Texte intégral
Intervention après son élection en tant que Secrétaire nationale
Chères camarades, Chers camarades,
Permettez-moi tout d'abord de vous remercier tout simplement de la confiance que vous m'accordez.
Je le sais, cette confiance est pleine, à ras bord d'exigences. Je mesure donc l'ampleur de la tâche et mes responsabilités de secrétaire nationale.
Les chemins pour y répondre s'appellent travail et collégialité. Avec Robert Hue devenu président, Robert sur lequel je sais pouvoir compter, avec le Conseil National que vous avez élu, l'exécutif qu'il mettra en place, nous nous sommes donné d'importants atouts humains. Mais, avant tout, il y a les communistes.
Toutes et tous différents, les femmes et les hommes qui composent notre parti ont en commun des valeurs qui sont, plus que jamais, de notre temps.
La générosité, la solidarité, la justice sociale, la liberté, la paix, les droits de chacune et de chacun, le respect de l'autre, son épanouissement, sont les moteurs qui nous animent.
Nous avons aussi en commun d'être des femmes et des hommes engagés, animés de cette volonté, de ce besoin d'agir avec d'autres, pour d'autres.
Cet engagement qui nous amène à nous mêler des affaires de la cité comme du monde, fonde l'utilité des militantes et militants politiques que nous sommes, et du collectif que nous constituons.
Ce collectif communiste, je veux le souligner et je suis fière d'y appartenir, est d'un très haut niveau d'exigences.
Il ne s'accommode pas de l'existant, de la normalité, du consensus, de la banalisation ou du renoncement. Il sait dire non, il veut autre chose, il ose penser révolutions. Ce faisant, il est en permanence en train de s'arracher au fil de l'eau.
Etre communiste, cela n'a jamais été, cela n'est pas la voie de la facilité. Mais, nos révoltes, nos propositions, nos prises de positions quotidiennes, comme notre capacité à rêver un autre monde, font notre modernité.
En cela, nous rencontrons les aspirations des citoyennes et des citoyens qui ne veulent plus être dessaisis des choix qui concernent leur vie, ou leur planète.
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Ce collectif communiste, lors de ce 31ème congrès, a été capable de franchir un pas important avec le projet pour un nouveau communisme et nos nouveaux statuts.
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Voici sept ans que, sous l'impulsion de Robert Hue, nous poursuivons notre mutation. A Martigues, nous avons jeté les fondations d'un communisme nouveau. Nous pouvons, aujourd'hui, mesurer la portée de ces choix.
Bien sûr, ce processus, comme tout processus nouveau, a donné lieu à des tâtonnements, à des recherches, parfois à des doutes ou des hésitations. Mais les efforts, les capacités créatives et inventives des communistes ont porté leurs fruits.
Nous avons, au cours de ces dernières années, accumulé de précieux acquis. C'est vrai de nos rapports nouveaux au mouvement social, aux citoyennes et aux citoyens, aux organisations qu'ils se sont donnés, en particulier aux organisations syndicales et aux associations.
C'est vrai aussi de notre façon de nous investir avec d'autres, dans des luttes diversifiées contre tout ce qui bafoue les droits et contraint les individus. Nous le faisons dans le respect de celles et ceux qui participent à ces luttes ou les ont initiées. C'est vrai également de nos façons de dialoguer, de confronter des points de vue différents, de travailler au sein de notre parti.
C'est vrai de la qualité de nos propositions, riches de la réflexion des militantes et des militants mais aussi de l'apport que nous avons su solliciter auprès de femmes et d'hommes qualifiés, concernés sur telle ou telle question.
Sans doute, bien des choses ne sont pas encore abouties. Sans doute, devons-nous continuer à examiner de manière critique et lucide notre passé.
Sans doute au-delà de la condamnation du stalinisme, devons-nous continuer à comprendre pourquoi nous avons participé si longtemps, jusqu'à son effondrement, d'une conception du communisme qui a échoué. Sans doute, la mutation devra encore être poussée. Sans doute nos propositions devront encore être enrichies. Sans nul doute aussi, notre démarche et notre stratégie devront être encore affinées.
Mais c'est dans la vie, dans l'action que nous allons en permanence nourrir notre mutation et la rendre visible.
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Chères camarades, chers camarades,
Après des moments parfois difficiles, après beaucoup de travail, une période nouvelle s'ouvre : nous disposons des moyens pour déployer pleinement l'activité communiste et pour reconquérir une place beaucoup plus importante dans la société française et dans le paysage politique. Alors, j'ai envie de dire : allons-y avec ambition et confiance.
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J'ajouterai : allons-y sans tarder, sans perdre un instant car il y a des attentes et des urgences.
L'état du monde en est une. La démultiplication des échanges, les coopérations qui se développent sous des formes très diverses rapprochent les peuples comme jamais.
L'essor des outils de communication, d'information est prometteur de liens inédits de solidarité. Et pourtant, désordres, gâchis, barbarie, ces mots qui semblent d'un autre âge, demeurent d'actualité. Les sommets inter-gouvernementaux se déroulent derrière des grilles, incapables qu'ils sont de répondre aux attentes d'une mondialisation solidaire. Un continent doit se mobiliser face à des groupes pharmaceutiques pour avoir le droit de combattre le Sida.
Des conflits perdurent. Des inégalités se creusent. De nouvelles tensions surgissent. Le monde est confronté à la barbarie terroriste. La guerre est là, avec ses victimes. Chaque matin, on nous fait part de nouveaux bombardements, de nouveaux morts. Les autorités américaines elles-mêmes disent s'interroger sur la portée des frappes. Alors, ça suffit ! Là aussi, il est urgent de se rassembler pour obtenir des puissances internationales qu'elles trouvent les voies du développement partagé, du respect des peuples dans une communauté de paix.
Travaillée par des logiques financières meurtrières, leur mondialisation est porteuse de régressions.
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Ce sont ces mêmes logiques qui meurtrissent la société française, ces logiques que portent ces 56 grands patrons français qui montent au créneau contre la loi de modernisation sociale.
Relayée par la droite, la classe dominante mène un combat politique, contre tout ce qui écorne ses privilèges, dont celui de licencier. Un combat qui engendre beaucoup de souffrances.
Je pense à ces femmes et ces hommes de Moulinex qui, après ceux de Lu ou de Bata, au terme de vingt, trente années de travail, sont, d'un coup, jetés au chômage.
Je pense aussi aux précaires, à tous ceux, toutes celles que l'on appelle les " sans ". Sans emploi, sans logement, sans papiers, sans identité, sans avenir
Mais aussi à ceux et à celles qui expriment, non seulement une profonde contestation de la vie qui leur est faite, mais aussi de la colère de voir leurs compétences, leurs qualifications, leur engagement professionnel bafoués. Je pense, aujourd'hui, aux hospitaliers.
Urgence également à combler le fossé qui se creuse entre les avancées scientifiques et techniques et leur accessibilité, la maîtrise de leur utilisation par la masse de nos concitoyens.
La vache folle, l'Erika , Toulouse, le clônage Ne faut-il pas, sur chaque enjeu, organiser le débat citoyen ?
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* *
Urgence de construire une autre politique à gauche pour cantonner la droite dans l'opposition.
Urgences et attentes de réponses concrètes et de volontés politiques fortes.
Car, c'est peut-être ce qui domine et qui nous demande d'être à l'heure aux rendez-vous : il y a dans notre société, une forte attente de réponses, des mobilisations nombreuses, une volonté de s'investir qui se cherche.
Et même si cela demeure fragile, on sent, sur le plan politique, un début de retour à l'engagement, un véritable besoin de débats, d'éléments de compréhension, de perspectives.
Je le vois comme ministre dans mes contacts avec des jeunes, des bénévoles. Dès que des espaces s'ouvrent pour la réflexion et l'action, ils s'en emparent. Bien sûr, les formes d'engagements, les repères se modifient. Il y a moins de certitudes et le rapport aux politiques reste très critique. Mais les choses bougent. Une nouvelle envie de politique apparaît.
Depuis les évènements du 11 septembre dernier, les questionnements sur l'équilibre du monde, sur les origines des conflits et des tensions, sur les solutions nouvelles à apporter sont forts dans l'opinion publique. Il s'agit là d'une évolution qui s'était déjà dessinée avant ces tragiques évènements - pensons à Gênes notamment, et au développement du mouvement pour une autre mondialisation.
Pensons aux débats levés à propos des plans sociaux qui font monter le cours de la Bourse. Pensons aux drames écologiques liés à la course à la rentabilité.
Urgences, attentes, retour à la politique, tout cela nous pousse à écrire ensemble une nouvelle page du communisme.
Mais, pour que cela ne reste pas une incantation, il nous faut un parti plus présent partout et sur tout, un parti à qui on ne puisse plus dire : " pourquoi avez-vous déserté les quartiers ? ", un parti visible, à qui on ne puisse plus dire " qu'est-ce que vous proposez ? ".
Cela demande d'accorder la plus grande importance à la force communiste - les adhérentes et les adhérents de notre parti comme tous les communistes de cur - et à la visibilité de notre projet.
La force communiste ? Pour une raison simple, mais essentielle : le communisme porte l'idéal d'une société d'êtres humains associés et un tel idéal se contredirait lui-même s'il ne devenait pas l'affaire d'un très grand nombre.
L'efficacité commande aujourd'hui d'inventer et de faire rayonner dans la société une nouvelle culture politique : celle de l'ouverture, de l'unité enracinée dans le respect de la diversité, de la transparence, de la co-élaboration, de la collégialité.
Permettez-moi, sur ce point, d'ajouter encore ceci : la vie démocratique, l'esprit collectif sont des conditions de succès ; mais tout autant de fraternité.
Il y a là, une dimension humaine de la façon d'être des communistes qui est aussi une question politique. Le sens profond de notre engagement pour un monde plus humain et fraternel sera d'autant plus visible, crédible et convaincant que nous en ferons vivre concrètement les valeurs dans les liens que nous tissons au quotidien, entre nous et avec toutes celles, tous ceux avec qui nous débattons, nous agissons.
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Vie démocratique, fraternité, efficacité, utilité, à tout cela, les communistes aspirent. C'est tout cela qui les motivent à se rassembler. Permettez- moi de le dire : sur ces sujets, la responsabilité de la direction est grande.
Bien sûr, les communistes n'ont pas besoin d'être dirigés. Mais, ils attendent de leurs directions qu'elles créent les conditions pour que leur expression soit entendue, pour que leur militantisme soit porteur d'avancées. L'expression de toutes les fédérations, quelle que soit leur taille, leurs moyens humains, leur implantation géographique doit être l'objet de la même attention. Soyons clairs : ne cherchons pas les responsabilités ailleurs. Nous, toutes les femmes et les hommes élus au conseil national, nous devons répondre aux attentes des communistes. Pour ma part, je sens cela comme ma responsabilité première.
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J'ai parlé aussi de la nécessité de visibilité. Je crois qu'aujourd'hui, avec notre projet, nous en avons les moyens.
Qu'y a-t-il de nouveau qui m'amène à penser cela ? Après notre congrès de Martigues, nous avons ressenti le besoin de remettre le projet communiste sur le métier. Nous sentions un besoin de cohérence, de lisibilité. Il me semble qu'en partant de ces exigences, nous avons, du même coup été conduits à pousser plus loin des réflexions et des choix. En quelque sorte, sur certains sujets, nous étions encore au milieu du gué.
Je pense que nous avons réellement avancé. J'ai le sentiment que le travail que nous avons fait sur le " projet ", nous met réellement en situation de prendre des initiatives ambitieuses, de nous faire comprendre sur " ce que veulent les communistes ".
Ces avancées doivent permettre à toutes celles, tous ceux qui ne l'ont pas perçu ces dernières années de voir en quoi nous avons changé, ce que nous apportons de neuf pour répondre à leurs attentes et d'ouvrir avec eux le chantier de l'espoir.
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Il faut maintenant faire vivre notre projet. Tous les communistes doivent pouvoir s'en saisir, en débattre, l'enrichir, l'alimenter en prenant des initiatives fortes. Ces initiatives doivent nous permettre de lever tous les doutes ou tous les brouillages autour de nos options, propositions, positions.
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Prenons l'Europe. Quelques temps avant l'élargissement de l'Union Européenne, comment nous tourner vers les forces progressistes des 15 et des pays candidats, pour construire un nouveau rapport de force, apte à modifier les critères d'adhésion qui entraînent tant de difficultés pour les populations concernées ? Donnons à voir que le parti du " non " à Maastricht n'est vraiment pas celui du " non " à l'Europe, mais le parti d'une Europe ouverte, accueillante aux pays, porteuse de progrès.
Prenons les jeunes, n'avons-nous pas à franchir le pas pour aborder directement avec eux, dans leur diversité de situation, des questions qui font la une de l'actualité, qui leur collent à la peau, mais sur lesquelles on leur refuse de dire leur mot: jeunes - délinquance, jeunes - d'origine, jeunes - précarité, jeunes - intégration, jeunes - citoyenneté, jeunes - autonomie.
On appelle souvent les jeunes au respect. Pensons à les respecter.
Comme le disait hier une camarade : " comment voulez- vous que les enfants rêvent, si leurs parents ne rêvent plus ".
Quelle souffrance, quelle colère, quel rejet doit provoquer, chez eux, le fait qu'on les taxe dans le débat politique, de tous les maux, sans jamais mettre en avant leur capacité de création, leur générosité.
Soyons le parti qui ose aborder avec les jeunes eux-mêmes toutes les questions.
Avec le mouvement Jeunes Communistes, avec les réseaux qui commencent à vivre, avec nos cellules et collectifs, nous pouvons, à grande échelle, être le parti utile aux jeunes.
Prenons la gauche. Nous avons fait le choix d'être de la gauche plurielle, nous avons fait le choix d'être présents partout jusqu'au gouvernement, parce que nous pensons être ainsi utile à notre peuple. Mais nous l'avons dit, notre horizon ne se limite pas à la gauche plurielle, nous pensons que la visée communiste porte plus loin, plus haut.
Cette question est difficile. Nous pouvons parfois donner l'impression d'être tiraillés. Certains veulent nous réduire à un rôle d'aiguillon au gouvernement, d'autres veulent nous cantonner à une protestation stérile. Nous devons encore travailler pour mieux donner à voir la cohérence de notre démarche.
Prenons la question de forces anti-libérales.
Je pense à toutes ces femmes, à tous ces hommes qui, avec ou sans organisation, luttent aujourd'hui contre toutes les formes d'injustices et d'inégalités. Sur le plan politique, aucun projet ne les rassemble. Beaucoup se limitent, dans ces conditions, à la protestation ; d'autres, selon les circonstances, privilégient une seule motivation.
Toutes et tous , au fond, ont en commun, de vouloir mettre en cause la domination de l'argent. Mais leur dispersion, leur éclatement stérilisent leur force potentielle. Quelles initiatives devons-nous prendre pour favoriser une dynamique politique leur permettant de compter ?
Parlons des femmes. Nous le savons, la question des femmes a toujours été présente dans l'action du parti communiste. Mais nous avons longtemps pensé que la domination de classe passait avant la domination de sexe.
Aujourd'hui, et c'est là encore un acquis de notre mutation, nous savons que le féminisme est constitutif du communisme.
Nous avons fait de la lutte pour l'émancipation des femmes, une question majeure. Nous avons inscrit la parité dans nos règles de vie. Nous avons investi de nouveaux territoires de libération humaine. Le défi n'est-il pas aujourd'hui de mieux partager le combat des mouvements féministes en France et dans le monde, de leur apporter du singulier et de devenir, ainsi, un parti utile aux femmes.
Pensons enfin à tout ce qui bouge dans le monde. Quelque chose de neuf est en train de se dessiner avec la montée du mouvement citoyen mondial. En se situant d'emblée à l'échelle de la planète, il bouscule les conceptions traditionnelles des luttes au plan international. Nous avons pris l'initiative d'un Forum pour un autre monde. Serons-nous capables d'entendre ce dont ce mouvement est porteur, et de prendre d'autres initiatives qui permettront, sur la scène européenne comme sur toute la planète, de contribuer à ce que se tissent entre toutes ses composantes des liens qui leur donneront force, y compris au plan politique ? J'en suis convaincue, une nouvelle visée communiste peut être utile dans le monde.
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Je veux le dire encore une fois, le parti communiste peut trouver un nouvel élan. Nous pouvons reconquérir une place importante. Le Parti Communiste Français peut gagner une nouvelle audience. Il peut être le parti qui s'oppose à la droite, à ses idées conservatrices. Il peut porter l'espoir et les valeurs d'une véritable politique de gauche. Il peut ainsi être pleinement utile à notre peuple.
Sans attendre, mettons-nous au travail. Les élections présidentielles nous font obligation, mais je dirai surtout, nous offrent l'occasion de déployer pleinement l'activité communiste, avec les atouts que nous venons de nous donner.
Les adhérents ont choisi démocratiquement et massivement leur candidat. Robert sera celui-ci.
Chacune et chacun sait qu'il mènera une campagne forte de propositions, avec toute sa générosité et son intelligence. Mais la campagne sera d'autant plus forte qu'elle sera faite de rencontres avec les communistes et nos concitoyennes et concitoyens.
Avec votre énergie, avec votre capacité d'initiatives et de projets, votre sens de la proximité et de l'action, cette campagne prendra toute son ampleur. Pour ma part, avec la nouvelle direction élue, c'est à quoi je m'emploierai totalement.
Chères camarades, Chers camarades,
Notre congrès témoigne de notre capacité à nous rassembler dans notre diversité sur des choix essentiels. Ensemble, avec notre candidat, avec notre projet et nos propositions, avec notre démarche de proximité, nous sommes en capacité, j'en suis persuadée, de rendre possible une nouvelle rencontre entre le Parti Communiste Français et notre peuple.
(Source http://www.pcf.fr, le 31 octobre 2001)
Chères camarades, Chers camarades,
Permettez-moi tout d'abord de vous remercier tout simplement de la confiance que vous m'accordez.
Je le sais, cette confiance est pleine, à ras bord d'exigences. Je mesure donc l'ampleur de la tâche et mes responsabilités de secrétaire nationale.
Les chemins pour y répondre s'appellent travail et collégialité. Avec Robert Hue devenu président, Robert sur lequel je sais pouvoir compter, avec le Conseil National que vous avez élu, l'exécutif qu'il mettra en place, nous nous sommes donné d'importants atouts humains. Mais, avant tout, il y a les communistes.
Toutes et tous différents, les femmes et les hommes qui composent notre parti ont en commun des valeurs qui sont, plus que jamais, de notre temps.
La générosité, la solidarité, la justice sociale, la liberté, la paix, les droits de chacune et de chacun, le respect de l'autre, son épanouissement, sont les moteurs qui nous animent.
Nous avons aussi en commun d'être des femmes et des hommes engagés, animés de cette volonté, de ce besoin d'agir avec d'autres, pour d'autres.
Cet engagement qui nous amène à nous mêler des affaires de la cité comme du monde, fonde l'utilité des militantes et militants politiques que nous sommes, et du collectif que nous constituons.
Ce collectif communiste, je veux le souligner et je suis fière d'y appartenir, est d'un très haut niveau d'exigences.
Il ne s'accommode pas de l'existant, de la normalité, du consensus, de la banalisation ou du renoncement. Il sait dire non, il veut autre chose, il ose penser révolutions. Ce faisant, il est en permanence en train de s'arracher au fil de l'eau.
Etre communiste, cela n'a jamais été, cela n'est pas la voie de la facilité. Mais, nos révoltes, nos propositions, nos prises de positions quotidiennes, comme notre capacité à rêver un autre monde, font notre modernité.
En cela, nous rencontrons les aspirations des citoyennes et des citoyens qui ne veulent plus être dessaisis des choix qui concernent leur vie, ou leur planète.
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Ce collectif communiste, lors de ce 31ème congrès, a été capable de franchir un pas important avec le projet pour un nouveau communisme et nos nouveaux statuts.
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Voici sept ans que, sous l'impulsion de Robert Hue, nous poursuivons notre mutation. A Martigues, nous avons jeté les fondations d'un communisme nouveau. Nous pouvons, aujourd'hui, mesurer la portée de ces choix.
Bien sûr, ce processus, comme tout processus nouveau, a donné lieu à des tâtonnements, à des recherches, parfois à des doutes ou des hésitations. Mais les efforts, les capacités créatives et inventives des communistes ont porté leurs fruits.
Nous avons, au cours de ces dernières années, accumulé de précieux acquis. C'est vrai de nos rapports nouveaux au mouvement social, aux citoyennes et aux citoyens, aux organisations qu'ils se sont donnés, en particulier aux organisations syndicales et aux associations.
C'est vrai aussi de notre façon de nous investir avec d'autres, dans des luttes diversifiées contre tout ce qui bafoue les droits et contraint les individus. Nous le faisons dans le respect de celles et ceux qui participent à ces luttes ou les ont initiées. C'est vrai également de nos façons de dialoguer, de confronter des points de vue différents, de travailler au sein de notre parti.
C'est vrai de la qualité de nos propositions, riches de la réflexion des militantes et des militants mais aussi de l'apport que nous avons su solliciter auprès de femmes et d'hommes qualifiés, concernés sur telle ou telle question.
Sans doute, bien des choses ne sont pas encore abouties. Sans doute, devons-nous continuer à examiner de manière critique et lucide notre passé.
Sans doute au-delà de la condamnation du stalinisme, devons-nous continuer à comprendre pourquoi nous avons participé si longtemps, jusqu'à son effondrement, d'une conception du communisme qui a échoué. Sans doute, la mutation devra encore être poussée. Sans doute nos propositions devront encore être enrichies. Sans nul doute aussi, notre démarche et notre stratégie devront être encore affinées.
Mais c'est dans la vie, dans l'action que nous allons en permanence nourrir notre mutation et la rendre visible.
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Chères camarades, chers camarades,
Après des moments parfois difficiles, après beaucoup de travail, une période nouvelle s'ouvre : nous disposons des moyens pour déployer pleinement l'activité communiste et pour reconquérir une place beaucoup plus importante dans la société française et dans le paysage politique. Alors, j'ai envie de dire : allons-y avec ambition et confiance.
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J'ajouterai : allons-y sans tarder, sans perdre un instant car il y a des attentes et des urgences.
L'état du monde en est une. La démultiplication des échanges, les coopérations qui se développent sous des formes très diverses rapprochent les peuples comme jamais.
L'essor des outils de communication, d'information est prometteur de liens inédits de solidarité. Et pourtant, désordres, gâchis, barbarie, ces mots qui semblent d'un autre âge, demeurent d'actualité. Les sommets inter-gouvernementaux se déroulent derrière des grilles, incapables qu'ils sont de répondre aux attentes d'une mondialisation solidaire. Un continent doit se mobiliser face à des groupes pharmaceutiques pour avoir le droit de combattre le Sida.
Des conflits perdurent. Des inégalités se creusent. De nouvelles tensions surgissent. Le monde est confronté à la barbarie terroriste. La guerre est là, avec ses victimes. Chaque matin, on nous fait part de nouveaux bombardements, de nouveaux morts. Les autorités américaines elles-mêmes disent s'interroger sur la portée des frappes. Alors, ça suffit ! Là aussi, il est urgent de se rassembler pour obtenir des puissances internationales qu'elles trouvent les voies du développement partagé, du respect des peuples dans une communauté de paix.
Travaillée par des logiques financières meurtrières, leur mondialisation est porteuse de régressions.
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Ce sont ces mêmes logiques qui meurtrissent la société française, ces logiques que portent ces 56 grands patrons français qui montent au créneau contre la loi de modernisation sociale.
Relayée par la droite, la classe dominante mène un combat politique, contre tout ce qui écorne ses privilèges, dont celui de licencier. Un combat qui engendre beaucoup de souffrances.
Je pense à ces femmes et ces hommes de Moulinex qui, après ceux de Lu ou de Bata, au terme de vingt, trente années de travail, sont, d'un coup, jetés au chômage.
Je pense aussi aux précaires, à tous ceux, toutes celles que l'on appelle les " sans ". Sans emploi, sans logement, sans papiers, sans identité, sans avenir
Mais aussi à ceux et à celles qui expriment, non seulement une profonde contestation de la vie qui leur est faite, mais aussi de la colère de voir leurs compétences, leurs qualifications, leur engagement professionnel bafoués. Je pense, aujourd'hui, aux hospitaliers.
Urgence également à combler le fossé qui se creuse entre les avancées scientifiques et techniques et leur accessibilité, la maîtrise de leur utilisation par la masse de nos concitoyens.
La vache folle, l'Erika , Toulouse, le clônage Ne faut-il pas, sur chaque enjeu, organiser le débat citoyen ?
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Urgence de construire une autre politique à gauche pour cantonner la droite dans l'opposition.
Urgences et attentes de réponses concrètes et de volontés politiques fortes.
Car, c'est peut-être ce qui domine et qui nous demande d'être à l'heure aux rendez-vous : il y a dans notre société, une forte attente de réponses, des mobilisations nombreuses, une volonté de s'investir qui se cherche.
Et même si cela demeure fragile, on sent, sur le plan politique, un début de retour à l'engagement, un véritable besoin de débats, d'éléments de compréhension, de perspectives.
Je le vois comme ministre dans mes contacts avec des jeunes, des bénévoles. Dès que des espaces s'ouvrent pour la réflexion et l'action, ils s'en emparent. Bien sûr, les formes d'engagements, les repères se modifient. Il y a moins de certitudes et le rapport aux politiques reste très critique. Mais les choses bougent. Une nouvelle envie de politique apparaît.
Depuis les évènements du 11 septembre dernier, les questionnements sur l'équilibre du monde, sur les origines des conflits et des tensions, sur les solutions nouvelles à apporter sont forts dans l'opinion publique. Il s'agit là d'une évolution qui s'était déjà dessinée avant ces tragiques évènements - pensons à Gênes notamment, et au développement du mouvement pour une autre mondialisation.
Pensons aux débats levés à propos des plans sociaux qui font monter le cours de la Bourse. Pensons aux drames écologiques liés à la course à la rentabilité.
Urgences, attentes, retour à la politique, tout cela nous pousse à écrire ensemble une nouvelle page du communisme.
Mais, pour que cela ne reste pas une incantation, il nous faut un parti plus présent partout et sur tout, un parti à qui on ne puisse plus dire : " pourquoi avez-vous déserté les quartiers ? ", un parti visible, à qui on ne puisse plus dire " qu'est-ce que vous proposez ? ".
Cela demande d'accorder la plus grande importance à la force communiste - les adhérentes et les adhérents de notre parti comme tous les communistes de cur - et à la visibilité de notre projet.
La force communiste ? Pour une raison simple, mais essentielle : le communisme porte l'idéal d'une société d'êtres humains associés et un tel idéal se contredirait lui-même s'il ne devenait pas l'affaire d'un très grand nombre.
L'efficacité commande aujourd'hui d'inventer et de faire rayonner dans la société une nouvelle culture politique : celle de l'ouverture, de l'unité enracinée dans le respect de la diversité, de la transparence, de la co-élaboration, de la collégialité.
Permettez-moi, sur ce point, d'ajouter encore ceci : la vie démocratique, l'esprit collectif sont des conditions de succès ; mais tout autant de fraternité.
Il y a là, une dimension humaine de la façon d'être des communistes qui est aussi une question politique. Le sens profond de notre engagement pour un monde plus humain et fraternel sera d'autant plus visible, crédible et convaincant que nous en ferons vivre concrètement les valeurs dans les liens que nous tissons au quotidien, entre nous et avec toutes celles, tous ceux avec qui nous débattons, nous agissons.
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Vie démocratique, fraternité, efficacité, utilité, à tout cela, les communistes aspirent. C'est tout cela qui les motivent à se rassembler. Permettez- moi de le dire : sur ces sujets, la responsabilité de la direction est grande.
Bien sûr, les communistes n'ont pas besoin d'être dirigés. Mais, ils attendent de leurs directions qu'elles créent les conditions pour que leur expression soit entendue, pour que leur militantisme soit porteur d'avancées. L'expression de toutes les fédérations, quelle que soit leur taille, leurs moyens humains, leur implantation géographique doit être l'objet de la même attention. Soyons clairs : ne cherchons pas les responsabilités ailleurs. Nous, toutes les femmes et les hommes élus au conseil national, nous devons répondre aux attentes des communistes. Pour ma part, je sens cela comme ma responsabilité première.
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J'ai parlé aussi de la nécessité de visibilité. Je crois qu'aujourd'hui, avec notre projet, nous en avons les moyens.
Qu'y a-t-il de nouveau qui m'amène à penser cela ? Après notre congrès de Martigues, nous avons ressenti le besoin de remettre le projet communiste sur le métier. Nous sentions un besoin de cohérence, de lisibilité. Il me semble qu'en partant de ces exigences, nous avons, du même coup été conduits à pousser plus loin des réflexions et des choix. En quelque sorte, sur certains sujets, nous étions encore au milieu du gué.
Je pense que nous avons réellement avancé. J'ai le sentiment que le travail que nous avons fait sur le " projet ", nous met réellement en situation de prendre des initiatives ambitieuses, de nous faire comprendre sur " ce que veulent les communistes ".
Ces avancées doivent permettre à toutes celles, tous ceux qui ne l'ont pas perçu ces dernières années de voir en quoi nous avons changé, ce que nous apportons de neuf pour répondre à leurs attentes et d'ouvrir avec eux le chantier de l'espoir.
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Il faut maintenant faire vivre notre projet. Tous les communistes doivent pouvoir s'en saisir, en débattre, l'enrichir, l'alimenter en prenant des initiatives fortes. Ces initiatives doivent nous permettre de lever tous les doutes ou tous les brouillages autour de nos options, propositions, positions.
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Prenons l'Europe. Quelques temps avant l'élargissement de l'Union Européenne, comment nous tourner vers les forces progressistes des 15 et des pays candidats, pour construire un nouveau rapport de force, apte à modifier les critères d'adhésion qui entraînent tant de difficultés pour les populations concernées ? Donnons à voir que le parti du " non " à Maastricht n'est vraiment pas celui du " non " à l'Europe, mais le parti d'une Europe ouverte, accueillante aux pays, porteuse de progrès.
Prenons les jeunes, n'avons-nous pas à franchir le pas pour aborder directement avec eux, dans leur diversité de situation, des questions qui font la une de l'actualité, qui leur collent à la peau, mais sur lesquelles on leur refuse de dire leur mot: jeunes - délinquance, jeunes - d'origine, jeunes - précarité, jeunes - intégration, jeunes - citoyenneté, jeunes - autonomie.
On appelle souvent les jeunes au respect. Pensons à les respecter.
Comme le disait hier une camarade : " comment voulez- vous que les enfants rêvent, si leurs parents ne rêvent plus ".
Quelle souffrance, quelle colère, quel rejet doit provoquer, chez eux, le fait qu'on les taxe dans le débat politique, de tous les maux, sans jamais mettre en avant leur capacité de création, leur générosité.
Soyons le parti qui ose aborder avec les jeunes eux-mêmes toutes les questions.
Avec le mouvement Jeunes Communistes, avec les réseaux qui commencent à vivre, avec nos cellules et collectifs, nous pouvons, à grande échelle, être le parti utile aux jeunes.
Prenons la gauche. Nous avons fait le choix d'être de la gauche plurielle, nous avons fait le choix d'être présents partout jusqu'au gouvernement, parce que nous pensons être ainsi utile à notre peuple. Mais nous l'avons dit, notre horizon ne se limite pas à la gauche plurielle, nous pensons que la visée communiste porte plus loin, plus haut.
Cette question est difficile. Nous pouvons parfois donner l'impression d'être tiraillés. Certains veulent nous réduire à un rôle d'aiguillon au gouvernement, d'autres veulent nous cantonner à une protestation stérile. Nous devons encore travailler pour mieux donner à voir la cohérence de notre démarche.
Prenons la question de forces anti-libérales.
Je pense à toutes ces femmes, à tous ces hommes qui, avec ou sans organisation, luttent aujourd'hui contre toutes les formes d'injustices et d'inégalités. Sur le plan politique, aucun projet ne les rassemble. Beaucoup se limitent, dans ces conditions, à la protestation ; d'autres, selon les circonstances, privilégient une seule motivation.
Toutes et tous , au fond, ont en commun, de vouloir mettre en cause la domination de l'argent. Mais leur dispersion, leur éclatement stérilisent leur force potentielle. Quelles initiatives devons-nous prendre pour favoriser une dynamique politique leur permettant de compter ?
Parlons des femmes. Nous le savons, la question des femmes a toujours été présente dans l'action du parti communiste. Mais nous avons longtemps pensé que la domination de classe passait avant la domination de sexe.
Aujourd'hui, et c'est là encore un acquis de notre mutation, nous savons que le féminisme est constitutif du communisme.
Nous avons fait de la lutte pour l'émancipation des femmes, une question majeure. Nous avons inscrit la parité dans nos règles de vie. Nous avons investi de nouveaux territoires de libération humaine. Le défi n'est-il pas aujourd'hui de mieux partager le combat des mouvements féministes en France et dans le monde, de leur apporter du singulier et de devenir, ainsi, un parti utile aux femmes.
Pensons enfin à tout ce qui bouge dans le monde. Quelque chose de neuf est en train de se dessiner avec la montée du mouvement citoyen mondial. En se situant d'emblée à l'échelle de la planète, il bouscule les conceptions traditionnelles des luttes au plan international. Nous avons pris l'initiative d'un Forum pour un autre monde. Serons-nous capables d'entendre ce dont ce mouvement est porteur, et de prendre d'autres initiatives qui permettront, sur la scène européenne comme sur toute la planète, de contribuer à ce que se tissent entre toutes ses composantes des liens qui leur donneront force, y compris au plan politique ? J'en suis convaincue, une nouvelle visée communiste peut être utile dans le monde.
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Je veux le dire encore une fois, le parti communiste peut trouver un nouvel élan. Nous pouvons reconquérir une place importante. Le Parti Communiste Français peut gagner une nouvelle audience. Il peut être le parti qui s'oppose à la droite, à ses idées conservatrices. Il peut porter l'espoir et les valeurs d'une véritable politique de gauche. Il peut ainsi être pleinement utile à notre peuple.
Sans attendre, mettons-nous au travail. Les élections présidentielles nous font obligation, mais je dirai surtout, nous offrent l'occasion de déployer pleinement l'activité communiste, avec les atouts que nous venons de nous donner.
Les adhérents ont choisi démocratiquement et massivement leur candidat. Robert sera celui-ci.
Chacune et chacun sait qu'il mènera une campagne forte de propositions, avec toute sa générosité et son intelligence. Mais la campagne sera d'autant plus forte qu'elle sera faite de rencontres avec les communistes et nos concitoyennes et concitoyens.
Avec votre énergie, avec votre capacité d'initiatives et de projets, votre sens de la proximité et de l'action, cette campagne prendra toute son ampleur. Pour ma part, avec la nouvelle direction élue, c'est à quoi je m'emploierai totalement.
Chères camarades, Chers camarades,
Notre congrès témoigne de notre capacité à nous rassembler dans notre diversité sur des choix essentiels. Ensemble, avec notre candidat, avec notre projet et nos propositions, avec notre démarche de proximité, nous sommes en capacité, j'en suis persuadée, de rendre possible une nouvelle rencontre entre le Parti Communiste Français et notre peuple.
(Source http://www.pcf.fr, le 31 octobre 2001)