Texte intégral
Merci Cher Ami,
Vous avez dit l'essentiel de nos points de discussion et de nos points d'accord, je ne vais pas les reprendre tous, parce que je partage le bilan que vous avez dressé il y a un instant.
Je voudrais d'abord vous dire que je suis très heureux d'être ici à Tbilissi. J'avais effectué un séjour de plusieurs jours au mois de septembre 2016, alors que j'étais le ministre de la défense. J'en ai gardé un très bon souvenir et un attachement singulier à votre pays. Pour moi, c'est un grand plaisir d'être à nouveau ici à un moment particulier, symbolique, puisque c'est le centième anniversaire de votre première indépendance. Je suis très honoré de représenter à ces cérémonies le président Macron et le gouvernement français.
Je disais tout à l'heure au Premier ministre qu'en fait, lorsqu'on refait l'histoire de la Géorgie, on s'aperçoit qu'à chaque moment décisif de l'histoire de la Géorgie, la France était au rendez-vous, que ce soit de 1918 à 1921, que ce soit après 1921 avec le gouvernement en exil. À l'époque le ministre des affaires étrangères français recevait le gouvernement en exil à Paris, puis ensuite en 1991, puis au moment de la révolution des Roses, puis en 2008. C'est en 2008 à des moments un peu dramatiques, que la France qui exerçait alors la présidence de l'Union européenne s'est mobilisée pour contribuer à mettre un terme aux affrontements, et faire en sorte que les armes cèdent la place au dialogue. Nous avons, je crois, avec d'autres mais sur notre impulsion, obtenu un arrêt des combats et la signature des accords avec la Russie. Ces accords, Monsieur le ministre, sont pour nous toujours la base de la résolution du conflit, et je le redis : la France se tient aux côtés de la Géorgie pour demander que leur mise en oeuvre soit poursuivie. Nous voulons vous assurer à nouveau de notre soutien à la souveraineté, à l'indépendance et à l'intégrité territoriale de la Géorgie dans ses frontières internationalement reconnues. Nous le disons, nous le répétons et nous sommes dans les rendez-vous internationaux en permanence sur cette ligne.
Vous avez évoqué tous les sujets qui sont sur la table, les sujets de défense qui devront être renforcés, je souligne, en particulier, l'importance de votre présence dans les opérations de maintien de paix, singulièrement, en République centrafricaine, mais aussi l'importance des échanges dans les domaines de formation, dans le domaine de l'acquisition d'équipements indispensables. Ce dialogue-là se poursuivra mais il y a beaucoup d'autres sujets, singulièrement aujourd'hui, les échanges universitaires. La France et la Géorgie entretiennent des relations déjà denses. Vous-même, vous étiez formé dans une université française, je n'ai pas été formé dans une université de Géorgie, en tout cas pas encore, mais cela crée des liens, aujourd'hui il y a plus de 600 étudiants géorgiens qui sont inscrits dans des établissements français.
Nous avons décidé de renforcer cette dynamique ensemble, au-delà même de 30 accords de coopération qui lient déjà des établissements français et géorgiens, en établissant aujourd'hui une université franco-géorgienne comme réseau de formation conjoint entre les établissements géorgiens - d'une part l'université d'Etat de Tbilissi Djavakhichvili et l'université technique de Géorgie qui se sont beaucoup engagées dans ce partenariat et de l'autre six établissements français. Je suis obligé de citer l'université de Rennes I, d'abord parce que c'est vrai et ensuite parce que vous avez, Monsieur le Président, joué un rôle important dans cette initiative. Je ne cite pas tous les autres, je ne sais pas qui est présent, mais je sais que toutes les autres Université de Montpellier, de Lyon en particulier sont parties prenantes de cet accord qui est un véritable laboratoire expérimental de ce qu'on veut faire demain. C'est une très grande avancée et un très bon concept que nous venons de valider aujourd'hui et je m'en réjouis.
Quand j'étais venu comme ministre de la Défense, cette coopération était très embryonnaire et elle a passé une étape essentielle. En effet, que tout cela se soit déroulé en présence du Premier ministre est tout à fait révélateur, avec notamment le ministre de l'éducation, cher ami, Chkhenkeli. Je suis très heureux de votre engagement aussi dans cette affaire.
Il y a d'autres dossiers comme le dossier économique que vous avez évoqué, le dossier d'infrastructure, notre capacité à travailler ensemble sur des projets significatifs, l'ensemble de la coopération culturelle que nous partageons. Ce qui nous a amené à proposer que nous passions une étape qualitative dans nos relations et notre fonctionnement partenarial, pour que nous constituions un dialogue qui nous permettra tous les ans, de faire un point sur l'ensemble des sujets de nos partenariats, que ce soit les sujets stratégiques, politiques, l'appréciation de la situation internationale, que ce soit les sujets éducatifs, universitaires que nous venons d'évoquer, mais aussi économiques, industriels, culturels, bref, l'ensemble de notre partenariat dans un dialogue, que je propose d'appeler le dialogue "Amilakhvari". En effet, Dimitri Amilakhvari était un héros géorgien qui est venu en France en 1922 dans les conditions qu'on connait, devenant le Colonel de la légion étrangère française, il mourut pour la France dans les sables de l'Egypte d'El-Alamein, après avoir reçu la Croix de la Libération du général de Gaulle. On ne peut pas avoir un meilleur exemple.
Je dirai pour conclure : vive le dialogue Amilakhvari que nous venons de créer qui est le symbole d'une excellente collaboration entre la Géorgie et la France.
Merci.Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 1er juin 2018