Interview de M. Mounir Mahjoubi, secrétaire d'Etat au numérique à France-Inter le 9 octobre 2018, sur la sécurité numérique, le stockage des données de santé et l'accès aux données sur internet.

Prononcé le

Média : France Inter

Texte intégral


NICOLAS DEMORAND
Avec Léa SALAME, nous recevons ce matin dans « Le Grand entretien du 7/9 », le secrétaire d'Etat chargé du Numérique. Vos questions 01 45 24 7000, sur l'application France Inter et via les réseaux sociaux. Bonjour Mounir MAHJOUBI.
MOUNIR MAHJOUBI
Bonjour.
NICOLAS DEMORAND
Et merci d'être au micro de France Inter. Vous êtes le seul membre de la République En Marche à oser parler ce matin, tous vos collègues, tous je dis bien, les ministres, les députés, les secrétaires d'Etat, ils avaient tous piscine aujourd'hui.
MOUNIR MAHJOUBI
Mais c'est parce que j'ai de belles actualités aujourd'hui, qu'on va beaucoup parler de numérique, on va beaucoup parler d'inclusion, on va beaucoup parler de startup, et donc c'est important qu'on se voie !
NICOLAS DEMORAND
Mais pourquoi tout le monde se tait ?
MOUNIR MAHJOUBI
Parce qu'aujourd'hui c'est une grande journée pour l'innovation, c'est une grande journée pour la transformation.
NICOLAS DEMORAND
Donc le vieux monde n'a pas la parole.
LEA SALAME
Il a dit « secrétaire d'Etat au Numérique », c'est toujours bon ?
MOUNIR MAHJOUBI
Je le souhaite, je l'ai redit au Premier ministre, je l'ai redit au président de la République, je souhaite continuer, j'ai fait beaucoup de boulot depuis 16 mois et j'ai envie que ça dure.
NICOLAS DEMORAND
Et vous êtes toujours rattaché au Premier ministre ou ça pourrait revenir à Bercy comme à l'époque précédente ?
MOUNIR MAHJOUBI
Vous aurez noté que le nouveau gouvernement n'a pas été nommé, et que les seuls à avoir le secret de cette information sont le Premier ministre et le président lui-même, mais la réalité, on ne va pas se mentir, je ne vais pas vous parler de la composition de ce nouveau gouvernement…
LEA SALAME
Ben non.
MOUNIR MAHJOUBI
Le peu que j'en sais, ne vous servirait à rien, et les seuls qui décideront in fine c'est le président et le Premier ministre. Mais, qu'est-ce que je peux vous dire ? Je peux vous dire qu'on est là pour bosser, que si je ne sais pas le quoi, je peux au moins vous parer du pourquoi. Et on peut se dire que ce gouvernement…
LEA SALAME
C'est quoi le pourquoi ?
MOUNIR MAHJOUBI
Eh bien le pourquoi on est au gouvernement, pourquoi est-ce qu'aujourd'hui on continue à s'accrocher, pourquoi est-ce qu'on continue à faire nos réformes ? Aujourd'hui on est face à une incompréhension, on ne va pas se mentir, vous en parlez chaque matin, chaque jour je suis moi sur les marchés le week-end, je fais des déplacements à travers la France, les gens disent : on ne comprend pas là ce qui se passe. Eh bien il faut regarder la situation, il faut se dire, aujourd'hui on a beaucoup transformé, on a beaucoup agi, mais on doit encore continuer à transformer, on ne doit pas s'arrêter et on doit redire pourquoi on est en train de le faire. Et le pourquoi c'est permettre à chacun de choisir sa vie.
NICOLAS DEMORAND
On va y revenir.
MOUNIR MAHJOUBI
Et ça, les gens l'ont parfois oublié, ce que nous souhaitons, c'est-ce que parfois on appelle de façon très complexe l'émancipation, mais l'émancipation c'est permettre à chaque femme, chaque homme, de choisir sa vie, de trouver un boulot, de trouver une formation et de choisir la vie qu'il a voulue.
LEA SALAME
Vous voyez, on allait vous poser toutes ces questions-là, mais à la fin de l'interview, parce qu'on voulait commencer sur vos dossiers.
MOUNIR MAHJOUBI
Ah, vous êtes sympas.
NICOLAS DEMORAND
Eh bien voilà, justement on espère que le futur gouvernement ne circule pas sur Google+, le réseau social ancien de Google, 500 000 comptes ont été piratés, concernés par une brèche de sécurité, Google va fermer donc la branche particuliers de ce réseau social. Est-ce que ces failles de sécurité sont en train de devenir les faits divers de l'âge numérique, c'est-à-dire quelque chose, une chose à laquelle il va falloir s'habituer et contre au fond, laquelle on ne peut pas grand-chose ?
MOUNIR MAHJOUBI
Au-delà de l'histoire de Google hier, j'ai immédiatement contacté GOOGLE France en leur demandant de me dire si des Français sont concernés, mais au-delà…
LEA SALAME
Et alors ?
NICOLAS DEMORAND
Vous avez eu une réponse ?
MOUNIR MAHJOUBI
Je n'ai toujours pas eu de réponse de leur part, et j'attends une réponse dès ce matin. Ecoutez, c'est arrivé hier soir, je les ai contactés dans l'heure dès que l'information a été rendue publique, et je leur demande de nous répondre.
NICOLAS DEMORAND
Et pour FACEBOOK il y a 15 jours.
MOUNIR MAHJOUBI
Mais voilà, bien au-delà, c'est le cinquième évènement en quelques mois. Aujourd'hui il faut qu'on se rende compte que nos données personnelles stockées sur ces plateformes, ne sont pas dans des coffres-forts, qu'elles peuvent fuiter. Et donc ce que j'invite chaque Français à faire, vous pouvez retrouver sur mon compte Twitter les liens, c'est d'aller regarder les données personnelles qui sont stockés chez Google, qui sont stockées chez Facebook et quand vous les regardez, posez-vous une question : si jamais elles fuitent, est-ce que je suis à l'aise ? Est-ce que si jamais elles sont, qu'elles circulent partout sur l'Internet, que tout le monde peut les télécharger est-ce que je suis à l'aise ? Si la réponse est non, alors supprimez-les. On est nous-mêmes responsables de nos propres données. On a pendant très longtemps cru qu'elles étaient toutes protégées, qu'on pouvait tout envoyer, qu'il n'y avait pas de règles à respecter, et maintenant on comprend que c'est grave, on comprend que c'est nous et que ces données personnelles eh bien c'est un prolongement de soi, c'est son intimité.
LEA SALAME
Vous vous rendez compte de l'impuissance du politique à dire cela ? C'est-à-dire de l'impuissance face à la force de GOOGLE ?
MOUNIR MAHJOUBI
Moi je parle de la puissance du politique. Je dis aux gens…
LEA SALAME
Vous dites : enlevez vos données de l'Internet, c'est tout ce qu'on peut faire pour empêcher GOOGLE de les diffuser de fuiter.
MOUNIR MAHJOUBI
Mais absolument pas. Je vous dis : les données personnelles aujourd'hui, on était dans la naïveté de croire que l'on pouvait laisser ses données comme ça, sur une plateforme ou sur une autre, et qu'elles seraient protégées pour la vie. Regardez chez vous, quelque chose de très important, vous ne le laissez pas devant votre porte, vous le mettez derrière une porte et vous fermez à clef. Quand c'est très très important, vous le mettez dans un tiroir bien caché, et si ça vaut très cher, vous achetez un coffre et vous le cachez un peu plus loin. Mais pourquoi est-ce que pour les données en ligne on ne fait pas la même chose ? Pourquoi est-ce que parfois on se dit bon, on les met, c'est bien protégé 'Est pour ça que la France et l'Europe, elle a mis en place des régulations…
NICOLAS DEMORAND
Oui, mais alors, juste…
MOUNIR MAHJOUBI
En France on protège les données. Les données les plus sensibles de toutes les données, ce sont les données de santé, et donc qu'est-ce qu'on a fait en France ? On a fait des réglementations très strictes, très lourdes, sur la sécurité des données
NICOLAS DEMORAND
Avant de venir aux données de santé, encore un mot, Google c'était hier soir, Facebook c'était il y a plus longtemps pour la dernière crise en date, c'était il y a 10 ,15 jours, un peu moins de 15 jours, 50 millions de comptes piratés vous avez demandé à FACEBOOK France combien de comptes français, vous avez la réponse ou pas ?
MOUNIR MAHJOUBI
Ils n'ont pas répondu sur le nombre de comptes français, mais…
NICOLAS DEMORAND
D'où l'impuissance dont parlait…
LEA SALAME
Mais comment c'est possible ?
MOUNIR MAHJOUBI
Laissez-moi aller jusqu'au bout. Nous avons en France et en Europe le règlement général pour la protection des données, c'est une nouveauté. Depuis le mois de mai dernier, il y a maintenant des sanctions très graves que peuvent encourir ces plateformes, jusqu'à 1,5 milliards d'euros. Résultat, dès que FACEBOOK l'a annoncé, il a été pris en charge par le régulateur européen et aujourd'hui il est pris en charge par les régulateurs des différents pays où les comptes ont été concernés. Si FACEBOOK ne répond pas aux questions de ce régulateur, si FACEBOOK n'ouvre pas, il sera condamné à 1,5 milliard d'euros.
LEA SALAME
Il doit répondre quand ? Parce que là ça fait 15 jours.
MOUNIR MAHJOUBI
Attendez, FACEBOOK a répondu chaque jour sur les informations. Vous savez qu'on a choisi un régulateur indépendant qui n'est pas obligé de dire au gouvernement ce qu'il sait. Aujourd'hui on a voulu faire un juge régulateur qui est suivi. Ça n'a pas empêché dès le lendemain au régulateur de dire : je mets un avertissement, hey oh FACEBOOK, ce que vous m'avez donné hier n'est pas suffisant. FACEBOOK a complété dès le lendemain. Donc je vous dis que ces plateformes nous écoutent, elles respectent le droit, mais ce qui m'inquiète moi le plus c'est cette prise de conscience que même ces plateformes aujourd'hui, avec ces obligations, elles déclarent ces failles, mais il y a eu ces failles ! Donc je ne vais pas de façon RGPD, c'est la réglementation la plus stricte au monde, elle est tellement intéressante que les Américains sont en train de réfléchir à faire une réglementation du même type que la nôtre. Aujourd'hui l'Europe protège les Européens, l'Europe protège les Français, et sur les données les plus sensibles on est encore plus strict.
LEA SALAME
Alors justement.
NICOLAS DEMORAND
Alors, on l'entendait dans le journal de 08h00, il faut en moyenne 80 jours pour obtenir un rendez-vous d'ophtalmo ou de dermato en France. On comprend du coup pourquoi l'Assurance maladie a donné son feu vert à la téléconsultation. Les données de santé des Français, Mounir MAHJOUBI, sont secrètes, destinées à le rester, moi je n'ai jamais eu peur de ma Carte vitale. Est-ce que vous pouvez garantir à ceux qui nous écoutent une sécurité à 100 % si on décide de consulter un médecin en ligne ?
MOUNIR MAHJOUBI
La question, elle ne concerne pas que la consultation en ligne, elle concerne le stockage des données de santé en général. Sur ce sujet, la France on lui a souvent reproché d'avoir des réglementations trop strictes, eh bien aujourd'hui nous sommes très fiers d'être un des pays qui a la réglementation les plus strictes sur les données de santé.
NICOLAS DEMORAND
Oui, mais là il y a un nouveau front qui s'ouvre, celui de la consultation en ligne. Donc est-ce que là c'est sécurisé et comment ?
MOUNIR MAHJOUBI
Eh bien nous avons mis en place des conditions pour assurer ces consultations, de sécurité extrêmement élevées. Nous sommes le pays qui impose les règles de sécurité les plus élevées sur les données de santé. Les plus élevés ça veut dire quoi ? C'est-à-dire que le serveur ou c'est stocké, doit respecter des données de sécurité. Les échanges entre la personne et le médecin doivent respecter des niveaux de sécurité, et ces niveaux de sécurité, c'est simple, c'est le maximum absolu qui existe aujourd'hui dans les standards de sécurité.
NICOLAS DEMORAND
La vidéo, elle est validée par l'Etat, techniquement ?
MOUNIR MAHJOUBI
Alors, l'Etat ne valide pas l'Etat, mais l'Etat certifie…
NICOLAS DEMORAND
Ou c'est des entreprises ?
MOUNIR MAHJOUBI
Non, l'Etat certifie des niveaux de sécurité, on a l'ANSSI, qui certifie les hébergeurs de données de santé, les hébergeurs de données de santé doivent respecter un cahier des charges très particulier, nos données de santé…
NICOLAS DEMORAND
Mais qui sont entreprises, c'est ça ma question, Mounir MAHJOUBI.
MOUNIR MAHJOUBI
Mais évidemment, ce sont données...qui sont des entreprises.
NICOLAS DEMORAND
Entreprises de la santé et sur Internet, Doctissimo par exemple ou Doctolib…
MOUNIR MAHJOUBI
Attention, vous confondez Doctolib et Doctissimo.
NICOLAS DEMORAND
Doctolib, pardon.
MOUNIR MAHJOUBI
Doctissimo c'est le forum où tout le monde…
NICOLAS DEMORAND
Oui, c'est ça, d'accord.
MOUNIR MAHJOUBI
Doctolib, pour stocker des données de santé, respecte les plus hauts standards de sécurité sur le stockage…
NICOLAS DEMORAND
Oui, comme Facebook.
MOUNIR MAHJOUBI
Non, pas du tout. Facebook n'est pas du tout au niveau de sécurité du stockage des données de santé, parce que Facebook considère qu'il stocke des données personnelles qui ne sont pas de ce niveau-là. Vous savez, stocker des données de santé…
LEA SALAME
Vous essayez de nous rassurer, mais en fait c'est terrible, on est inquiet et ce n'est pas très rassurant et ce n'est pas, là, vraiment ça dépasse le cadre du politique c'est vrai que c'est quelque chose qui inquiète tout le monde, et là de savoir que peut-être tout va bien se passer et peut-être que Doctolib dans un an, dans deux ans, dans trois ans, révélera que Nicolas DEMORAND est malade ou que je suis malade, ou que vous êtes malade, Mounir MAHJOUBI, et…
NICOLAS DEMORAND
On pensait que c'était sécurisé, on pensait.
MOUNIR MAHJOUBI
Je vais vous dire, pendant longtemps, longtemps, on nous a reproché en France d'empêcher les innovations sur le numérique de santé. Pourquoi ? Parce qu'on est le pays, à chaque fois qu'une start-up avait une nouvelle idée, qui imposait le plus grand coup pour rentrer sur le marché, parce qu'on leur demandait d'avoir des niveaux de sécurité, que les start-ups n'arrivaient pas à atteindre, c'est pour ça qu'il y en a peu, mais que les quelques-unes qui arrivent, comme Doctolib. Doctolib, je veux quand même rappeler que c'est une boîte française qui a plusieurs centaines de salariés, qui est en train de révolutionner la santé en France et en Europe et qui peut devenir le leader mondial de la santé dans les prochaines années. Il faut qu'on soit fier un peu aussi d'une boite ainsi.
NICOLAS DEMORAND
Oui oui, mais on ne parle pas de ça, on parle de sécurité.
LEA SALAME
Il y a la fierté, et pardonnez-nous d'être ancien monde, mais on a des craintes.
MOUNIR MAHJOUBI
Mais je vous répète, Léa SALAME, nous avons le plut haut niveau de sécurité. Il nous est reproché, par tous les acteurs mondiaux qui disent : c'est impossible de faire de la santé connectée en France, parce qu'ils demandent trop. Aujourd'hui on est fier de demander trop.
NICOLAS DEMORAND
Non mais vous, vous comprenez la question Mounir MAHJOUBI puisqu'il y a quelques mois à ce micro vous disiez que les applications de messagerie qui sont censées être extrêmement sécurisées, cryptée de bout en bout, pouvaient être dangereuses et que vous-même, le gouvernement alliez créer une application pour que ce soit pour le coup extrêmement sécurisé. Donc se dire que des entreprises maintenant vont rentrer dans nos données de santé, c'est inquiétant.
MOUNIR MAHJOUBI
Malheureusement, Nicolas DEMORAND, je vous fais une grande annonce : vos données de santé sont stockées par des entreprises depuis des dizaines d'années…
LEA SALAME
Par des médecins, pas de entreprises.
MOUNIR MAHJOUBI
Mais vous croyez que les médecins les stockent tout seuls ? Non, le médecin il n'est pas informaticien, il n'est pas hébergeur serveur. Alors quand il avait des petites fiches, oui, mais tous les médecins ils ont un prestataire, tous les hôpitaux ils sont des prestataires, vous croyez qu'on arrive d'un coup dans le numérique, on n'arrive pas dans Internet aujourd'hui, ça fait 30 ans qu'on est dans Internet, ça fait 30 ans qu'il y a des serveurs de données dans les hôpitaux, ça fait 30 ans…
NICOLAS DEMORAND
Donc il aurait fallu s'inquiéter plus tôt.
MOUNIR MAHJOUBI
Et c'est pour ça que nos règles françaises…
NICOLAS DEMORAND
Les hypocondriaques du numérique.
MOUNIR MAHJOUBI
C'est pour ça que nos règles françaises, si elles sont si exigeantes, si elles sont si dures, si on reproche tant à la CNIL, la CNIL qui notre autorité de régulation et de protection des données personnelles, on lui reproche, même moi je lui ai reproché parfois d'être trop dans le contrôle, eh bien en fait aujourd'hui c'est ça qui va permettre l'innovation.
LEA SALAME
Mounir MAHJOUBI, autre sujet, la Loi Fake news, elle en est où ?
MOUNIR MAHJOUBI
Elle va revenir dans les prochains jours, prochaines semaines, au Parlement. Cette Loi Fake news...
LEA SALAME
Parce que la Commission mixte paritaire a échoué à trouver une position commune entre le Sénat et les députés. La définition des Fake news est jugée trop floue par tous les groupes à par la République en Marche, de la France insoumise au Rassemblement national, pourquoi est-ce que vous n'y renoncez pas ?
MOUNIR MAHJOUBI
Nous ne pouvons pas renoncer à l'idée de se protéger de la manipulation de nos élections. Cette Loi Fake news elle ne concerne qu'une période, c'est celle des élections. On ne peut pas se laisser se faire voler nos élections, on a vu ce que ça a fait aux Etats-Unis, on a vu ce que ça a fait dans d'autres pays dans le monde, il faut que nous ayons les outils en période électorale pour avoir les informations.
LEA SALAME
Pourquoi vous n'arrivez pas à convaincre les autres groupes ?
MOUNIR MAHJOUBI
Je n'ai pas du tout renoncé, je suis convaincu que nous arriverons à les convaincre, je veux qu'on ramène le débat au bonne endroit. Le débat tel que vous l'avez désigné, on n'a pas réussi à définir ce qu'est une Fake news, malheureusement ce n'était pas ça l'essentiel de cette loi. Cette loi elle n'est pas là pour dire ce qui est vrai ou ce qui est faux, cette loi elle est là pour dire : vous, plateformes, vous avez une responsabilité et cette responsabilité c'est de donner de l'information quand vous identifiez qu'il se passe quelque chose. C'est ça qu'elle dit cette loi, cette loi elle ne redéfinit pas le vrai, on ne va pas faire une loi qui dit : ça c'est vrai, ça c'est faux, elle dit : on ne va pas laisser un pays étranger, on ne va pas laisser des forces étrangères investir de l'argent dans notre espace médiatique ici, pour manipuler l'opinion des Français. C'est tout ce que veut dire cette loi.
LEA SALAME
Oui, mais manifestement vous n'arrivez pas à convaincre, ça fait plusieurs mois qu'elle est à l'Assemblée nationale et au Sénat et ça ne marche pas. Ça devrait être... on devrait unanimement être pour, non ?
MOUNIR MAHJOUBI
Eh bien c'est pour ça qu'il faut que nous concentrions nos débats et je prends, et avec la ministre de la Culture nous prenons, il y a eu un débat qui ne s'est pas porté au bon endroit, eh bien on va le ramener au bon endroit, on veut protéger la France pour les prochaines élections européennes, on veut protéger la France pour toutes les prochaines élections qui viennent. Les Français doivent librement faire leur choix et doivent librement s'informer.
NICOLAS DEMORAND
Quelle est votre position Mounir MAHJOUBI sur le fait de taxer les tablettes pour financer l'audiovisuel public ? Y êtes-vous favorable comme Christophe CASTANER qui avait défendu cette idée ?
MOUNIR MAHJOUBI
Ecoutez, j'ai entendu cette proposition, on n'a pas fini de débattre ensemble, le grand sujet c'est comment…
NICOLAS DEMORAND
C'est sur la table encore ?
MOUNIR MAHJOUBI
Eh bien il y a eu un rapport qui a été rendu qui proposait de ne pas l'appliquer à une tablette mais d'universaliser une taxe sur L'audiovisuel. La question, et c'est pour ça qu'elle n'est pas tranchée, il y a eu un rapport parlementaire, maintenant il faut le travail du gouvernement et puis c'est une réponse, c'est un dialogue. La grande question des prochains mois c'est comment on finance un audiovisuel public ? Comment on pense le l'ère future de l'audiovisuel public, à un moment où l'objet écran ne se définit plus comme une télévision, l'objet écran il est multiple, vous-même dans vos vies et notamment les 16 à 25 ans, eux ne savent même plus ce qu'est la télé. Moi je pourrais, je peux vous dire : je ne sais pas ce que c'est la télé, parce que pour moi la télé c'est à la fois l'objet qui est dans mon salon mais qui me sert aussi aller sur Internet, c'est aussi ce que je regarde en Replay sur mon portable, c'est aussi ce que j'ai à la tablette.
LEA SALAME
Donc il faudrait une taxe tablette. Il faudrait aller vers ça.
MOUNIR MAHJOUBI
Il faut qu'on réfléchisse à ce qu'est la meilleure façon de le faire. Le fait d'être de mettre une taxe pour l'audiovisuel, appelons-là comme ça, la redevance, appliquée à un objet qui aujourd'hui a vocation à ne plus exister, nous oblige à reposer toutes les questions et à tout poser sur la table.
LEA SALAME
Allez, le remaniement. Qu'est-ce qui va changer, au delà des entrants et des sortants, qu'est-ce que vous espérez, est-ce que vous espérez un nouveau souffle dans le futur gouvernement, est-ce que vous avez compris les choses, qu'est-ce que vous avez entendu ? Voilà, qu'est-ce que vous Mounir MAHJOUBI attendez ?
MOUNIR MAHJOUBI
Vous avez raison de me poser la question, je vais vous répondre personnellement, comme ça je n'ai pas à engager le président ou le Premier ministre. Ce que j'attends de ce moment qui arrive, il va y avoir l'annonce de ce gouvernement, je ne sais pas quelle sera l'ampleur du changement, je ne sais pas qui partira, qui arrivera, mais il y a deux nécessités. La première, c'est d'être encore plus présent partout en France. J'ai été la semaine dernière dans les Pyrénées Atlantiques, je vais chaque semaine dans de nouveaux territoires où on discute avec les élus, où on met en place des initiatives sur le numérique par exemple, sur le Pass numérique qu'on lance dans de très nombreux départements dans quelques semaines, et je me rends compte qu'on doit passer plus de temps et faire plus de choses au quotidien dans la co-construction avec les territoires. Ça, ça doit devenir la nouvelle normalité de ce gouvernement. Le deuxième élément, moi je viens du syndicalisme salarié, j'ai été 8 ans délégué syndical, je crois très très fort à la nécessité absolue d'aller plus loin dans la confiance que nous avons avec les syndicats progressistes, que nous devons aller plus loin dans l'écoute avec ces syndicats, et ça, ça fait partie des nouvelles façons de faire.
LEA SALAME
Donc si je vous entends et que je vous traduis, ça veut dire que dans un, premier temps, le gouvernement a peut-être été, et le président, trop vertical et n'a pas assez entendu les corps intermédiaires, à savoir les élus locaux et les syndicats, c'est ça que vous dites ?
MOUNIR MAHJOUBI
Vous ne m'avez pas entendu dire que je trouve qu'on les a ignorés, je dis : on doit faire beaucoup plus.
LEA SALAME
Je n'ai pas dit ignoré, j'ai dit pas suffisamment entendu.
MOUNIR MAHJOUBI
A titre personnel, je veux que nous allions beaucoup plus, et je crois, si vous écoutez ce qu'a dit le président depuis plusieurs semaines et le Premier ministre, que c'est ce qui est notre énergie dans ce gouvernement. On va continuer la force de transformation, on va continuer ces grandes transformations économiques et sociales mais on le fera ensemble.
NICOLAS DEMORAND
Est-ce qu'à titre personnel, vous pensez que les futurs candidats aux municipales doivent faire comme Gérard COLLOMB et démissionner tout de suite du gouvernement ?
MOUNIR MAHJOUBI
Que les candidats qui deviennent des candidats qui ont... Gérard COLLOMB a fait une grande annonce, quasiment annoncé son programme, lancé son association de financement, et il est candidat à Lyon et il a décidé de démissionner, c'est une très bonne chose.
LEA SALAME
Et vous ?
MOUNIR MAHJOUBI
Je ne suis pas candidat. Je sais qu'on a beaucoup parlé de Paris ces dernières semaines…
LEA SALAME
Vous avez beaucoup parlé de Paris.
MOUNIR MAHJOUBI
Nous tous, vous aussi, moi aussi. Pourquoi ? Parce que c'était…
LEA SALAME
Nous ne sommes pas candidats, on vous rassure tout de suite.
NICOLAS DEMORAND
Pour le coup, c'est sûr et certain ! Mais vous avez votre agenda de démission ou pas ?
MOUNIR MAHJOUBI
On a des élections européennes qui arrivent. On a des élections municipales qui suivent, on a un mouvement qui est le premier mouvement politique de France, eh bien ce mouvement il se prépare pour les européennes, il se prépare pour les municipales. Je suis élu de Paris, je suis né et j'ai grandi à Paris et je suis un acteur actif du mouvement à Paris, c'est pour ça que vous m'avez vu beaucoup parler de Paris. Aujourd'hui je ne suis pas candidat, aujourd'hui je suis pleinement ministre, je suis très actif sur les transformations numériques de la France, je voyage à travers la France sur ces sujets, d'ailleurs le plan d'inclusion numérique il est notamment un plan pour les quartiers populaires et la ruralité, mais aujourd'hui ça n'est pas le moment de parler des candidats à Paris et ceux qui en parlent aujourd'hui, eh bien je pense se trompent.
LEA SALAME
Vous avez déclaré au Figaro : nous devons passer d'une ville de gestionnaires politiciens à une ville d'entrepreneurs, concernant Paris. Est-ce que ça veut dire qu'après la start-up Nation d'Emmanuel MACRON, vous voulez faire une start-up City dans Paris ?
MOUNIR MAHJOUBI
Je veux vous dire que c'est pour moi une morale de l'action et au niveau national et au niveau local et au Parlement. Comment ils pensent les entrepreneurs ? Un entrepreneur c'est quelqu'un qui regarde des ressources limitées, des ressources financières, des ressources humaines, des ressources naturelles et qui se pose toujours la question : comment j'utilise le moins de ressources pour avoir le maximum d'impact C'est ce que je fais en tant que ministre, c'est ce qu'il faudrait qu'on fasse à tous les échelons de la Nation c'est ça…
LEA SALAME
Des chefs d'entreprise de la Nation et des villes ?
MOUNIR MAHJOUBI
Mais, des chefs d'entreprise ce n'est pas pareil qu'un ministre, ce n'est pas pareil qu'un maire, c'est, la pensée de l'entrepreneur c'est l'ambition avec des ressources limitées pour avoir le maximum d'impact. Mais l'intérêt général ce n'est pas l'entreprise, c'est pour ça quand on est ministre mon impact ce n'est pas que l'argent et le profit, mon impact c'est : qu'est-ce que je fais pour le monde ?
NICOLAS DEMORAND
Beaucoup de questions au standard d'Inter, bonjour Aude, bienvenue.
AUDE
Bonjour, merci. Alors, moi je voulais relater une expérience et poser une question à monsieur MAHJOUBI. Je dois passer une IRM, j'ai reçu par mail un questionnaire de santé avec une ordonnance de la part du CHU de la ville dans laquelle j'habite, questionnaire IRM et ordonnance non protégés, donc des documents Word, donc une ordonnance que je peux trafiquer, je peux rajouter ce que j'ai envie et aller à la pharmacie, et que je dois renvoyer ensuite par mail. Donc j'étais un petit peu choquée qu'en 2018 on puisse nous adresser ça. Ma question est : quelles sont les données, quels sont en fait les moyens de contrôle qui sont mis en place pour vérifier ? Parce que c'est bien, il y a des lois, vous nous dites que c'est très surveillé, les moyens de contrôle et puis les moyens de formation en fait, comment on puisse encore en 2018 envoyer ce type de documents par mail, avec des données confidentielles pour des examens assez poussés, et notamment l'ordonnance aussi.
NICOLAS DEMORAND
Merci Aude pour cette question. Mounir MAHJOUBI vous répond.
MOUNIR MAHJOUBI
Aude, vous avez raison d'être choquée, c'est évidemment une erreur de la personne, et alors il ne faut pas stigmatiser la personne, vous avez vous-même apporté la solution, cette personne n'a pas été formée. Le fait qu'elle vous ait envoyé des données aussi sensibles, qu'elle vous ait demandé de les renvoyer par le moyen le moins sécurisé au monde, qui est l'email, il faut le rappeler, l'e-mail c'est tout sauf sécurisé, c'est pratique c'est 0 sécurité, c'est contre toutes les pratiques aujourd'hui de réglementation sur l'échange de données de santé. On a mis en place avec la ministre de la Santé, l'ordonnance virtuelle, et ça ça va être un grand déploiement avec la Sécurité sociale sur les prochaines années. Comment on sécurise l'ordonnance entre celui qui prescrit et jusqu'au pharmacien ? Comment grâce à la virtualisation au contraire on empêche les fausses ordonnances, on empêche les fausses attributions ? Eh bien ça c'est ce que va permettre le numérique. Ce que vous avez vécu, c'est quelque chose qui doit évoluer, qui doit changer, et en cas de contrôle ce sont des pratiques qui sont immédiatement sanctionnées.
NICOLAS DEMORAND
Retour au standard. Bonjour Jean-Marc bienvenu.
JEAN-MARC
Bonjour à tous, merci à France Inter. Monsieur MAHJOUBI, je vous ai entendu déclarer à ce même micro qu'il y avait une procédure certes compliquée, mais qui existait pour refuser le Linky. Depuis vous avez reçu des courriers d'associations qui sont restés sans réponse, j'ai déjà entendu que vous aviez beaucoup travaillé depuis 16 mois, malheureusement on n'a pas eu la chance d'être dans ce calendrier.
NICOLAS DEMORAND
Merci Jean-Marc.
JEAN-MARC
Qu'en est-il de cette question, c'est une Fake news ?
NICOLAS DEMORAND
Merci Jean-Marc pour cette question sur le fameux compteur électrique Linky. Mounir MAHJOUBI.
MOUNIR MAHJOUBI
Tout à fait, le compteur Linky qui fait l'objet toujours d'une question à chaque fois que je viens sur France Inter.
NICOLAS DEMORAND
Il fait toujours l'objet de refus et de débats.
MOUNIR MAHJOUBI
Il faut rappeler ce que Linky va faire à la planète. Linky ça permet de consommer mieux l'énergie, ça permet de consommer de façon plus intelligente l'énergie et au global Linky ça fait du bien. J'ai dit peut-être quand j'étais ici, qu'il y avait une procédure, le mot ce n'est pas procédure c'est que si vous dialoguez avec ENEDIS, si vous parlez avec l'installateur, ENEDIS est dans le dialogue avec vous, mais ENEDIS est dans une stratégie, là annoncée, l'objet c'est bien de remplacer l'intégralité des compteurs en France, mais ça ne se fera jamais dans la violence, ça ne se fera jamais, il y a jamais un policier qui va venir chez vous pour installer le compteur. Donc c'est ça que j'ai voulu dire la dernière fois que je suis venu.
NICOLAS DEMORAND
Donc, si en dernière instance ce dialogue débouche par : non, je n'en veux pas, c'est possible.
MOUNIR MAHJOUBI
Il n'y a pas la police qui vient chez vous pour forcer votre porte et vous mettre un compteur Linky, mais la volonté c'est bien d'avoir ces compteurs connectés qui nous permettent d'économiser et de sauver la planète.
NICOLAS DEMORAND
Merci Mounir MAHJOUBI, secrétaire d'Etat chargé du Numérique, d'avoir été au micro de France Inter ce matin
MOUNIR MAHJOUBI
Merci beaucoup !
Source : Service d'information du Gouvernement, le 10 octobre 2018