Conférence de presse conjointe de MM. Emmanuel Macron, Président de la République, et Malcom Turnbull, Premier ministre australien, sur les relations franco-australiennes, à Sydney le 2 mai 2018.

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Circonstance : Voyage officiel en Australie, les 1er et 2 mai 2018

Texte intégral


Malcolm TURNBULL : « Monsieur Président, cher Emmanuel, bienvenue encore une fois. Vous avez pu apprécier un accueil très chaleureux et très enthousiasme aussi à Sydney. Je pense que l'Australie, ça vous plaît, et que vous vous plaisez aussi à l'Australie. Alors merci infiniment.
Nous avons eu de très intéressants entretiens, ici à Admiralty House avec nos collègues, nos ministres. Et nous avons reconnu, comme c'était le cas pendant les manifestations précédentes, combien nos deux pays ont en commun.
Nous avons évoqué et nous avons honoré les sacrifices conjoints sur les champs de batailles et nous avons également réfléchi aux sacrifices en France, dans la région de la Somme où vous êtes né, cher président. Et bien évidemment ce sacrifice commun marque notre histoire, définit notre histoire et nos souvenir. C'est là le fondement de notre avenir. Notre avenir qui est défini par les opportunités et les valeurs partagées, les valeurs pérennes. A savoir la liberté, la règle du droit, la démocratie, l'égalité entre les hommes et les femmes, le respect réciproque,… Ces valeurs pérennes n'ont jamais été aussi d'actualité quelles ne le sont aujourd'hui et elles définissent nos deux nations et nos deux grandes démocraties.
L'Australie et la France sont des forces de bien dans le monde. Nous nous tenons debout unis, oeuvrant ensemble pour protéger et soutenir la paix et la prospérité. Et lorsque je me trouvais à Villiers-Bretonneux la semaine dernière, le lien que nous avons forgé est aussi puissant que jamais. Plus de cent ans après, nous nous tenons côte à côte et nous nous unissons contre le terrorisme, contre ceux qui voudraient sapés l'intégrité de nos institutions démocratiques, contre les gouvernements qui utilisent des armes chimiques contre leurs ressortissants… Mais notre relation n'est pas définit par ce à quoi nous nous opposons mais plutôt par ce que nous défendons.
Le Président a dit dans son ouvrage « Révolution » qu'il est un homme du pour. Un leader positif, et nous aussi sommes positifs, car nous représentons les valeurs partagés que sont la démocratie, l'opportunité, la liberté. Nous soutenons un ordre sur base des règles et le fait d'être puissant ne signifie pas qu'on ait raison. Lee Kuan Yew, l'un des grands leaders de notre région, fondateur de Singapour et Lee Hsien Loong, Premier ministre actuel… Lee Kuan Yew disait, il y a cinquante ans, dans les années soixante : « Nous ne voulons pas d'un monde où il y est des grands poissons qui mangent les petits poissons, et les petits poissons qui mangent les crevettes. »
Nous reconnaissons qu'un engagement envers des échanges ouverts et libres doivent être sous-tendus par les règles du droit pour garantir notre prospérité commune. Nous nous sommes engagés pour renforcer notre coopération dans la région de l'indopacifique car nous partageons la vision d'un indopacifique libre et prospère. Et, nous allons oeuvrer étroitement ensemble pour garantir que ça se fasse. Qu'il s'agisse de coopération sur les activités maritimes, le soutien pour nos amis du Pacifique, les cas de catastrophe où nous amenons notre soutien. La France est un pouvoir du Pacifique, une nation du Pacifique et une présence très importante dans la région qui ne peut qu'amener des bénéfices pour l'Australie. Et nous accueillons ceci favorablement et continuerons à oeuvrer étroitement avec la France.
Nous avons parlé de notre engagement conjoint contre le terrorisme, dans notre lutte contre le terrorisme. Nous sommes engagés à maintenir des actions conjointes en Irak contre Daech. Nous sommes convenu d'organiser une conférence sur le financement du terrorisme, après celle que le Président Macron a organisé  Paris. Il ne doit pas y a voir d'argent pour financer le terrorisme. Nous devons essayer de bloquer leur finances et ainsi réduire leur capacité à nous nuire. Nous avons condamnés tous les deux l'usage des armes chimiques en Syrie. Et j'ai dit très clairement au Président que l'Australie soutient très fermement l'action que la France a prise de concert avec la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. Et nous en avons parlé. Nous sommes tous les deux engagés pour trouver une solution finale.
Nous avons parlé de notre programme de sous-marins d'avenir. Nous établissons un fondement pour une coopération encore plus approfondit. Nous sommes en train de bâtir ensemble les sous-marins les plus avancés. C'est un programme de cinquante milliards de dollars qui représente un partenariat stratégique qui va durer pendant des générations. Alors que la conception devient plus avancé, nos ingénieurs australiens reviennent en Australie, après avoir été en France, pour transmettre les connaissances qu'ils ont acquises auprès de leurs homologues. Nous avons besoin de cette industrie et mon gouvernement soutient l'entreprise. Nous voulons un plan d'investissement. Vous êtes nos partenaires dans ce grand projet, monsieur le président. Aujourd'hui nous établissons une déclaration conjointe pour établir un cadre d'avenir de coopération par le biais de l'initiative France-Australie, qui va renforcer notre collaboration et garantir une nouvelle ère de coopération entre la France et l'Australie. Nous avons toujours eu des liens très amicaux et positifs entre amis qui partagent les mêmes valeurs. Mais monsieur le président votre visite nous amène à un partenariat beaucoup plus sophistiqué, beaucoup plus approfondi. Nous avons organisé et demandé à nos ministres des Affaires Etrangères de mettre en oeuvre ce projet. Comme premier pas, le président et moi-même allons annoncer un certain nombre de nouvelles initiatives. Nous avons un nouvel accord sur un soutien logistique réciproque qui va améliorer l'opérabilité entre nos forces armées pour réagir à des défis communs. Par exemple, le soutien en cas de catastrophe. Nous sommes prêts à oeuvrer ensemble, à collaborer. Nous avons un nouveau symposium de l'industrie de la défense, pour renforcer la coopération dans le domaine de la défense, qui ira au-delà du programme des sous-marins, afin d'identifier les opportunités d'investissement pour les compagnies australiennes et françaises, et pour garantir que notre industrie de défense dispose des capacités et des compétences pour être concurrentielle sur la scène mondiale. 
Nous avons également une lettre d'intention pour améliorer le partage d'informations des activités, qu'ils s'agisse d'acteur pour lutter, par exemple, contre la criminalité ou les groupes terroristes. Nous avons réaffirmé le fait que les règles qui s'appliquent doivent s'appliquer à tous.
Et nous nous sommes engagés quant à des actions conjointes pour la protection de l'environnement, la lutte contre le réchauffement climatique. Nous allons ensemble oeuvrer sur la résilience. En tant que membres de l'Alliance solaire internationale, nous allons mobiliser des financements, développer des technologies, afin d'exploiter l'énergie solaire dans la région. Et comme je le disais à monsieur le Président nous sommes en train de bâtir la batterie la plus importante de l'hémisphère Sud. Alors nous soutenons l'énergie renouvelable, et je pourrai dire que l'Australie a le pourcentage le plus élevé d'énergie solaire sur les toits du monde. Donc nous sommes très intéressés par cette alliance-là. Le week-end dernier nous avons annoncé l'investissement le plus important pour garantir la résilience dans le récif de la Grande barrière de corail, et ceci pour mettre à contribution les recherches qui ont lieu actuellement, et qui sont très importante pour tous les autres récifs coralliens. Pour la première fois, en fonction de notre garantie d'énergie, nous sommes en train d'intégrer pleinement les politiques liées au climat, liées à l'environnement, pour nous garantir que l'énergie soit durable, soit abordable, et permettent de répondre à nos engagements par rapport aux émissions.
Nous avons également signé un certain nombre d'accords, y compris des protocoles d'ententes entre les universités françaises et australiennes, les institutions de recherches et les projets importants comme la recherche contre le cancer, l'énergie et le domaine de la santé également. Dans tous les domaines que vous pouvaient imaginer, la France et l'Australie oeuvrent ensemble pour améliorer le sort des êtres humains et nous allons faire ceci de façon plus concentrée encore à l'avenir.
Nous avons parlé également du libre-échange et l'importance de l'accord Union européenne/ Australie qui va promouvoir les échanges libres entre l'Australie et l'Union européenne et l'Australie et la France qui ont été de l'ordre de neuf milliards de dollars pendant la période 2016-2017. Nous comprenons tous les deux que les libre-échanges et ces marchés sont très utiles pour fomenter plus d'emplois. Nous avons donc engagé un dialogue ministériel sur les échanges et les investissements afin d'approfondir encore notre relation pour accélérer la création d'emplois dans nos deux pays. Nous avons parlé de nos liens au niveau des entreprises. L'Australie et la France sont toutes deux engagées à augmenter les investissements et réduire les impôts pour essayer de doper les investissements et les emplois.
Monsieur le Président, ici en Australie, vous avez de grands amis. Vous nous avez accueillis, Lucie et moi-même, de façon si chaleureuse à Hambourg. Vous êtes ici entre amis. L'Australie vous souhaite la bienvenue. Nous vous remercions pour votre amitié, pour votre partenariat, et nous nous réjouissons de voir ce partenariat augmenter s'accroître, à l'avenir. Merci, monsieur le Président. »
Emmanuel MACRON : « Merci beaucoup, monsieur le Premier ministre. Merci aux autorités australiennes et aux australiens pour leur accueil, dès hier après-midi.
J'ai en effet tenu à effectuer cette visite en Australie dès la première année de mon mandat, avec une importante délégation ministérielle, parce que je crois beaucoup monsieur le Premier ministre, cher Malcolm, à la pertinence et l'avenir de notre partenariat. Nous sommes profondément liés par le souvenir. Vous l'avez rappelé, nous l'avons vécu ensemble ce matin, comme vous l'avez vécu la semaine dernière en vous rendant aux cérémonies de l'ANZAC Day, en France. Et je vous en remercie à nouveau. Et je crois que votre passage ainsi que le mémorial qui a été financé par votre pays, sont d'importants signes, justement, de ce lien. Nous avons ce matin rappelé, devant le mémorial de Sydney, et en décorant trois vétérans de la Deuxième Guerre mondiale, l'importance de l'engagement constamment pris par l'Australie du lourd tribut payé par vos Diggers aux côtés de nos Poilus durant le premier conflit mondial, au nom de la liberté. Et combien d'ailleurs cette histoire, cet engagement international de votre pays, a été constitutif de l'identité même de la nation australienne. Je voulais à nouveau vous remercier pour cet engagement, remercier l'ensemble de vos compatriotes, et des lycéens de la ville d'Amiens où j'ai moi-même grandi, nous accompagnaient ce matin. Nous avions également des élèves de Canberra et de Nouméa qui étaient avec nous et qui ont, les uns et les autres, reconstitués une partie de cette mémoire commune, qui touche l'Australie, la France, dans toutes ses terres et dans toute sa chaire.
Mais cette histoire nous permet aussi de construire une relation contemporaine extrêmement forte et qui est, pour moi, basée sur, d'une part une vision de long terme extrêmement cohérente, et une volonté d'agir très rapidement ensemble face aux défis contemporains. Beaucoup de progrès ont été faits depuis le contrat de 2016 que vous avez décidé d'octroyer à la France pour les douze sous-marins nouvelles générations, mais ceux-ci sont en train aujourd'hui de s'inscrire dans une relation plus forte, plus structurante. Relation stratégique qui a été signée à l'instant par nos ministres, et sur laquelle ils vont continuer à travailler, et qui doit s'élargir au domaine, évidemment, stratégique et diplomatique, mais également à travers l'initiative franco-australienne, Affinity, que nous lançons aujourd'hui à travers des thématiques économique, culturelle, éducative, de recherche, de mobilité étudiante.
Nous avons, je crois pouvoir le dire, un objectif commun : faire de nos deux pays les axes d'un partenariat nouveau en Indopacifique. Et je souhaite vraiment faire de la France, le seule pays de l'Union Européenne présent dans le Pacifique depuis le Brexit, l'un des tous premiers partenaires de l'Australie dans les dix ans à venir. C'est extrêmement important pour l'intérêt de nos deux pays et je crois que c'est également important pour la France. Nous avons des territoires pacifiques, la Nouvelle-Calédonie où je me rendrai dès demain, et je salue la présence du président, Wallis et Futuna, la Polynésie française. Nous avons évidemment des territoires en océan Indien, avec Mayotte et la Réunion. Ces territoires sont une chance pour la France. C'est une chance formidable. C'est une présence dans le monde. C'est, dans la zone indopacifique, un peu plus d'un million et demie de nos concitoyens qui y vivent. Ce sont huit mille de nos soldats qui sont investis. C'est 85% de notre zone économique exclusive et c'est une large partie de notre biodiversité. Et donc, à travers la relation bilatérale que nous avons c'est aussi faire de cette présence indopacifique française, une chance à plein.
Alors la première chose sur laquelle je voulais tout particulièrement insister c'est évidemment le rehaussement de notre partenariat stratégique indopacifique et dans le monde. Nous avons des visions stratégiques très alignées. Vous l'avez rappelé dans votre propos. Et je veux ici vous remercier pour le soutien de l'Australie, très clair, à l'opération que nous avons menée avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni, contre les capacités chimiques du régime syrien. C'est cette même vision que nous développons depuis plusieurs années, au Levant, avec un engagement très fort de votre pays dans les troupes de la coalition internationale. C'est cette même vision que nous avons dans la lutte contre le terrorisme, où notre coopération est excellente. Vous étiez représenté le 26 avril dernier à Paris pour la coalition que nous avons constitué lors de la conférence No money for terror. Et l'Australie a annoncé, je vous en remercie, monsieur le Premier ministre, qu'elle organiserait la conférence de suivi des engagements pris dès 2019. Et c'est ce même engagement que vous prenez, que nous prenons ensemble, dans la lutte contre les groupes terroristes en Asie du Sud-Est, au Pakistan ou en Afghanistan.
En matière de lutte contre la prolifération nucléaire, nos vues sont, là aussi, convergente. Sur la Corée du Nord, les avancées en cours, et en particulier le récent sommet intercoréen, sont positives. Et notre objectif est bien la dénucléarisation de la péninsule. La France et l'Australie défendent ainsi, très clairement, cette avancée. Comme elles défendent le contenu de l'accord sur le nucléaire iranien qui est essentiel pour notre sécurité collective et la volonté de poursuivre ce travail, comme je l'ai exposé la semaine dernière à Washington.
Nous actons également aujourd'hui une coopération nouvelle dans le domaine de la cyber-sécurité ainsi qu'un accord de soutien logistique mutuel entre nos forces armées. Ce qui est une étape supplémentaire dans la qualité et la force de ce partenariat stratégique.
Nous avons également la même préoccupation sur les risques et les menaces qui traversent la région, les rivalités entre puissances, les tentions identitaires, les trafics de toutes sortes qui prospèrent sur le manque de développement lié en très grande partie au dérèglement climatique. Et à ce titre, je dois dire que l'accord que nous signons aujourd'hui comme les échanges que nous avons eus, montrent combien nous avons conscience de ces enjeux et combien notre volonté est commune d'y apporter une réponse coordonnée. Notre priorité partagée c'est de construire cet axe indopacifique fort pour garantir à la fois nos intérêts économiques et de sécurité et pour promouvoir dans une région clé pour les équilibres mondiaux, la paix et la stabilité. Nous y reviendrons cet après-midi, en particulier sur la base de Garden Island, devant les forces françaises du Pacifique et les forces australiennes.
Le dialogue trilatéral, Australie, Inde, France a ainsi vocation à jouer dans cette construction un rôle central, comme je l'ai évoqué lors de ma visite en mars dernier avec le Premier ministre Narendra Modi. C'est dans ce cadre de confiance et de vision commune que s'inscrit notre coopération en matière d'armement. Nous avons fait un point précis sur la modernisation des sous-marins de classe Collins, c'est sur le projet qui nous lie depuis 2016, pour le design et la construction de douze sous-marins conventionnels. Et j'ai confirmé au Premier ministre australien qu'il pouvait pleinement compter sur la France pour que cette ambition navale, politique et industrielle soit une parfaite réussite. Il y a quelques mois, vous avez évoqué ce passage par Paris, après notre G20 à Hambourg. Vous vous êtes, monsieur le Premier ministre, rendu dès le lendemain à Cherbourg où vous avez pu constater que tout était mis en oeuvre pour accueillir dans les meilleurs conditions les ressortissants australiens engagés dans ce grand projet. 2018 sera donc, à ce titre, une année très importante. Et nous avons constaté que les discussions en cours avancées à un bon rythme, dans de parfaite conditions. Et nous avons bon espoir que dans les prochaines semaines, la signature du Strategic Partnership Agreement sera possible.
Le deuxième élément sur lequel je souhaitais insister tout particulièrement, c'est la mise en place d'initiative conjointe pour la lutte contre le changement climatique dans la région. Cela s'inscrit pleinement dans ce cadre stratégique, et c'est pour nous un sujet essentiel. Notre patrimoine commun, qui est le Pacifique, qui est un trésor de culture, de civilisation, de biodiversité, est menacé à plusieurs égards par les conséquences du dérèglement climatique. J'ai souhaité rencontrer lors de mon déplacement en Nouvelle-Calédonie, qui commencera demain, les chefs d'Etats et de gouvernement, ainsi que les représentants des pays membres de la communauté du Pacifique et des organisations régionales, et nous aurons cet échange. Et je salue aussi votre impulsion qui a conduit à la ratification par l'Australie de l'Accord de Paris et son engagement pour en défendre les acquis à l'échelle internationale.
Mais nous avons décidé ensemble d'agir, au-delà de ces engagements communs sur 3 sujets essentiels. Le premier, avec la Nouvelle-Zélande et l'Australie et M. le Premier ministre vient de confirmer son accord, nous prenons l'initiative pour mettre en oeuvre l'engagement du One Planet Summit, conclu le 12 décembre dernier, à Paris, sur l'adaptation et la biodiversité dans le Pacifique. Un fond multi-bailleur sera mis en place pour mutualiser les ressources, mieux les mobiliser sur des projets concrets, immédiatement opérationnel. La deuxième initiative que nous lançons, c'est une initiative conjointe pour mieux comprendre la résilience des récifs coralliens. Et donc, mieux agir pour protéger ces écosystèmes. Vous l'avez évoqué, vous avez décidé de nouveaux investissements pour la préservation de vos récifs coralliens. Nous avons une expertise en la matière et avons déjà pris beaucoup d'engagements. Nos instituts de recherche et ceux de nos territoires dans le Pacifique seront pleinement mobilisé dans le cadre de cette initiative. Enfin, le troisime axe de ce travail conjoint, c'est dans le cadre de l'alliance solaire internationale de mener ensemble dans le Pacifique et l'océan Indien, des programmes de formation sur l'énergie solaire, car le potentiel est immense dans la région et de développement de projets conjoints.
Troisième sujet sur lequel je souhaitais revenir, ici rapidement, c'est la construction d'un partenariat franco-australien global qui correspond aux ambitions de nos deux pays, pour l'innovation, l'éducation, la recherche, la culture, la santé. L'économie australienne avant toute chose, a connu, depuis les trente dernières années, une croissance exceptionnelle. Et vous souhaitez, aujourd'hui, diversifier votre économie en misant sur l'innovation. Nous répond donc, présent, et plusieurs accords ont été signés en notre présence ou actés en notre présence, entre nos instituts de recherche, impliquant le CEA, le CNRS, le CNES, pour développer nos échanges étudiants, la formation de nos ingénieurs, y compris dans la dynamique de notre coopération sur le naval. Et des accords ont été ainsi conclus entre l'ENSTA de Bretagne et l'université d'Adélaïde. Et entre l'Ecole Centrale de Nantes et Flinders University.
Je l'ai dit au Premier ministre, nous sommes très heureux de 200 000 jeunes Français aient pu découvrir l'Australie au cours des dix dernières années grâce au Visa vacances travail. Je l'ai testé hier soir encore, sur les quais, avant de rejoindre l'opéra que nous voyons derrière nous. Je suis très heureux de cette attractivité. Je souhaite que nous puissions la développer mais je souhaite que nous puissions accueillir aussi beaucoup plus d'étudiants australiens en France. Nous devons aller beaucoup plus loin en développant aussi la francophonie en Australie, en disant aux jeunes Australiens qui nous écoutent que des formations de très hautes qualités en France sont faites en anglais et permettent d'ailleurs d'évoluer dans un environnement pleinement bilingue.
Des accords économiques sur des domaines de haute technologie ont aussi été conclus, sur la sécurité du trafic aérien avec Thales, dans le secteur des énergies renouvelables avec NEOEN. Et la délégation qui m'accompagne est constituée de nombreuses PME, et ETI très performantes, qui veulent travailler en Australie et participer justement à cette intensification. Et cet après-midi, ensemble, nous verrons d'ailleurs un accélérateur permettant de donner toute leur place, à ces petites et moyennes entreprises, et entreprises de taille intermédiaire, dans la construction du partenariat.
Je vous confirme aussi le soutien de la France aux négociations entre l'Union européenne et l'Australie. Je l'ai dit au Premier ministre nous seront vigilants sur nos intérêts agricole et ceux de nos territoires du Pacifique, sur nos engagements climatiques. Mais depuis un an maintenant, les discussions que nous avons ensemble et la préparation de ces négociations, ont permis d'avancer de manière très claire sur ce sujet.
Nous avons enfin définit aussi une coopération entièrement nouvelle dans le domaine de la santé, pour mieux travailler ensemble et échanger les bonnes pratiques. En particulier sur la lutte contre le cancer et le tabagisme, où l'Australie a des résultats remarquables. Et je dois dire, le ministre le sait bien, qui oeuvre chaque jour en la matière, si la France a beaucoup à progresser, c'est en matière de prévention. Et à ce titre, l'exemple australien est inspirant. Et je souhaite qu'à travers les partenariats que nous allons conclure, nous puissions avancer de concert sur ce sujet et sur également de nombreux sujets de recherche scientifique conjoint que nous avons évoqués. C'est donc une dynamique renouvelé, incluant tous les domaines que nous définissons aujourd'hui pour notre partenariat. La culture y a aussi toute sa place, ainsi que les résidences croisées entre nos artistes. Demain nous serons ensemble à Carriageworks, dans le cadre de la biennale de Sydney, à laquelle de nombreux artistes français venus aussi de Nouvelle-Calédonie, participent.
Et ce sur quoi je voudrais conclure mon propos et insister, c'est de rappeler ici l'importance de cette stratégie que nous sommes en train d'élaborer. Elle touche tous les domaines d'activités et elle prend en compte la cohérence de la géographie française. Nous voulons vraiment ici donner une impulsion nouvelle. Et je souhaite, par ma présence auprès de vous et dans votre pays, donner une nouvelle impulsion à l'insertion régionale de nos territoires du Pacifique, dans les domaines économiques, touristiques, climatiques, culturels, gastronomiques et universitaires. L'ensemble de nos territoires indopacifiques ont une part de cette réussite à obtenir. Et par le truchement de cette relation, c'est aussi avec ces territoires, et donc toute la République française, que nous souhaitons agir utilement. Je crois donc très profondément à la force de notre partenariat stratégique et de l'ensemble de ce que nous avons décidé, parce que c'est le bon moment, parce que nos valeurs sont communes, parce que nos peuples l'attendaient et parce que nous avons trop longtemps attendu, monsieur le Premier ministre. C'est donc pour maintenant. Merci beaucoup. »
Malcolm TURNBULL : « Merci. Bien, je pense que nous avons des questions. Tout d'abord, Ahmed Chaouch. »
Azzedine AHMED-CHAOUCH : « Monsieur le Premier ministre, monsieur le Président, bonjour. Azzedine Ahmed-Chaouch, pour Quotidien. J'ai une question liée aux débordements du 1er mai d'hier. Déjà j'aimerai savoir si, selon vous, l'Etat a bien anticipé ou s'il a minimisé ce qui allait se passer ? Dans le prolongement craignez-vous une radicalisation de la contestation sociale ? Et enfin, plus personnellement, qu'avez-vous ressenti en découvrant ces images de violence à la télé ? »
Emmanuel MACRON : « Le 1er mai est une journée internationale pour le travail, qui est un acquis de grande lutte du XIXe siècle. La journée du travail c'est la journée des travailleurs. Ce n'est pas la journée des casseurs. Et, j'ai eu l'occasion cette nuit de condamner avec force ce qui s'est passé. J'ai une règle, c'est de ne pas m'exprimer sur les sujets français quand je suis à l'étranger. C'est à la fois une règle de courtoisie à l'égard de ceux qui m'accueille et une règle de bon fonctionnement de l'Etat. En conférence de presse avec un homologue étranger, ce n'est pas pareille qu'un tweet hors contexte ou sur site. Donc vous comprendrez bien que la correction et les principes que j'ai fixés moi-même dès le début du quinquennat, qui sont des principes de bon fonctionnement, m'impliquent à ne pas aller plus loin dans la réponse. Mais il y a un Premier ministre et un ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur qui étaient sur place, qui ont pris les décisions qui convenaient. Il y a eu des interpellations qui ont été effectuées. Toutes les mesures ont été prises. Et je ne peux ici que condamner à nouveau, avec la plus grande fermeté, ce qui s'est passé. Il s'agit ni d'avoir une inquiétude déraisonnable, mais simplement d'avoir la plus grande fermeté. Il y a un gouvernement, y a un Etat, il est dirigé et continuera à agir. »
Andrew THOMAS : « Andrew Thomas, télévision Aljazeera. Monsieur le président, vous revenez de Washington. Est-ce que vous pensez que le président Trump va respecter le pacte avec l'Iran ? Est-ce que vous pensez que l'Iran respecte ses engagements dans ce contexte ? Et si le président Trump décide de réimposer des sanctions sur l'Iran ou de se retirer complètement après le 12 mai, qu'est-ce que vous pensez qu'il va arriver ensuite ? »
Malcolm TURNBULL : « Peut-être le président Macron d'abord ? Vous revenez de Washington. »
Emmanuel MACRON : « Vous êtes l'hôte. »
Malcolm TURNBULL : « Bien, je répondrai à la troisième question, d'abord. Etant donné qu'on a posé une question au président Macron sur ce qui s'est passé à Washington. Nous pensons que le JCPoA est la meilleure option dont nous disposons actuellement et nous poursuivrons notre engagement en ce sens. Deuxièmement, vous voulez que je spécule sur ce qui pourrait arriver si les Etats-Unis décidaient de ne pas poursuivre cet engagement au-delà du 12 mai. C'est à vous de spéculer. Nous n'allons pas vraiment mettre en place des hypothèses là-dessus ici. Mais pour ce qui est de la position du président sur Washington, je lui donne la parole. Est-ce que l'Iran respecte ses engagements ? Je ne souhaite pas effectuer de commentaire là-dessus maintenant. Je ne voudrais pas me lancer dans la spéculation là-dessus, dans les hypothèses. Mais je pense que le fait de poursuivre les engagements pour le JCPoA est la meilleure des solutions.»
Emmanuel MACRON : « Je dois dire que mon rôle n'est pas non plus de spéculer. Tout d'abord, le JCPoA était une négociation d'une grande importance. C'est la meilleure façon de surveiller les activités actuelles du gouvernement iranien et du régime. Et je pense que cet accord a été effectivement négocié par notre pays, avec la participation des Etats-Unis. Nous l'avons négocié, nous l'avons signé, il nous faut donc le respecter. Et je pense que c'est un bon point de départ. Est-ce pour autant suffisant ? Mon point de vue est que ce n'est pas suffisant. Je l'ai clairement indiqué en septembre aux Nations-Unies. Je l'ai répété et j'en parle constamment avec le président Trump. Je pense qu'il nous faut compléter cet accord avec trois piliers supplémentaires. L'un sur les activités nucléaires après 2025. Le second, afin de mieux contrôler les activités balistiques du régime iranien. Et troisième, afin d'avoir un véritable confidemment de l'activité de l'Iran en Syrie, en Irak, au Yémen et au Liban. Et c'est la raison pour laquelle je propose de négocier un accord plus large. J'ai fait cette proposition au président des Etats-Unis. Il s'est exprimé… Et j'ai proposé cet accord cadre d'ensemble nouveau avec le régime iranien. J'en ai parlé ces derniers jours avec le président Poutine, avec le président Rohani. Je ne suis pas là pour parler de la décision que prendra le président américain le 12 mai. Tout ce que je puis dire c'est que, quelle que soit la décision, il nous faudra préparer un accord plus large et une négociation à cette fin. Parce que personne ne souhaite une guerre dans la région. Personne ne veut une escalade des tensions dans la région. La France est très attachée à la stabilité de cette région dans l'ensemble, ainsi qu'à la sécurité de ses alliés. Et c'est la raison pour laquelle nous souhaitons travailler sur ces nouvelles négociations en coordination étroite avec l'Allemagne, le Royaume-Uni. Nous travaillerons très activement pour nous employer à convaincre tous les autres, dans les semaines et les mois à venir. C'est en effet la seule façon d'avancer et de stabiliser la région. Merci. »
Malcolm TURNBULL : « Question suivante, Christophe Mallet. »
Christophe MALLET : « Bonjour monsieur le Premier ministre, bonjour monsieur le Président. Une question sur le libre-échange entre l'Australie et l'Europe. Ça semble prendre un petit peu plus de temps que prévu. Pourquoi, tout d'abord ? Et, en quoi cela diffère de l'attitude américaine de protectionnisme, surtout quand on sait à quel point l'Australie a investi avec les sous-marins en France, en Europe. Est-ce que c'est vraiment fair-play, tout ça ? »
Emmanuel Macron : « Je vous confirme que les délais évoqués seront les délais tenus. Et la France sera favorable à un mandat de négociation dans les prochaines semaines, dès qu'il sera évoqué au Conseil. Donc il n'y a pas de perte de temps ou de délai supplémentaire. Précisément parce que nous avons aussi trouvé les voies et moyens de répondre à ce qui étaient nos interrogations. Et dans les échanges qu'il y a eu avec l'Australie, un engagement fort. D'abord pour préserver les intérêts des territoires français dans la région. Et je crois que notre volonté aussi, à travers ce partenariat stratégique et les actions que nous conduisons et que nous allons conduire, nous avons une volonté, si je puis dire, proactive, optimiste, qui est de donner toutes les voies et moyens à nos territoires. En particulier, je pense à la Nouvelle-Calédonie, où je serai donc dès demain, de réussir pleinement en matière de développement économique, de pêche, de tourisme, indépendamment de toute négociation à venir. Ensuite nous avons eu des échanges très concrets sur les sujets agricoles, qui nous rassurent pleinement, compte tenu aussi de la réalité du commerce entre la France et l'Australie sur ce sujet. L'Australie est une puissance qui est importatrice, aujourd'hui, de l'agriculture française. Enfin, parce que l'engagement climatique du Premier ministre a permis de rester attaché à un élément qui pour moi est très important. C'est que nos accords commerciaux à venir puissent être cohérents avec notre engagement climatique. Aussi, je vous le dit très clairement que la France sera en faveur du mandat qui sera donné de négociation à la Commission européenne. Et cela s'inscrit dans une vision commune que nous avons du commerce international. Un commerce libre et juste. Et je crois pouvoir dire que nos deux pays ne considèrent pas que la guerre commerciale ou les tensions puissent servir à la fois nos intérêts comme nos valeurs. Donc c'est dans cet esprit, ce respect du multilatéralisme commercial et des règles que nous avons contribué à créer que nous inscrivons cette négociation. »
Malcolm TURNBULL : « Merci. Question suivante. »
??? : « Bienvenue en Australie. C'est formidable de voir un président qui est venu ici parce qu'il le voulait et non pas simplement pour assister à un G20. Je voulais vous demander, est-ce que vous partagez la préoccupation de l'Australie sur l'influence croissante de la Chine dans la région du Pacifique ? Est-ce que vous en avez parlé ? Quelles sont les solutions ? Et Premier ministre australien, je suppose que vous avez évoqué cette question : est-ce que vous pouvez partager avec nous les approches conjointes que vous pourriez adaptés à l'avenir pour réagir à cette situation ? Ça devient particulièrement pertinent avec la possibilité de la Nouvelle-Calédonie de quitter la famille. »
Malcolm TURNBULL : « Je commencerai par dire la chose suivante : nous accueillons favorablement la montée économique de la Chine, car cette croissance a été sans précédent. Que ce soit au niveau de sa cadence, de son échelle,… Des centaines de millions d'individus sont sortis de la pauvreté, et pas seulement en Chine, d'ailleurs. Et cette croissance économique a été rendue possible par un ordre à base de règles dans notre région. La paix, l'harmonie relative que l'on rencontre dans cette région sont possibles grâce au respect d'un ordre de loi. Revenons à Lee Kuan Yew qui dit que le fait d'être puissant ne donne pas tous les droits, que les grands poissons ne peuvent pas dévorer les petits poissons, et les petits poissons doivent s'en remettre aux crevettes. Ça, c'est très important. Et cet ordre international basé sur des règles, c'est là-dessus que nous nous focalisons. Nous voulons maintenir ceci dans notre région. Et tous les participants qu'ils soient des grands poissons, des petits poissons, même des crevettes, doivent pouvoir tirer avantage de cette situation. Voici l'objectif critique. Nous sommes donc favorables à des investissements plus poussés de la Chine dans notre région. Nous accueillons favorablement la croissance de la Chine, mais bien entendu, nous voulons maintenir les règles qui sont fonction d'un ordre international, une bonne gouvernance, de normes puissantes qui doivent nous permettre à tous de poursuivre cet arc de prospérité qui est tout à fait remarquable, et qui a été rendu possible par ces respects d'un ordre de loi. »
Emmanuel MACRON : « Je vais commencer par dire que je suis aussi un grand défenseur des crevettes, en particulier des crevettes calédoniennes, de Nouvelle-Calédonie, c'est très important dans ce contexte. Ceci étant dit, et je partage le point de vue exprimé par le Premier ministre. Rien n'est fait contre la Chine ou en réaction à la course chinoise. Je pense que cette course chinoise est une excellente nouvelle pour tous. Pour la Chine, pour sa classe moyenne, pour la croissance mondiale et pour la croissance régionale. Ce qui est important c'est de préserver un développement de la région qui repose sur des règles, en particulier dans la région indopacifique. Et de préserver les équilibres nécessaires dans la région. C'est important dans le contexte actuel également de ne pas avoir d'hégémonie dans la région. C'est une des raisons pour lesquelles ce partenariat est un moyen précieux d'avancer avec l'Australie, l'Inde et d'autres partenaires. Ce n'est pas une initiative prise contre ou en réaction à la Chine. C'est simplement pour dire que nous avons quelque chose en commun. C'est une initiative positive pour dire que nous voulons soutenir la liberté de mouvement dans la région indopacifique. Nous voulons préserver notre souveraineté commune, notre liberté de souveraineté comme vous l'avez dit, il y a quelques mois. Il s'agit de défendre nos intérêts scientifiques, économiques. Donc pour moi, c'est une très bonne nouvelle, mais cette nouvelle organisation que nous avons ensemble est conforme à ce nouvel ordre. Il s'agit précisément de préserver les équilibres dans la région et le plein respect pour l'Etat de droit. »
Question du journaliste en anglais, inaudible.
Malcolm TURNBULL : « C'est vous qui présentez cette hypothèse. Parce que moi, je suis du même avis que j'ai exprimé tout à l'heure. L'ordre basé sur les règles dans notre région est ce qui a permis cette croissance remarquable et cette prospérité. Et c'est quelque chose à laquelle vous avez fait allusion, Président. Et, c'est absolument essentiel pour tous les pays, qu'ils soient des grands poissons, des petits poissons ou des crevettes. Pour que cette prospérité et cette paix puissent être maintenues. Merci beaucoup, monsieur le Président. Je crois que vous avez un déjeuner avec la communauté française à Sydney, qui doivent vous attendre avec beaucoup d'enthousiasme. »
Emmanuel MACRON : « La gastronomie et de l'oenologie français. Je vous remercie ainsi que votre épouse, pour cet accueil chaleureux et pour l'organisation parfaite de cette visite. Merci, monsieur le Premier ministre. »