Interview de M. Benjamin Griveaux, secrétaire d’Etat, porte-parole du Gouvernement, à BFM TV le 28 août 2018, sur la démission de Nicolas Hulot du gouvernement, les priorités du budget pour 2019 en faveur du travail et l'élection européenne.

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Média : BFM TV

Texte intégral

JEAN-JACQUES BOURDIN
Benjamin GRIVEAUX est notre invité ce matin, Porte-parole du Gouvernement. Benjamin GRIVEAUX, bonjour.
BENJAMIN GRIVEAUX, PORTE-PAROLE DU GOUVERNEMENT
Bonjour Jean-Jacques BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez appris comme nous tous, comme moi, le départ de Nicolas HULOT du Gouvernement.
BENJAMIN GRIVEAUX
Il y a quelques minutes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y a quelques minutes, comme ça. Vous n'étiez pas prévenu ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Je n'étais pas prévenu.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le Gouvernement n'était pas prévenu, le Président de la République n'était pas prévenu ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Je ne saurais pas vous dire. Je n'ai pas eu ni le Président, ni le Premier ministre depuis les quelques minutes qui viennent de s'écouler et l'annonce qu'a faite Nicolas HULOT chez l'un de vos confrères matinaliers.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Voilà. C'est sur France Inter, disons-le. D'ailleurs, nous allons écouter et regarder Nicolas HULOT.
NICOLAS HULOT, MINISTRE DE LA TRANSITION ECOLOGIQUE ET SOLIDAIRE
Est-ce que nous avons commencé à réduire l'utilisation des pesticides ? La réponse est non. Est-ce que nous avons commencé à enrayer l'érosion de la biodiversité ? La réponse est non. Est-ce que nous avons commencé à se mettre en situation d'arrêter l'artificialisation des sols ? La réponse est non.
NICOLAS DEMORAND
Est-ce que vous restez au Gouvernement de ce fait-là ? On entend ce matin que…
LEA SALAME
La tristesse.
NICOLAS DEMORAND
La tristesse et même plus la colère, Nicolas HULOT.
NICOLAS HULOT
Je vais prendre pour la première fois la décision la plus difficile de ma vie. Je ne veux plus me mentir, je ne veux pas donner l'illusion que ma présence au Gouvernement signifie qu'on est à la hauteur sur ces enjeux-là et donc je prends la décision de quitter le Gouvernement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
« Je prends la décision de quitter le Gouvernement. Je ne veux plus mentir ». Quelle est la réaction du Gouvernement, Benjamin GRIVEAUX ?
BENJAMIN GRIVEAUX
D'abord, moi je veux rendre hommage au travail qui a été accompli depuis plus d'une année par Nicolas HULOT. J'entends la déception qui peut être la sienne mais je veux aussi mettre au crédit de Nicolas HULOT et du Gouvernement les réalisations qui ont été celles depuis un an. Quand il parle d'artificialisation des sols, nous n'aurions pas avancé. Quand on ne fait pas Notre-Dame-des-Landes, on préserve un millier d'hectares de l'artificialisation des sols. Quand on fait le choix de sortir par exemple des centrales à charbon qui, en 2022, n'auront plus lieu de cité en France, qui seront arrêtées. Lorsqu'on ne construira plus de nouvelles centrales thermiques ; lorsque sur les pesticides il dit que nous n'avons pas avancé ; lorsque nous sommes arrivés, et nous le devons aussi grâce à l'action qu'il a conduite au niveau européen, et il a été entendu au niveau européen, c'était quinze ans de glyphosate. C'est passé à cinq ans au niveau européen et avec un engagement en France d'aller à trois ans. C'est un travail de longue haleine, le travail pour la biodiversité, pour la défense de l'environnement, pour la transition énergétique. Ce n'est pas quelque chose où on peut avoir des résultats, et Nicolas HULOT le sait, en une année seulement. Ça prend du temps de voir qu'il faut changer notre modèle agricole. On ne transforme pas le modèle agricole français en un claquement de doigts en dix-huit mois. Moi, j'aurais aimé qu'il reste parce qu'il apportait sa voix, sa conviction particulière avec un engagement ancien. Donc je regrette ce départ et je regrette surtout qu'on ne puisse pas mettre en valeur tout ce qu'il a accompli pendant l'année, les quatorze mois qui se sont écoulés depuis son entrée au Gouvernement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vais revenir sur ce qu'a dit Nicolas HULOT. Il a dit quand même : « Je n'ai pas pu obtenir ce que je voulais en matière environnementale. Mon action n'a permis d'obtenir que des petits pas. » Il est déçu. Il est déçu de ce qu'il a pu faire. Je dis bien de ce qu'il a pu faire Benjamin GRIVEAUX.
BENJAMIN GRIVEAUX
Vous savez, dans un collectif Gouvernemental, vous êtes aussi garant d'une solidarité entre les ministres. Ce que j'entends-là, quand il dit…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais enfin, le Gouvernement a tranché pour TRAVERT contre lui dans la loi. Vous le savez bien, dans la loi Alimentation.
BENJAMIN GRIVEAUX
Le Gouvernement a tranché sur le glyphosate en faveur. Le Gouvernement a tranché sur Notre-Dame-des-Landes, la fin des permis d'hydrocarbures, la fin des centrales thermiques, la fermeture de Fessenheim.
JEAN-JACQUES BOURDIN
« Je me sens seul sur les enjeux environnementaux au sein du Gouvernement. »
BENJAMIN GRIVEAUX
Voilà aussi les arbitrages qu'il a gagnés. Avec Sébastien LECORNU, ils ont travaillé sur le photovoltaïque, sur les énergies renouvelables. Avec Brune POIRSON, sur l'économie circulaire, le plan d'économies circulaires qui a été présenté à l'été. Rien de ce qu'il a été conduit à faire dans l'année ne doit le faire rougir. Est-ce que c'est suffisant ? Est-ce qu'on fait la révolution environnementale en une année ? La réponse est non.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pourquoi est-il parti alors ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Et je préfère, je le dis, les petits pas au sur place.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors pourquoi est-il parti ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Et donc moi, je continuerai. La stratégie des petits pas est une bonne stratégie, ça permet d'avancer. Je préfère, Jean-Jacques BOURDIN, les petits matins sympathiques aux grands soirs illusoires.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Benjamin GRIVEAUX, ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'il est fragile ? Ça veut dire quoi ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Je ne le sais pas et je ne fais pas de psychologie de comptoir, Jean-Jacques BOURDIN. Vous aurez l'occasion sans doute de lui poser la question.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Evidemment, je lui poserai la question.
BENJAMIN GRIVEAUX
Sans doute aura-t-il l'occasion de s'exprimer. Mais ce que je crois profondément, c'est que l'action qu'il avait engagée depuis quatorze mois était utile au pays, à nos concitoyens et à notre modèle et à la condition écologique que nous portons.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il n'a prévenu ni le Président de la République, ni le Premier ministre. Vous le regrettez ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Je n'en sais rien.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais c'est ce qu'il dit. Il le dit !
BENJAMIN GRIVEAUX
C'est sa manière de faire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous n'allez pas douter de sa parole.
BENJAMIN GRIVEAUX
Je ne doute pas de sa parole. C'est sa manière de faire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il le dit. Vous regrettez cette manière ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Je pense que la plus élémentaire des courtoisies aurait été effectivement de prévenir le Président de la République et le Premier ministre.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous savez ce qui s'est passé hier : il y a eu une réunion autour de la chasse. Vous avez, trois heures à l'Elysée et il y avait un lobbyiste qui s'appelle Thierry COSTE.
BENJAMIN GRIVEAUX
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il s'est accroché avec ce lobbyiste, Thierry COSTE, après cette réunion. Est-ce que le Président de la République est aux mains des lobbies ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Le Président de la République n'est pas aux mains des lobbies, vous le savez très bien. Lorsque vous discutez de sujets, il se trouve que vous recevez les fédérations professionnelles, que vous recevez les partenaires sociaux quand vous discutez d'assurance-chômage, de formation professionnelle, de réforme du code du travail. Vous recevez, de la même manière, les fédérations professionnelles lorsque vous voulez parler du bâtiment par exemple. Quand Bruno LE MAIRE et Delphine GENY-STEPHANN préparent la loi sur la transformation des entreprises, il est heureux qu'ils reçoivent les fédérations professionnelles, les différents secteurs de l'industrie, des services, de l'artisanat, du commerce qui leur font part de leurs soucis, de leurs préoccupations. Qu'on ait des discussions et un dialogue exigeant avec les fédérations professionnelles ne veut pas dire qu'on est soumis aux lobbies. Ce serait quoi un pouvoir qui parlerait, qui dirigerait le pays seul sans parler à personne, sans parler à ceux qui sont les professionnels de certains secteurs ? On nous ferait ce reproche et on aurait raison de le faire. En revanche discuter, ça ne veut pas dire se soumettre.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais Benjamin GRIVEAUX, Nicolas HULOT était venu ici-même. Il nous avait dit avant l'été : « Je déciderai cet été oui ou non de rester ou pas au Gouvernement. » Il a hésité longuement et voilà qu'il a choisi. Sur le terrain purement politique, c'est un coup très dur pour le Président de la République. Franchement, est-ce que c'est un coup dur pour le Président de la République ?
BENJAMIN GRIVEAUX
C'est un coup dur pour, au fond, la politique environnementale de transition énergétique que nous sommes en train de conduire et de transition écologique. C'était un Ministre d'Etat, il avait ce rang-là au même titre que le Ministre de l'Intérieur : ils étaient les deux seuls Ministres d'Etat, ce qui montrait l'importance. Il avait auprès de lui deux Secrétaires d'Etat pour l'épauler et pour l'accompagner dans la mission importante qu'il avait remplie et je rappelle que, dans le budget dont on dira peut-être un mot, il y a quelques postes qui augmentent.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On va en dire un mot, bien sûr.
BENJAMIN GRIVEAUX
L'éducation et l'enseignement, la sécurité et les armées et l'environnement et la transition énergétique. C'était les postes qui augmentaient dans le budget que nous aurons l'occasion de défendre cet automne à l'Assemblée nationale et au Sénat.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais alors pourquoi part-il ? Est-ce que vous comprenez son départ ? Est-ce que vous comprenez qu'il puisse partir ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Je ne comprends pas qu'il renonce alors qu'on a eu une première année avec beaucoup d'accomplissements qui sont à mettre à son crédit. Il n'a pas gagné tous ses arbitrages mais c'est le lot des ministres que de ne pas gagner tous ses arbitrages. Il faut parfois savoir faire des accords et se dire que le petit pas qu'on a réalisé aujourd'hui permettra demain de faire un plus grand pas encore.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. Benjamin GRIVEAUX, il sera difficile à remplacer, vous le savez bien.
BENJAMIN GRIVEAUX
Ecoutez, moi je ne suis pas dans le jeu du mercato. Ça n'est pas mon rôle. Nous n'allons pas choisir entre vous et moi ce matin le successeur de Nicolas HULOT.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On est bien d'accord. Néanmoins, ce sera difficile. Vous en convenez.
BENJAMIN GRIVEAUX
Nous avons une feuille de route qui a été fixée, à laquelle Nicolas HULOT a participé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que c'est un coup dur pour le Président de la République et le Gouvernement ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Ça n'est jamais agréable d'avoir un Ministre qui part parce qu'il a expliqué qu'il n'arrivait pas à mener la politique qu'il conduisait. Evidemment que ça n'est jamais agréable. Ça n'est jamais agréable.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est un coup dur. Politiquement, c'est un coup dur.
BENJAMIN GRIVEAUX
C'est un coup dont nous nous relèverons puisque moi je crois avant les personnes à la politique qui est conduite. Et la politique que nous menons est la bonne sur ces questions. Elle sera portée demain avec talent, j'en suis certain, par une autre personnalité. Ce qui compte, ce ne sont pas les gens qui partent, ce qui compte ce ne sont pas les personnes qui portent les politiques, ce sont les politiques et il faut que ces politiques changent concrètement la vie de nos concitoyens. C'est ça qu'on attend de nous, pas des questions d'ego, de personnes en permanence. Ça ne m'intéresse pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Puisque vous parlez de la vie des concitoyens, revenons sur le budget. Les choix sont faits. J'ai une question toute simple à vous poser, Benjamin GRIVEAUX. Est-ce que le pouvoir d'achat des retraités va baisser ? Oui ou non ?
BENJAMIN GRIVEAUX
De quels retraités parlons-nous ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non…
BENJAMIN GRIVEAUX
Non, non, attendez Jean-Jacques BOURDIN !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, je ne parle pas de celui qui touche le minimum vieillesse.
BENJAMIN GRIVEAUX
Ni des 40 % qui n'ont pas été touchés par l'augmentation de la CSG. Vous parlez des retraités qui ont été frappés par l'augmentation de la CSG, le 1.7.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien sûr, bien sûr.
BENJAMIN GRIVEAUX
Les mêmes qui vont bénéficier de la suppression de la taxe d'habitation. Les mêmes où il y aura le bénéfice du reste à charge zéro sur les prothèses auditives, sur les prothèses dentaires, sur les lunettes. Vous savez ce que ça représente, une prothèse auditive ? Attendez, on ne peut pas prendre d'un côté les hausses et pas les baisses, donc on prend le global. C'est ça le pouvoir d'achat. Le pouvoir d'achat, c'est une totalité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Evidemment, tout dépend de ses habitudes de consommation aussi.
BENJAMIN GRIVEAUX
Bien sûr. Enfin, une personne âgée qui est retraitée, il se peut…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. C'est-à-dire que le retraité va se priver de certaines choses pour ne pas voir sa retraite diminuer.
BENJAMIN GRIVEAUX
S'il-vous-plaît, Jean-Jacques BOURDIN. Il se peut qu'elle ait une prothèse auditive. Vous savez le reste à charge pour une prothèse auditive pour une oreille ? 850 euros. 850 euros. Il se trouve que si vous êtes appareillé des deux oreilles, c'est 1 700 euros. Ça, ce sera zéro en 2020. Zéro. Donc ce sont ces mesures-là aussi qu'il faut prendre en compte dans le global. On assume une chose : c'est de faire en sorte que, et c'est le projet du Président de la République depuis le premier jour, le travail paye mieux. Il faut que le travail dans notre pays paye mieux.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Tout le monde comprend vos choix. Ce que vous n'assumez pas, c'est de dire : « Oui, nous avons fait un choix. Nous encourageons le travail et nous demandons aux retraités de faire encore des efforts. »
BENJAMIN GRIVEAUX
Nous demandons de la solidarité entre les générations.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous demandez aux retraités de faire des efforts.
BENJAMIN GRIVEAUX
Nous disons aussi aux retraités…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il faut l'assumer !
BENJAMIN GRIVEAUX
Mais bien sûr. Nous demandons aussi aux actifs de faire des efforts. La CSG, elle ne touche pas que les retraités, elle touche aussi les actifs.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On est bien d'accord. Mais enfin, quand vous augmentez la retraite de la Sécurité sociale de 0,3 en 2019, de 0,3 en 2020, avec l'inflation…
BENJAMIN GRIVEAUX
Et vous oubliez les allocations familiales qui concernent essentiellement les actifs. Je ne participerai pas au petit jeu des oppositions qui se fait depuis quarante-huit heures sur l'opposition des générations. Ce que je dis aux retraités, c'est que nous allons permettre aussi à leurs enfants de mieux gagner leur vie parce que vous connaissez aussi les retraités, Jean-Jacques BOURDIN, qui aident y compris des grands enfants, y compris des enfants qui sont eux-mêmes parents à la fin du mois qui n'arrivent pas à boucler leurs fins de mois parce qu'ils ont de trop petits salaires.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien sûr.
BENJAMIN GRIVEAUX
Ce que nous disons, c'est que nous allons permettre à leurs enfants de mieux gagner leur vie, d'avoir un travail mieux rémunéré et nous le disons depuis le premier jour. Tout cela est très cohérent. Nous augmentons quoi ? L'éducation et l'enseignement, nous mettons quinze milliards sur la formation et sur les compétences pour le million de chômeurs de longue durée et pour le million trois cent mille jeunes qui sont sans emploi en dessous de 25 ans. Nous mettons le paquet sur le travail. Notre projet de société, c'est que les gens travaillent parce qu'à la fin des fins, en permanence faire de la dépense publique, ce sont les impôts des Français. Et moi, j'en ai assez de faire vivre les générations futures à crédit sur nos choix politiques. Il n'est pas question de laisser le pays dans l'état dans lequel nous l'avons trouvé en matière de dette, en matière de déficit public. La dette, c'est l'ennemi de nos enfants et c'est la responsabilité de ma génération de ne pas laisser à celle qui suivra l'état dans lequel nous avons trouvé le pays en termes de finances publiques.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Je voulais parler des élections européennes. Jean-Luc MELENCHON estime que ce sera un référendum pour ou anti MACRON, ces élections européennes. Emmanuel MACRON répond : « Ces élections seront un combat contre les nationalismes. » Ce sera l'angle du candidat La République en Marche à ces européennes ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Vous avez, en Europe, l'axe des nationalistes contre l'alliance des progressistes, à l'évidence, et Jean-Luc MELENCHON va compagnonner étrangement avec des représentants de la droite très nationaliste, voire de l'extrême droite européenne, parce que finalement ils ont des positions assez communes. Ce que je comprends en tout cas de cette élection européenne, et de l'objectif que veut en faire Jean-Luc MELENCHON, c'est à nouveau un référendum anti-MACRON, ce n'est pas le sujet de l'élection européenne. Le sujet de l'élection européenne c'est, comment est-ce qu'on gère ensemble la crise migratoire, comment est-ce qu'on assure qu'on a une transition énergétique à l'échelle de l'Europe, est-ce qu'on a un espace numérique européen, unifié ou pas, pour pouvoir faire face à la pression des fameux GAFA, ce sont ça les sujets qui sont dans le quotidien de nos concitoyens, ce n'est pas de savoir si on veut mettre, je crois, le terme qu'il a employé, « la raclée à MACRON », on retrouve le Jean-Luc MELENCHON outrancier…
JEAN-JACQUES BOURDIN
« La raclée démocratique » il dit, « démocratique. »
BENJAMIN GRIVEAUX
Oui, il est dans l'obsession depuis la défaite, il a fini quatrième de l'élection présidentielle, il n'a jamais digéré cette défaite, et il veut faire de chaque élection une nouvelle élection présidentielle. Vous savez, il y a une élection présidentielle en France, elle est tous les 5 ans, il y a la légitimité de l'élection, et quand on est un démocrate – je crois qu'il l'est Jean-Luc MELENCHON, il est démocrate – quand on est un démocrate…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez des doutes ?
BENJAMIN GRIVEAUX
J'ai parfois des doutes, oui, quand j'entends des procès en illégitimité d'une élection démocratique. Et donc, lorsqu'on est un démocrate, on respecte le vote qui a eu lieu, on peut ne pas être en accord avec notre politique, c'est le choix le plus libre et évidemment la liberté des oppositions de le dire, mais on respecte le vote des Français.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dernier point, qui concerne le Président de la République. Quel été difficile, il y a eu cette affaire BENALLA, dont les journalistes ont beaucoup, beaucoup parlé…
BENJAMIN GRIVEAUX
Beaucoup.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y a eu un été difficile, même sur le terrain, une rentrée difficile même sur le terrain économique avec ses choix budgétaires, il y a maintenant l'affaire Nicolas HULOT, il y a une cote de confiance qui baisse régulièrement depuis quelques semaines, pourquoi tout cela ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Ecoutez, vous savez, j'ai eu l'occasion de vous le dire…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que la confiance qu'avait réussi à gagner Emmanuel MACRON est en train d'être perdue, vis-à-vis des Français ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Vous savez, vous avez les enquêtes d'opinion, et un bon Gouvernement ne gouverne pas la tête sur les enquêtes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais j'oublie les enquêtes et les chiffres, j'entends les gens, vous aussi…
BENJAMIN GRIVEAUX
Moi aussi, et je vais vous dire…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et alors ?
BENJAMIN GRIVEAUX
J'entends les gens. Les gens nous disent tenez bon, continuez, les entreprises – il y a un chiffre qui est passé totalement inaperçu – c'est le plus fort nombre de promesses d'embauches en CDI dans le pays depuis 11 ans, c'est-à-dire que ceux qui font, ceux qui sont sur le terrain, dans les territoires, qui font tourner notre économie, qui créent de l'emploi, qui font tourner la machine…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais il n'y a pas que les chefs d'entreprise dans la vie.
BENJAMIN GRIVEAUX
Mais je ne vous parle pas de chefs d'entreprise du CAC 40…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais moi non plus…
BENJAMIN GRIVEAUX
Je ne vous parle pas de ça, mais les patrons de PME…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais même les patrons de PME, que je défends ici ardemment…
BENJAMIN GRIVEAUX
Qu'on défend ardemment ici, eh bien qu'est-ce qu'ils disent ? Jamais autant de promesses d'embauches en CDI depuis 12 ans, ils ont confiance dans les réformes qui sont conduites. Les réformes qu'on conduit, ce n'est pas pour enrichir les patrons, c'est pour leur permettre d'embaucher, de créer…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les actionnaires s'enrichissent quand même ! Je regardais les dernières enquêtes…
BENJAMIN GRIVEAUX
C'est pour leur permettre de créer, d'embaucher, je ne vous parle pas d'actionnaires, je vous parle des PME, des TPE, qui font vivre nos territoires, 95% des emplois du pays sont créés par des TPE, par des PME, par des commerçants, par des artisans, c'est à eux qu'on s'adresse…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez baisser encore leurs impôts ?
BENJAMIN GRIVEAUX
Il y a le projet de loi Pacte qui sera présenté…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, dans le projet de loi…
BENJAMIN GRIVEAUX
Il est pour eux. C'est un projet de loi qui a vocation à permettre à des TPE, à des PME, de grandir, de partir à l'export, de gagner des parts de marché, de réduire enfin notre déficit commercial, de se battre, de leur permettre avec armes égales de se battre face à la concurrence, c'est ça notre objectif, le travail, le travail, le travail.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Benjamin GRIVEAUX, notre invité ce matin, RMC et BFMTV.Source : Service d'information du Gouvernement, le 11 septembre 2018