Texte intégral
NICOLAS DEMORAND
L'invité du Grand Entretien de France Inter est le porte-parole du gouvernement. La parole à Léa SALAME dans dix minutes, intervenez au 01 45 24 7000, sur les réseaux sociaux et via l'application mobile d'Inter. Bonjour Benjamin GRIVEAUX.
BENJAMIN GRIVEAUX
Bonjour.
NICOLAS DEMORAND
Le débat sur les violences, la polémique sur les violences en marge de la manifestation du 1er mai à Paris ne faiblit pas. Le gouvernement est accusé d'avoir mal géré le maintien de l'ordre, sous-estimé le nombre de casseurs présents en tête de cortège alors même que les renseignements avaient alerté sur leur nombre possible et leur détermination. Maintenez-vous ce matin, comme tout le gouvernement et comme le Premier ministre hier soir, que tout s'est bien passé et qu'il n'y a pas eu dysfonctionnement de l'Etat ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Il n'y a pas eu dysfonctionnement et il n'y a eu aucune défaillance de l'Etat. J'aimerais qu'à l'issue de la manifestation qui s'est tenue le 1er mai à Paris, et il y a eu beaucoup d'autres manifestations dans le pays qui n'ont pas donné lieu à ce type de débordements et de violences et de dégradations, nous avons eu à l'issue de ces manifestations quatre blessés. Un blessé léger, et c'est heureux, chez les forces de l'ordre. Je rappelle que le 1er mai 2017, l'an dernier, il y avait eu plus de cent cinquante personnes blessées, beaucoup parmi les forces de l'ordre, beaucoup aussi chez les manifestants avec des brûlés graves. Que là, les forces de l'ordre ont agi avec discernement et avec mesure pour justement éviter d'avoir de la violence contre des manifestants qui font leur manifestation sincère, qui sont là pour défendre leurs droits et c'est parfaitement légitime, contre les passants qui sont aux abords de la manifestation. Mais on fait face aujourd'hui à des nouveaux modes de mobilisation qu'on appelle les Black blocs, qui sont des petites unités assez difficilement repérables. On avait estimé entre cinq cents à mille, il y en avait mille deux cents, donc on n'était pas très loin du chiffre final, et surtout qui sont, eux, extrêmement déterminés, qui ne sont pas des manifestants et qui sont dans une stratégie de guérilla urbaine pure et dure. Ils sont là pour casser, parfois on leur prête des objectifs politiques dont je ne suis même pas certain que la totalité en ait réellement conscience. Ils sont là pour casser, pour dégrader, pour être violents à l'égard des forces de l'ordre.
NICOLAS DEMORAND
Donc pas de problèmes pour vous dans ce cortège, dans les images qu'on a pu voir, dans le délai d'intervention des forces de l'ordre, dans la casse matérielle ?
BENJAMIN GRIVEAUX
A 15 heures 55, le Premier ministre l'a rappelé hier, nous avons les premiers éléments qui apparaissent. A 16 heures est donné ordre par le préfet de police de Paris d'intervenir. L'intervention intervient quarante minutes après, pourquoi ? Parce que, pour expliquer très clairement les choses
NICOLAS DEMORAND
Parce qu'on ne comprend pas encore.
BENJAMIN GRIVEAUX
Vous aviez les Black-blocs devant, c'est mille deux cents personnes, vous aviez les manifestants juste derrière. Si vous donnez la charge à ce moment-là, que se passe-t-il ? Les Black-blocs se replient sur les manifestants et là vous ne pouvez plus discerner les deux et se retrouvent pris dans la nasse de la police et des CRS. Il y a des manifestants qui, eux, n'ont rien à voir et ne sont pas là pour casser, pour dégrader ou pour être violents. Et donc, il fallait préserver. C'est aussi ça, préserver le droit à manifester. C'est ne pas mélanger ceux qui sont là pour casser avec ceux qui sont là légitimement pour manifester.
NICOLAS DEMORAND
Vous renouvelez donc votre confiance au préfet de police de Paris ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Il n'y a aucun sujet là-dessus et il n'y a aucun doute sur la compétence et la qualité à nouveau du préfet de Paris et des forces de l'ordre dans l'intervention qu'elles ont eu à faire ce 1er mai à Paris.
NICOLAS DEMORAND
Si les forces de l'ordre et leur travail, si tout cela était adéquat, pourquoi Gérard COLLOMB promet-il encore plus de forces de l'ordre pour les prochaines manifestations ? C'est contradictoire dans les termes. Si tout était bien, il n'y en a pas besoin de plus. S'il y en a besoin de plus, c'est qu'il y a eu un problème qu'il faut régler à l'avenir.
BENJAMIN GRIVEAUX
Il y en avait déjà plus le 1er mai qui s'est déroulé il y a deux jours que le 1er mai l'année dernière. On avait vingt-et-une forces mobiles qui étaient mobilisées contre seize seulement en 2017. On peut évidemment craindre que dans les jours à venir et les mots d'ordre, celui de samedi en particulier lancé par François RUFFIN
NICOLAS DEMORAND
« La fête à Macron », on va y venir.
BENJAMIN GRIVEAUX
« La fête à Macron », bon. Dans le langage populaire, faire la fête à quelqu'un peut avoir une double signification. Il y a un côté sympathique et festif et puis il y a un côté plus violent, « on va lui faire sa fête ». Donc on craint aussi que des violences puissent avoir lieu et donc il est normal qu'on renforce les dispositifs de sécurité pour permettre à nouveau aux manifestants Le droit de manifester est un droit constitutionnellement garanti et chacun doit pouvoir manifester calmement, pacifiquement.
NICOLAS DEMORAND
Vous craignez, Benjamin GRIVEAUX, que « la fête à Macron » soit le lieu d'autres violences ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Oui.
NICOLAS DEMORAND
Vraiment ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Bien sûr.
NICOLAS DEMORAND
En dépit de son mot d'ordre : « Manif pot-au-feu, moment joyeux et festif » disent les organisateurs qui travaillent avec la préfecture évidemment.
BENJAMIN GRIVEAUX
Le mot d'ordre des manifestations du 1er mai n'était pas d'aller casser des concessions automobiles, des restaurants, des commerces. Ou alors j'ai mal compris le mot d'ordre des syndicats qui appelaient à manifester le 1er mai. Ils appelaient à manifester contre des réformes portées par le gouvernement et c'est parfaitement légitime à nouveau. Il n'y avait pas de mot d'ordre de violence et pourtant il y a eu des violences, donc il est aussi normal que nous soyons dans un exercice de prévention et de précaution. On travaille et les forces de l'ordre travaillent avec les organisateurs des événements qui se tiendront le 5 mai, et j'ai bon espoir que, par ce travail avec les organisateurs, on puisse prévenir au maximum les violences.
NICOLAS DEMORAND
Il y a une dimension carnavalesque dans cette manif pot-au-feu. Si la rue n'a pas le droit de casser, elle a toujours le droit de rire quand même, Benjamin GRIVEAUX ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Elle a toujours le droit de rire évidemment. Elle a le droit de contester, elle a le droit de manifester, elle a le droit de caricaturer, c'est son droit le plus strict. Mais en revanche ce que je ne laisserai pas dire, parce qu'il y a une petite musique qui monte disant, en gros, qu'on a laissé faire, que pour salir l'image des manifestants on a laissé casser. Notamment à gauche, on entend ça au PS où on demande une commission d'enquête parlementaire. Les mêmes qui disent, qui s'émeuvent quand on envoie Parce que ce sont les mêmes Black-blocs qui sont à Notre-Dame-des-Landes ou parfois dans certaines universités. Là, on n'aurait pas le droit d'intervenir ; en revanche quand ils sont dans une manifestation avec des représentants de la France Insoumise ou du Parti socialiste, là il faudrait intervenir dans la seconde. Il n'y a pas deux poids deux mesures, il y a l'ordre républicain. Force doit rester à la loi et force restera à la loi.
NICOLAS DEMORAND
Ce qui est étonnant, c'est que le Premier ministre pointe l'irresponsabilité de discours radicaux qui encouragent de tels agissements. Quand il dit ça, il vise qui exactement ? La France Insoumise ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Non, mais écoutez, vous avez vu
NICOLAS DEMORAND
Parce qu'Emmanuel MACRON semble encore plus clair.
BENJAMIN GRIVEAUX
Non, pas la France Insoumise. A nouveau, 1 : vous avez des comportements parfois de quelques représentants de la France Insoumise qui posent des difficultés dans des appels assez violents à manifester. Et vous avez aussi, je rappelle quand même les mots d'ordre qui étaient ceux des manifestants des Black Blocs, donc pas des manifestants qui étaient là pour le 1er mai : « Premiers de cordée, premiers guillotinés. »
NICOLAS DEMORAND
Oui, mais ça c'est les Black Blocs.
BENJAMIN GRIVEAUX
C'est donc ceux-là qu'on appelle les radicalisés. C'est bien ce que je vous dis.
NICOLAS DEMORAND
Et quand le président de la République parle de pyromanes indignés
BENJAMIN GRIVEAUX
Et quand on voit dans des cortèges syndicaux, et on a vu une effigie du président de la République pendu, si vous ne considérez pas que c'est un peu radical et violent, sans doute n'avons-nous pas la même définition de la radicalité de la violence.
NICOLAS DEMORAND
Je pense qu'il y a beaucoup de gens, dit le président de la République, qui veulent rejouer la partie démocratique. Ils n'ont jamais accepté la défaite, ils aiment la démocratie quand ils gagnent et il précise à propos des Insoumis et de Jean-Luc MELENCHON qu'il parle bien de ceux qui proposent des manifestations ou des fêtes. Donc au sommet de l'Etat, il y a bien un lien qui est établi entre une forme d'opposition parlementaire et les types de débordements qu'on a pu voir à Paris.
BENJAMIN GRIVEAUX
Reconnaissons que Jean-Luc MELENCHON est devenu assez le professionnel de la contestation, du complot et du conspirationnisme à tous les étages. Quand il ne gagne pas une élection, il considère qu'elle a été truquée ou qu'il y a des choses qui ne se sont pas passées dans la normalité, parce que si tout s'était passé normalement, Jean-Luc MELENCHON aurait été élu président de la République. Il ne s'est pas qualifié pour le second tour de l'élection présidentielle, il faut qu'il accepte le résultat des urnes.
NICOLAS DEMORAND
Ça, c'est un point.
BENJAMIN GRIVEAUX
Ça ne lui convient pas, mais
NICOLAS DEMORAND
Ça, c'est un point. Mais pour le 1er mai. Benjamin GRIVEAUX, ses propos et sa condamnation ont été clairs de ces violences. Or là, on a l'impression que vous faites le tour de roue.
BENJAMIN GRIVEAUX
Tout n'a pas été clair. Je vous rappelle quand même qu'il a commencé par expliquer que c'était sans doute des groupuscules d'extrême droite et qu'après il a expliqué que l'ambiance mentale du moment faisait qu'en fait, ça n'était pas ça. Donc c'est sans doute d'une obscure clarté comme l'écrivait un grand écrivain auquel je sais que vous êtes sensible.
NICOLAS DEMORAND
Avant de dire que casser un McDONALD'S n'est pas un acte révolutionnaire et de demander à la jeunesse de ne pas céder à ça.
BENJAMIN GRIVEAUX
Oui. Il a mis du temps, il a mis du temps.
NICOLAS DEMORAND
Mais que le président de la République, et j'aimerais vraiment avoir une exégèse de ses propos, que le président de la République fasse un lien aussi clair entre une opposition parlementaire même vive, même dont l'esprit peut lui déplaire, même organisatrice comme il le dit de manifestations ou de fêtes, et des débordements violents illégaux, on est dans un autre espace là entre la cause et l'effet.
BENJAMIN GRIVEAUX
A nouveau, vous avez aussi une responsabilité quand vous êtes un responsable politique de ne pas appeler à avoir des comportements violents ou à vous placer en dehors de la loi, en particulier quand vous êtes parlementaire. Ou alors, si vous considérez que chacun peut se placer en dehors ou au-dessus de la loi, il ne fallait pas devenir parlementaire et contribuer à l'élaboration de la loi.
NICOLAS DEMORAND
On va y revenir avec les auditeurs de France Inter dans quelques instants. On entre dans une nouvelle phase de grève à la SNCF, Benjamin GRIVEAUX. Avez-vous le sentiment pour commencer que le mouvement s'essouffle ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Moi, je ne suis pas là pour juger de savoir si un mouvement s'essouffle ou pas. Il y a une mobilisation un petit peu moindre par rapport au début, mais il y a surtout eu des choses qui ont été actées, qui ont pu être discutées avec les partenaires sociaux sur les conditions de l'ouverture à la concurrence, sur la gouvernance, sur les garanties sociales - le fameux sac-à-dos social - et où on a pu, comme nous l'avions annoncé, non pas mettre ces éléments-là dans des ordonnances mais les inscrire dans le dur, dans la loi, et dans une loi qui a été votée de manière assez massive. Va commencer une deuxième étape qui est très importante, le 7 mai en présence du Premier ministre et avec Elisabeth BORNE, qui va parler de l'avenir beaucoup. Le projet de l'entreprise, le projet pour la SNCF, la question de la dette, la question de la convention de branche.
NICOLAS DEMORAND
Ça ne désamorce pas la grève tout ce que vous venez de dire. Au contraire pour certains points.
BENJAMIN GRIVEAUX
Ça dépend. Ces éléments-là sont importants et les partenaires sociaux y seront évidemment pleinement associés. La direction du groupe aussi parce qu'évidemment, lorsqu'on a un projet d'entreprise, il est important que les partenaires sociaux et la direction du groupe puissent en discuter et c'est comme ça qu'on va continuer à avancer. Est-ce qu'on s'attendait à ce que les choses s'arrêtent du jour au lendemain ? Non. A nouveau, je respecte le droit de grève. Evidemment, je pense à nos concitoyens qui chaque matin, parce que ça pénalise les gens qui prennent le TGV, c'est deux cent mille par jour, mais ça pénalise surtout les gens qui, et ils sont près de quatre millions et demi chaque jour, prennent le train pour faire des trajets dits pendulaires entre leur travail et leur domicile et qui subissent encore lourdement les effets de cette grève.
NICOLAS DEMORAND
Est-ce que la campagne présidentielle d'Emmanuel MACRON a reçu des avantages indus de la part de la société GL EVENTS comme le pointe Mediapart, Benjamin GRIVEAUX ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Ecoutez, la commission nationale des comptes de campagne a considéré que les comptes de la campagne d'Emmanuel MACRON étaient les plus sincères de tous les comptes de campagne. Puisqu'ils ont ce qu'on appelle réformé, c'est-à-dire réintégré dans les comptes cent vingt mille euros soit quatre fois moins que Jean-Luc MELENCHON, puisque lui a été réformé à hauteur de plus de quatre cent cinquante mille euros et alors Marine LE PEN était à plus, elle, de huit cent mille euros de réformation. Donc ce sont les comptes les plus sincères. Après, vous avez les éléments sur les montants de la salle, la fameuse salle de la Mutualité. Je vais vous faire une confidence. Quand vous réservez une salle à la Mutualité le 12 juillet 2016, le prix est un peu moins élevé qu'en avril 2017 à quelques semaines du premier tour de l'élection présidentielle. Ce qu'on avait fait, nous on a fait un choix très précis dans la campagne, on a pris quelqu'un, on a embauché des gens en CDI dans l'équipe de campagne qui sont des pros de l'événementiel, dont c'est le métier, et qui ont fait ces négociations et qui ont bien négocié. Et puis on avait un deuxième avantage par rapport à beaucoup d'autres : c'est qu'on avait des centaines et des centaines de bénévoles qui nous ont aidé à faire le montage de salles, le montage de scènes et cætera, et que ça a permis d'avoir des éléments qui coûtent moins chers et des meetings qui coûtent moins chers.
NICOLAS DEMORAND
Il n'y a pas eu de distorsion de concurrence par rapport à d'autres candidats qui n'ont pas eu droit aux mêmes ristournes ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Mais il faut savoir négocier. A nouveau, quand vous faites un meeting à la Mutualité en avril 2017, ça coûte plus cher qu'en juillet 2016. Si vous prenez un billet d'avion le 24 décembre pour partir au soleil, ça va vous coûter plus cher que si vous le prenez deux mois avant. C'est exactement le même principe : vous avez pendant les périodes de l'année des prix qui varient en fonction des moments où vous louez. Ç'a été expliqué très bien par le patron de GL EVENTS.
NICOLAS DEMORAND
Les comptes sont très clairs pour vous.
BENJAMIN GRIVEAUX
Ce n'est pas moi qui le dis, c'est la commission nationale des comptes de campagne.
NICOLAS DEMORAND
Il est 08 heures 34. Benjamin GRIVEAUX, porte-parole du gouvernement, est l'invité de France Inter.Source : Service d'information du Gouvernement, le 4 mai 2018
L'invité du Grand Entretien de France Inter est le porte-parole du gouvernement. La parole à Léa SALAME dans dix minutes, intervenez au 01 45 24 7000, sur les réseaux sociaux et via l'application mobile d'Inter. Bonjour Benjamin GRIVEAUX.
BENJAMIN GRIVEAUX
Bonjour.
NICOLAS DEMORAND
Le débat sur les violences, la polémique sur les violences en marge de la manifestation du 1er mai à Paris ne faiblit pas. Le gouvernement est accusé d'avoir mal géré le maintien de l'ordre, sous-estimé le nombre de casseurs présents en tête de cortège alors même que les renseignements avaient alerté sur leur nombre possible et leur détermination. Maintenez-vous ce matin, comme tout le gouvernement et comme le Premier ministre hier soir, que tout s'est bien passé et qu'il n'y a pas eu dysfonctionnement de l'Etat ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Il n'y a pas eu dysfonctionnement et il n'y a eu aucune défaillance de l'Etat. J'aimerais qu'à l'issue de la manifestation qui s'est tenue le 1er mai à Paris, et il y a eu beaucoup d'autres manifestations dans le pays qui n'ont pas donné lieu à ce type de débordements et de violences et de dégradations, nous avons eu à l'issue de ces manifestations quatre blessés. Un blessé léger, et c'est heureux, chez les forces de l'ordre. Je rappelle que le 1er mai 2017, l'an dernier, il y avait eu plus de cent cinquante personnes blessées, beaucoup parmi les forces de l'ordre, beaucoup aussi chez les manifestants avec des brûlés graves. Que là, les forces de l'ordre ont agi avec discernement et avec mesure pour justement éviter d'avoir de la violence contre des manifestants qui font leur manifestation sincère, qui sont là pour défendre leurs droits et c'est parfaitement légitime, contre les passants qui sont aux abords de la manifestation. Mais on fait face aujourd'hui à des nouveaux modes de mobilisation qu'on appelle les Black blocs, qui sont des petites unités assez difficilement repérables. On avait estimé entre cinq cents à mille, il y en avait mille deux cents, donc on n'était pas très loin du chiffre final, et surtout qui sont, eux, extrêmement déterminés, qui ne sont pas des manifestants et qui sont dans une stratégie de guérilla urbaine pure et dure. Ils sont là pour casser, parfois on leur prête des objectifs politiques dont je ne suis même pas certain que la totalité en ait réellement conscience. Ils sont là pour casser, pour dégrader, pour être violents à l'égard des forces de l'ordre.
NICOLAS DEMORAND
Donc pas de problèmes pour vous dans ce cortège, dans les images qu'on a pu voir, dans le délai d'intervention des forces de l'ordre, dans la casse matérielle ?
BENJAMIN GRIVEAUX
A 15 heures 55, le Premier ministre l'a rappelé hier, nous avons les premiers éléments qui apparaissent. A 16 heures est donné ordre par le préfet de police de Paris d'intervenir. L'intervention intervient quarante minutes après, pourquoi ? Parce que, pour expliquer très clairement les choses
NICOLAS DEMORAND
Parce qu'on ne comprend pas encore.
BENJAMIN GRIVEAUX
Vous aviez les Black-blocs devant, c'est mille deux cents personnes, vous aviez les manifestants juste derrière. Si vous donnez la charge à ce moment-là, que se passe-t-il ? Les Black-blocs se replient sur les manifestants et là vous ne pouvez plus discerner les deux et se retrouvent pris dans la nasse de la police et des CRS. Il y a des manifestants qui, eux, n'ont rien à voir et ne sont pas là pour casser, pour dégrader ou pour être violents. Et donc, il fallait préserver. C'est aussi ça, préserver le droit à manifester. C'est ne pas mélanger ceux qui sont là pour casser avec ceux qui sont là légitimement pour manifester.
NICOLAS DEMORAND
Vous renouvelez donc votre confiance au préfet de police de Paris ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Il n'y a aucun sujet là-dessus et il n'y a aucun doute sur la compétence et la qualité à nouveau du préfet de Paris et des forces de l'ordre dans l'intervention qu'elles ont eu à faire ce 1er mai à Paris.
NICOLAS DEMORAND
Si les forces de l'ordre et leur travail, si tout cela était adéquat, pourquoi Gérard COLLOMB promet-il encore plus de forces de l'ordre pour les prochaines manifestations ? C'est contradictoire dans les termes. Si tout était bien, il n'y en a pas besoin de plus. S'il y en a besoin de plus, c'est qu'il y a eu un problème qu'il faut régler à l'avenir.
BENJAMIN GRIVEAUX
Il y en avait déjà plus le 1er mai qui s'est déroulé il y a deux jours que le 1er mai l'année dernière. On avait vingt-et-une forces mobiles qui étaient mobilisées contre seize seulement en 2017. On peut évidemment craindre que dans les jours à venir et les mots d'ordre, celui de samedi en particulier lancé par François RUFFIN
NICOLAS DEMORAND
« La fête à Macron », on va y venir.
BENJAMIN GRIVEAUX
« La fête à Macron », bon. Dans le langage populaire, faire la fête à quelqu'un peut avoir une double signification. Il y a un côté sympathique et festif et puis il y a un côté plus violent, « on va lui faire sa fête ». Donc on craint aussi que des violences puissent avoir lieu et donc il est normal qu'on renforce les dispositifs de sécurité pour permettre à nouveau aux manifestants Le droit de manifester est un droit constitutionnellement garanti et chacun doit pouvoir manifester calmement, pacifiquement.
NICOLAS DEMORAND
Vous craignez, Benjamin GRIVEAUX, que « la fête à Macron » soit le lieu d'autres violences ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Oui.
NICOLAS DEMORAND
Vraiment ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Bien sûr.
NICOLAS DEMORAND
En dépit de son mot d'ordre : « Manif pot-au-feu, moment joyeux et festif » disent les organisateurs qui travaillent avec la préfecture évidemment.
BENJAMIN GRIVEAUX
Le mot d'ordre des manifestations du 1er mai n'était pas d'aller casser des concessions automobiles, des restaurants, des commerces. Ou alors j'ai mal compris le mot d'ordre des syndicats qui appelaient à manifester le 1er mai. Ils appelaient à manifester contre des réformes portées par le gouvernement et c'est parfaitement légitime à nouveau. Il n'y avait pas de mot d'ordre de violence et pourtant il y a eu des violences, donc il est aussi normal que nous soyons dans un exercice de prévention et de précaution. On travaille et les forces de l'ordre travaillent avec les organisateurs des événements qui se tiendront le 5 mai, et j'ai bon espoir que, par ce travail avec les organisateurs, on puisse prévenir au maximum les violences.
NICOLAS DEMORAND
Il y a une dimension carnavalesque dans cette manif pot-au-feu. Si la rue n'a pas le droit de casser, elle a toujours le droit de rire quand même, Benjamin GRIVEAUX ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Elle a toujours le droit de rire évidemment. Elle a le droit de contester, elle a le droit de manifester, elle a le droit de caricaturer, c'est son droit le plus strict. Mais en revanche ce que je ne laisserai pas dire, parce qu'il y a une petite musique qui monte disant, en gros, qu'on a laissé faire, que pour salir l'image des manifestants on a laissé casser. Notamment à gauche, on entend ça au PS où on demande une commission d'enquête parlementaire. Les mêmes qui disent, qui s'émeuvent quand on envoie Parce que ce sont les mêmes Black-blocs qui sont à Notre-Dame-des-Landes ou parfois dans certaines universités. Là, on n'aurait pas le droit d'intervenir ; en revanche quand ils sont dans une manifestation avec des représentants de la France Insoumise ou du Parti socialiste, là il faudrait intervenir dans la seconde. Il n'y a pas deux poids deux mesures, il y a l'ordre républicain. Force doit rester à la loi et force restera à la loi.
NICOLAS DEMORAND
Ce qui est étonnant, c'est que le Premier ministre pointe l'irresponsabilité de discours radicaux qui encouragent de tels agissements. Quand il dit ça, il vise qui exactement ? La France Insoumise ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Non, mais écoutez, vous avez vu
NICOLAS DEMORAND
Parce qu'Emmanuel MACRON semble encore plus clair.
BENJAMIN GRIVEAUX
Non, pas la France Insoumise. A nouveau, 1 : vous avez des comportements parfois de quelques représentants de la France Insoumise qui posent des difficultés dans des appels assez violents à manifester. Et vous avez aussi, je rappelle quand même les mots d'ordre qui étaient ceux des manifestants des Black Blocs, donc pas des manifestants qui étaient là pour le 1er mai : « Premiers de cordée, premiers guillotinés. »
NICOLAS DEMORAND
Oui, mais ça c'est les Black Blocs.
BENJAMIN GRIVEAUX
C'est donc ceux-là qu'on appelle les radicalisés. C'est bien ce que je vous dis.
NICOLAS DEMORAND
Et quand le président de la République parle de pyromanes indignés
BENJAMIN GRIVEAUX
Et quand on voit dans des cortèges syndicaux, et on a vu une effigie du président de la République pendu, si vous ne considérez pas que c'est un peu radical et violent, sans doute n'avons-nous pas la même définition de la radicalité de la violence.
NICOLAS DEMORAND
Je pense qu'il y a beaucoup de gens, dit le président de la République, qui veulent rejouer la partie démocratique. Ils n'ont jamais accepté la défaite, ils aiment la démocratie quand ils gagnent et il précise à propos des Insoumis et de Jean-Luc MELENCHON qu'il parle bien de ceux qui proposent des manifestations ou des fêtes. Donc au sommet de l'Etat, il y a bien un lien qui est établi entre une forme d'opposition parlementaire et les types de débordements qu'on a pu voir à Paris.
BENJAMIN GRIVEAUX
Reconnaissons que Jean-Luc MELENCHON est devenu assez le professionnel de la contestation, du complot et du conspirationnisme à tous les étages. Quand il ne gagne pas une élection, il considère qu'elle a été truquée ou qu'il y a des choses qui ne se sont pas passées dans la normalité, parce que si tout s'était passé normalement, Jean-Luc MELENCHON aurait été élu président de la République. Il ne s'est pas qualifié pour le second tour de l'élection présidentielle, il faut qu'il accepte le résultat des urnes.
NICOLAS DEMORAND
Ça, c'est un point.
BENJAMIN GRIVEAUX
Ça ne lui convient pas, mais
NICOLAS DEMORAND
Ça, c'est un point. Mais pour le 1er mai. Benjamin GRIVEAUX, ses propos et sa condamnation ont été clairs de ces violences. Or là, on a l'impression que vous faites le tour de roue.
BENJAMIN GRIVEAUX
Tout n'a pas été clair. Je vous rappelle quand même qu'il a commencé par expliquer que c'était sans doute des groupuscules d'extrême droite et qu'après il a expliqué que l'ambiance mentale du moment faisait qu'en fait, ça n'était pas ça. Donc c'est sans doute d'une obscure clarté comme l'écrivait un grand écrivain auquel je sais que vous êtes sensible.
NICOLAS DEMORAND
Avant de dire que casser un McDONALD'S n'est pas un acte révolutionnaire et de demander à la jeunesse de ne pas céder à ça.
BENJAMIN GRIVEAUX
Oui. Il a mis du temps, il a mis du temps.
NICOLAS DEMORAND
Mais que le président de la République, et j'aimerais vraiment avoir une exégèse de ses propos, que le président de la République fasse un lien aussi clair entre une opposition parlementaire même vive, même dont l'esprit peut lui déplaire, même organisatrice comme il le dit de manifestations ou de fêtes, et des débordements violents illégaux, on est dans un autre espace là entre la cause et l'effet.
BENJAMIN GRIVEAUX
A nouveau, vous avez aussi une responsabilité quand vous êtes un responsable politique de ne pas appeler à avoir des comportements violents ou à vous placer en dehors de la loi, en particulier quand vous êtes parlementaire. Ou alors, si vous considérez que chacun peut se placer en dehors ou au-dessus de la loi, il ne fallait pas devenir parlementaire et contribuer à l'élaboration de la loi.
NICOLAS DEMORAND
On va y revenir avec les auditeurs de France Inter dans quelques instants. On entre dans une nouvelle phase de grève à la SNCF, Benjamin GRIVEAUX. Avez-vous le sentiment pour commencer que le mouvement s'essouffle ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Moi, je ne suis pas là pour juger de savoir si un mouvement s'essouffle ou pas. Il y a une mobilisation un petit peu moindre par rapport au début, mais il y a surtout eu des choses qui ont été actées, qui ont pu être discutées avec les partenaires sociaux sur les conditions de l'ouverture à la concurrence, sur la gouvernance, sur les garanties sociales - le fameux sac-à-dos social - et où on a pu, comme nous l'avions annoncé, non pas mettre ces éléments-là dans des ordonnances mais les inscrire dans le dur, dans la loi, et dans une loi qui a été votée de manière assez massive. Va commencer une deuxième étape qui est très importante, le 7 mai en présence du Premier ministre et avec Elisabeth BORNE, qui va parler de l'avenir beaucoup. Le projet de l'entreprise, le projet pour la SNCF, la question de la dette, la question de la convention de branche.
NICOLAS DEMORAND
Ça ne désamorce pas la grève tout ce que vous venez de dire. Au contraire pour certains points.
BENJAMIN GRIVEAUX
Ça dépend. Ces éléments-là sont importants et les partenaires sociaux y seront évidemment pleinement associés. La direction du groupe aussi parce qu'évidemment, lorsqu'on a un projet d'entreprise, il est important que les partenaires sociaux et la direction du groupe puissent en discuter et c'est comme ça qu'on va continuer à avancer. Est-ce qu'on s'attendait à ce que les choses s'arrêtent du jour au lendemain ? Non. A nouveau, je respecte le droit de grève. Evidemment, je pense à nos concitoyens qui chaque matin, parce que ça pénalise les gens qui prennent le TGV, c'est deux cent mille par jour, mais ça pénalise surtout les gens qui, et ils sont près de quatre millions et demi chaque jour, prennent le train pour faire des trajets dits pendulaires entre leur travail et leur domicile et qui subissent encore lourdement les effets de cette grève.
NICOLAS DEMORAND
Est-ce que la campagne présidentielle d'Emmanuel MACRON a reçu des avantages indus de la part de la société GL EVENTS comme le pointe Mediapart, Benjamin GRIVEAUX ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Ecoutez, la commission nationale des comptes de campagne a considéré que les comptes de la campagne d'Emmanuel MACRON étaient les plus sincères de tous les comptes de campagne. Puisqu'ils ont ce qu'on appelle réformé, c'est-à-dire réintégré dans les comptes cent vingt mille euros soit quatre fois moins que Jean-Luc MELENCHON, puisque lui a été réformé à hauteur de plus de quatre cent cinquante mille euros et alors Marine LE PEN était à plus, elle, de huit cent mille euros de réformation. Donc ce sont les comptes les plus sincères. Après, vous avez les éléments sur les montants de la salle, la fameuse salle de la Mutualité. Je vais vous faire une confidence. Quand vous réservez une salle à la Mutualité le 12 juillet 2016, le prix est un peu moins élevé qu'en avril 2017 à quelques semaines du premier tour de l'élection présidentielle. Ce qu'on avait fait, nous on a fait un choix très précis dans la campagne, on a pris quelqu'un, on a embauché des gens en CDI dans l'équipe de campagne qui sont des pros de l'événementiel, dont c'est le métier, et qui ont fait ces négociations et qui ont bien négocié. Et puis on avait un deuxième avantage par rapport à beaucoup d'autres : c'est qu'on avait des centaines et des centaines de bénévoles qui nous ont aidé à faire le montage de salles, le montage de scènes et cætera, et que ça a permis d'avoir des éléments qui coûtent moins chers et des meetings qui coûtent moins chers.
NICOLAS DEMORAND
Il n'y a pas eu de distorsion de concurrence par rapport à d'autres candidats qui n'ont pas eu droit aux mêmes ristournes ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Mais il faut savoir négocier. A nouveau, quand vous faites un meeting à la Mutualité en avril 2017, ça coûte plus cher qu'en juillet 2016. Si vous prenez un billet d'avion le 24 décembre pour partir au soleil, ça va vous coûter plus cher que si vous le prenez deux mois avant. C'est exactement le même principe : vous avez pendant les périodes de l'année des prix qui varient en fonction des moments où vous louez. Ç'a été expliqué très bien par le patron de GL EVENTS.
NICOLAS DEMORAND
Les comptes sont très clairs pour vous.
BENJAMIN GRIVEAUX
Ce n'est pas moi qui le dis, c'est la commission nationale des comptes de campagne.
NICOLAS DEMORAND
Il est 08 heures 34. Benjamin GRIVEAUX, porte-parole du gouvernement, est l'invité de France Inter.Source : Service d'information du Gouvernement, le 4 mai 2018