Texte intégral
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Bienvenue Frédérique VIDAL, bonjour.
FREDERIQUE VIDAL
Bonjour.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Merci d'être avec nous un jour comme aujourd'hui, et pas seulement parce qu'il y a ce qui est en train de se passer sur la ZAD. 2 500 gendarmes qui sont en train d'évacuer la ZAD, et l'évacuation de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes s'accompagne comme prévu de heurs, d'affrontements et de quelques violences. Pourquoi maintenant ? Pourquoi ?
FREDERIQUE VIDAL
Eh bien le Premier ministre l'avait annoncé : à la fin de la trêve hivernale, tous les zadistes qui n'auraient pas pris contact avec la préfecture pour indiquer quel était leur projet sur la ZAD c'est une zone agricole, et donc il faut que ce projet soit en lien avec l'agriculture eh bien, toutes ces personnes n'avaient pas vocation à rester sur le site, et c'est ce qui est en train de se passer.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc il y a une centaine ou 150 illégaux...
FREDERIQUE VIDAL
Absolument.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qui veulent rester, d'autres se sont peut-être arrangés avec leur préfecture et le département. Mais c'est une opération qui va durer plusieurs jours.
FREDERIQUE VIDAL
Oui, elle durera le temps nécessaire pour que le calme revienne et que cette zone redevienne une zone de droits.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, mais vous avez entendu les zadistes, ceux qui sont chassés promettent de revenir, sans fin.
FREDERIQUE VIDAL
Alors, ceux qui sont chassés, il faut bien voir qu'on leur propose évidemment des solutions de relogement, après l'idée c'est que, en France, il n'y ait pas de zones de non droit, et c'est ce à quoi le Premier ministre et le gouvernement s'engagent.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, les zones de non droit, c'était une zone de non droit qui a duré peut-être trop longtemps. Est-ce que ce matin vous protégez les facultés de Nantes ?
FREDERIQUE VIDAL
Oui, évidemment, le déploiement qui est sur place, a pour objectif de protéger tous les sites sensibles et évidemment les facultés en font partie.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, et puis Nantes, parce que certains zadistes peuvent aller à Nantes et puis des étudiants de Nantes peuvent promettre leur soutien, leur solidarité à l'égard des zadistes, mais je pense que le périmètre a du être fermé.
FREDERIQUE VIDAL
Normalement, le périmètre est sécurisé.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui et vous saviez que ça allait se produire, là, maintenant ? Parce qu'on a envie de vous demander pourquoi maintenant, alors que le gouvernement a déjà des opérations à risques, la récupération de Notre-Dame-des-Landes, la réforme de la SNCF, la tension et la réforme dans les hôpitaux et la réforme chez vous, dans les universités. Pourquoi tout en même temps ? Qu'est-ce que vous voulez nous montrer ?
FREDERIQUE VIDAL
On ne veut rien montrer de spécial, on a simplement annoncé un certain nombre de choses, et je pense que ce qu'on montre, c'est qu'effectivement le Premier ministre avait dit « à la fin de la trêve hivernale », nous sommes dans les tout premiers jours d'avril, et donc c'était important que cette parole soit respectée.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire que l'exécutif veut montrer que quand il dit quelque chose, il l'applique. C'est ça ?
FREDERIQUE VIDAL
C'est ça.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Au nom de l'autorité de l'Etat.
FREDERIQUE VIDAL
Absolument, c'est très important de maintenir cette autorité de l'Etat. Je crois que les Français attendent la démonstration que l'Etat n'est pas impuissant.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais, est-ce que vous empêchez, Frédérique VIDAL, dans les universités, où qu'elles soient sur le territoire, de devenir de nouvelles ZAD ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors oui, évidemment, je crois que là aussi il faut remettre les choses en perspective. Ces trois universités, c'est, aux dernières nouvelles, six ou sept campus, sur à peu près plus de 400 sites universitaires, qui connaissent des perturbations ou des blocages. C'est quelques centaines d'étudiants qui en bloquent quelques milliers. Il y a 1,6 million d'étudiants en France, qui, dans leur très grande majorité, sont en train de préparer leurs examens et sont en train de les passer, d'ailleurs pour certains.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est une manière de nous dire que tout va bien ?
FREDERIQUE VIDAL
Ce n'est pas une manière de dire que tout va bien. Moi évidemment je suis très attentive et je suis toujours dans le dialogue.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous n'êtes pas inquiète ?
FREDERIQUE VIDAL
L'inquiétude, elle est liée aux formes de violence et à la récupération politique et extrémiste qui est parfois faite, de ce qui se passe dans les universités. Les universités, lieu de débat, oui, d'ailleurs la loi a été longuement débattue, on a commencé à la coconstruire avec les représentants des personnels, les représentants des étudiants, le 17 juillet dernier.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, il y a une longue procédure, parlementaire, politique, syndicale...
FREDERIQUE VIDAL
Elle a été validée par la majorité des syndicats, elle a été discutée au Parlement, elle est en train de s'appliquer, donc on sent bien que ce sont des affrontements qui n'ont plus grand-chose à voir avec les universités en réalité.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que vous dites que c'est une bataille politique ?
FREDERIQUE VIDAL
Bien sûr, c'est une bataille politique, d'ailleurs, dans les médias les parlementaires de la France Insoumise ne se privent pas de dire que c'est une bataille politique. C'est une bataille politique...
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous les attaquez, la France Insoumise, mais ils vous le rendent bien.
FREDERIQUE VIDAL
Absolument.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Jean-Luc MELENCHON, hier...
FREDERIQUE VIDAL
Jean-Luc MELENCHON, hier, effectivement, a eu des propos à mon égard, que je ne prends pas vraiment en considération, parce que si on considère que ce qui se passe au Brésil, c'est un coup d'Etat, et de la justice, moi l'opinion...
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pourquoi on va chercher le Brésil ?
FREDERIQUE VIDAL
Parce que c'est ce qu'il a dit dans la même interview, donc voilà, son opinion...
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais lui, il dit bien que vous ne pourrez pas empêcher les étudiants dans les universités, d'être des partisans de la France Insoumise, et en même temps de se battre et de contester votre propre réforme, parce que c'est ça qui est...
FREDERIQUE VIDAL
Evidemment que les étudiants adhèrent aux partis politiques auxquels ils souhaitent adhérer, il n'y a pas de sujet là-dessus, mais si monsieur MELENCHON avait participé au débat parlementaire, il ne dirait pas par exemple qu'on oblige les étudiants à faire dix voeux, ça n'a pas de sens.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
A faire ?
FREDERIQUE VIDAL
A faire dix voeux, ça n'a pas de sens.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ah, oui oui. On verra s'il y a des erreurs ou des fake news. Mais est-ce que ça veut dire que ce matin, ici, vous adressez aux étudiants, madame VIDAL, et éventuellement à certains profs ou enseignants, qui pourraient être tentés par le zadisme, un avertissement : les fauteurs de troubles seront délogés des universités ?
FREDERIQUE VIDAL
C'est ce qui est en train de se passer en fait et on travaille évidemment en toute proximité avec les présidents d'université, c'est eux qui nous disent, lorsqu'il est nécessaire d'évacuer, ce sont les étudiants eux-mêmes qui parfois en assemblée générale débloquent leur fac. Il faut bien se rendre compte que globalement, les étudiants sont en train de préparer leurs examens ou sont en train de les passer.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, il y en a qui commencent aujourd'hui, les examens partiels...
FREDERIQUE VIDAL
Absolument, absolument.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y a 97 %, c'est vrai, des étudiants qui veulent les passer, qui veulent suivre les cours et qui sont empêchés. Mais vous, ministre, quelle est ce matin votre recommandation, vos conseils, vos suggestions, aux présidents des universités qui sont bloquées, occupées, entravées ? Qu'est-ce que vous leur dites ?
FREDERIQUE VIDAL
Ce que je leur dis, c'est que, enfin je leur parle tous les jours, donc ce que je leur dis lorsque je les ai au téléphone, c'est qu'il est extrêmement important de faire en sorte que les derniers enseignements qui sont en cours aient lieu, que les examens se passent dans la sérénité, qu'un amphithéâtre pour débattre, une assemblée générale pour débattre, évidemment c'est le lieu dans l'université.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, mais ça ils sont d'accord avec vous...
FREDERIQUE VIDAL
Absolument.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Seulement il y a des minorités qui ont fermé certaines facultés, à Montpellier, Toulouse, Bordeaux, Tolbiac la rouge ou la verte islamiste. Il y a tout ça, il y en a quelques-unes.
FREDERIQUE VIDAL
Absolument, et chaque fois qu'ils demandent l'aide de l'Etat, l'Etat est là, on débloque les universités ou bien on met des cordons de sécurité autour des universités, donc tout ceci, évidemment, est pris en compte.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire, vous leur dites : la patience ? Parce que ce serait une guerre d'usure mais avec des risques de contagion. Ou vous leur dites : vous pouvez, parce puisqu'ils ont plus de liberté et d'autonomie qu'avant. Vous pouvez en appeler à la protection de la police, et s'ils le font, vous les encouragez, vous les accompagnez ?
FREDERIQUE VIDAL
Absolument, on où il est en lien avec les rectorats et avec les préfectures, de manière à les aider. Il ne faut surtout pas céder à la provocation, il y a une véritable envie de la part de certains, de mettre en scène quelques endroits dans lesquels on a des blocages, et donc il ne faut pas céder à cette provocation. Il faut garder son sang-froid, toujours.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, si on peut. La protection de la police mais pas encore la réquisition des policiers qui entreraient pour faire évacuer.
FREDERIQUE VIDAL
Certains présidents ont demandé la récusation...
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et alors ?
FREDERIQUE VIDAL
Et dans ce cas-là elle a eu lieu, et l'évacuation à eu lieu.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et si on trouve par exemple des armes, des cocktails Molotov, ou que sais-je, des grenades dans des amphithéâtres, qu'est-ce que vous décidez ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors là, évidemment, les présidents sont en responsabilités, c'est eux qui ont le pouvoir de police, donc dans ce cas-là, évidemment, c'est très important qu'ils fassent appel aux forces de l'ordre, à la fois pour protéger les étudiants et protéger les lieux.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais il vaut mieux que ça n'arrive pas.
FREDERIQUE VIDAL
Evidemment.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le Premier ministre disait dans Le Parisien dimanche, hier, « quand les présidents d'université nous saisissent pour des interventions, ça ou là, elles ont lieu »,
elles auront lieu.
FREDERIQUE VIDAL
Absolument, elles ont eu lieu et elles auront lieu autant de fois que nécessaire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Nous ne laisserons pas agir une minorité ultra-politisée et parfois très violente. Qui inspire c'est minoritaire, en dehors de ce que vous avez dit tout à l'heure, la France Insoumise ? Qui les inspire, qui les téléguide ? Qui les télécommande ? Qui les pilote ?
FREDERIQUE VIDAL
Moi j'allais dire que c'est extrêmement compliqué de le savoir, c'est une forme de restes, peut-être, du mouvement Nuit debout. C'est globalement l'extrême gauche à l'intérieur des universités et l'extrême droite à l'extérieur et la mise en scène de ces affrontements, extrême-gauche, extrême-droite, qui, une fois de plus, n'ont à voir que de très loin avec la vie universitaire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
A Tolbiac, il y a eu des incidents dans la nuit de vendredi à samedi, il y a six jeunes qui sont gardés à vue.
FREDERIQUE VIDAL
Interpelés, absolument, gardés à vue.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il aurait pu y avoir encore des violences dans la nuit de samedi à dimanche...
FREDERIQUE VIDAL
Oui, mais le président a demandé justement à ce qu'il y ait un cordon de sécurité.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y a un cordon qui a évité, etc. Et j'ai regardé les revendications de Tolbiac. Après leur conférence de Presse....
FREDERIQUE VIDAL
Masqués, avec leur chien.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Avec leur chien, il parait qu'il a même...
FREDERIQUE VIDAL
Qui est devenu extrêmement célèbre, il un compte Twitter.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il a un compte Twitter.
FREDERIQUE VIDAL
Oui, absolument.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et les revendications, je ne veux pas les juger, mais les revendications : démission urgente d'Emmanuel MACRON, abolition de l'Etat, des frontières, abolition du capitalisme, suppression de la réforme Vidal ça, ça va de soi mort à Israël, déclaration de guerre à la Turquie. Mort à Israël, c'est vrai qu'il y a aussi des slogans antisémites ?
FREDERIQUE VIDAL
Absolument. I y a eu des dégradations sur les locaux de l'Association des étudiants juifs de France, avec des tags antisémites et antisionistes, oui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous dites bien que c'est une bataille politique, et vous répétez, vous l'avez dit, là, tout à l'heure, madame VIDAL, avec beaucoup de fermeté : les examens doivent avoir lieu et auront lieu, hein, c'est ce que vous dites.
FREDERIQUE VIDAL
Absolument.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais, est-ce qu'il suffit de le dire haut et fort et de hausser le ton, pour qu'ils aient lieu ? Parce qu'il y a des blocages.
FREDERIQUE VIDAL
Evidemment, ce sont les présidents d'université qui m'informent, une fois de plus, et là encore, on les accompagne. Lorsqu'ils peuvent les faire sur les sites, puisqu'une fois de plus, la très grande majorité des sites ne sont pas impactés, ils le font lorsqu'ils ont besoin d'autres locaux, on les aide à en trouver, et pour cela évidemment les recteurs sont en première ligne.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc vous encouragez, s'il y a des blocages, à ce que les examens, sortent de la faculté, qu'ils aillent ailleurs.
FREDERIQUE VIDAL
Bien sûr, les examens peuvent se dérouler dans d'autres locaux que les locaux universitaires, l'Etat est propriétaire d'énormément de locaux, donc on est capable d'organiser ces examens. Une fois de plus, il faut le faire de manière adaptée, en fonction de la situation, on peut aussi voir des examens protégés par la force de police.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
En ligne, il y en a quelques-uns qui le font en ligne.
FREDERIQUE VIDAL
En ligne, parce que, effectivement, il existe des formations à distance qui permettent de faire des examens en ligne, sécurisés. Ça peut être des... tout est possible en fait, de ce point de vue-là c'est très variable, les examens.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Deux ou trois choses. D'abord il y a les grèves de la SNCF qui compliquent des situations, parce qu'il peut y avoir des retards, des absences, etc., et puis vous allez entendre une étudiante que l'on voit un peu partout, proclamer ce qu'elle vous demande, et avec les raisons pour lesquelles elle vous les demande. On l'écoute.
FREDERIQUE VIDAL
Allez.
MARINA GHARRISI, PORTE-PAROLE DE SUD SOLIDAIRES ETUDIANTS
Les examens doivent être repoussés, pour permettre à chacun de pouvoir se mobiliser, et donc c'est à notre tour, notre réponse à Frédérique VIDAL et à Edouard PHILIPPE qui disaient que les partielles auraient lieu. Nous on dit : les partielles et seront décalées, pour permettre à tout le monde de pouvoir se mobiliser.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Voilà, elle veut décaler les examens et le calendrier, pas seulement pour se préparer, mais pour se mobiliser.
FREDERIQUE VIDAL
Absolument.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que les examens peuvent être décalés ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors, évidemment, si c'est nécessaire, on peut toujours décaler un examen, mais une fois de plus, moi ce qui me remonte des différentes universités, c'est que les calendriers des examens sont maintenues et que toutes les conditions sont réunies pour qu'ils se passent sereinement. Ce que j'ai envie de répondre à cette jeune fille, c'est que, si elle défend les étudiants, il faut aussi qu'elle défende leur droit à pouvoir passer les examens et avoir des diplômes qui ne soient pas à dévalorisés.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Est-ce que vous le dites à tous : 2018 ne sera pas une année perdue ou ne devrait pas être une année perdue ?
FREDERIQUE VIDAL
Non, 2018 ne sera pas une année perdue.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous l'affirmez.
FREDERIQUE VIDAL
Absolument.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et vous ferez tout pour que...
FREDERIQUE VIDAL
Pour ceux qui veulent faire une comparaison entre 2018 et 68, et ils sont nombreux, et c'est aussi la raison pour laquelle peut-être que cette mobilisation, tout d'un coup, arrive, plus d'un mois après le vote de la loi et après 9 mois de débats, je rappelle que même en mai 68, les examens ont eu lieu.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, et qu'après mai 68, il y en a qui ne l'oublient pas...
FREDERIQUE VIDAL
Il y a eu juin.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y a eu juin 68, qui était une reprise en main. Ministre de tutelle des universités, est-ce que vous demanderez à Gérard COLLOMB, puisque vous dites « les examens doivent avoir lieu dans des locaux de l'Etat, etc. », est-ce que vous demanderez à Gérard COLLOMB, des policiers pour sécuriser les lieux où auront lieu les examens, s'ils ont lieu ?
FREDERIQUE VIDAL
Absolument. Lorsque c'est nécessaire, effectivement, ça fait partie des dispositifs et qui ont été demandés par les présidents d'université. Evidemment l'Etat est là pour les accompagner.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors, tout ça est parti de Parcoursup, la réforme de ce qui devait remplacer l'horrible tirage au sort qui avait fait tellement de dégâts. Combien il y a de lycéens qui sont déjà inscrits à Parcoursup ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors, on a 800 000 lycéens qui sont inscrits sur Parcoursup. J'en profite pour remercier d'ailleurs les professeurs principaux et les proviseurs qui ont vraiment travaillé à une meilleure orientation de ces lycéens et puis, ce moment, je remercie aussi la très grande majorité des enseignants et des enseignants-chercheurs, des équipes dans les universités, qui se préparent à les accueillir, parce que c'est ça la réalité.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, mais vous m'obligez à vous dire que ce matin, il y a aussi des profs, des enseignants, des personnels administratifs, qui ne veulent pas entendre parler de la réforme, qui ne veulent pas l'appliquer, qui veulent la boycotter et qui, par exemple, refusent de classer les dossiers élèves. Qu'est-ce que vous leur dites ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors, ce que je leur dis, c'est que vraiment je les encourage à lire la loi. Quand ils disent : « On dira oui à tout le monde », ça tombe bien, parce que c'est ce que demande la loi, et donc évidemment il faut le faire. J'entends leurs arguments sur le manque de places, donc je leur rappelle simplement qu'on a financé 19 000 places supplémentaires, ça veut dire des créations de postes et des recrutements qui sont en cours dans les universités, donc vraiment, une fois de plus, je crois qu'il faut refaire la pédagogie de cette réforme.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais aux enseignants qui disent qu'ils vont donner là tout le monde la moyenne, à ceux qui disent : il y aura des ex-æquo, 10 pour tout le monde, 12 pour tout le monde, etc., là, qu'est-ce que vous dites ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors, je rappelle que la loi...
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y a la loi, mais ils ne veulent pas l'appliquer.
FREDERIQUE VIDAL
Oui, mais sauf que la loi s'applique à tout le monde, et c'est très important, évidemment, que l'on ne laisse pas la voix d'une toute petite minorité de l'étouffer la voix de la très grande majorité. Je rappelle que les présidents d'université soutiennent la réforme, je rappelle que les syndicats majoritairement, ont voté pour le texte de loi.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui, mais c'est toujours la minorité qui bloque.
FREDERIQUE VIDAL
Oui, mais une minorité qui bloque, au bout d'un moment, ils ne sont pas seuls dans un établissement et donc ce n'est pas eux qui feront la loi.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Les présidents d'université que vous citez, dans certains cas, ils ont du caractère, ils n'en ont pas tous, mais enfin, on dit qu'il y en a quelques-uns qui en ont, et ceux-là affirment qu'avec eux, il n'y aura ni note de complaisance, ni examen au rabais. Ceux-là, vous les soutenez ?
FREDERIQUE VIDAL
Bien sûr.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est-à-dire qu'ils seront exigeants et durs.
FREDERIQUE VIDAL
Bien sûr, mais je crois que c'est vraiment l'intérêt de tout le monde, de faire en sorte que les diplômes à l'université ne soient pas dévalorisés, et que donc évidemment les examens aient lieu, je répète, je l'ai déjà dit, on ne va pas à l'université pour avoir des notes, on va à l'université pour apprendre des choses, et les examens permettent de vérifier que ces choses sont acquises. Moi je pense à tous les étudiants de licence, qui sont en train de préparer leur dossier pour leur master, et qui sont empêchés par quelques-uns et donc ça doit cesser.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et c'est ces quelques-uns auxquels il faut trouver, ou pour ceux-là, des solutions. Il parait que vous voulez supprimer tout rattrapage ou tout redoublement. Vrai ou faux ?
FREDERIQUE VIDAL
Mais ça, ça fait partie complètement de la campagne de désinformation.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vrai ou faux ?
FREDERIQUE VIDAL
Non, on ne supprime pas les rattrapages, non on ne supprime pas les redoublements, non on ne supprime pas la compensation.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors, la compensation, parce que oui, j'ai vu, quelqu'un qui aurait eu un 8 ici et un 12 ici, on prétend que vous et votre réforme, vous n'accepterez pas que 8 et 12 ça fasse une moyenne de 10.
FREDERIQUE VIDAL
Eh bien c'est faux.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est aussi faux.
FREDERIQUE VIDAL
Oui, vraiment, j'incite tout le monde à lire la loi, c'est très peu d'articles, tout le monde peut y arriver.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et quand on dit : « il y a une sélection », ça c'est l'argument qui revient depuis 68, vous ne pouvez pas dire que c'est faux.
FREDERIQUE VIDAL
Ah, si si, je continue à dire que si nous souhaitions sélectionner, nous n'investirions pas un milliard d'euros, nous n'aurions pas ouvert plus de 20 000 places supplémentaires cette année, nous n'aurions pas recruté des enseignants chercheurs. Cette réforme, elle vise à une meilleure orientation et à une meilleure réussite, elle ne vise qu'à ça, on a besoin de jeunes formés en France. Je ne vois pas quel gouvernement serait assez fou, au moment où l'économie repart, pour faire en sorte que sa jeunesse soit moins diplômée qu'avant.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Surtout que l'intelligence artificielle et toutes ses...
FREDERIQUE VIDAL
Va aussi nécessiter des formations.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Avec Cédric VILLANI, Mounir MAHJOUBI, et en même temps, aujourd'hui on en est à l'intelligence primaire, c'est-à-dire reproduire, recommencer ce qui s'est déjà fait, etc. Ça c'est autre chose. Mais, une dernière question Frédérique VIDAL, des témoins constatent le développement des communautarismes, des religions, le développement des religions, de la radicalité, catholique, juive, surtout musulmane dans certaines universités, surtout du Sud-est de la France et de l'Ile de France. Est-ce que vous pouvez me dire si c'est vrai ou faux ?
FREDERIQUE VIDAL
Alors, ce qui est très important, c'est que, effectivement, on réaffirme que l'université est un lieu où comme partout la laïcité s'applique. Nous avons nommé des référents laïcité dans tous les établissements, nous sommes en train de les former, c'est très important que là encore, des petits groupes communautaristes ou extrémistes...
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qui existent.
FREDERIQUE VIDAL
Qui existent, absolument, eh bien ne fassent pas la loi au sein des établissements.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Merci Frédérique VIDAL.
FREDERIQUE VIDAL
Merci çà vous.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'était un dossier extrêmement important qui s'ajoute à ceux que l'on connaît. Ce soir, le président de la République, monsieur MACRON, va parler de laïcité, précisément, au Collège des Bernardins, invité par l'épiscopat français, et demain je recevrai monseigneur PONTIER, qui est l'archevêque de Marseille et le président de l'épiscopat, celui qui invite ce soir le Président de la République. Merci d'être venue.
FREDERIQUE VIDAL
Merci à vous.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Bonne journée.
FREDERIQUE VIDAL
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 16 avril 2018