Texte intégral
Monsieur le Président du Conseil Régional,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
La 48ème Finale nationale de labour marquera l'histoire du syndicat des Jeunes agriculteurs. Dans un contexte de crise ayant particulièrement touché leur département, ce qu'ont fait les jeunes agriculteurs de la Mayenne force l'admiration. L'aménagement du site, fidèle à la tradition d'excellence de toutes les finales qui ont précédé, a été l'occasion de rencontres chaleureuses et conviviales, dont les agriculteurs ont particulièrement besoin, en cette période d'épreuves.
J'adresse ici au nom de tous les Jeunes agriculteurs un message de félicitations, de reconnaissance et de fierté. Merci à toi, Philippe, pour avoir assumé le défi que ton équipe avait choisi de relever ; merci à toi, Stéphane, pour avoir présidé le Comité d'Organisation avec efficacité et dévouement ; à travers vous, merci à tous les bénévoles sans qui rien n'aurait été possible.
Un immense merci aux candidats aux concours qui ont, comme chaque année, été le clou des animations de cette fête et le cur du projet. Merci, enfin, aux membres du Jury et à tous les organisateurs de ces concours, symbole du savoir-faire paysan et de l'amour du travail bien fait.
Une finale nationale est toujours le couronnement d'une série d'autres événements de même nature : les finales départementales et régionales, organisées sur tout le territoire, par des jeunes agriculteurs bénévoles, enthousiastes et engagés. Par l'ensemble de ces manifestations festives, notre réseau établit un contact avec plus de six cent mille visiteurs par an.
Elles ont pour nom " Terre Attitude, " " Fêtes de la terre, " " Agriculture en fête, " et d'autres noms encore. Les jeunes qui les organisent travaillent souvent dans l'ombre, car s'ils sont fiers de leur travail, ils ne sont pas vaniteux. Ils se préoccupent donc peu de se mettre en scène, de se montrer, d'attirer l'attention sur eux-mêmes.
Cette humilité, typique du mode paysan, explique pourquoi ce formidable mouvement de bénévoles rayonne peu sur le plan médiatique. Qui sait que, chaque année, une Finale nationale vient clôturer un tel ensemble de manifestations grand public ? qui sait que ces événements sont tous organisés par le même réseau de jeunes engagés dans la défense et la promotion de leur métier ?
Laissez-moi vous en assurer : cela va changer.
Grâce à notre nouvelle identité visuelle, nous allons rendre visible sur le plan national un savoir-faire qui manque cruellement de faire savoir depuis des dizaines d'années. Sous un même nom, avec la même signature, nous ferons savoir que la promotion du métier de paysan, dont nous sommes fiers, est au cur des missions de notre réseau.
Car c'est vers ce syndicalisme positif, ouvert, sincère, que nous orientons résolument notre réflexion et notre action depuis de nombreux mois.
A la base de ce syndicalisme dont le rayonnement ira grandissant, on trouve une valeur morale : la dignité des paysans. C'est la fierté de ce métier plus vieux que tous les autres, sur lequel est bâti tout développement économique, qui est au fondement de nos positions et de nos actions.
Nos positions, contenues dans le rapport d'orientation voté lors de notre dernier Congrès, sont résolument tournées vers deux horizons ambitieux : les paysans du monde entier, et l'enjeu alimentaire mondial. La paysannerie sans frontières, l'alimentation de la population du monde : deux enjeux qui ne peuvent laisser personne indifférent.
Pour prendre à bras-le-corps ce double problème du développement agricole international et de l'alimentation, nous sommes partis d'une fondation inébranlable : la fierté de notre métier. Fier de son travail, et trouvant dans le résultat de ses efforts le juste respect de sa dignité, nous le souhaitons à chaque paysan dans le monde.
Or, sur cette base, nous n'avons pu que constater l'absurdité d'une politique économique qui crée plus de pauvreté que de richesses, et qui piétine cette valeur universelle qu'est le prix de l'effort. Une politique obsédée par la baisse des prix conçue comme l'ultime mesure de son efficacité. Une politique conduisant à ces chiffres délirants : 800 millions d'affamés dans le monde dont 80 % de paysans ; un milliard d'actifs agricoles produisant l'équivalent de dix quintaux de céréales par an, placés en concurrence avec trente millions d'actifs agricoles produisant mille fois plus.
Et forts de ce constat d'échec, nous avons proposé autre chose. Une autre mondialisation : une mondialisation plus réfléchie. La mondialisation d'une expérience concluante : celle de l'Union européenne. Il n'y a guère qu'un seul principe au fondement de la PAC : la préférence communautaire. Sur la base de ce principe, en une génération, un groupe de quelques pays est parvenu à l'autosuffisance alimentaire.
De quel droit interdirait-on aux autres ce qui a si bien marché chez nous ? et pour poursuivre quelle chimère ? car n'est-ce pas stupide d'abandonner pour nous cette politique qui a fait ses preuves ?
L'organisation des échanges mondiaux autour de zones où les productivités agricoles sont comparables, à l'intérieur desquelles les prix des produits rémunèrent le travail, moyennant des mécanismes régulateurs ajustant l'offre à la demande, ce ne serait rien d'autre qu'un libéralisme réfléchi. Un libéralisme par paliers, permettant le développement de la capacité d'épargne et d'investissement des paysans de chaque région de la planète.
L'avenir de l'alimentation dans le monde passe par cette capacité. Tout le monde a intérêt à ce qu'elle soit développée.
Pour nous, il s'agit aussi d'être solidaires entre paysans du monde, dont les valeurs sont universelles, afin d'éviter cette course absurde aux gains de productivité qui plonge la majorité d'entre nous dans la misère. Tandis qu'ailleurs il est souvent question de simplement pouvoir se nourrir, chez nous, cette politique de régionalisation des enjeux et des prix permettrait de ne pas devenir, lentement mais sûrement, les assistés de puissances publiques dont la lâcheté consiste à payer pour ce gâchis.
Nous saisirons toute occasion de faire entendre ces idées. Les prochaines journées mondiales de l'alimentation en sont une. Nous y participerons activement. Et afin de les préparer et d'entamer les débats, nous lançons une opération relais qui démarrera dès les tout prochains jours.
Des quatre coins de France, partiront quatre tracteurs qui convergeront vers Paris. En passant dans plusieurs dizaines de départements, ils seront l'occasion de débats et d'échanges autour de l'enjeu alimentaire mondial et, par suite, du développement agricole dans le monde.
Chemin faisant, ils collecteront la terre de toutes les régions qu'ils traverseront. Cette terre sera le symbole de la solidarité des Jeunes agriculteurs envers leurs frères de métier du monde entier. Elle sera apportée à Paris sur ces outils de travail paysans, où elle sera le support d'une fresque au nom de la manifestation qui s'y tiendra du 13 au 16 octobre prochains : "Alimenterre" T-E-2R-E.
Cette finale de labour est pour nous l'occasion de lancer cette opération relais. Un tracteur va passer devant cette tribune, à l'image de ceux qui vont sillonner la France, comme celui qui traversera les bocages de l'Ouest pour se rendre dans la capitale.
Notre participation à cet événement marque notre volonté de communiquer et de promouvoir notre métier. Mais c'est un métier qu'il faut aussi, hélas, de plus en plus défendre et protéger, tous azimuts. Tous les secteurs, toutes les régions sont touchées par les crises qui frappent notre profession. Ceux qui travaillent la terre de la Mayenne savent plus particulièrement de quoi je parle.
Si la crise de la Fièvre aphteuse a été remarquablement gérée, grâce à l'engagement des responsables professionnels, au sens des responsabilités de leurs mandants, et à l'action des Pouvoirs publics locaux, la crise qui secoue tout l'élevage français continue de faire des ravages. Cela ne peut plus durer.
Les mécanismes de dégagement de marché prévus par le gouvernement sont le strict minimum que l'on pouvait attendre. Ils ne suffiront pas en tant que tels, et nous devons compter sur nous-mêmes pour mettre de l'ordre dans une filière qui compte encore beaucoup trop de profiteurs au comportement révoltant.
Au-delà, un plan d'accompagnement des éleveurs est indispensable et urgent. Cela fait d'ailleurs trop longtemps que ce plan est évoqué sans que l'on voie venir le début du commencement d'un projet concret.
Par ailleurs, le département est également concerné de près par une énième directive qui vient charger une barque remplie à ras-bord : la Directive Nitrates. Nous ne contestons pas la nécessité de travailler à la protection de l'environnement. Mais l'empilement de réglementations contraignantes est devenu ingérable.
En l'occurrence, cette directive représente une obligation d'investissement dans des capacités de stockage à un moment où l'heure est loin d'être à l'investissement, compte tenu de l'état des trésoreries. De plus, elle est potentiellement facteur de baisse d'actifs agricoles, puisqu'elle va obliger à disposer de plus de surface pour le même cheptel.
Je viens d'évoquer le ministre et, à ce sujet, je voudrais dire un mot aux agriculteurs qui sont réunis ici ce soir. Parmi vous, il doit y avoir des jeunes qui se sont déplacés au dernier Congrès, à la dernière Finale nationale de labour, à l'avant-dernier Congrès, et qui se demandent si le Ministre de l'Agriculture et de la Pêche existe.
Je vous rassure : il existe, je l'ai rencontré. Quant à savoir pourquoi il n'a jamais saisi l'occasion de vous rencontrer, vous, les prétextes ont été divers et variés.
En l'occurrence, ce week-end, il était tenu à un devoir de réserve relatif aux sénatoriales. Vous me direz que l'année dernière, il n'y avait pas de sénatoriales dans les Alpes de Haute Provence. En effet, mais on était à six mois des élections chambre, et paraît-il que devoir de réserve, il y avait quand même.
Vous me direz qu'au Congrès d'Annecy-le-Vieux, les élections Chambre étaient passées. En effet, mais là, c'est parce que nous n'avions pas été suffisamment gentils avec lui. Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit : je suis sûr qu'il n'est pas rancunier. Une fois qu'il s'est vengé, il oublie.
Vous me direz enfin qu'au Congrès de Deauville, la nouvelle équipe n'avait pas encore eu le temps de faire de bêtises. En effet, mais cette fois-ci c'était une question d'emploi du temps à l'Assemblée nationale.
Notez que je vous rapporte tout cela par ouï-dire, ou sur la base de ce qu'il m'a dit au téléphone une fois ou l'autre. Je vous aurais lu volontiers les courriers qu'il m'a écrits, dans lesquels il m'explique les motifs de ces différents refus, mais je ne les ai pas encore reçus.
J'espère que j'ai prononcé cette intervention de manière suffisamment audible, parce que sachez que je l'ai lue avec la gorge serrée, et le ventre un peu noué. C'est ma dernière finale nationale de labour en tant que responsable syndical Jeune agriculteur, et je peux vous dire que ça fait quelque chose.
Mais ce n'est pas là-dessus que je finirai : il reste dix mois de travail à l'équipe nationale. Faites-moi confiance, faites-nous confiance : nous les mènerons tambour battant, vent debout, pour relever ensemble les défis qui nous attendent encore. Je m'y consacrerai avec d'autant plus d'ardeur que ce seront pour moi les derniers mois d'engagement à votre service, au service de l'avenir de notre métier, fort de la confiance que vous m'avez accordée et dont je tiens, déjà, à vous remercier.
Encore un grand bravo pour cette finale. Soyez fiers de vous, d'être paysans, et bon courage à chacun pour sortir des difficultés actuelles.
(source http://www.cnja.com, le 25 septembre 2001)
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
La 48ème Finale nationale de labour marquera l'histoire du syndicat des Jeunes agriculteurs. Dans un contexte de crise ayant particulièrement touché leur département, ce qu'ont fait les jeunes agriculteurs de la Mayenne force l'admiration. L'aménagement du site, fidèle à la tradition d'excellence de toutes les finales qui ont précédé, a été l'occasion de rencontres chaleureuses et conviviales, dont les agriculteurs ont particulièrement besoin, en cette période d'épreuves.
J'adresse ici au nom de tous les Jeunes agriculteurs un message de félicitations, de reconnaissance et de fierté. Merci à toi, Philippe, pour avoir assumé le défi que ton équipe avait choisi de relever ; merci à toi, Stéphane, pour avoir présidé le Comité d'Organisation avec efficacité et dévouement ; à travers vous, merci à tous les bénévoles sans qui rien n'aurait été possible.
Un immense merci aux candidats aux concours qui ont, comme chaque année, été le clou des animations de cette fête et le cur du projet. Merci, enfin, aux membres du Jury et à tous les organisateurs de ces concours, symbole du savoir-faire paysan et de l'amour du travail bien fait.
Une finale nationale est toujours le couronnement d'une série d'autres événements de même nature : les finales départementales et régionales, organisées sur tout le territoire, par des jeunes agriculteurs bénévoles, enthousiastes et engagés. Par l'ensemble de ces manifestations festives, notre réseau établit un contact avec plus de six cent mille visiteurs par an.
Elles ont pour nom " Terre Attitude, " " Fêtes de la terre, " " Agriculture en fête, " et d'autres noms encore. Les jeunes qui les organisent travaillent souvent dans l'ombre, car s'ils sont fiers de leur travail, ils ne sont pas vaniteux. Ils se préoccupent donc peu de se mettre en scène, de se montrer, d'attirer l'attention sur eux-mêmes.
Cette humilité, typique du mode paysan, explique pourquoi ce formidable mouvement de bénévoles rayonne peu sur le plan médiatique. Qui sait que, chaque année, une Finale nationale vient clôturer un tel ensemble de manifestations grand public ? qui sait que ces événements sont tous organisés par le même réseau de jeunes engagés dans la défense et la promotion de leur métier ?
Laissez-moi vous en assurer : cela va changer.
Grâce à notre nouvelle identité visuelle, nous allons rendre visible sur le plan national un savoir-faire qui manque cruellement de faire savoir depuis des dizaines d'années. Sous un même nom, avec la même signature, nous ferons savoir que la promotion du métier de paysan, dont nous sommes fiers, est au cur des missions de notre réseau.
Car c'est vers ce syndicalisme positif, ouvert, sincère, que nous orientons résolument notre réflexion et notre action depuis de nombreux mois.
A la base de ce syndicalisme dont le rayonnement ira grandissant, on trouve une valeur morale : la dignité des paysans. C'est la fierté de ce métier plus vieux que tous les autres, sur lequel est bâti tout développement économique, qui est au fondement de nos positions et de nos actions.
Nos positions, contenues dans le rapport d'orientation voté lors de notre dernier Congrès, sont résolument tournées vers deux horizons ambitieux : les paysans du monde entier, et l'enjeu alimentaire mondial. La paysannerie sans frontières, l'alimentation de la population du monde : deux enjeux qui ne peuvent laisser personne indifférent.
Pour prendre à bras-le-corps ce double problème du développement agricole international et de l'alimentation, nous sommes partis d'une fondation inébranlable : la fierté de notre métier. Fier de son travail, et trouvant dans le résultat de ses efforts le juste respect de sa dignité, nous le souhaitons à chaque paysan dans le monde.
Or, sur cette base, nous n'avons pu que constater l'absurdité d'une politique économique qui crée plus de pauvreté que de richesses, et qui piétine cette valeur universelle qu'est le prix de l'effort. Une politique obsédée par la baisse des prix conçue comme l'ultime mesure de son efficacité. Une politique conduisant à ces chiffres délirants : 800 millions d'affamés dans le monde dont 80 % de paysans ; un milliard d'actifs agricoles produisant l'équivalent de dix quintaux de céréales par an, placés en concurrence avec trente millions d'actifs agricoles produisant mille fois plus.
Et forts de ce constat d'échec, nous avons proposé autre chose. Une autre mondialisation : une mondialisation plus réfléchie. La mondialisation d'une expérience concluante : celle de l'Union européenne. Il n'y a guère qu'un seul principe au fondement de la PAC : la préférence communautaire. Sur la base de ce principe, en une génération, un groupe de quelques pays est parvenu à l'autosuffisance alimentaire.
De quel droit interdirait-on aux autres ce qui a si bien marché chez nous ? et pour poursuivre quelle chimère ? car n'est-ce pas stupide d'abandonner pour nous cette politique qui a fait ses preuves ?
L'organisation des échanges mondiaux autour de zones où les productivités agricoles sont comparables, à l'intérieur desquelles les prix des produits rémunèrent le travail, moyennant des mécanismes régulateurs ajustant l'offre à la demande, ce ne serait rien d'autre qu'un libéralisme réfléchi. Un libéralisme par paliers, permettant le développement de la capacité d'épargne et d'investissement des paysans de chaque région de la planète.
L'avenir de l'alimentation dans le monde passe par cette capacité. Tout le monde a intérêt à ce qu'elle soit développée.
Pour nous, il s'agit aussi d'être solidaires entre paysans du monde, dont les valeurs sont universelles, afin d'éviter cette course absurde aux gains de productivité qui plonge la majorité d'entre nous dans la misère. Tandis qu'ailleurs il est souvent question de simplement pouvoir se nourrir, chez nous, cette politique de régionalisation des enjeux et des prix permettrait de ne pas devenir, lentement mais sûrement, les assistés de puissances publiques dont la lâcheté consiste à payer pour ce gâchis.
Nous saisirons toute occasion de faire entendre ces idées. Les prochaines journées mondiales de l'alimentation en sont une. Nous y participerons activement. Et afin de les préparer et d'entamer les débats, nous lançons une opération relais qui démarrera dès les tout prochains jours.
Des quatre coins de France, partiront quatre tracteurs qui convergeront vers Paris. En passant dans plusieurs dizaines de départements, ils seront l'occasion de débats et d'échanges autour de l'enjeu alimentaire mondial et, par suite, du développement agricole dans le monde.
Chemin faisant, ils collecteront la terre de toutes les régions qu'ils traverseront. Cette terre sera le symbole de la solidarité des Jeunes agriculteurs envers leurs frères de métier du monde entier. Elle sera apportée à Paris sur ces outils de travail paysans, où elle sera le support d'une fresque au nom de la manifestation qui s'y tiendra du 13 au 16 octobre prochains : "Alimenterre" T-E-2R-E.
Cette finale de labour est pour nous l'occasion de lancer cette opération relais. Un tracteur va passer devant cette tribune, à l'image de ceux qui vont sillonner la France, comme celui qui traversera les bocages de l'Ouest pour se rendre dans la capitale.
Notre participation à cet événement marque notre volonté de communiquer et de promouvoir notre métier. Mais c'est un métier qu'il faut aussi, hélas, de plus en plus défendre et protéger, tous azimuts. Tous les secteurs, toutes les régions sont touchées par les crises qui frappent notre profession. Ceux qui travaillent la terre de la Mayenne savent plus particulièrement de quoi je parle.
Si la crise de la Fièvre aphteuse a été remarquablement gérée, grâce à l'engagement des responsables professionnels, au sens des responsabilités de leurs mandants, et à l'action des Pouvoirs publics locaux, la crise qui secoue tout l'élevage français continue de faire des ravages. Cela ne peut plus durer.
Les mécanismes de dégagement de marché prévus par le gouvernement sont le strict minimum que l'on pouvait attendre. Ils ne suffiront pas en tant que tels, et nous devons compter sur nous-mêmes pour mettre de l'ordre dans une filière qui compte encore beaucoup trop de profiteurs au comportement révoltant.
Au-delà, un plan d'accompagnement des éleveurs est indispensable et urgent. Cela fait d'ailleurs trop longtemps que ce plan est évoqué sans que l'on voie venir le début du commencement d'un projet concret.
Par ailleurs, le département est également concerné de près par une énième directive qui vient charger une barque remplie à ras-bord : la Directive Nitrates. Nous ne contestons pas la nécessité de travailler à la protection de l'environnement. Mais l'empilement de réglementations contraignantes est devenu ingérable.
En l'occurrence, cette directive représente une obligation d'investissement dans des capacités de stockage à un moment où l'heure est loin d'être à l'investissement, compte tenu de l'état des trésoreries. De plus, elle est potentiellement facteur de baisse d'actifs agricoles, puisqu'elle va obliger à disposer de plus de surface pour le même cheptel.
Je viens d'évoquer le ministre et, à ce sujet, je voudrais dire un mot aux agriculteurs qui sont réunis ici ce soir. Parmi vous, il doit y avoir des jeunes qui se sont déplacés au dernier Congrès, à la dernière Finale nationale de labour, à l'avant-dernier Congrès, et qui se demandent si le Ministre de l'Agriculture et de la Pêche existe.
Je vous rassure : il existe, je l'ai rencontré. Quant à savoir pourquoi il n'a jamais saisi l'occasion de vous rencontrer, vous, les prétextes ont été divers et variés.
En l'occurrence, ce week-end, il était tenu à un devoir de réserve relatif aux sénatoriales. Vous me direz que l'année dernière, il n'y avait pas de sénatoriales dans les Alpes de Haute Provence. En effet, mais on était à six mois des élections chambre, et paraît-il que devoir de réserve, il y avait quand même.
Vous me direz qu'au Congrès d'Annecy-le-Vieux, les élections Chambre étaient passées. En effet, mais là, c'est parce que nous n'avions pas été suffisamment gentils avec lui. Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit : je suis sûr qu'il n'est pas rancunier. Une fois qu'il s'est vengé, il oublie.
Vous me direz enfin qu'au Congrès de Deauville, la nouvelle équipe n'avait pas encore eu le temps de faire de bêtises. En effet, mais cette fois-ci c'était une question d'emploi du temps à l'Assemblée nationale.
Notez que je vous rapporte tout cela par ouï-dire, ou sur la base de ce qu'il m'a dit au téléphone une fois ou l'autre. Je vous aurais lu volontiers les courriers qu'il m'a écrits, dans lesquels il m'explique les motifs de ces différents refus, mais je ne les ai pas encore reçus.
J'espère que j'ai prononcé cette intervention de manière suffisamment audible, parce que sachez que je l'ai lue avec la gorge serrée, et le ventre un peu noué. C'est ma dernière finale nationale de labour en tant que responsable syndical Jeune agriculteur, et je peux vous dire que ça fait quelque chose.
Mais ce n'est pas là-dessus que je finirai : il reste dix mois de travail à l'équipe nationale. Faites-moi confiance, faites-nous confiance : nous les mènerons tambour battant, vent debout, pour relever ensemble les défis qui nous attendent encore. Je m'y consacrerai avec d'autant plus d'ardeur que ce seront pour moi les derniers mois d'engagement à votre service, au service de l'avenir de notre métier, fort de la confiance que vous m'avez accordée et dont je tiens, déjà, à vous remercier.
Encore un grand bravo pour cette finale. Soyez fiers de vous, d'être paysans, et bon courage à chacun pour sortir des difficultés actuelles.
(source http://www.cnja.com, le 25 septembre 2001)