Déclaration de M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, sur le multilatéralisme, l'Union européenne, la rencontre entre Donald Trump et Kim Jong-un et sur les élections au Mali, à Stockholm le 11 juin 2018.

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Circonstance : Conférence de presse conjointe avec la ministre des affaires étrangères de Suède, à Stockholm (Suède) le 11 juin 2018

Texte intégral


Je tiens à remercier Margot Wallström pour son accueil et pour les propos amicaux qu'elle vient de tenir. Je suis ravi de retrouver la ministre à Stockholm. Nous nous rencontrons régulièrement, notamment dans les instances européennes et aux Nations unies, où nos deux pays travaillent ensemble au Conseil de sécurité.
Dans cette période troublée, déstabilisante, et nous l'avons évoqué longuement ensemble, je pense qu'il nous faut garder trois exigences, sur lesquelles nous sommes d'accord :
- Premièrement, préserver le multilatéralisme et les accords internationaux qui engagent notre avenir. Il faut faire en sorte que ce soient ces accords-là qui régulent notre avenir commun. C'est vrai aussi bien pour le climat que pour l'Iran ou les relations commerciales. Nous sommes ici pleinement en phase.
- Le deuxième point c'est qu'il faut agir ensemble sur le terrain pour stabiliser notre environnement. C'est ce que nous faisons, en particulier en Afrique, où je veux saluer à nouveau le rôle que joue la Suède, singulièrement au Mali de par sa présence dans la MINUSMA.
- Troisièmement, dans cette situation d'instabilité, et pour renforcer la sécurité et la résilience de l'Europe, il nous faut affirmer de plus en plus une Europe souveraine et maîtresse de son destin. C'est un objectif que le président Macron a initié et qu'il serait opportun, encore plus aujourd'hui qu'il y a un an, de concrétiser. C'est le but du Conseil européen des chefs d'Etat et de gouvernement de la fin du mois. C'est aussi l'objectif d'un travail de long terme que nous devons mener ensemble. À cet égard, le déplacement du président français en Suède pour le Sommet de Göteborg a adressé un signal non seulement bilatéral, mais aussi pour permettre à l'Europe de tracer son avenir, y compris dans le domaine social et pour l'égalité entre les hommes et les femmes.
Q - Quelles attentes pour la rencontre entre Donald Trump et Kim Jong-Un à Singapour ?
R - Le point de vue de la France est que, s'ils arrivent à une dénucléarisation de la péninsule coréenne qui soit durable, irréversible et vérifiable, nous serons les premiers à l'applaudir. Tout ce qui touche à la dénucléarisation est une avancée pour la sécurité du monde. Mais il faut être vigilant, car il y a eu des précédents d'enthousiasme d'abord, et de régression ensuite. Il est donc nécessaire que cet accord de dénucléarisation soit pérenne et que les conditions de sa mise en oeuvre soient bien identifiées.
Q - Quelles attentes et messages dans la perspective des élections au Mali ?
R - Les élections vont se dérouler en juillet et en août. Ce que je souhaite, c'est qu'elles se déroulent dans les meilleures conditions, c'est-à-dire dans le calme, la transparence et la sérénité. Ces conditions doivent être aujourd'hui même au rendez-vous. C'est ce que je souhaite pour le Mali et l'ensemble de la zone du Sahel. S'il y a un message à faire passer à l'ensemble des candidats, car je n'ai pas à prendre parti dans un processus électoral, c'est de faire en sorte qu'ils s'engagent solennellement pour la mise en oeuvre des accords d'Alger. En effet, dans les accords d'Alger, il y a tout ce qu'il faut pour retrouver la paix au Mali et plus globalement au Sahel. Encore faut-il avoir la volonté politique de transformer ces accords en réalité. Ce n'est pas encore le cas, et je souhaite que cela le soit après les élections présidentielles.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 juin 2018