Texte intégral
La poursuite du conflit angolais, après 26 ans de guerre civile, constitue un sujet de profonde préoccupation pour la France. L'avènement d'une paix durable en Angola paraît encore un objectif lointain, les espoirs de résoudre définitivement le conflit n'ayant pas tenu leurs promesses. Le refus de Jonas Savimbi de se conformer au Protocole de Lusaka, signé le 20 novembre 1994, a en effet provoqué le blocage du processus de paix et la reprise des combats depuis la fin 1998.
Considérant que l'UNITA porte la responsabilité principale de ces échecs, la France souhaite renforcer l'efficacité du système de sanctions contre les rebelles, afin de les contraindre à respecter leurs obligations et à se conformer aux exigences du Protocole de Lusaka. C'est pourquoi la France, en sa qualité de membre permanent du Conseil de sécurité, a soutenu l'adoption et le maintien des sanctions internationales contre les dirigeants de l'UNITA. Elle continue également d'apporter un soutien sans faille à l'Instance de surveillance des sanctions contre l'UNITA, dont le Conseil de sécurité a décidé de prolonger le mandat. Dans cet esprit, elle plaide pour la création, recommandée par l'Instance de surveillance, d'un mécanisme permanent de surveillance des sanctions ciblées et des trafics de matières premières dans les conflits. Conscients que le trafic de diamants finance l'essentiel de l'effort de guerre de l'UNITA, nous nous associons aux mesures visant à en contrôler efficacement le commerce à l'échelle mondiale.
Même si le gouvernement est parvenu à affaiblir considérablement les forces de l'UNITA, celle-ci a néanmoins conservé des capacités de guérilla dans l'ensemble du pays. En témoignent les récentes attaques terroristes dirigées contre la population civile, que la communauté internationale a unanimement condamnées. La France, tout comme le Conseil de sécurité, a vigoureusement condamné l'attaque du train perpétrée le 10 août dernier par les forces de l'UNITA et qui a fait plus de 250 victimes civiles. De tels actes sont inacceptables et ne font que renforcer la détermination de la communauté internationale à augmenter l'efficacité des sanctions édictées contre l'UNITA.
Les conséquences de ce conflit sont dramatiques pour le peuple angolais, dont une grande majorité n'a jamais connu la paix. Les combats et les actes de guérilla sèment la terreur au sein de la population. Les axes de communications sont la cible d'attaques meurtrières. Enfin, la dissémination de plusieurs millions de mines sur le territoire rend les déplacements routiers extrêmement dangereux. Sachez, Monsieur le Ministre, que la France s'associe pleinement aux douleurs de votre peuple.
Ce conflit dévastateur n'a que trop duré. C'est pourquoi la France encourage les protagonistes à mettre en oeuvre le Protocole de Lusaka. Ce dernier trace en effet la voie possible vers la paix et la réconciliation nationale. La politique d'ouverture dont témoigne le gouvernement angolais constitue à cet égard un signe encourageant. Je citerai, entre autres exemples, les mesures prises pour l'amnistie et la réinsertion des anciens combattants et l'annonce d'élections et de réformes institutionnelles, auxquelles la communauté internationale devra apporter, en temps utile, tout l'appui nécessaire. Je salue également les gestes d'ouverture du gouvernement en direction de Jonas Savimbi, l'invitant régulièrement, sous conditions, au dialogue, et lui demandant de fixer une date pour la cessation des hostilités ou de "renoncer solennellement à la guerre".
Au-delà de ces gestes qui témoignent d'une volonté de faire la paix, il s'agit à présent de concrétiser cette politique de réconciliation nationale. Un retour au dialogue est possible, en particulier grâce à la médiation de la société civile. C'est pourquoi nous incitons vivement le gouvernement à poursuivre sans relâche ses efforts, en y associant l'ensemble des formations politiques et tous les acteurs de la société civile, dont nous saluons la vigueur. Le rôle des Eglises, notamment, doit être encouragé. Monseigneur Zacarias Kamuenho, archevêque de Lubango et président du Comité interecclésial pour la paix en Angola (COIEPA), a ainsi reçu les félicitations du président Dos Santos et de Jonas Savimbi après avoir été choisi par le Parlement européen pour le prix Sakharov des Droits de l'Homme. La France sera heureuse de l'accueillir lors de son prochain passage à Strasbourg. Nous encourageons le gouvernement à inviter les Eglises à réamorcer le dialogue avec la rébellion, afin de la convaincre de revenir à la table des négociations, sur la base du Protocole de Lusaka et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, et de déposer les armes.
La communauté internationale devra apporter un engagement massif et rapide, afin d'accompagner l'Angola dans le processus de paix et d'aider à la reconstruction du pays. A cet égard, la France appuie la mission que M. Gambari se propose de faire en Angola à la fin de l'année pour examiner de quelle façon l'ONU peut contribuer à la recherche d'une paix négociée. Le rôle désormais reconnu de la société civile en faveur de la réconciliation mérite un appui plus affirmé des Nations unies. Je me joins à la proposition formulée le mois dernier par la délégation britannique d'organiser rapidement une rencontre du Conseil de sécurité, en formule Arria, avec les représentants de la société civile. Les organisations non gouvernementales et les Eglises pourraient ainsi apporter à New York leur expérience du terrain afin de susciter une réflexion commune sur les pistes envisageables pour une sortie de crise.
J'en viens enfin à un sujet de préoccupation majeur pour le gouvernement français, la gravité de la situation humanitaire. Le dernier rapport du Secrétaire général sur la situation en Angola, datant du mois d'octobre, fait état d'une dégradation considérable de la situation humanitaire. Une attention particulière doit être accordée au sort des populations civiles qui se trouvent dans les zones où la sécurité ne peut être assurée par le gouvernement (zones rurales soumises à la guérilla, zones sous contrôle de l'UNITA). Le nombre de personnes déplacées depuis la reprise du conflit fin 1998 s'élevait, à la fin du mois d'août, à plus de 3 millions, dont 1,3 million ont été confirmés par les organisations humanitaires.
Or l'accès à ces populations en détresse est très difficile. Le mauvais état des pistes d'atterrissage, le manque de carburant et la précarité des conditions de sécurité constituent autant d'obstacles à l'intervention des organismes humanitaires. Il revient au gouvernement et à l'UNITA de faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire sur l'ensemble du territoire. L'UNITA doit impérativement cesser de menacer la sécurité des convois humanitaires. De son côté, le gouvernement doit tout mettre en oeuvre pour en assurer la sécurité dans les zones qu'il contrôle. Je l'invite également à autoriser les organismes humanitaires à engager des discussions avec les forces de l'UNITA afin de négocier un accès aux populations en détresse. Le succès de telles négociations constituerait un premier signe de la volonté réelle des rebelles de faire la paix. Je tiens enfin à rendre hommage à l'action de ces organisations humanitaires, qui, telles Médecins sans Frontières ou Médecins du Monde, travaillent sans relâche, dans des conditions extrêmement difficiles, pour venir au secours de millions d'Angolais. Qu'elles en soient ici remerciées.
A plus long terme, je tiens à rappeler que la réconciliation nationale et le retour à la stabilité en Angola passent aussi par l'amélioration de la situation économique et sociale, sur la base d'un accord d'ajustement structurel à conclure avec le FMI, et par la mise en place d'un Etat de droit et la protection des Droits de l'Homme. Autant de domaines dans lesquels la communauté internationale a un rôle essentiel à jouer, en soutien au processus de paix.
Permettez-moi pour conclure de réitérer la confiance de la France dans la détermination du gouvernement angolais à promouvoir la réconciliation nationale. La reprise du dialogue entre le gouvernement et l'UNITA et la mise en oeuvre du Protocole de Lusaka constituent les seules bases viables d'un règlement politique du conflit. La France apporte son plein soutien aux efforts en cours, pour que cesse enfin la tragédie angolaise
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 novembre 2001)
Considérant que l'UNITA porte la responsabilité principale de ces échecs, la France souhaite renforcer l'efficacité du système de sanctions contre les rebelles, afin de les contraindre à respecter leurs obligations et à se conformer aux exigences du Protocole de Lusaka. C'est pourquoi la France, en sa qualité de membre permanent du Conseil de sécurité, a soutenu l'adoption et le maintien des sanctions internationales contre les dirigeants de l'UNITA. Elle continue également d'apporter un soutien sans faille à l'Instance de surveillance des sanctions contre l'UNITA, dont le Conseil de sécurité a décidé de prolonger le mandat. Dans cet esprit, elle plaide pour la création, recommandée par l'Instance de surveillance, d'un mécanisme permanent de surveillance des sanctions ciblées et des trafics de matières premières dans les conflits. Conscients que le trafic de diamants finance l'essentiel de l'effort de guerre de l'UNITA, nous nous associons aux mesures visant à en contrôler efficacement le commerce à l'échelle mondiale.
Même si le gouvernement est parvenu à affaiblir considérablement les forces de l'UNITA, celle-ci a néanmoins conservé des capacités de guérilla dans l'ensemble du pays. En témoignent les récentes attaques terroristes dirigées contre la population civile, que la communauté internationale a unanimement condamnées. La France, tout comme le Conseil de sécurité, a vigoureusement condamné l'attaque du train perpétrée le 10 août dernier par les forces de l'UNITA et qui a fait plus de 250 victimes civiles. De tels actes sont inacceptables et ne font que renforcer la détermination de la communauté internationale à augmenter l'efficacité des sanctions édictées contre l'UNITA.
Les conséquences de ce conflit sont dramatiques pour le peuple angolais, dont une grande majorité n'a jamais connu la paix. Les combats et les actes de guérilla sèment la terreur au sein de la population. Les axes de communications sont la cible d'attaques meurtrières. Enfin, la dissémination de plusieurs millions de mines sur le territoire rend les déplacements routiers extrêmement dangereux. Sachez, Monsieur le Ministre, que la France s'associe pleinement aux douleurs de votre peuple.
Ce conflit dévastateur n'a que trop duré. C'est pourquoi la France encourage les protagonistes à mettre en oeuvre le Protocole de Lusaka. Ce dernier trace en effet la voie possible vers la paix et la réconciliation nationale. La politique d'ouverture dont témoigne le gouvernement angolais constitue à cet égard un signe encourageant. Je citerai, entre autres exemples, les mesures prises pour l'amnistie et la réinsertion des anciens combattants et l'annonce d'élections et de réformes institutionnelles, auxquelles la communauté internationale devra apporter, en temps utile, tout l'appui nécessaire. Je salue également les gestes d'ouverture du gouvernement en direction de Jonas Savimbi, l'invitant régulièrement, sous conditions, au dialogue, et lui demandant de fixer une date pour la cessation des hostilités ou de "renoncer solennellement à la guerre".
Au-delà de ces gestes qui témoignent d'une volonté de faire la paix, il s'agit à présent de concrétiser cette politique de réconciliation nationale. Un retour au dialogue est possible, en particulier grâce à la médiation de la société civile. C'est pourquoi nous incitons vivement le gouvernement à poursuivre sans relâche ses efforts, en y associant l'ensemble des formations politiques et tous les acteurs de la société civile, dont nous saluons la vigueur. Le rôle des Eglises, notamment, doit être encouragé. Monseigneur Zacarias Kamuenho, archevêque de Lubango et président du Comité interecclésial pour la paix en Angola (COIEPA), a ainsi reçu les félicitations du président Dos Santos et de Jonas Savimbi après avoir été choisi par le Parlement européen pour le prix Sakharov des Droits de l'Homme. La France sera heureuse de l'accueillir lors de son prochain passage à Strasbourg. Nous encourageons le gouvernement à inviter les Eglises à réamorcer le dialogue avec la rébellion, afin de la convaincre de revenir à la table des négociations, sur la base du Protocole de Lusaka et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, et de déposer les armes.
La communauté internationale devra apporter un engagement massif et rapide, afin d'accompagner l'Angola dans le processus de paix et d'aider à la reconstruction du pays. A cet égard, la France appuie la mission que M. Gambari se propose de faire en Angola à la fin de l'année pour examiner de quelle façon l'ONU peut contribuer à la recherche d'une paix négociée. Le rôle désormais reconnu de la société civile en faveur de la réconciliation mérite un appui plus affirmé des Nations unies. Je me joins à la proposition formulée le mois dernier par la délégation britannique d'organiser rapidement une rencontre du Conseil de sécurité, en formule Arria, avec les représentants de la société civile. Les organisations non gouvernementales et les Eglises pourraient ainsi apporter à New York leur expérience du terrain afin de susciter une réflexion commune sur les pistes envisageables pour une sortie de crise.
J'en viens enfin à un sujet de préoccupation majeur pour le gouvernement français, la gravité de la situation humanitaire. Le dernier rapport du Secrétaire général sur la situation en Angola, datant du mois d'octobre, fait état d'une dégradation considérable de la situation humanitaire. Une attention particulière doit être accordée au sort des populations civiles qui se trouvent dans les zones où la sécurité ne peut être assurée par le gouvernement (zones rurales soumises à la guérilla, zones sous contrôle de l'UNITA). Le nombre de personnes déplacées depuis la reprise du conflit fin 1998 s'élevait, à la fin du mois d'août, à plus de 3 millions, dont 1,3 million ont été confirmés par les organisations humanitaires.
Or l'accès à ces populations en détresse est très difficile. Le mauvais état des pistes d'atterrissage, le manque de carburant et la précarité des conditions de sécurité constituent autant d'obstacles à l'intervention des organismes humanitaires. Il revient au gouvernement et à l'UNITA de faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire sur l'ensemble du territoire. L'UNITA doit impérativement cesser de menacer la sécurité des convois humanitaires. De son côté, le gouvernement doit tout mettre en oeuvre pour en assurer la sécurité dans les zones qu'il contrôle. Je l'invite également à autoriser les organismes humanitaires à engager des discussions avec les forces de l'UNITA afin de négocier un accès aux populations en détresse. Le succès de telles négociations constituerait un premier signe de la volonté réelle des rebelles de faire la paix. Je tiens enfin à rendre hommage à l'action de ces organisations humanitaires, qui, telles Médecins sans Frontières ou Médecins du Monde, travaillent sans relâche, dans des conditions extrêmement difficiles, pour venir au secours de millions d'Angolais. Qu'elles en soient ici remerciées.
A plus long terme, je tiens à rappeler que la réconciliation nationale et le retour à la stabilité en Angola passent aussi par l'amélioration de la situation économique et sociale, sur la base d'un accord d'ajustement structurel à conclure avec le FMI, et par la mise en place d'un Etat de droit et la protection des Droits de l'Homme. Autant de domaines dans lesquels la communauté internationale a un rôle essentiel à jouer, en soutien au processus de paix.
Permettez-moi pour conclure de réitérer la confiance de la France dans la détermination du gouvernement angolais à promouvoir la réconciliation nationale. La reprise du dialogue entre le gouvernement et l'UNITA et la mise en oeuvre du Protocole de Lusaka constituent les seules bases viables d'un règlement politique du conflit. La France apporte son plein soutien aux efforts en cours, pour que cesse enfin la tragédie angolaise
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 novembre 2001)