cours tout cela avec la sécurité des étudiants comme priorité.
JEFF WITTENBERG
Qu'est-ce que vous pensez de ce que dit l'ancien président François HOLLANDE dans son livre lorsqu'il explique Emmanuel MACRON selon lui creuse les inégalités aujourd'hui ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Ecoutez mois très franchement, un, je n'ai pas lu le livre de l'ancien président,
JEFF WITTENBERG
Mais vous avez entendu ses déclarations.
BENJAMIN GRIVEAUX
J'ai entendu ses déclarations, mais je n'ai pas de commentaire à faire sur les déclarations d'un ancien président, moi j'écoute ce que dit l'actuel président est ce que fait l'actuel gouvernement.
JEFF WITTENBERG
Un ancien président au parti duquel vous apparteniez, vous étiez membre du parti socialiste, donc ça doit...
BENJAMIN GRIVEAUX
Peut-être n'est-il pas étranger au fait que j'en sois parti.
JEFF WITTENBERG
Donc c'est une information c'est à cause de lui que vous avez finalement changé de camp.
BENJAMIN GRIVEAUX
C'est un ensemble de choses.
JEFF WITTENBERG
Vous pensez par exemple, il l'a dit hier, selon lui toujours la presse est menacée comme la démocratie l'est. On lui demandait si les médias n'étaient pas plus indulgents avec Emmanuel MACRON qu'avec lui lorsqu'il était au pouvoir.
BENJAMIN GRIVEAUX
Je peux simplement être abasourdi par ce type de déclaration.
JEFF WITTENBERG
Alors une dernière question, Benjamin GRIVEAUX, on vous prête des ambitions pour la capitale pour la ville de Paris. Un sondage récemment que vous plaçait en tête des intentions de vote si les élections avaient lieu demain. Est-ce que cela fait cheminer quelque chose dans votre tête ? Est-ce que vous vous demandez si vous n'allez pas accélérer cette candidature dont tout le monde parle ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Les sondeurs sondent, c'est leur métier et ils le font très bien, moi ce qui m'intéresse c'est d'abord de porter la parole du gouvernement de la manière la plus efficace, c'est de faire de la pédagogie et de l'explication. Et puis je suis élu parisien donc je m'intéresse à ce qui se passe à Paris avec l'ensemble des parlementaires et des élus parisiens qui eux aussi, pour certains d'entres eux ont rejoint les rangs de la République en marche c'est normale. Ce qui sera absolument décisif et ce qui fera la différence en 2020, c'est pas la personne et la tête qu'on mettra sur l'affiche c'est ce qu'on aura à dire aux parisiens.
JEFF WITTENBERG
Mais cette personne, est-ce ça pourrait être vous ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Aux parisiens et au-delà du périphérique, parce que Paris doit se penser au-delà des frontières de son propre périphérique si Paris ne discute pas intelligemment, ne concerne pas avec les territoires autour, on va sans doute rater.
JEFF WITTENBERG
Alors je me permets de vous reposer la question, est-ce que cette personne, vous avez envie que ça soit vous ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Ecoutez c'est pas le sujet, il n'y a pas grand monde, quand je suis sur les marchés parisiens le week-end qui m'interroge là-dessus. En revanche, beaucoup de monde me dit « qu'est-ce que vous allez faire, quel sera le projet porté par la République en marche sur les questions de transport de sécurité d'économie de solidarité », c'est ça à quoi on doit répondre bien avant de savoir qui sera le candidat ou la candidate.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 19 avril 2018