Extraits d'un entretien de Mme Nathalie Loiseau, ministre des affaires européennes, avec France Info le 11 septembre 2018, sur l'Etat de droit en Hongrie et sur la prochaine présidence de l'Union européenne.

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Média : France Info

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Q - Parlons d'Europe. Le Parti populaire européen, c'est la grande formation de la droite européenne, doit-elle exclure de ses rangs Viktor Orban, le Premier ministre hongrois ?
R - J'ai du mal à comprendre qu'il y ait, dans la même formation politique aujourd'hui, le PPE, Viktor Orban, anti-européen, anti-migrations, violent, avec des relents xénophobes, qui menace l'Etat de droit dans son pays - c'est d'ailleurs une raison pour laquelle il sera tout à l'heure au Parlement européen pour essayer de se défendre face à des parlementaires qui font la liste de toutes les attaques à l'Etat de droit, à la liberté de la presse qui ont lieu en Hongrie - et, dans le même groupe parlementaire, la CDU de Mme Merkel et des gens issus du centre-droit. Pour moi, ils n'ont rien à voir ensemble. Après, je n'appartiens pas au PPE, ce n'est pas à moi de leur dire ce qu'ils ont à faire.
Quand j'entends des députés européens français, membres des Républicains, dire qu'il faut relativiser le problème de l'Etat de droit en Hongrie, moi, je ne relativise pas les questions de démocratie, les questions de liberté dans l'Union européenne.
Q - Pour la présidence de l'Union européenne, qui sera vacante après les élections européennes, on dit qu'Angela Merkel soutient Manfred Weber.
R - Elle l'a dit.
Q - Elle l'a dit, absolument. Il est membre de la CSU, très conservateur et lui-même est assez Orban-compatible. Pour la France, que vous représentez ici, ce M. Weber pourrait-il faire un bon président de la Commission européenne ?
R - Je voudrais qu'il clarifie ce qu'il pense de Viktor Orban parce qu'il a fait la campagne électorale pour la réélection de Viktor Orban, il s'est exprimé, il s'est exposé aux côtés de Viktor Orban. Là, depuis qu'il a des ambitions pour présider la Commission européenne, il reparle de l'importance des valeurs fondamentales. Je voudrais qu'une fois pour toutes qu'il nous dise où il est.
Q - Je voudrais vous demander les choses clairement : est-ce que, pour vous, c'est un veto ? Est-ce que, pour vous, c'est inenvisageable que Manfred Weber soit président de la Commission européenne ?
R - Pour le moment, nous n'en sommes pas là. Il est candidat à être la tête de liste du PPE.
Q - ...soutenu par la chancelière...
R - ...soutenu par la chancelière aujourd'hui, on verra demain. En tout cas, je pense qu'il est essentiel que l'on clarifie où l'on se situe en Europe sur les valeurs.
Q - Et pourquoi ne pas soutenir un candidat français, Michel Barnier par exemple ?
R - Rien ne dit aujourd'hui si Michel Barnier est candidat ou pas. Pour le moment, nous soutenons Michel Barnier activement dans sa négociation du Brexit, où il fait un travail formidable. Michel Barnier est un grand Européen, qui a été un grand commissaire, deux fois, qui a été un grand ministre des affaires étrangères français...
Q - Donc, pourquoi pas ?
R - Il n'a pas dit s'il était candidat.
Q - S'il l'est, vous le soutiendrez ?
R - La question, aujourd'hui, ce n'est pas les têtes de liste, ces histoires de "Spitzenkandidat" - que l'on n'a même jamais traduites en français -, la question, c'est les plateformes de projets, et en particulier sur les valeurs. Aujourd'hui, quelle Europe veut-on ? Est-ce que l'on veut celle des nationalistes, des extrémistes ? Ou est-ce que l'on veut celle des progressistes qui proposent des solutions au défi européen. Moi, c'est très clair, j'ai choisi, Emmanuel Macron aussi. (...).
source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 septembre 2018