Texte intégral
STEPHANE CARPENTIER
L'invité de RTL Matin, le Secrétaire d'Etat en charge du Numérique qui a beaucoup, beaucoup bougé la tête pendant Lenglet-co de Martial YOU.
OLIVIER BOST
Mounir MAHJOUBI, bonjour.
MOUNIR MAHJOUBI, SECRETAIRE D'ETAT CHARGE DU NUMERIQUE
Bonjour.
OLIVIER BOST
Vous allez retrouver ce matin l'Elysée pour le conseil des ministres. Vous étiez parti en vacances sur l'affaire Benalla, le garde du corps sulfureux d'Emmanuel MACRON et puis il y a eu aussi pendant l'été les premiers signes d'essoufflement sérieux de la croissance économique. Pour cette rentrée, comment le Gouvernement veut-il ou peut-il reprendre la main ?
MOUNIR MAHJOUBI
Le Gouvernement va continuer la transformation. On l'a rappelé, le président de la République l'a rappelé, il l'a dit pendant l'été puisque pendant cet été, on s'est battu. On a continué à travailler. Bien, on continue. On a des grandes mesures, on a des grands projets qui démarrent. Aujourd'hui, c'est la journée du budget de la France. Vous en avez beaucoup parlé pendant votre rubrique à l'instant. Le budget de la France, c'est quoi ? C'est comme dans toutes les familles. Combien on a ? Combien on va dépenser ? Quelles responsabilités ? On a une responsabilité vis-à-vis des Français, c'est celle de tenir ce budget de la France. En responsabilité, on va en parler au conseil des ministres, on en reparlera toute la journée et puis on a une grande rentrée sociale sur l'avenir de l'allocation chômage, sur l'avenir de la formation, sur la première mise en place de la loi ELAN qui enfin a été votée avec le passage de la navette. On va avoir des grands sujets sur la pauvreté avec un grand focus sur les 18-25 ans. Une rentrée très active.
OLIVIER BOST
Voilà. La stratégie de l'Elysée, c'est de multiplier les réformes. Est-ce que ce n'est pas un peu une technique de l'ancien monde, ça, de saturer l'espace ?
MOUNIR MAHJOUBI
Ce n'est pas une stratégie de l'Elysée. C'est ce qu'on a expliqué aux Français quand on s'est fait élire. On a expliqué qu'on se faisait élire pour transformer la France. Donc aujourd'hui, ce plan pauvreté qui va être porté par Agnès BUZYN, il va parler de quoi ? Il va parler de comment on fait pour que les jeunes de 18 à 25 ans qui sont dans la misère, qui ne rentrent pas dans la vie active, qui n'ont pas d'emploi pendant plusieurs années, qui ne rentrent pas dans cette vie qu'on espère tous pour chacun de nos enfants, comment on fait pour qu'ils y rentrent et pour qu'ils y rentrent durablement et que jamais ils ne tombent dans la pauvreté. Ça, ce n'est pas une stratégie pour brouiller le message, c'est une urgence pour la France. On a parlé des entreprises tout à l'heure : comment on fait pour qu'il y ait plus d'emploi ? Comment on fait pour que ceux qui sont loin des emplois et on parlera tout à l'heure des emplois qui vont disparaître à cause du numérique comment on s'assure que les gens sont formés pour l'avenir ? Ça aussi, c'est une de nos priorités et ça aussi, dans le budget, ce sera une priorité. Parce que dans ce budget, on en a beaucoup parlé, mais il y a des choses qui ne bougeront pas. Ce qui va permettre de diminuer le chômage, ce sera un investissement majeur pour l'avenir. Ce qui va permettre de former, ce sera un investissement majeur pour l'avenir.
OLIVIER BOST
Le problème que vous avez aujourd'hui concrètement pour cette rentrée, c'est les premiers résultats. Il n'y a pas de résultats franchement visibles. Toutes les réformes que vous aviez lancées l'an prochain, elles n'ont pas eu beaucoup d'effet encore.
MOUNIR MAHJOUBI
Celles de l'an prochain, elles n'ont pas encore d'effet.
OLIVIER BOST
L'an dernier, excusez-moi, l'an dernier.
MOUNIR MAHJOUBI
Celles de l'an dernier, elles vont mettre aussi du temps. Tout à l'heure, on parlait par exemple de la taxe d'habitation : ça, ça y est. Cette année, pour la première fois, les Français vont ne pas recevoir la facture de la taxe d'habitation. Vous avez raison, ce n'est pas aussi simple que de l'argent qu'on reçoit tous les mois mais de l'argent qu'on ne vous prélève pas une fois par an. Pour ceux pour qui c'était une véritable douleur chaque année, ça va enfin devenir quelque chose d'important pour le pouvoir d'achat. Vous l'avez dit, le pouvoir d'achat a baissé. Oui, parce que beaucoup de prix ont augmenté. Donc nous, on s'assure que les revenus augmentent aussi et augmentent plus vite que les prix. Bien ça, c'est une politique qu'on mène dans ce Gouvernement et les Français vont le voir. Plus d'argent tous les mois à partir de la rentrée.
OLIVIER BOST
Pas de doutes.
MOUNIR MAHJOUBI
Comment ?
OLIVIER BOST
Pas de doutes du côté du Gouvernement pour l'instant.
MOUNIR MAHJOUBI
Etre un bon politique, être un bon Gouvernement, c'est être dans l'action et, dans le doute, constructif. Il faut toujours se poser la question : pourquoi on fait les choses, pourquoi on avance et si ça ne marche pas, on change.
OLIVIER BOST
Je reviens sur l'affaire Benalla qui n'est pas terminée. Il y aura encore des auditions au Sénat et puis le travail de la justice se poursuit. L'affaire Benalla, c'est un boulet que va traîner Emmanuel MACRON ?
MOUNIR MAHJOUBI
Je ne crois pas et je ne crois pas que les Français pensent que cette affaire est une affaire d'Etat, et je ne pense pas que les Français considèrent que ça va nous empêcher d'agir. En tout cas ce qui est certain, c'est que notre responsabilité c'est de continuer à agir. Après, sur cette affaire Benalla, il faut que ça aille jusqu'au bout. Mais vous aurez noté que maintenant, les commissions d'enquête ont pu continuer à leur travail
OLIVIER BOST
Sauf à l'Assemblée nationale.
MOUNIR MAHJOUBI
Si. A l'Assemblée nationale, elle a pu rencontrer tous les acteurs. Personne n'a été privé de sa capacité à interroger les acteurs de cette affaire.
OLIVIER BOST
Ce n'est pas ce que dit l'opposition.
MOUNIR MAHJOUBI
L'opposition dit qu'elle aurait voulu encore plus. Elle aurait voulu que cette commission dure à la rentrée, qu'elle continue jusqu'à la fin de l'année.
OLIVIER BOST
Ce qui est le cas au Sénat.
MOUNIR MAHJOUBI
On n'a jamais fait de commission qui dure cinq ans. Donc il faut bien un moment où ça s'arrête et puis, il faut surtout et c'est ça pour nous la priorité que la justice s'exprime. Et donc, c'est maintenant une enquête judiciaire avec un juge saisi et il faudra que si des faits sont jugés condamnables qu'ils soient condamnés. C'est tout. Et c'est très grave et il sera condamné si le juge le décide. Maintenant il faut qu'on bosse.
OLIVIER BOST
Votre domaine, c'est le numérique. A propos du budget 2019, est-ce que le numérique dans l'administration permettra de faire des économies ?
MOUNIR MAHJOUBI
Le numérique dans l'administration, ça va permettre de faire plus de services publics plus proches avec mon argent.
OLIVIER BOST
Et de supprimer des postes ?
MOUNIR MAHJOUBI
Le but du numérique, ce n'est pas de supprimer des postes. Le but du numérique, c'est comment le travail de l'agent est rendu plus efficace pour lui-même. Le premier acteur avec qui je crée des nouveaux services publics en ligne, ce sont les agents publics. C'est pour les rendre, eux, plus forts, plus puissant vis-à-vis du public qu'on fait des nouvelles applications, qu'on fait des nouveaux services du quotidien. Et puis pour les citoyens, avoir un service public accessible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, sur son téléphone mobile, c'est plus de services publics dans mon quotidien. Mais en même temps quand on fait cette transformation, on investit aussi pour ceux qui sont loin du numérique, parce qu'il y a un Français sur cinq qui ne sait pas du tout utiliser le numérique. Donc pour eux, on a lancé cet été au mois de juillet avec le président de la République le passe numérique. Vous avez vu, le numérique ce n'est pas « on supprime », c'est « on fait plus d'humain ». Et le président de la République a eu une phrase que je répète souvent. Il l'a dit : « On va plus numériser mais on veut aussi plus réhumaniser ». Je pense que c'est ça, la ligne.
OLIVIER BOST
Selon une étude publiée hier, plus de deux millions d'emplois vont disparaître en France. Deux millions. C'est à cause de l'intelligence artificielle, les ordinateurs qui sont capables de prendre des décisions et de tenir des discussions, et puis c'est aussi à cause de la robotisation. Vous êtes un spécialiste de toutes ces questions. Deux millions de personnes qui vont devoir changer de métier, c'est absolument énorme.
MOUNIR MAHJOUBI
C'est énorme et ce sera peut-être plus. La question, c'est de savoir quand est-ce que toutes ces transformations auront lieu. Est-ce qu'elles ont lieu l'année prochaine ? Dans cinq ans ? Dans dix ans ? Ce qui est certain, c'est qu'elles vont avoir lieu. Donc la responsabilité du Gouvernement, c'est de maîtriser le temps de ces transformations et de donner la capacité à chaque Français de se préparer. Quand on parle de quinze milliards d'euros dans la formation sur cinq ans, ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'on pense que la seule façon pour que les gens qui vont perdre leur emploi ou dont l'emploi va disparaître, c'est de se reformer et d'être toujours au meilleur niveau de qualification possible. Donc oui, des emplois vont disparaître mais beaucoup, beaucoup vont être crées et notre économie va se transformer. Quelques grands acteurs aujourd'hui sont très présents, transforment notre économie, mettent en danger parfois nos petits acteurs de l'industrie, nos acteurs du commerce. Comment on se prépare pour qu'eux soient toujours là et que nos emplois soient toujours là partout sur le territoire en France ?
OLIVIER BOST
On verra ça. RTL a dévoilé ce matin la très forte augmentation des amendes à Paris pour ceux qui louent des logements illégalement sur AIRBNB. Est-ce que c'est la preuve que lorsque l'on veut réguler les grandes plateformes Internet, on le peut ?
MOUNIR MAHJOUBI
En tout cas, c'est une priorité de la France. Aujourd'hui, ces plateformes jouent un rôle de plus en plus important dans nos vies. Dans nos vies, elles sont partout. De plus en plus de nos achats passent par ces plateformes. Ces plateformes c'est Google, c'est Facebook, c'est Twitter.
OLIVIER BOST
Oui, mais elles ne payent pas d'impôts, et cætera. C'est ça la question.
MOUNIR MAHJOUBI
On s'informe de plus en plus. Ce n'est pas que la seule. Ce que j'essaye de vous dire, c'est que depuis qu'on a lancé ces états généraux des nouvelles régulations numériques il y a un mois Je pars cet après-midi à Buenos Aires et ensuite en Argentine pour parler de ces sujets parce qu'il y a le G20 numérique et avec tous les ministres du Numérique de ces vingt pays, on va discuter de ces nouvelles régulations. Elles influent notre économie, elles influent les emplois de demain, elles influent notre sécurité en ligne. Aujourd'hui on n'a jamais eu autant de menaces, de contenus terroristes, de contenus qui mettent en danger nos familles et qui sont en ligne. Et aujourd'hui, les seuls qui régulent ce sont les plateformes elles-mêmes. Ce qu'on leur dit, c'est qu'elles ne peuvent pas continuer à réguler Internet elles-mêmes.
OLIVIER BOST
Et les municipalités comme par exemple Paris. A propos de Paris, vous ne cachez pas vos ambitions pour les municipales. Vous aimeriez porter les couleurs de La République en Marche aux élections. Vous êtes candidat à la candidature comme on dit ?
MOUNIR MAHJOUBI
Aujourd'hui, ça fait dix-sept ans qu'on a la même majorité à Paris et donc c'est normal que les Parisiens et les Parisiennes aient envie de se projeter dans l'avenir en se disant
OLIVIER BOST
Est-ce que vous voulez être candidat ?
MOUNIR MAHJOUBI
« Est-ce que le premier mouvement de France qu'est La République en Marche, est-ce que le premier de Paris qui est La République en Marche aura un candidat qui dépassera même son mouvement en réunissant une majorité ? » Bien, c'est très important qu'on soit prêt et donc je suis extrêmement impliqué aujourd'hui dans mon emploi de ministre du Numérique à travers le monde pour porter les valeurs de la France et je suis aussi extrêmement investi à Paris avec La République en Marche parce que je veux que nous offrions aux Parisiens un avenir.
OLIVIER BOST
Donc potentiellement candidat.
MOUNIR MAHJOUBI
Mais pourquoi pas ?
OLIVIER BOST
Très bien pourquoi pas. Merci Mounir MAHJOUBI.
STEPHANE CARPENTIER
Face à face à retrouver évidemment à retrouver sur le premier site radio de France, rtl.fr. Je retiens vos propos, Mounir MAHJOUBI : le Gouvernement va continuer la transformation et nous, les ministres, on a travaillé cet été. Propos qu'on peut réécouter donc sur rtl.fr.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 22 août 2018