Texte intégral
AUDREY CRESPO-MARA
Bonjour à tous. Bonjour Laura FLESSEL.
LAURA FLESSEL
Bonjour Audrey.
AUDREY CRESPO-MARA
Championne du monde et championne olympique d'escrime, aujourd'hui, ministre des Sports. Alors, vous êtes évidemment ici pour nous parler de la Coupe du monde de foot, qui débute aujourd'hui en Russie. Vous partez demain pour assister au premier match de la France, bon, normalement, on devrait le gagner ce Mondial, Emmanuel MACRON l'a demandé fermement aux joueurs, espérons juste qu'ils l'écoutent davantage que Donald TRUMP, quoi, c'est tout.
LAURA FLESSEL
Je dirais, le message est passé, et j'espère que cette Equipe de France ira le plus loin possible, oui.
AUDREY CRESPO-MARA
Bon, on l'espère tous. En tout cas, la France fait partie des favoris, 20 ans après la victoire de 98, ce serait un joli clin d'oeil quand même.
LAURA FLESSEL
Ce serait la deuxième étoile, c'est vrai que c'est une équipe jeune, mais c'est une équipe qui a envie, et cette jeune génération joue, je dirais, sur l'international, donc ils ont aussi l'expérience, et ils ont envie d'en découdre.
AUDREY CRESPO-MARA
Vous étiez, avant-hier soir, au Stade pour voir les champions 98 battre l'Equipe de la FIFA 98, c'était une belle fête du foot, avec un beau succès d'audience pour TF1, 6 millions de téléspectateurs. Ça fait quoi de revoir ZIDANE marquer des buts ?
LAURA FLESSEL
Oui, ça fait chaud au coeur, c'est vrai que c'est une équipe qui a gagné, c'était la génération black/blanc/beur, mais qui a réunifié en fait la France, et cette fierté d'appartenir à une nation. Donc du coup, c'était plaisant, sachant que trois mois après ce titre des Bleus, je gagnais en fait mon premier titre de championne du monde, donc j'aime souvent en fait relier cette ferveur à cette réussite
AUDREY CRESPO-MARA
Ça vous a portée, vraiment ?
LAURA FLESSEL
Ça m'a portée, et lorsqu'il y a eu le coup de sifflet dans le stade, j'ai murmuré à mon mari que moi aussi, je serai championne du monde, et j'étais double championne du monde trois mois après, donc ils ont porté toute une France, et ils m'ont portée aussi
AUDREY CRESPO-MARA
Et espérons qu'ils portent cette Equipe 2018. ZIDANE, vous le voyez à la tête des Bleus bientôt ?
LAURA FLESSEL
Non, je ne vois que Didier DESCHAMPS, et j'ai vraiment toute ma confiance à Didier, je pense qu'il a amené une Equipe de France, il va maintenant, je dirais, amener cette nouvelle équipe, je dirais, le plus loin possible.
AUDREY CRESPO-MARA
Je vous demande ça parce que, Emmanuel MACRON a déclaré qu'il aimerait que ZIDANE fasse des choses pour la France, juste avant le Mondial, alors, on s'est dit que Didier DESCHAMPS voyait son successeur arriver à grands pas, ce n'était pas très franc de la part du chef de l'Etat, non ?
AUDREY CRESPO-MARA
Non, pas du tout, ce n'était pas du tout ça
LAURA FLESSEL
Non, non, je pense que le président voyait aussi les six années, nous allons recevoir les Jeux olympiques et paralympiques
AUDREY CRESPO-MARA
Il ne pensait pas à l'Equipe de France de foot ?
LAURA FLESSEL
Non, non, on parlait de valoriser en fait en tant qu'ambassadeur de la France, pour véhiculer des messages autour de la pratique.
AUDREY CRESPO-MARA
On rêve tous de retrouver l'émotion 98 avec ce Mondial qui débute aujourd'hui. Quelles ressemblances et quelles différences voyez-vous entre les Bleus 98 et les Bleus 2018 ?
LAURA FLESSEL
Eh bien, déjà, cette effervescence positive autour de l'Equipe de France, parce que si on se rappelle 98, ce n'est qu'en huitièmes de finale qu'il y a eu en fait cette envie de voir la France gagner. Donc du coup, effectivement, il y a un intérêt, après, c'est intergénérationnel, et puis, aujourd'hui, on ne dit plus la France black/blanc/beur, on dit : c'est une équipe unifiée.
AUDREY CRESPO-MARA
Alors, le point positif, c'est que la France est derrière les Bleus depuis l'arrivée de Didier DESCHAMPS à leur tête, l'équipe a changé d'image, des joueurs plus proches des supporters, un discours positif, une bonne image des joueurs, polémiques écartées de la sélection, cette équipe, elle vous plaît ?
LAURA FLESSEL
Elle me plaît, oui, elle me plaît, elle est dynamique, elle est intergénérationnelle, ce sont des profils tout à fait différents. Je pense qu'ils ont su aussi tirer de l'échec de la dernière Coupe du monde, ils ont envie d'aller plus loin qu'en huitièmes de finale. Donc voilà, ils vont tout faire pour aller très loin, et ensemble.
AUDREY CRESPO-MARA
Et ils sont très jeunes. Vous comprenez que DESCHAMPS ait préféré se passer de Karim BENZEMA, pourtant vainqueur de la Ligue des champions avec le Real cette année.
LAURA FLESSEL
Alors, je me place en tant que sportive de haut niveau, si on n'a pas fait un match en Equipe de France, on ne peut pas aller à la Coupe du monde, là, on a, je dirais, une équipe qui est solidaire, soudée, on n'a pas encore, je dirais on est au Collectif France, dans quelques heures, on aura une Equipe de France pour le premier match, je pense que c'est ça qui est important. C'est : ne pas repartir dans le passé, c'est structurer en fait un futur fort.
AUDREY CRESPO-MARA
Donc BENZEMA ne manquera pas ?
LAURA FLESSEL
Non.
AUDREY CRESPO-MARA
Le patron de la FFF a donné comme objectif minimum les quarts de finale, c'est un objectif qui vous convient ?
LAURA FLESSEL
J'ai envie de dire, on ne travaille pas pour aller dans les quarts de finale
AUDREY CRESPO-MARA
Ou demi-finales, demi-finales, il disait, pardon
LAURA FLESSEL
Il faut aller chercher la deuxième étoile. Je pense que
AUDREY CRESPO-MARA
Ah, carrément, demi-finales, ça ne vous suffirait pas ?
LAURA FLESSEL
Ils ont le potentiel. Non, on ne travaille pas pour être troisième ou quatrième ou encore deuxième, on se souvient du premier et de la petite finale, du vainqueur et souvent celui qui gagne la petite finale. Donc du coup, autant aller chercher la gagne.
AUDREY CRESPO-MARA
Bon, vous, vous n'accepterez que la victoire ?
LAURA FLESSEL
J'accepterai qu'ils fassent le mieux, et qu'ils montrent en fait une Equipe de France soudée, fière de son maillot et fière de jouer ensemble.
AUDREY CRESPO-MARA
Vous qui les avez rencontrés, la semaine dernière, à Clairefontaine, vous les avez trouvés comment ?
LAURA FLESSEL
Très bien
AUDREY CRESPO-MARA
L'Etat d'esprit ?
LAURA FLESSEL
De la sérénité, comme on dit dans notre jargon, la moutarde monte au nez, donc du coup, ils sont conscients que c'est un bel enjeu, ils se sentent bien ensemble
AUDREY CRESPO-MARA
Alors, c'est ce qu'on dit, on dit que l'ambiance est bonne, est-ce que c'est vrai ou c'est ce qu'on dit face aux journalistes ?
LAURA FLESSEL
Très bonne, très bonne, et ils ont apprécié aussi la venue et le petit discours, je dirais, vivifiant du président de la République. Je pense que lorsqu'on part représenter son pays, on a envie, en fait, d'un signal fort, et je pense qu'ils l'ont entendu.
AUDREY CRESPO-MARA
Alors, on a vu dans les reportages sur la victoire 98 que c'est l'humilité, mais aussi l'amitié, le respect au sein du groupe qui avaient permis cette victoire. Est-ce que vous avez senti ça aussi chez les Bleus 2018, eux qui sont très jeunes, qui n'ont pas la même expérience ?
LAURA FLESSEL
Ils n'ont pas la même expérience, mais ils jouent déjà en international, donc c'est un acquis. Et j'ai senti
AUDREY CRESPO-MARA
Et cette amitié et ce respect, cette unité
LAURA FLESSEL
Cette joie de vivre, c'est cette joie de faire ensemble. Et aujourd'hui, on a besoin de ces images du faire ensemble.
AUDREY CRESPO-MARA
Vous vous êtes rendue, je le disais donc, à Clairefontaine, avec Emmanuel et Brigitte MACRON. Il faut dire que, avec la victoire des Bleus, le président a tout à gagner, lui aussi.
LAURA FLESSEL
Je pense qu'il n'y a que le sport qui véhicule des valeurs aussi fortes de sérénité et de rassemblement, on a besoin
AUDREY CRESPO-MARA
Et qui apporte de la popularité au chef d'Etat, à chaque fois
LAURA FLESSEL
Tout à fait, tout à fait. Et je dois dire que, il faut aussi utiliser le sport comme un outil de médiation, un outil valorisant, et effectivement, le président de la République croit aux valeurs du sport, et s'investit, et ça, c'est très bien, et c'est pour ça qu'il a aussi donné un ministère de plein exercice pour travailler justement sur le terrain pour valoriser le savoir être.
AUDREY CRESPO-MARA
Emmanuel MACRON leur a mis la pression quand même, en leur disant : unité, effort et cohérence, il parlait aux joueurs de l'Equipe de France ou à ses ministres ?
LAURA FLESSEL
Il parlait à tout le monde, je pense que c'est un dialogue qui va aussi à tout un chacun, je pense qu'on a besoin de ça, on a besoin d'un cap, d'une vision, qu'elle soit partagée pour appuyer et être efficient sur le terrain, et effectivement ça fonctionne.
AUDREY CRESPO-MARA
Quand vous entendez certains Français dire qu'ils ne se reconnaissent pas dans cette équipe, qu'il n'y a pas assez de blancs, qu'est-ce que vous avez envie de leur répondre ?
LAURA FLESSEL
Ah, c'est l'Equipe de France, j'ai envie de dire, suivez-les, et puis, faites leur confiance.
AUDREY CRESPO-MARA
Et ce qui est étrange, c'est que le foot, qui est le sport où les origines des joueurs sont les plus mélangées, est aussi le sport où le racisme est le plus présent chez les supporters. Comment expliquez-vous ce paradoxe ?
LAURA FLESSEL
C'est un paradoxe qu'on doit travailler, j'ai envie de dire, ce qui est intéressant, c'est le processus pour changer, et là, on a vu pour la première fois, d'ailleurs, ce sera la première fois qu'on aura, je dirais, la vidéo en fait sur
AUDREY CRESPO-MARA
L'arbitrage vidéo, vous y êtes favorable ?
LAURA FLESSEL
L'arbitrage, oui, j'y suis favorable, et plus encore, le président de la FIFA a décidé aussi de renforcer, je dirais, les consultants en vidéo pour justement sanctionner, je dirais, les gestes racistes.
AUDREY CRESPO-MARA
Qu'est-ce qu'on fait, on arrête le match dans ce cas-là ?
LAURA FLESSEL
Il y a une amende, il y a une annonce, et derrière, il y aura des sanctions. Je pense que c'est un message fort aussi pour l'international, et c'est un message fort aussi pour lutter contre toutes les formes de discrimination dans le sport.
AUDREY CRESPO-MARA
Vous l'entendez, pour certains, en gros, les joueurs sont noirs quand ils perdent, et Français quand ils gagnent.
LAURA FLESSEL
Oui, je pense que, il faut faire de la pédagogie, nous sommes tous Français, et quelque part, il faut faire avec nous, je pense que la force de cette Equipe de France, c'est cette unité, la pigmentation n'a pas de sens aujourd'hui. Nous, on veut juste être fiers, et chacun se retrouve dans cette Equipe de France, oui.
AUDREY CRESPO-MARA
Alors, certains voudraient aussi obliger les joueurs à chanter la Marseillaise. Pourquoi les joueurs de l'Equipe de France devraient-ils être plus irréprochables et plus patriotes que les autres ?
LAURA FLESSEL
Je dirais que ça a toujours été ça, on voit toujours le champion comme le super homme, sauf qu'il faut juste dire que c'est un humain, qu'il peut aussi défaillir, en revanche, il faut donner un cadre. Et effectivement, il faut en fait avoir le sentiment il faut être fier de son pays, de son maillot et de son hymne. Après, chanter, que la voix sorte, porte, pourquoi pas, le fait, c'est d'être, je dirais, respectueux vis-à-vis de cette France qui va aller chercher la gagne.
AUDREY CRESPO-MARA
Le racisme, c'est l'une des craintes en Russie, on sait que les supporters russes sont tristement célèbres pour leurs débordements
LAURA FLESSEL
Malheureusement
AUDREY CRESPO-MARA
Il ne vous inquiète pas un peu ce Mondial ?
LAURA FLESSEL
Pardon ?
AUDREY CRESPO-MARA
Il ne vous inquiète pas un peu ce Mondial ?
LAURA FLESSEL
Je pense que le ministre des Sports, qui est Pavel KOLOBKOV, a tout fait, il nous a eu, on a échangé aussi au téléphone, il fait tout pour que cette Coupe du monde soit en fait une vraie Coupe du monde. Et d'ailleurs, le président de la République l'a dit aussi, monsieur POUTINE, il l'a dit, ils veulent aussi changer l'image de la Russie, et ça passera à travers en fait la Coupe du monde, puisque ce sont des milliards de téléspectateurs, des millions de personnes qui vont se porter vers la Coupe du monde. Et donc du coup, ils ont intérêt justement à densifier, à renforcer la sécurité, à mettre des sanctions avec, je dirais, les arbitres, pour justement que ça soit une très belle fête
AUDREY CRESPO-MARA
Mais on sait effectivement, par exemple, que le 27 mars dernier, à Saint-Pétersbourg, lors du match amical, notre attaquant, Ousmane DEMBELE, a eu droit à des cris de singe quand même.
LAURA FLESSEL
Tout à fait, tout à fait. Et la Fédération Russe a été sanctionnée par la FIFA. Donc action, réaction. Mais encore faut-il que maintenant, nous puissions être dans l'anticipation et que nous refassions de la pédagogie, de l'accompagnement, de la formation pour les supporters, et derrière, de la sanction, parce qu'il faudra quand même du zéro tolérance.
AUDREY CRESPO-MARA
Et que pensez-vous de la récente explosion des montants des droits de diffusion des matchs à la télé pour un sport qui est populaire, le rendre cher
LAURA FLESSEL
C'est les droits et les devoirs de chacun, il faut améliorer, mais il faut que tous je dirais, que les téléspectateurs puissent aussi pratiquer et voir, et pour pratiquer, il faut voir. Donc du coup, il faut qu'il y ait un arrangement entre, je dirais, les détenteurs de droits.
AUDREY CRESPO-MARA
Mais aujourd'hui, c'est 80 euros pour quelqu'un qui veut voir les matchs de la Ligue 1, c'est quand même assez cher
LAURA FLESSEL
Voilà. Donc il faut qu'on se retrouve autour d'une table pour planifier tout ça.
AUDREY CRESPO-MARA
Autre événement sportif planétaire, ce sont évidemment les Jeux olympiques, alors ils seront dans six ans à Paris, six ans, ça paraît long, il paraît qu'on est déjà en retard dans la préparation, c'est vrai ?
LAURA FLESSEL
Non, il ne faut pas toujours écouter, il faut plutôt m'écouter, moi, nous sommes dans les temps
AUDREY CRESPO-MARA
Eh bien, voilà, je vous écoute.
LAURA FLESSEL
Nous sommes dans les temps. Et ce qui est intéressant, c'est que nous allons recevoir
AUDREY CRESPO-MARA
Donc je vous crois
LAURA FLESSEL
Nous allons recevoir le CIO et présenter la copie définitive qui respecte notre engagement.
AUDREY CRESPO-MARA
Alors Paris 2024 doit modifier son projet pour tenir ses coûts. Et c'est aujourd'hui que toutes les parties prenantes, alors, le Comité olympique, l'Etat, la Ville de Paris, la région Ile-de-France, les collectivités de la Seine-Saint-Denis, doivent valider le nouveau budget des équipements, afin d'éviter tout dérapage financier. Le risque était déjà important six ans avant ?
LAURA FLESSEL
Non, je dirais différemment, c'est-à-dire que lorsque je suis arrivée, avant même l'attribution des Jeux, j'ai demandé à faire une double inspection pour sécuriser, et aujourd'hui, on a une copie qui respecte notre engagement de deux milliards pour l'Etat.
AUDREY CRESPO-MARA
Alors, l'Inspection générale des Finances parlait de 600 à 700 millions d'euros pour des équipements, en risque financier, 600 à 700 millions pour l'Etat et les collectivités, sur un budget public initial de 1,4 milliard. Comme d'habitude, on avait minoré les coûts ?
LAURA FLESSEL
Je dirais que cet événement, c'est 6,8 milliards, 25 % uniquement
AUDREY CRESPO-MARA
En tout, et 1,4 milliard, public
LAURA FLESSEL
Voilà, 1,4 milliard, que pour le public, en sachant que, derrière, c'est un impact économique de dix milliards. Donc l'idée, c'est de travailler avec tous les acteurs pour avoir en fait une copie, qui respecte nos ambitions d'avoir des Jeux, des beaux Jeux, mais des Jeux, je dirais, sobres. Et effectivement, ce travail avec tous les acteurs, tous les membres fondateurs a permis aujourd'hui d'avoir une copie qui est sobre.
AUDREY CRESPO-MARA
Et après ça, promis, il n'y aura pas de dépassement, il n'y aura pas de dépassement budgétaire ?
LAURA FLESSEL
J'ai envie de parler d'héritage, quand on voit la transformation de la Seine-Saint-Denis, la Seine-Saint-Denis sera transformée. Lorsqu'on regarde en fait les Jeux olympiques, c'est 250.000 emplois directs et indirects. Donc il y a un héritage. Et aujourd'hui, on a besoin de cet héritage. Lorsqu'on aura ces milliards de téléspectateurs, ce sera du tourisme qui va valoriser nos territoires, et tout le territoire français. Donc effectivement, il y a un investissement de départ, mais derrière, il y a un impact économique non-négligeable et une transformation de la Seine-Saint-Denis, qui en a besoin.
AUDREY CRESPO-MARA
Alors l'héritage, parfois, il a été revu à la baisse, par exemple, je donne un exemple, le centre aquatique Saint-Denis, qui est le principal équipement à réaliser, qui représentait un tiers du dérapage potentiel, sera finalement composé de structures démontables, et ce ne sera pas la Cité de la natation, qui était initialement prévue. Donc là, on fait du low cost, tant pis pour les structures
LAURA FLESSEL
Non, on ne fait pas de low cost, on fait de l'héritage, lorsqu'on sait qu'à la Seine-Saint-Denis, un enfant sur deux de 11 ans ne sait pas nager, dans ce budget, enfin, dans cette présentation transformée et optimisée, nous allons avoir, non pas 5 piscines, mais 8 piscines. Et je pense que c'est une des inégalités qui est criante aujourd'hui. Donc du coup, au lieu d'avoir 5 piscines, la candidature restructurée, c'est 8 piscines. Donc je pense que, on n'a pas à rougir, on peut être fier, et c'est cette candidature qu'on présentera au CIO le 18, 19 juin.
AUDREY CRESPO-MARA
L'idéal olympique, ça ne devient pas les économies à tout prix, non plus ?
LAURA FLESSEL
Je vous dirais, on va respecter notre engagement, on aura des Jeux, je dirais, qui seront sobres, mais des Jeux où il faudra aussi avoir des gagnants, donc des champions
AUDREY CRESPO-MARA
Il y a un enfant sur deux qui ne sait pas nager en Seine-Saint-Denis. Votre objectif aussi aujourd'hui, et c'est là où ça se gâte, c'est qu'il faut mettre les Français au sport, c'est un enjeu de santé publique, et il y a du boulot quand même.
LAURA FLESSEL
Oui, il y a du boulot, effectivement, mais j'y crois parce que tous les acteurs aujourd'hui sont autour de la table, on a lancé un plan de la gouvernance, et on va aller chercher trois millions supplémentaires de pratiquants pour justement
AUDREY CRESPO-MARA
Trois millions ?
LAURA FLESSEL
Trois millions supplémentaires aujourd'hui, il y a à peu près 34 millions de pratiquants. Mais ce qu'on veut, c'est faire de la pédagogie, c'est amener une culture sportive pour travailler, pour parler sport santé, au lieu de parler donc en prévention, et non plus à titre curatif. Donc il y a effectivement du boulot, mais on y travaille dur.
AUDREY CRESPO-MARA
Pour nous motiver tous, vous avez prévu d'organiser la fête du sport, du 21 au 23 septembre, c'est un peu comme la fête de la musique ?
LAURA FLESSEL
A l'instar de la culture de la fête de la musique, effectivement, l'idée, c'est que le sport aille dans les rues, dans les villes, dans les places, qu'on puisse de dire que, eh bien, dans mon quartier, je peux faire du tir à l'arc, je peux faire de la Boccia en étant personne en situation de handicap, c'est de donner l'opportunité effectivement aux clubs de toucher une nouvelle population, qui pratique différemment ou qui ne pratique pas. Donc du coup, effectivement, il y aura de l'initiation partout sur l'Outre-mer aussi, et sur les ambassades, je dirais, étrangères, que j'ai rencontrées en fait sur l'année.
AUDREY CRESPO-MARA
On sait qu'Emmanuel MACRON sait jouer au tennis, qu'il est fan de l'OM, entre nous, il est sportif ?
LAURA FLESSEL
Il est sportif.
AUDREY CRESPO-MARA
Vraiment ?
LAURA FLESSEL
Il est endurant, et il sait où il veut aller.
AUDREY CRESPO-MARA
Bon, est-ce qu'il joue, parce qu'on parle de foot, est-ce qu'il sait jouer collectif ou est-ce qu'il joue un peu perso quand même, non ?
LAURA FLESSEL
Je pense que c'est un chef d'orchestre qui nous permet en fait, qui nous a donné des fondations, et à nous d'écrire la musique.
AUDREY CRESPO-MARA
Oui, et puis, vous allez nous dire qu'au gouvernement, c'est la victoire du collectif, c'est ça ?
LAURA FLESSEL
Oui, le collectif fait la victoire.
AUDREY CRESPO-MARA
Bon, Laura FLESSEL, la guêpe devenue ministre. En politique, vous n'avez pas envie de piquer parfois ?
LAURA FLESSEL
A fleurets mouchetés.
AUDREY CRESPO-MARA
Tout est à fleurets mouchetés aussi en politique.
LAURA FLESSEL
Oui, il faut oser, je pense qu'il faut oser, il faut parler, il faut faire de la pédagogie, il faut innover, et je pense que, aujourd'hui, ça va faire un an, eh bien, voilà, on est dans cette transformation, on veut innover, on veut amener en fait un collectif gagnant. Et ça demande, je dirais, à se dévoiler, mais voilà, ça fait un an, et je continue à travailler en ce sens.
AUDREY CRESPO-MARA
Tous les matins, je pose une question récurrente, la question off, mais devant la caméra. C'est off, entre nous, cette annonce sur les Jeux olympiques, cette Coupe du monde de foot, elle vous amène ici, à la télé, mais vous, qui êtes pourtant l'une des ministres les plus populaires, les plus célèbres du gouvernement, on vous a vue très peu jusqu'ici.
LAURA FLESSEL
Mais toutes les fois, c'était efficient, c'est-à-dire que depuis un an, je travaille, j'ai fait plus de 240 déplacements sur le terrain, je pense qu'on a une proximité à avoir avec le Français, et donc du coup, voilà, je travaille, mais je pense que si
AUDREY CRESPO-MARA
Donc le terrain plutôt que la télé, c'est ça ?
LAURA FLESSEL
Le terrain et la télé, de manière efficiente. L'idée, c'est de structurer en fait une stratégie, voilà, j'ai une feuille de route, je m'y astreins, je prends plaisir, et derrière, il y a des réponses positives.
AUDREY CRESPO-MARA
Et puis, vous avez eu votre dose d'exposition médiatique dans votre première vie, peut-être aussi ?
LAURA FLESSEL
Je dirais que les médias, oui, pendant vingt ans, j'en ai fait, aujourd'hui, je me demande d'être efficiente et d'avoir un résultat dans un monde que je découvre, donc du coup, avec humilité, j'y vais, mais si j'ai, je dirais, des points en positif, si je passe pour la plus populaire, après un an, c'est que je suis allée sur le terrain et pas uniquement à cause des médailles ou grâce aux médailles
AUDREY CRESPO-MARA
Compétitrice toujours quand même. Merci beaucoup Laura FLESSEL.
LAURA FLESSEL
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 15 juin 2018