Interview de Mme Florence Parly, ministre des armées avec Cnews le 25 mai 2018, sur la trahison de deux anciens espions de la DGSE, la loi de programmation militaire, le service national, l'accord relatif au nucléaire iranien et sur l'armée française et le génocide au Rwanda.

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Média : CNews

Texte intégral


CLELIE MATHIAS
L'affaire des anciens espions de la DGSE, les nouvelles technologies ou encore les dossiers iraniens et syriens, autant de thèmes qui vont être abordés dans l'Interview politique de Jean-Pierre ELKABBACH qui reçoit ce matin Florence PARLY, la ministre des Armées, bienvenue dans votre matinale sur Cnews.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
A Saint-Pétersbourg Emmanuel MACRON est Vladimir POUTINE dialoguent en ce moment sans concession de puissance à puissance, nous allons voir si c'est à armes égales, vous nous le direz peut-être tout à l'heure, bienvenue Madame le Ministre, on est heureux de vous accueillir à CNews, Florence PARLY bonjour.
FLORENCE PARLY
Bonjour.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais auparavant je voudrais de ce qui a été révélé la nuit dernière sur le fait que deux agents Français ou ex-agents Français ont été pris soupçonnés pour avoir trahi au profit de puissances étrangères, qu'est-ce que vous pouvez en dire ce matin au-delà et davantage ?
FLORENCE PARLY
D'abord confirmer qu'en effet deux agents Français qui appartiennent au ministère et probablement l'un des conjoints de ces agents ont été accusés de faits graves susceptibles d'être qualifiés de faits de trahison pour avoir a livré des informations ou avoir été susceptibles de livrer des informations à une puissance étrangère et ces informations peuvent, potentiellement, mettre en cause la sécurité de l'Etat. Je ne peux pas en dire beaucoup plus, pour une raison très simple, c'est que la justice est évidemment saisie de cette affaire et, si elle l'a été, c'est précisément parce que le service auquel ces agents ont appartenu dans le passé puisqu'ils n'en font plus partie - ils sont à la retraite – c'est le service la DGSE qui a saisi d'elle-même la justice, nous avons fait ce qu'on a appelle un article 40.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ce sont des agents de la DGSE, vous dites aujourd'hui ils sont retraités, mais les deux étaient en service et en fonction quand ils ont trahi ?
FLORENCE PARLY
Très probablement, sinon la DGSE n'aurait pas été amenée à enclencher cette enquête et le ministère des Armées n'aurait pas été amené à saisir par la voie de l'article 40.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que les deux travaillaient ensemble ?
FLORENCE PARLY
Est-ce que ?
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Les deux travaillaient ensemble ?
FLORENCE PARLY
Je n'ai pas de détail aujourd'hui à fournir, ça c'est l'instruction qui le déterminera.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et vous savez depuis combien de temps ils pratiquaient ces actes hostiles à leur propre pays ?
FLORENCE PARLY
Encore une fois c'est un sujet qui est en cours d'instruction et c'est la justice bien sûr qui jugera le moment venu ce qu'elle a à communiquer en fonction des conclusions qu'elle tirera de l'instruction de cette affaire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous avez dit vous-même au début de cet entretien, ils sont accusés, ils ne sont pas soupçonnés, ils sont accusés ?
FLORENCE PARLY
Peut-être que ma langue a fourché, tant que la justice ne s‘est prononcée l'accusation n'est pas figée.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, oui.
FLORENCE PARLY
Donc ce sont des faits susceptibles, ce sont des faits susceptibles de donner lieu à des condamnations, mais la condamnation…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Des agissements, avez-vous dit, des agissements d'une extrême gravité…
FLORENCE PARLY
Mais la condamnation n'est pas encore intervenue.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire livraison à une puissance étrangère d'informations portant atteinte aux intérêts du pays et une compromission sur les secrets de la Défense, c'est une accusation lourde ?
FLORENCE PARLY
J'ai dit susceptible de.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Susceptible de. Est-ce qu'il s'agit de secrets d'Etat, de secrets militaires, de secrets industriels, de secrets politiques ?
FLORENCE PARLY
Je comprends très bien qu'au lendemain de la révélation de cette affaire beaucoup de questions se posent mais je ne suis pas en mesure d'y répondre tout simplement parce que c'est la justice qui est en charge et puis vous comprendrez que ce n'est pas sur un plateau de télévision qu'on rentre dans ce genre de détail.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Très bien ! Mais vous l'avez appris vous-même, vous le saviez depuis quand, parce que ça s'est produit... ils ont été arrêtés, etc., repérés et arrêtés en décembre, depuis vous le saviez, tout de suite ?
FLORENCE PARLY
A la même période bien sûr.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui ! Et c'était la DGSE et vos services qui les avez repérés et ensuite qui ont fait toutes les procédures avec la justice ?
FLORENCE PARLY
C'est le ministère qui a pris l'initiative de saisir la justice, je crois que c'est ça qui est important, ce qui est important c'est que les Français sachent que nous sommes d'une extrême vigilance dans ce domaine. Il faut aussi, je crois, être lucide, nous savons que nous vivons dans un monde dangereux et que par conséquent ces choses-là malheureusement peuvent arriver et donc c'est la vigilance que nous mettons en oeuvre qui est évidemment essentiel. Je voudrais aussi ajouter un point, c'est que les agents qui travaillent pour l'ensemble des services de renseignements français font un travail très difficile et je voudrais leur rendre hommage et je voudrais surtout rassurer les Français parce que nous sommes d'une très, très grande vigilance et la preuve de cette vigilance c'est que c'est nous-mêmes qui avons saisi la justice.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
L'un d'eux est en poste à Pékin, c'est la Chine qui a bénéficié de leur trahison ?
FLORENCE PARLY
Je n'ai pas de révélation à faire dans ce domaine.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous pouvez me dire non ou oui simplement.
FLORENCE PARLY
Ce n'est pas sur un plateau de télévision que ces choses-là se traitent.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Un pays, la Syrie ? Au profit de la Syrie ? Au profit d'un pays arabo-musulman ? Au profit de Daesh ?
FLORENCE PARLY
Mais, Jean-Pierre ELKABBACH, on pourrait faire le jeu des devinettes encore longtemps…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Non, ce n'est pas des devinettes…
FLORENCE PARLY
Le monde est grand.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Autrement dit on le saura le jour de leur procès parce qu'ils seront jugés ?
FLORENCE PARLY
On le saura, bien sûr qu'on le saura.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qui les jugera, quel tribunal va les juger ?
FLORENCE PARLY
Cette affaire est entre les mains du procureur.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui. Mais c'est donc un tribunal civil, il n'y a pas un tribunal d'exception particulier pour les faits de trahison ?
FLORENCE PARLY
Un tribunal normal.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ils ont travaillé au profit de puissances étrangères, qui est l'ennemi de la France aujourd'hui ?
FLORENCE PARLY
La France a des partenaires et elle vit dans un monde dangereux, donc elle a des partenaires, des alliés et tous les autres pays ne sont pas par opposition ses amis mais ce sont des pays avec lesquels...
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Très bien, mais on voit bien que toute votre stratégie militaire - et on va voir le budget, etc. - est destinée à moderniser l'armée, les soldats, la vie des soldats, la vie sociale des soldats, etc., mais aussi contre les ennemis potentiels de la France pour plus tard et les ennemis actuels c'est qui, ce n'est pas la Russie – je ne sais pas – mais c'est qui, c'est le terroriste, c'est qui ?
FLORENCE PARLY
Nous avons mené un travail qui s'appelle la revue stratégique destiné à actualiser le contexte géopolitique dans lequel nous sommes et, ce travail, a permis de souligner deux choses : la première, c'est que nous avons une priorité, parce que c'est une menace majeure, c'est la lutte contre le terrorisme ; et par ailleurs nous voyons remonter des Etats puissances qui adoptent des stratégies qui peuvent être agressives, ces Etats puissances nous les connaissons : la Russie, la Chine, ils sont cités dans ce document…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
La Turquie, l'Iran, etc., est-ce que ce sont nos ennemis ?
FLORENCE PARLY
Mais ce n'est pas parce que des Etats…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est le terrorisme et ceux qui les inspirent ?
FLORENCE PARLY
Ce n'est pas parce que des Etats adoptent une attitude qui est plus agressive qu'elle ne l'était dans le passé qu'ils sont nécessairement des ennemis, nous ne sommes pas en guerre avec eux…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Justement est-ce qu'on est en guerre ou comme disent certains, pas plus tard qu'hier Donald TRUMP, nous sommes dans un climat de guerre ou d'avant-guerre ?
FLORENCE PARLY
Nous sommes dans un climat dangereux parce que le monde est redevenu dangereux, il est devenu imprévisible, les conflits sont asymétriques, les conflits prennent des formes hybrides - nous le voyons bien tous les jours - donc oui le monde est dangereux, c'est parce que le monde est dangereux que nous avons souhaité et que le président de la République a souhaité que l'on redonne des moyens à nos armées pour pouvoir face.…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On y arrive, on y arrive.
FLORENCE PARLY
Aux différentes menaces auxquelles nous sommes exposés.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Menace ça veut dire qu'il peut y avoir pas seulement des petits conflits malheureusement sanglant s mais il peut y avoir un grand conflit dont il faut s'extirper. Une dernière question sur les deux qui ont été arrêtés, comment vous pourriez être sûre que des soupçons, des accusations ne soient pas portées sur d'autres agents de la DGSE au profit d'autres puissances étrangères ?
FLORENCE PARLY
Mais, comme je vous l'ai dit, nous exerçons une vigilance de tous les instants et nous ferions si tel était le cas - et à ma connaissance nous n'avons aucune raison d'avoir de doute à l'heure où je vous parle – et, si c'était le cas, bien sûr nous reproduirions les mêmes procédures, c'est-à-dire que nous saisirions la justice, mais encore une fois nous n'avons pas d'élément...
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous surveillez ?
FLORENCE PARLY
Mais naturellement que nous surveillons, c'est notre…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, et ces puissance étrangères…
FLORENCE PARLY
C'est même notre rôle.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et ces puissances étrangères ce sont ennemies de la France ?
FLORENCE PARLY
Mais vous savez bien, Jean-Pierre ELKABBACH, que les pays sont en compétition les uns avec les autres…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais pas en guerre.
FLORENCE PARLY
Ils sont en compétition sur différents terrains, que ce soit le terrain militaire, que ce soit le terrain technologique, scientifique, économique, nous ne vivons pas dans un monde comme on dit de Bisounours.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, oui, gentil et bas-bleus. La France aura donc la Loi de programmation militaire pour les six prochaines années 2019 – 2025, au Sénat il y a deux jours vous avez même été félicitée par l'opposition républicaine, Christian CAMBON qui le président de la commission, mardi vote solennel, est-ce que vous avez obtenu Florence PARLY les crédits dont les armées ont besoin ?
FLORENCE PARLY
Jean-Pierre ELKABBACH, ce que je peux dire c'est que pour 2017 - année qui est terminée - et 2000 18 - année en cours - j'ai obtenu des crédits en forte progression, 2017 le budget de l'armée a été exécuté conformément au budget initial et ceci contrairement à beaucoup de vociférations que nous avons entendues, en 2018 le président de la République a souhaité que les moyens des armées progresse fortement et cela sans attendre le vote de la Loi de programmation militaire, donc nous avons un budget en progression de 1,8 milliard d'euros par rapport à 2017, ça ce sont des actes, ce sont des faits.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et au total ?
FLORENCE PARLY
Et maintenant nous avons abordé la question de la programmation pour les sept prochaines années, parce que nous investissons sur une très longue durée et donc les militaires, les armées, notre Défense a besoin de cette programmation de longue durée…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire que la promesse en 2025 de 2 % du PIB sera-t-elle maintenue ?
FLORENCE PARLY
Et donc la promesse et l'engagement c'est qu'en 2025 l'effort pour notre Défense soit porté à 2 % de la richesse nationale, et c'est ce que cette Loi de programmation militaire organise avec des progressions année après année très importantes qui doivent nous amener à ce 2 %…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'accord. Un effort constant ?
FLORENCE PARLY
Et c'est donc en termes de milliards - permettez-moi de citer des chiffres…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Combien ?
FLORENCE PARLY
295 milliards d'euros pour les sept prochaines années, ce sont donc des sommes tout-à-fait considérables ; et surtout je voudrais insister sur un point, c'est que c'est la première fois depuis la fin de la Guerre froide que les moyens du ministère des Armées sont en forte progression, pendant 20 ans les budgets des ministères des Armées de très nombreux pays ont été en forte diminution et aujourd'hui c'est le renouveau des armées qui commence.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
L'effort sera consent, avez-vous dit, avec tout de même un grand plus : + trois milliards par an à partir de 2023, de 2023 à 2025, ma question elle est plutôt politique, Emmanuel MACRON est président à l'Elysée jusqu'en 2022, est-ce de la prévoyance pour son éventuel successeur 2023-25 ou est-ce qu'il fait des réserves pour lui-même pour le cas où il serait candidat à un deuxième mandat ?
FLORENCE PARLY
Deux choses : tout d'abord, cette Loi de programmation militaire elle répare le passé, puisqu'il y a eu beaucoup de.…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
De retard.
FLORENCE PARLY
De diminution de moyens et de retard pris et elle prépare l'avenir, nous commençons par réparer le passé de façon prioritaire ; deuxième réponse, nous avons prévu un rendez-vous en 2021, donc nous n'attendons pas les élections présidentielles pour remettre l'ouvrage sur le métier, d'abord vérifier que nous avons bien tenu les engagements que l'on a compris et surtout sécuriser la réalisation de cet objectif d'atteindre 2 % du PIB en 2025, parce qu'aujourd'hui personne ne sait ce que sera le PIB en 2025, en 2021 on l'appréhendera mieux.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous avez dit tout à l'heure : « les vociférations de l'année », on sait tout ce qui s'est dit autour de la succession du Général de VILLIERS qui a démissionné, etc., est-ce qu'après la crise de l'an dernier la boucle est bouclée et est-ce que par exemple le 14 juillet sera un 14 juillet cette année en ordre, en paix, en tranquillité ?
FLORENCE PARLY
Vous savez je regarde vers l'avenir, on a fait cette Loi de programmation militaire en quelques mois - c'est inédit - et mon espoir c'est qu'au 14 juillet nous soyons proches d'une Loi de programmation militaire votée qui permette aux militaires d'aller de l'avant avec confiance parce qu'ils ont un travail difficile à réaliser, des missions difficiles, engageantes, pour lesquelles ils prennent des risques et ils ont besoin de ces équipements, de ces matériels, de ses conditions de vie d'entraînement…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Justement…
FLORENCE PARLY
Sur lesquelles nous avons travaillé.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et pendant les débats les parlementaires vous ont souvent posé des questions pour que vous répondiez aux besoins grands et petits si je puis dire des soldats, par exemple des fusils, des missiles qui tirent, des chars peu rouillés qui ne s'enlisent pas, des hélicoptères et des avions qui décollent et qui volent, des gilets pare-balles moins lourds et qui protègent, est-ce qu'ils les auront ?
FLORENCE PARLY
Oui ils les auront, nous avons voulu de façon prioritaire traiter les questions qui concernent les hommes et les femmes du ministère des Armées, souvent dans le passé lorsqu'il y a eu des coupes budgétaires ce sont les petits équipements, ceux qui protégeaient les soldats, qui ont été sacrifiés - et ça c'est inacceptable - donc nous avons d'abord mis la priorité sur ces petits équipements, qu'il s'agisse des gilets pare-balles dernière génération, il y en aura 55.000 livrés pendant cette Loi de programmation mais 25.000 dès l'année 2019, ce sont les casques en matériaux composites, ce sont les treillis ignifugés qui permettent aux soldats de gagner du temps en cas d'incendie, bref ce sont tous ces petits équipements qui sont essentiels à la protection du soldat que nous allons traiter d'abord ; Mais c'est aussi les matériels, par exemple les véhicules blindés légers, ceux qui sont déployés au Sahel…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Les hélicoptères, les avions…
FLORENCE PARLY
Les hélicoptères, sur lesquels il y a des carences qu'il nous faut réparer, carences liées à la vétusté de ces matériels ou simplement au fait qu'un certain nombre d'entre eux sont manquants.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire qu'avec les crédits importants dont vous parlez vous allez pouvoir vous occuper des matériels et des décisions pour 2032 – 2040, ce que vous allez avoir à faire avec le président, le nouveau CEMA, c'est-à-dire le Général LECOINTRE, le Premier ministre, etc. Je vais vite parce qu'il y a tellement de sujets qu'on a envie d'aborder avec vous ! Le président de la République maintient son projet de service national universel, il est encore flou, qu'est-ce que vous pouvez en dire sur la durée, sur ce qu'ils vont faire, qui ça va concerner - parce qu'on dit que ça va concerner des jeunes garçons et filles - combien par année, etc. ?
FLORENCE PARLY
C'est un formidable projet, c'est un projet de société, le président Macron l'avait annoncé dans le cadre de sa campagne, nous sommes en train en ce moment de travailler pour en définir les contours. Ce qui est certain c'est que cela concernera l'ensemble d'une classe d'âge, c'est-à-dire environ 800.000 jeunes chaque année…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Garçons et filles ?
FLORENCE PARLY
Les jeunes garçons comme les jeunes filles naturellement, que c'est un service national qui ne sera pas militaire au sens où nous ne sommes pas en train de travailler à la réinstauration du service militaire tel qu'il existait il y a 20 ans…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et le Général LECOINTRE, ici, a dit : « ce n‘est pas l'armée qui paiera, le budget c'est les autres aussi ».
FLORENCE PARLY
Et le président de la République a affirmé, confirmé - et ceci a été d'ailleurs figé dans le marbre de la Loi de programmation militaire dans le cadre de la discussion au Sénat - que les moyens de la Loi de programmation militaire ne seraient pas utilisés pour financer le service national puisqu'il y aura un système de financement spécifique.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et ce service sera-t-il obligatoire ?
FLORENCE PARLY
Ce service il sera pour tous les jeunes d'une classe d'âge, les modalités n'en sont pas encore fixées, l'âge à partir duquel les jeunes devront faire ce service n'a pas encore été déterminé, tout comme la durée, toutes sortes de questions qu'évidemment beaucoup de Français se posent parce que ce sujet passionne et c'est une excellente chose parce que c'est aussi le reflet d'un désir profond d'engagement et un profond engagement qui est partagé par notre jeunesse.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et il sera obligatoire le jour où ça sera décidé ?
FLORENCE PARLY
Le jour où ça sera décidé nous verrons…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais on approche de la décision.
FLORENCE PARLY
Nous verrons de quelle manière ce service national se mettra en oeuvre, à partir de quelle date.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Un mot encore, au nom de la laïcité les soldats sont autorisés à pratiquer bien sûr leur religion quelle qu'elle soit mais est-ce que vous acceptez que des soldats ou des soldates portent, les soldats par exemple la kippa et les soldates le voile ou le foulard ?
FLORENCE PARLY
L'uniforme est le seul habit qui est accepté dans les armées et, donc, l'uniforme chacun le connaît il est dépourvu de signes religieux, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas des aumôniers, quand je dis aumôniers de toutes les religions au sein des armées, mais l'uniforme ne présente aucun signe distinctif en termes de religion.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et naturellement nous suivons ce qui est en train de se faire à Saint-Pétersbourg entre Emmanuel MACRON et Vladimir POUTINE sur l'Iran, apparemment on ne veut pas renégocier l'accord qu'a rompu Donald TRUMP avec les Iraniens sur le nucléaire militaire, on voudrait - a dit monsieur MACRON - qu'il soit complété, éventuellement prolongé, et on tient cet accord ?
FLORENCE PARLY
Notre volonté c'est de continuer de faire vivre cet accord, la France l'a signé avec d'autres pays : l'Allemagne, le Royaume-Uni, la Chine, la Russie, tous ces pays souhaitent que cet accord puissent continuer de vivre et nous souhaitons que l'Iran continue de l'appliquer ; et nous souhaitons également que l'AGENCE INTERNATIONALE DE L'ENERGIE ATOMIQUE puisse continuer à surveiller quoi au fond ? Le fait que nous ne voulons pas que l'Iran puisse développer son programme nucléaire ! C'était l'objet du Traité de Vienne qui a été signé en 2015 - c'était un grand pas je crois pour la non-prolifération des armes nucléaires - et c'est pour cela que la France est attachée à l'application de ce traité et ce n'est pas parce que les Etats-Unis ont décidé d'en sortir que les autres signataires ne sont pas déterminés à mettre en oeuvre ce traité jusqu'au bout.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Aussitôt après cet entretien sur CNews, vous allez vous aussi à VivaTech qui a un succès fou dès le début, parce que les armées seront présentes…
FLORENCE PARLY
Bien sûr !
JEAN-PIERRE ELKABBACH
VivaTech l'innovation dans l'armée ?
FLORENCE PARLY
Bien sûr, l'innovation et l'armée c'est une longue histoire, et c'est une longue histoire qui se poursuit et qui s'adapte également à l'innovation d'aujourd'hui. Pendant des années le ministère des Armées et la Défense en général ont été à la pointe des innovations technologiques, il faut qu'elle le reste, mais les conditions de l'innovation se transforment, de plus en plus l'innovation est le fait du monde civil, la révolution numérique est passée par là, et par conséquent…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
L'intelligence artificielle, le numérique…
FLORENCE PARLY
L'Intelligence artificielle, et surtout l'innovation se fait sur des durées de plus en plus brèves, vous le voyez vous-même vous téléchargez sans cesse de nouvelles applications…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, oui, oui, donc il faut s'adapter tout le temps.
FLORENCE PARLY
Et il faut que les armées aussi.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Une autre fois vous nous direz ce que vous allez faire en matière de sous-marins, si vous allez... mais une question, vous avez dit vous-même : « les drones d'observation que la France... depuis de Jean-Yves LE DRIAN, François HOLLANDE en ont loués aux Américains ou achetés, on pourra les équiper et les armer, c'est-à-dire que les drones pourront être utilisés sur des terrains de bataille, etc. - par exemple en Afrique, au Mali, etc. - et cette fois-ci ce seront des drones tueurs, des drones français comme on dit killers ?
FLORENCE PARLY
aujourd'hui Jean-Pierre ELKABBACH nous utilisons des drones qui font de la surveillance et, lorsque ces drones de surveillance identifient une menace, il faut faire appel à des avions de chasse, des hélicoptères pour intervenir et neutraliser cette menace - c'est une perte de temps et d'efficacité – demain, avec des drones armés, nous aurons la possibilité d'être plus efficaces, ce qui ne signifie pas que ce sont des robots tueurs - là je m'insurge et je m'inscris en faux contre cela…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire qu'ils auront des pilotes de loin, mais ils auront des pilotes et…
FLORENCE PARLY
Les pilotes continueront d'être basés sur les théâtres d'opérations extérieures eux-mêmes, donc il ne s'agit pas de piloter des drones depuis la France a des milliers de kilomètres de la cible ou du théâtre, il s'agit d'être comme les pilotes de chasse d'être sur place et de commander ces drones sur place…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Je vais me faire tirer les oreilles si je…
FLORENCE PARLY
Et l'homme est donc dans la boucle.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Je sais que je vais un peu prolonger, mais une minute, le président du Rwanda Paul KGAME on l'a vu à Paris il y a plusieurs jours à VivaTech et à l'Elysée, il a l'air de devenir le nouvel ami - pour ne pas dire le nouveau copain d'Emmanuel MACRON - or c'est KAGAME qui avait accusé à l'époque messieurs BALLADUR, VEDRINE, JUPPE et l'armée française d'avoir laissé massacrer les Hutus et les Tutsis, de n'avoir pas bougé, est-ce que c'est naturellement faux, est-ce que vous ouvrirez les archives militaires comme vous le demande l'amiral LANXADE ?
FLORENCE PARLY
Jean-Pierre ELKABBACH, nous avons déclassifié de très nombreuses archives, par 11 fois des demandes de déclassification ont été faites, par 11 fois le ministère des Armées a suivi l'avis de la commission en charge de la déclassification, le président de la République a indiqué que le travail sur les archives serait poursuivi, amplifié si nécessaire, et donc le ministère des Armées s'inscrira dans la même politique que celle qu'il a déjà poursuivie jusqu'à présent.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Parce que les reproches étaient que l'armée dans l'opération Turquoise avait laissé faire les massacres…
FLORENCE PARLY
Moi je ne veux pas
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais est-ce qu'on peut défendre l'Armée française, est-ce qu'elle a eu tort, est-ce qu'elle est intervenue ? C'est tout !
FLORENCE PARLY
Il y a une chose que je ne laisserais pas dire et pas faire, c'est mettre en cause l'honneur des soldats qui ont été au Rwanda dans l'opération Turquoise…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc, ils ont fait leur mission ?
FLORENCE PARLY
Ils ont accompli leur mission.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et quand vous dites : « on va ouvrir les archives, entrouvrir les archives, à force de les entrouvrir vous allez les ouvrir complètement ?
FLORENCE PARLY
On n'entrouve pas, on les ouvre, et le président de la République a par ailleurs indiqué qu'un travail serait confié à des chercheurs et des historiens pour que ce travail historique puisse aller à son terme.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Merci d'être venue, vous voyez il y avait beaucoup de questions et beaucoup d'autres questions sacrifiées…
FLORENCE PARLY
Merci.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous êtes la bienvenue sur CNews, merci d'être venue.
FLORENCE PARLY
Merci beaucoup.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Bonne journée.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 29 mai 2018