Texte intégral
GUILLAUME DURAND
Jacqueline GOURAULT, bonjour.
JACQUELINE GOURAULT
Bonjour.
GUILLAUME DURAND
Vous êtes la numéro 2 du ministère de l'Intérieur, et je le disais tout à l'heure, les sujets ne manquent pas ce matin, sujets de sécurité, et puis évidemment cette interrogation concernant le plan Borloo, car là il s'agit d'une vraie bonne bataille à la française, avec une énorme offensive médiatique de l'ancien ministre de la Ville, et, semble-t-il, un scepticisme du côté de l'Elysée alors qu'on attend le discours d'Emmanuel MACRON sur les banlieues aujourd'hui.
( ) Chronique de Guillaume TABARD.
GUILLAUME DURAND
Madame GOURAULT, vous êtes la numéro 2 du ministère de l'Intérieur, est-ce que vous avez le sentiment qu'Emmanuel MACRON va reprendre, tout ou partie, du plan Borloo ?
JACQUELINE GOURAULT
Je ne veux pas répéter ce qu'a dit excellemment Guillaume TABARD, mais c'est vrai que des rapports sont demandés régulièrement sur des sujets comme celui qu'a rappelé Guillaume sur SPINETTA, ou encore Action Publique 2022, où un rapport va sortir prochainement. Les rapports sont là pour accompagner, bien sûr, la réflexion de tous ceux aussi qui travaillent. Par exemple, le ministre Jacques MEZARD, en charge de la Cohésion des territoires, a fait de nombreuses réunions, des dizaines et des dizaines de gens ont été consultés, des travaux ont été publiés aussi par le ministère. Nous avons eu nous-mêmes, quand je dis nous-mêmes, c'est-à-dire le gouvernement, la semaine dernière, au Conseil des ministres, une grande partie du Conseil des ministres, qui a été consacrée aux banlieues et au débat sur les banlieues.
GUILLAUME DURAND
Mais qu'est-ce qui vous choque dans ce plan, parce que quand MACRON
JACQUELINE GOURAULT
Non, non, je parle de la méthode.
GUILLAUME DURAND
D'accord, mais quand MACRON demande, le président MACRON demande à Jean-Louis BORLOO de remettre les gants dans cette bataille, il sait bien qu'il ne s'adresse pas à SPINETTA, il s'adresse à un personnage politique qui a joué un rôle disons assez important ces 30 dernières années, donc il ne va pas faire dans la discrétion BORLOO, ce n'est pas un haut fonctionnaire.
JACQUELINE GOURAULT
Non, c'est certain qu'il ne fera pas dans la discrétion, mais c'est-à-dire qu'on demande à Jean-Louis BORLOO de faire un rapport et de donner son avis, mais d'autres personnes ont droit aussi d'avoir des avis, et des opinions, et au gouvernement, encore une fois, nous avons eu un long débat, avec le Premier ministre. J'ai eu des réunions aussi, à Matignon, multiples et variées, et il y a un certain nombre d'aspects avec lesquels nous sommes d'accord avec l'analyse de Jean-Louis BORLOO, et puis d'autres sur lesquels nous avons noté, vous l'avez dit vous-même tout à l'heure, par exemple sur les problèmes de sécurité, qui sont primordiaux pour nous, et vous le disiez d'entrée tout à l'heure, aujourd'hui l'actualité montre tous les problèmes de sécurité qu'il peut y avoir.
GUILLAUME DURAND
A Pau et à Marseille.
JACQUELINE GOURAULT
A Pau et à Marseille, et d'ailleurs ça prouve aussi que le problème des banlieues ce n'est pas uniquement la région parisienne.
GUILLAUME DURAND
Ce qui vous intéresse c'est quoi dans le plan Borloo, pardonnez-moi, c'est l'université qu'il propose, enfin l'Académie qu'il propose, c'est les 43 milliards, ou est-ce que ça c'est totalement révulsif, qu'est-ce qui vous intéresse dans ce plan et qu'est-ce qui vous oublions la méthode, qu'est-ce qui vous paraît intéressant par rapport aux conversations que le gouvernement a déjà eues ?
JACQUELINE GOURAULT
Tout ce qui est, je dirais accompagnement social sur le territoire, est quelque chose qui me semble très important. Ceci dit, le gouvernement a une volonté aussi, c'est de ne pas faire de discrimination positive. Le gouvernement, par exemple, veut s'occuper des jeunes des banlieues, veut favoriser le développement scolaire, et le fait avec le dédoublement des classes, par exemple, comme Jean-Michel BLANQUER l'a fait à l'école primaire, mais nous pensons que les jeunes des banlieues doivent s'inscrire dans la formation globale de la France. A force de créer des, comment dire, des structures particulières, vous faites de la discrimination positive, et nous pensons que les jeunes de banlieue doivent avoir toutes les chances aussi d'accéder à toutes les écoles sur le territoire français.
GUILLAUME DURAND
Ce matin il y a un « press-in » COPE/ BAROIN, les maires communistes, Alain JUPPE, vous vous rendez compte que vous êtes face aussi à un petit problème politique là, parce qu'ils sont tous derrière BORLOO. Cet ancien monde.
JACQUELINE GOURAULT
On n'est pas face à un problème politique, on est face à un Jean-Louis BORLOO qui sait organiser son existence médiatique et qui sait aussi soutenir le travail qu'il a fait lui-même, mais le gouvernement est là pour gouverner, et le président de la République est là pour décider, je veux dire. Il y a une majorité dans ce pays, elle a été élue, c'est elle qui décidera.
GUILLAUME DURAND
Je voudrais qu'on écoute Samia GHALI qui est en direct avec nous, sénatrice à Marseille, qui est en direct au téléphone, vous l'avez évoqué vous-même Madame GOURAULT, il y a des vrais problèmes de sécurité.
( ) Entretien avec Samia GHALI sur ce qui s'est passé à Marseille et ce qu'elle demande au gouvernement.
GUILLAUME DURAND
Madame GOURAULT, c'est ce qui ressort des images qu'on voit et de ce qui s'est passé dans les quartiers difficiles à Pau, chez quelqu'un que vous connaissez bien et que vous aimez, François BAYROU, c'est qu'il y a des moments où on a l'impression que l'Etat est quand même, comment peut-on dire, à la marge.
JACQUELINE GOURAULT
C'est-à-dire que l'Etat est face à un regain de violence. Comme vous le savez, nous sommes au pouvoir depuis 1 an, et tout ça n'est pas apparu en quelques mois. Il y a, dans ce pays, besoin de sécurité renforcée, et c'est la raison
GUILLAUME DURAND
Mais vous les avez vues les images à Marseille ?
JACQUELINE GOURAULT
Non, je ne les ai pas vues.
GUILLAUME DURAND
Les types qui arrivent en voiture, qui sont casqués, avec des kalachnikovs, et qui arrosent tout le monde, vous trouvez ça normal vous ?
JACQUELINE GOURAULT
Bien sûr que ce n'est pas normal. Je n'ai pas vu, je vous prie de m'excuser, mais je n'ai pas vu ces photos ce matin, enfin ce reportage
GUILLAUME DURAND
Il n'y a eu qu'un blessé léger heureusement, mais c'est vrai que c'est choquant.
JACQUELINE GOURAULT
Mais, je veux dire, ça justifie tout ce que nous faisons, les lois sécurité, le renforcement de la police et de la gendarmerie, pendant le quinquennat il est prévu d'embaucher 10.000 gendarmes et policiers. Evidemment, nous sommes face à un regain de violence, pas seulement d'ailleurs dans les banlieues, nous rappelons ce qui s'est passé aussi pendant les manifestations et les grèves, où il y a eu des violences qui étaient très importantes.
GUILLAUME DURAND
Et la grève des fonctionnaires, elle vous inquiète de ce point de vue-là ?
JACQUELINE GOURAULT
J'espère que tout se passera bien, les fonctionnaires eux-mêmes sont très vigilants, bien évidemment, étant donné ce qui s'est passé, mais j'espère qu'il n'y aura pas de violence.
GUILLAUME DURAND
A Pau on attend 10 policiers supplémentaires pour encadrer ces quartiers qui sont des quartiers difficiles, les gens disent c'est évidemment notoirement insuffisant, vous diriez quoi ce matin ?
JACQUELINE GOURAULT
Je dirai que, d'abord, comme je l'ai dit tout à l'heure, ceci montre qu'il faut réfléchir sur l'ensemble du territoire et pas uniquement ; alors bien sûr, Paris et les banlieues parisiennes sont spécifiquement importantes et doivent être, la sécurité doit être renforcée ; mais il y a aussi des quartiers difficiles sur l'ensemble du territoire, et à Pau, ça vient d'être la preuve, dans le quartier de Saragosse et un autre quartier, qui est souvent difficile aussi, qui est l'Ousse-des-Bois.
GUILLAUME DURAND
En gros, pour simplifier, c'est un délinquant qui a été massacré, semble-t-il, par une partie de jeunes, très jeunes enfants, de la communauté tchétchène, qui l'ont massacré complètement.
JACQUELINE GOURAULT
Absolument. On voit là les violences, les dérives communautaristes, et si j'ai bien compris aussi, d'après ce qui a été exprimé, du trafic de stupéfiants.
GUILLAUME DURAND
J'ai deux dernières questions. Ça s'écrit dans les journaux, ce n'est pas toujours agréable, que Gérard COLLOMB, donc qui est le ministre en charge, serait un peu le maillon faible du gouvernement, c'est vrai ou c'est faux ? Vous n'allez pas me dire évidemment que c'est vrai puisque vous êtes la numéro 2 de son ministère, mais est-ce qu'il y a un problème COLLOMB, un problème politique ?
JACQUELINE GOURAULT
Gérard COLLOMB est un homme qui joue un rôle fondamental dans le gouvernement en matière de sécurité, et vous le savez bien, c'est dans son ADN. C'est parfois quelqu'un qui n'a été critiqué, parce que c'est un homme qui vient du Parti socialiste, et Parti socialiste et sécurité, pour beaucoup de gens, avec des idées arrêtées, ce n'était pas tout est fait est logique. Eh bien justement, je crois que c'est sa force.
GUILLAUME DURAND
Mais certains disent dépassé, trop âgé, mettent en avant le fait que par exemple, quand il y a eu l'attentat à Paris, c'est Edouard PHILIPPE qui est arrivé pour prendre la lumière et expliquer l'attitude positive des forces de l'ordre, donc on se dit pourquoi PHILIPPE et pas justement Gérard COLLOMB.
JACQUELINE GOURAULT
Gérard COLLOMB est sur le pont, si je puis me permettre, 24/24 heures, en permanence. Je peux vous assurer que les Français peuvent être tranquilles avec un ministre de l'Intérieur qui s'appelle Gérard COLLOMB.
GUILLAUME DURAND
Merci beaucoup. Jacqueline GOURAULT était en direct sur l'antenne de Radio Classique et de Paris Première.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 24 mai 2018