Déclaration de M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, sur les relations entre la France et le Mexique, à Mexico le 26 octobre 2018.

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Circonstance : Déplacement au Mexique du 25 au 28 octobre-point de presse avec M. Luis Videgaray, ministre des affaires étrangères mexicain, à Mexico le 26 octobre 2018

Texte intégral


Merci, Monsieur le Ministre, cher Luis,
Mesdames et Messieurs,
Je suis ravi de me retrouver à nouveau ici à Mexico pour ces moments d'échanges. Cela fait depuis 200 ans que nos deux nations ont noué des liens profonds, aujourd'hui on peut dire que la France et le Mexique sont l'un pour l'autre plus que des partenaires. Ce sont des alliés qui s'attachent à répondre ensemble aux grands défis de notre temps : le réchauffement climatique, le développement des nouvelles technologies, l'exclusion sociale, les migrations, la prolifération des armes ou encore les remises en cause du système multilatéral que vous venez d'évoquer.
Dans ce contexte, au moment où la démocratie mexicaine a donné une démonstration très forte de sa vigueur et de sa maturité lors des élections du 1er juillet dernier, il était important pour le gouvernement français de venir saluer l'administration sortante, celle du Président Peña Nieto que j'aurai l'occasion dans peu de temps, tout à l'heure, de remercier pour la qualité du travail que nous avons accompli ensemble pour le renforcement du lien entre le Mexique et la France. Je voulais aussi le dire à mon ami, Luis Videgaray ; vous avez rappelé nos entretiens, nos rencontres successives, que ce soit à Paris, que ce soit ici, que ce soit à New York ou dans d'autres instances. Je crois que notre relation a permis, sous les auspices du Président Peña Nieto et du président Macron, de faire passer une étape dans notre partenariat.
Vous avez évoqué toute une série de points dans vos propos. Je pense que ce qui est le plus spectaculaire et le plus fort, c'est que nous avons, dans le domaine international, des positions communes.
Nous sommes engagés ensemble sur le fait que les situations conflictuelles de la coopération doivent être réglées dans un cadre multilatéral fondé sur le droit. C'est la raison pour laquelle nous avons engagé ensemble plusieurs réformes majeures : en premier lieu la réforme des Nations unies, pour laquelle nous oeuvrons ensemble afin d'essayer d'encadrer le droit de veto des membres permanents du Conseil de sécurité. Nous oeuvrons aussi ensemble au renforcement des opérations de maintien de la paix, à la réforme de l'organisation mondiale du commerce, dont l'organe de règlement des différends se trouve aujourd'hui bloqué. Nous étions aussi ensemble, vous l'avez rappelé, cher Luis, lors du One Planet Summit à Paris, le Président Peña Nieto était également présent, nous permettant ainsi de prendre une initiative pour la protection des Caraïbes.
Nous avons aussi, l'un et l'autre, la même appréciation des situations régionales. Nous avons évoqué tout à l'heure la dégradation de la situation politique et économique au Vénézuéla, la situation très préoccupante au Nicaragua. Dans ces deux pays notre objectif commun demeure la restauration de l'Etat de droit et la cessation des atteintes portées aux libertés fondamentales.
Nous oeuvrons aussi ensemble à l'appréciation des situations migratoires, des défis migratoires, qu'ils se produisent en Amérique latine, en Amérique centrale ou qu'ils se produisent ailleurs dans le monde. Nous sommes soucieux de ce nécessaire Pacte des migrations que vous avez initié et qui se traduira par un résultat prochain à Marrakech.
Nous avons, par ailleurs, sur les questions commerciales, évoqué l'ensemble des sujets qui nous préoccupent, pour saluer le rôle important qu'a joué le Mexique pour préserver un traité de libre-échange entre le Mexique, les Etats-Unis et le Canada, tout en restant exigeant sur le respect de la souveraineté de chaque Etat. Et nous souhaitons, par ailleurs - et vous y avez beaucoup oeuvré -, que l'accord global entre le Mexique et l'Union européenne - accord favorable à la diversification de nos relations commerciales respectives -, soit rapidement abouti. Nous aurons l'opportunité, lors du prochain sommet du G20 à Buenos Aires, de renforcer les dynamiques que nous avons initiées au niveau international.
Nous avons évoqué aussi tous les deux les coopérations bilatérales qui sont essentielles pour préparer l'avenir. Vous avez bien voulu nous rappeler l'importance du rôle du conseil stratégique franco-mexicain, que nous avons revivifié tous les deux, auquel nous avons donné une force de proposition, une force de mise en oeuvre tout à fait nouvelle, ce qui s'est traduit par toute une série d'actions en commun que vous avez évoquées. Je ne vais pas les rappeler, ce qui a été fait aboutit au fait que la France et le Mexique sont devenus des partenaires économiques considérables mais aussi des partenaires dans le domaine de la formation et dans le domaine de l'agriculture.
Tout cela, il faudra le poursuivre. J'aurai l'occasion de rencontrer, avant de partir, le président élu avec qui je souhaite que nous puissions poursuivre la qualité de cette relation qui, au cours des derniers mois, a franchi une étape supplémentaire. J'évoquerai avec le Président López Obrador l'ensemble de ces enjeux pour continuer dans cette dynamique que nous avons, je crois, renforcée l'un et l'autre par notre action.
Je voulais terminer mon propos en vous disant, mon cher Luis, qu'à un moment donné, nous nous étions dit : il faut que nous changions d'étape. Nous constations la qualité de nos échanges et surtout nous constations une volonté politique commune. Nous étions partenaires, nous devions devenir alliés ; je l'ai dit en commençant. Je souhaite que le travail que nous avons commencé ensemble puisse se poursuivre dans les prochaines années pour renforcer cette alliance entre la France et le Mexique, tournée vers un avenir que nous souhaitons partager en commun tous les deux. Merci de cette amitié, de ce compagnonnage que nous avons eu durant plusieurs mois, je suis ravi de vous retrouver ici.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 octobre 2018