Interview de M. Bruno Le Maire, ministre de l'économie et des finances, avec Radio Classique le 30 août 2018, sur les Français et les réformes, la démission de Nicolas Hulot du gouvernement, l'énergie nucléaire, les évolutions de La Poste, la diminution du nombre de fonctionnaires et l'amélioration du pouvoir d'achat des salariés.

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Média : Radio Classique

Texte intégral


GUILLAUME DURAND
Bruno LE MAIRE, bienvenue ! Entre la solennité de l'intronisation d'Emmanuel MACRON justement dans la Cour du Louvre, et ces petites phrases qui sortent de temps en temps, on se demande au fond si son personnage, ce n'est pas un mélange justement, j'allais dire, de monarchisme et de « Tontons flingueurs », quoi, parce que c'est vrai que les gens s'interrogent…
BRUNO LE MAIRE
Je vous laisse la paternité de la phrase, moi, ce qui compte à mes yeux, c'est surtout la politique que nous conduisons avec le président de la République. Moi, je rejoins parfaitement ce qu'a dit Guillaume TABARD, c'est un constat amusé qu'a fait le président de la République au Danemark, c'est vrai que nous sommes un peuple frondeur, c'est vrai que nous aimons bien la contestation, voilà, ça fait partie de notre identité nationale. Je crois que c'est un simple constat amusé qu'a fait le président de la République…
GUILLAUME DURAND
Mais frondeurs et rétifs au changement, ce n'est pas pareil !
BRUNO LE MAIRE
Non, mais frondeurs qui contestent, qui critiquent, et je pense que nous pouvons être fiers de cet esprit national, on n'accepte pas les choses telles quelles, quand on propose une transformation, il y a de la contestation, de la critique, et c'est bien, parce que ça force à améliorer sa copie, voilà. La France est comme ça, c'est notre culture, c'est notre identité.
GUILLAUME DURAND
Donc ce n'est pas une gaffe ?
BRUNO LE MAIRE
Et tant mieux !
GUILLAUME DURAND
Ce n'est pas une gaffe, c'est un constat qui était nécessaire ?
BRUNO LE MAIRE
Je ne crois pas du tout. Je crois que c'est un constat amusé qui montre aussi la tâche qui nous attend encore.
GUILLAUME DURAND
Est-ce que vous avez le sentiment – parce qu'on va beaucoup parler d'économie ensemble, c'est tout à fait normal, c‘est votre responsabilité – que Nicolas HULOT a torpillé Emmanuel MACRON ?
BRUNO LE MAIRE
Je ne crois pas du tout. Vous savez, les hommes comptent en politique, mais ce qui compte plus, c'est la politique qui est conduite, c'est les choix d'une majorité, d'un collectif, des députés, des parlementaires, de l'ensemble du Gouvernement, sous l'autorité évidemment du président de la République, c'est ça qui compte. Est-ce que pour autant…
GUILLAUME DURAND
Et on ne prévient personne…
BRUNO LE MAIRE
Est-ce que pour autant, notre engagement en faveur de la transition énergétique, de la lutte contre le réchauffement climatique va être moindre ? Non. Moi, je regrette le départ de Nicolas HULOT, et je vais vous dire, c'est un homme qui m'apportait beaucoup, il a changé mon regard sur beaucoup de sujets, il m'a amené à évoluer sur beaucoup de questions, j'en prends juste une, la finance verte, moi, j'ai toujours estimé que la finance était essentielle au développement de notre économie, mais c'est lui qui m'a amené à dire : mais la finance, elle doit être au service de la transition écologique, elle doit servir les projets environnementaux, est-ce que tu crois que, un jour, un épargnant continuera à mettre son épargne dans une banque qui financerait par exemple des centrales au charbon ? Jamais ! Donc notre finance doit être verte. C'est un exemple parmi dix autres que je pourrais citer, Nicolas HULOT m'a aidé à évoluer dans mes positions.
GUILLAUME DURAND
Il y a une chose qui est intéressante dans ce que vous dites, c'est que ça rejoint au fond à une sorte de concert de louanges, qui est donné à la fois, d'une certaine manière, par le président de la République, par le Premier ministre, par des collègues, y compris par Stéphane TRAVERT, avec qui il ne s'entendait pas franchement. Alors qu'en même temps, c'est quand même un sale coup politique ! Parce que maintenant, vous êtes face à un changement, voire à un remaniement, enfin, ce n'est pas une affaire neutre !
BRUNO LE MAIRE
Mais bien sûr que ça n'est pas une bonne nouvelle, mais moi, je vous le redis, Guillaume DURAND, j'ai aimé travailler avec Nicolas HULOT. Et pour tout vous dire, nous avions même prévu…
GUILLAUME DURAND
Alors, pourquoi il est parti ?
BRUNO LE MAIRE
Nous avions même prévu dans cette rentrée de passer un week-end avec nos équipes pour travailler sur la programmation pluriannuelle de l'énergie, et regarder…
GUILLAUME DURAND
Il vous a dit ça quand ?
BRUNO LE MAIRE
Dans les vingt à trente prochaines années quel devait être le mix énergétique français, quels seraient les bons choix, qu'on prenne le temps de discuter et d'échanger des points de vue…
GUILLAUME DURAND
Et c'était quand ça ?
BRUNO LE MAIRE
Qui sont effectivement des points de vue différents au départ pour essayer de les rapprocher, donc voilà. Je prends acte de la décision qui est la sienne, je regrette de ne plus travailler avec lui, ça ne change rien à l'engagement du Gouvernement dans la lutte contre le réchauffement climatique, qui est une urgence absolue.
GUILLAUME DURAND
Est-ce que vous considérez que c‘est l'affaire des chasseurs qui a tout fait exploser ou ce qui fait la Une des Echos, ce matin, c'est le rapport qui voudrait relancer le nucléaire, qui lui a été adressé, et qui vous était adressé à vous aussi ?
BRUNO LE MAIRE
Mais ce n'est pas un rapport qui décide de la politique du Gouvernement, le rapport, il apporte des éléments d'information, sur des choix qui seront faits d'ici la fin de l'année, c'est-à-dire la programmation pluriannuelle de l'énergie. Qu'est-ce que nous visons comme mix énergétique, quelle place est-ce que nous faisons au nucléaire ? Moi, je vais vous dire ma conviction, je considère que le nucléaire est un atout pour la France, c'est de l'énergie…
GUILLAUME DURAND
Et on en construit cinq de plus des centrales…
BRUNO LE MAIRE
C'est de l'énergie qui est à un coût compétitif pour les entreprises et pour les ménages, c'est une énergie – je le rappelle – qui n'émet pas de CO2, et c'est la troisième filière industrielle française, c'est des centaines de milliers de salariés, d'ouvriers, de compétences, de savoir-faire qui sont de niveau mondial…
GUILLAUME DURAND
Mais beaucoup de gens sont convaincus, sauf les écologistes, sauf HULOT !
BRUNO LE MAIRE
Je ne crois pas que, en France, il y ait une contestation fondamentale de l'atout que peut représenter le nucléaire à la fois pour les ménages et pour nos entreprises. Ensuite, est-ce qu'il faut construire de nouveaux EPR ? Mais ça, ce sera au président de la République, au Premier ministre, de décider. Je rappelle qu'il y en a un qui est en construction, la sagesse recommande déjà que l'EPR de Flamanville soit achevé avant de prendre des décisions. Moi, je souhaite en tout cas que nous arrêtions d'opposer le nucléaire et le renouvelable. On peut estimer, comme je le fais, que le nucléaire est un atout pour la France et dire en même temps : il y a une urgence climatique. On doit accélérer la transition énergétique, on doit accélérer nos moyens pour les énergies renouvelables. Et les choix qu'ont faits le Premier ministre et le président de la République, par exemple, le déploiement de six champs éoliens offshores, c'est un choix en faveur de cette transition. Le choix de la fermeture de Fessenheim, c'est un choix en faveur de la transition écologique, l'abandon de toute centrale au charbon, contrairement à d'autres grands pays européens, c'est un choix qui montre…
GUILLAUME DURAND
Donc nous ne sommes pas dans la renonciation ?
BRUNO LE MAIRE
Mais absolument pas, nous sommes déterminés à accélérer la transition énergétique.
GUILLAUME DURAND
Il y a une opération donc entre la CAISSE DES DÉPÔTS et LA POSTE, on parlera évidemment du climat économique qui n'est pas formidable en ce moment pour la France. Qu'est-ce que c'est que cette opération, parce qu'il y a beaucoup de gens qui se disent, finalement, l'Etat se désengage de LA POSTE, qui est reprise par LA CAISSE DES DÉPÔTS, et tout ça, pour aboutir à une privatisation ; qu'est-ce qui est vrai ?
BRUNO LE MAIRE
Ceux-là, ils n'ont pas compris grand-chose de l'opération, nous voulons créer un grand pôle financier public au service des territoires, les territoires, ils ont besoin d'investissements pour le très haut débit, ils ont besoin d'investissements pour les collectivités locales, ils ont besoin d'investissements pour les personnes âgées, LA POSTE aujourd'hui s'engage beaucoup au service des personnes âgées pour leur apporter des services au quotidien, de proximité, notamment aux personnes qui sont les plus isolées dans les milieux ruraux.
GUILLAUME DURAND
Donc en clair, l'Etat va vendre une partie, enfin… d'abord, quelle part l'Etat va garder dans LA POSTE ?
BRUNO LE MAIRE
En clair, nous allons permettre à LA POSTE de développer son activité dans la banque et dans l'assurance. LA POSTE, elle perd chaque année 6 % de volume de courriers. Les trois activités de LA POSTE, c'est la logistique, le courrier et la banque et l'assurance. Nous allons lui permettre de développer massivement avec la CNP ce troisième volet d'activité pour compenser la baisse du courrier, vous écrivez moins de cartes postales, cher Guillaume DURAND, j'en écris moins aussi, j'écris moins de lettres. Vous faites plus de mails et vous faites plus de Sms. Nous sommes tous pareils. Eh bien, ça réduit l'activité de LA POSTE…
GUILLAUME DURAND
D'accord, mais la question, c'est…
BRUNO LE MAIRE
Il faut lui permettre de se développer sur la banque et sur l'assurance. C'est LA CAISSE DES DEPOTS qui désormais aura la majorité dans LA POSTE, LA CAISSE DES DÉPÔTS a aujourd'hui 26 % de LA POSTE. Après l'opération, qui sera dans la loi de la croissance et de transformation des entreprises, que je présenterai à partir de la semaine prochaine, LA CAISSE DES DÉPÔTS ET CONSIGNATIONS aura plus de 50 % de LA POSTE. LA POSTE restera – et j'insiste là-dessus – un établissement public, LA CAISSE DES DÉPÔTS, c'est public…
GUILLAUME DURAND
Et vous êtes catégorique ce matin, il n'y aura pas de privatisation de LA POSTE ?
BRUNO LE MAIRE
Il n'y aura aucune privatisation, aucune intention de privatisation, aucune arrière-pensée, sauf une seule, que LA POSTE reste un grand service public rentable, dynamique au service des territoires.
GUILLAUME DURAND
Comment expliquez-vous qu'il y ait un climat économique qu'il soit particulier, des chiffres du commerce extérieur pas très bons, le chômage qui ne baisse pas, la croissance qui est un peu atone, le déficit public de l'Etat français qui n'est pas non plus dans une forme exceptionnelle ; vous avez dit : il ne faut plus d'impôts, mais est-ce que vous n'avez pas l'impression que le grand problème de la France, c'est que, au fond, les dépenses sociales sont colossales, les impôts restent colossaux, on a à peu près tous les titres dans ce domaine, et c'est ça qui empêche tout !
BRUNO LE MAIRE
Mais bien sûr qu'il faut rétablir les équilibres des finances publiques, bien sûr qu'il faut réduire les impôts, et, bien sûr, qu'il faut réduire la dette et la dépense publique, et, croyez-moi, comme ministre des Finances, je suis totalement déterminé à ce que nous gardions ce cap. Le président de la République a pris en engagement 5 points de dette publique en moins, 3 points de dépenses publique en moins, un point d'impôts en moins par rapport à notre richesse nationale d'ici la fin du quinquennat, cet engagement, il sera tenu. Alors, c'est vrai que la croissance, parfois, elle est extrêmement forte, c'est ce qui a été le cas à la fin de l'année 2017, il peut y avoir ensuite des ralentissements, c'est le cas aujourd'hui, enfin, modérons les critiques sur le ralentissement, je rappelle que nous devrions avoir une croissance autour de 1,7 en 2018, je ne donne pas de chiffres définitifs, je reste prudent sur tous ces chiffres, la moyenne de la croissance au cours des dix dernières années, c'est 0,8. Donc on reste dans une croissance qui est solide, mais…
GUILLAUME DURAND
Mais si vous prenez par exemple l'affaire des fonctionnaires qui est beaucoup dans la tête des gens, Emmanuel MACRON avait proposé 50.000 sur 5 ans, on se rappelle que pendant la campagne électorale, que vous avez bien connue, de François FILLON, c'était 500.000 fonctionnaires en moins pendant 5 ans… Oui, là, la première année, on a fait 1.600, et maintenant, on fait 4.000…
BRUNO LE MAIRE
Mais il faut poursuivre Guillaume DURAND…
GUILLAUME DURAND
Mais poursuivre, mais…
BRUNO LE MAIRE
Mais il faut tenir…
GUILLAUME DURAND
Je n'ai rien contre les fonctionnaires, mais 1.600 + 4.000, ça fait 5.600 ! Il reste trois ans après…
BRUNO LE MAIRE
Chaque année, nous continuerons à faire les efforts qui permettront de tenir cet objectif, pour ce qui est de mon ministère et de ma responsabilité, je rappelle que nous allons réorganiser tous les services déconcentrés du ministère des Finances dans les départements et dans les régions, nous allons réduire le nombre…
GUILLAUME DURAND
Mais les suppressions de postes…
BRUNO LE MAIRE
Mais, nous allons aussi supprimer des postes dans les fonctionnaires de Bercy qui sont à l'étranger, dans les ambassades. Donc moi, je prends toute ma part de cet effort, et je crois qu'il est indispensable…
GUILLAUME DURAND
Et on arrivera au terme du quinquennat aux fameux 50.000 ?
BRUNO LE MAIRE
Oui, nous devons y arriver…
GUILLAUME DURAND
Certainement !
BRUNO LE MAIRE
Nous devons y arriver, c'est un cap qui a été fixé, c'est un engagement qui a été pris, et l'une des forces de cette majorité du président de la République, c'est de tenir ses engagements, c'est vrai que c'est plus difficile…
GUILLAUME DURAND
Donc ça veut dire que l'année prochaine, ce sera 20.000, et l'année suivante, ce sera 20.000, puisqu'on est à un peu plus de 5.000…
BRUNO LE MAIRE
Mais, nous verrons, nous verrons les choix que nous arrêterons avec le Premier ministre et le président de la République, mais je tiens à ce que le cap reste le même, et à ce que les engagements soient tenus, sur la dette, sur la dépense, sur les impôts et sur les fonctionnaires.
GUILLAUME DURAND
Dans le JDD, le Premier ministre a donné donc un entretien sur le budget, puisque vous savez que le budget – ce n'est pas à vous que je vais l'apprendre donc – c'est le moment important politique pour tout Gouvernement à la rentrée, alors il y a plusieurs interrogations, beaucoup de gens qui considèrent que votre Gouvernement est un Gouvernement qui veut matraquer les retraités, considérant même que le président de la République finalement n'aime pas ceux qui ne sont plus des actifs, c'est vrai ou c'est faux ?
BRUNO LE MAIRE
C'est faux, enfin, d'ailleurs, je trouve ça honnêtement insultant vis-à-vis et de la majorité et du président de la République, il y a un choix qui est fait…
GUILLAUME DURAND
Mais alors pourquoi désindexer de l'inflation les retraites ?
BRUNO LE MAIRE
Mais nous augmentons de manière plus limitée les pensions de retraite, nous ne gelons pas les pensions de retraite, comme ça a été fait – je le rappelle – dans beaucoup d'autres pays, moi, je vois certains qui disent : regardez l'Allemagne, c'est formidable, ils ont réduit les déficits, ils sont à l'équilibre, oui, il y a eu un gel des pensions de retraite pendant plusieurs années, nous, nous ne prenons pas ces décisions-là, nous faisons les choses de manière raisonnable, nous augmentons moins vite que l'inflation, c'est vrai, nous demandons un effort aux retraités, c'est vrai, mais nous préservons ceux qui sont les plus fragiles, en augmentant l'allocation adulte handicapé, en augmentant le minimum vieillesse, en augmentant la prime d'activité…
GUILLAUME DURAND
Mais on a l'impression que philosophiquement, il a un problème avec ceux qui ne sont pas actifs…
BRUNO LE MAIRE
Non, philosophiquement, nous faisons un choix, et je pense que c'est ça, Guillaume DURAND, qui dérange, c'est qu'il y a un choix clair qui est fait en faveur de ceux qui travaillent, nous voulons que celui qui se lève le matin, qui va travailler, qui est salarié, quand il regarde sa feuille de paye…
GUILLAUME DURAND
Au moins, ça, c'est clair…
BRUNO LE MAIRE
Il regarde sa feuille de paie à la fin de l'année, il va voir, dès le 1er octobre prochain, qu'il n'y a plus de cotisation assurance maladie, qu'il n'y a plus de cotisation assurance chômage, il verra, l'année prochaine, quand le projet de loi que je présente sera adopté, que l'intéressement, il n'y a plus de taxe à 20 % dessus, et donc, je l'espère…
GUILLAUME DURAND
Ça, ça fait partie de la loi Pacte…
BRUNO LE MAIRE
J'espère que beaucoup de salariés français auront désormais accès à l'intéressement, quand l'entreprise réussit, ils réussiront aussi, et je rappelle enfin que nous supprimons les cotisations sociales sur les heures supplémentaires l'année prochaine, là aussi, ça permet à tous ceux qui travaillent de se dire : on travaille pour quelque chose…
GUILLAUME DURAND
Pourquoi ne pas avoir ajouté la fiscalité comme Nicolas SARKOZY, pourquoi simplement supprimer les cotisations, et pas…
BRUNO LE MAIRE
Parce que, il y a des contraintes de finances publiques et que ces contraintes de finances publiques doivent être préservées, regardez…
GUILLAUME DURAND
Donc ce n'est pas du copier-coller avec SARKOZY…
BRUNO LE MAIRE
Non, parce que le coût serait bien supérieur s'il y avait aussi une défiscalisation. Nous récompensons le travail, nous permettons aux heures sup de ne plus avoir de charges salariales dessus, mais défiscaliser, ça fait exploser le coût, je pense que ce ne serait pas raisonnable.
GUILLAUME DURAND
Est-ce que vous considérez qu'il faut un maniement ou qu'il faut trouver un personnage… enfin, il y a plusieurs solutions dans cette affaire HULOT, c'est, soit, on essaye de trouver l'équivalent de HULOT, ça n'existe pas, parce que, finalement, c'est une sorte de ministre gourou, soit, on prend des personnages comme Pascal CANFIN ou François de RUGY, qui ont une culture écologiste et qui font partie déjà de l'équipe Gouvernementale ou en tout cas qui ont eu des expériences Gouvernementales comme c'est le cas de CANFIN, soit, on essaye un remaniement plus large. Vous avez l'impression que c'est le temps du remaniement élargi ?
BRUNO LE MAIRE
Je vais vous dire, j'ai beaucoup de problèmes à régler, tous les jours, donc quand il se trouve que c'est des problèmes que je n'ai pas à régler, je m'évite de me les poser. Ces questions, elles se posent au président de la République, elles se posent à Edouard PHILIPPE, elles ne se posent pas au ministre de l'Economie et des finances. Donc je ne me pose même pas la question. Ce matin, je vais recevoir Philippe WAHL, le président de LA POSTE, recevoir le directeur général de LA CAISSE DES DEPOTS ET CONSIGNATIONS, la présidente de la commission de surveillance Sophie ERRANTE, et nous allons présenter dans le détail l'opération entre LA CAISSE DES DÉPÔTS ET CONSIGNATION et LA POSTE, qui va permettre au grand service public de LA POSTE de se développer…
GUILLAUME DURAND
Vous avez peut-être une idée quand même sur cette affaire…
BRUNO LE MAIRE
Donc je n'ai même pas d'idée, voyez, j'ai un cerveau qui ne peut pas accueillir toutes les idées, donc celles-là, elles ne me traversent même pas l'esprit.
GUILLAUME DURAND
Question, quand est-ce qu'on va vendre justement ce qui est prévu aussi dans la loi Pacte, que vous portez, quand est-ce qu'on va vendre les parts d'AEROPORTS DE PARIS, d'ENGIE, etc. ?
BRUNO LE MAIRE
Mais il faut que nous ayons l'accord du Parlement, j'espère que nous l'aurons d'ici le début de l'année prochaine. Et donc à partir de janvier 2019, nous pourrons lancer les opérations. Et ce que je constate, c'est que comme ces entreprises ont été bien gérées, en particulier AEROPORTS DE PARIS, que, aujourd'hui, elle dégage des bénéfices, elle est en forte croissance, ça va permettre à la fois de réaliser une bonne opération pour l'Etat, et surtout, de nous permet de financer des innovations de rupture sur lesquelles nous prenons du retard ; on parlait tout à l'heure d'énergies renouvelables, le premier continent qui maîtrisera la maîtrise du stockage des énergies renouvelables prendra une avance considérable en matière technologique sur ses concurrents. Eh bien, je préfère que l'Etat, plutôt que de toucher des dividendes et de jouer les rentiers, investisse dans l'avenir des Français…
GUILLAUME DURAND
Et ça, ça se fera donc…
BRUNO LE MAIRE
Investisse dans l'innovation.
GUILLAUME DURAND
La date ?
BRUNO LE MAIRE
Le plus tôt possible en 2019.
GUILLAUME DURAND
Le fait que Philippe BESSON soit consul à Los Angeles, comme l'a été Romain GARY ou David MARTINON, ce n'est pas tout à fait le même genre de personnage…
BRUNO LE MAIRE
Ce n'est pas le même genre de personne…
GUILLAUME DURAND
Mais enfin, vous aimez la littérature, c'est une de vos passions avec la musique, et Carlos CLAVER, ce n'est pas du copinage absolu ça ? Parce qu'il y a quand même quelque chose qu'on a appris…
BRUNO LE MAIRE
J'ai effectivement la passion de la littérature, il ne m'a pas échappé qu'il y a une grande tradition en France, une grande tradition au ministère des Affaires étrangères, qui est – je le rappelle – mon corps d'origine, c'est la tradition des diplomates écrivains, Nicolas SARKOZY avait…
GUILLAUME DURAND
Daniel RONDEAU par exemple à Malte…
BRUNO LE MAIRE
Daniel RONDEAU à Malte, Jean-Christophe RUFIN au Sénégal qui était à la fois un excellent écrivain et qui était un excellent ambassadeur au Sénégal. Eh bien, moi, ça ne me choque absolument qu'on nomme un écrivain comme Philippe BESSON consul général à Los Angeles…
GUILLAUME DURAND
Donc ce n'est pas du copinage…
BRUNO LE MAIRE
Non, c'est une tradition.
GUILLAUME DURAND
Une tradition, qui est une tradition française. Merci beaucoup d'être venu ce matin. Nous étions en direct avec le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno LE MAIRE.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 14 septembre 2018