Déclaration de M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, sur les relations économiques entre la France et la Biélorussie, à Minsk le 26 octobre 2018.

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Circonstance : Ouverture du 5e forum d'affaires franco-biélorusse, à Minsk (Biélorussie) le 26 octobre 2018

Texte intégral


Monsieur le Ministre, Cher Oleg,
Monsieur le Directeur du centre national du marketing et de la conjoncture des prix,
Merci de nous accueillir, merci d'avoir organisé cette journée importante. Je sais que pour un certain nombre d'entre vous, cela a commencé hier sur le terrain avec une visite dans la région de Grodno et cela se poursuit aujourd'hui.
Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Mesdames et Messieurs les Chefs d'entreprises,
Puisque nous avons là des entrepreneurs qui sont vraiment très motivés pour accroître ces liens.
Au nom du gouvernement français, je salue la tenue à Minsk de ce 5e forum d'affaires franco-biélorusse, qui se déroule en parallèle de la 3e commission mixte de coopération économique. C'est un enjeu important. Oleg était venu à Paris il y a quelques mois, nous avions décidé de donner une impulsion supplémentaire et nouvelle à nos relations entre la France et la Biélorussie.
Il y a eu des anniversaires, il y a quelque temps, le 40e anniversaire du jumelage entre la ville de Lyon et celle de Minsk en 2016, aujourd'hui on se tourne vers l'avenir. Clairement, le renforcement des liens passe par la communauté humaine, qui est la communauté d'affaires que vous représentez. Je vous remercie tous d'avoir fait le déplacement de différentes régions du pays ici pour certains et de France pour d'autres. Je salue tout particulièrement la participation au forum de "MEDEF international" avec lequel nous travaillons étroitement et qui contribue aussi à ce lien. Je crois qu'une coopération plus étroite sera établie, vous allez signer un accord avec le centre national du marketing et je m'en réjouis.
Il est vrai que si nos échanges économiques peuvent paraître encore modestes, nous croyons au renforcement de ces liens commerciaux et d'investissements.
Un bon signe, quand on regarde les statistiques de l'année 2017, notre volume d'échanges a augmenté de manière significative, +47% me semble-t-il, dans les deux sens. C'est ce que je vous ai indiqué, Monsieur le Ministre, cher Oleg précédemment, lors de notre rencontre, il s'agit que les flux se fassent de façon mutuelle et réciproque. La France croit beaucoup à la réciprocité, dans un monde commercial où la tentation existe de faire de l'unilatéralisme et de mesures imposées. Aujourd'hui on a un système commercial international qui doit être repensé, refondé et rénové. Le fait d'amplifier nos relations bilatérales peut nous prémunir contre ce type de mesures.
Vue de France, la Biélorussie a de nombreux atouts que le ministre a évoqués. Les entreprises avec lesquelles j'ai parlé en venant ici m'ont signalé la qualité de la ressource humaine, des femmes et des hommes qui apportent de la valeur ajoutée à leurs chaînes de production et à leurs investissements, avec des coûts de production maîtrisés. Des ressources importantes notamment dans le domaine agricole comme l'évoquait monsieur le directeur. Vous le disiez, Monsieur le Ministre, vous êtes une porte d'entrée vers cette union économique eurasiatique. Ces atouts doivent donc continuer à être promus auprès des investisseurs potentiels venus de France. Plusieurs groupes français se sont d'ailleurs déjà installés, vous évoquiez Danone, Sanofi, Lactalis. Je suis convaincu que la Biélorussie peut devenir de plus en plus attractive pour les entreprises françaises qui vont s'y développer.
Car il y a aussi un marché de près de 10 millions d'habitants qui n'est pas négligeable, et tout ce qui pourra être fait pour faciliter l'accès au marché sera positif. Le capitalisme français, même s'il est important, reste aussi un petit milieu et le bouche-à-oreille va vite. Je crois que toute mesure facilitant les investissements, l'accès au marché, aura naturellement des conséquences positives très rapides.
Sachez que nous serons très attentifs s'agissant des conditions de concurrence parce je crois que nous avons des expertises fortes qui peuvent véritablement vous aider, vous accompagner dans un certain nombre de transformations. Vous évoquiez nos économies, je crois qu'on a là des gisements de talents respectifs qui doivent être mieux utilisés.
Vous évoquiez l'Union eurasiatique. Je sais aussi que la Biélorussie est candidate pour adhérer à l'Organisation mondiale du commerce et, naturellement, la France soutient cette candidature, même si nous devons repenser le fonctionnement de cette organisation mondiale du commerce. C'est une institution incontournable et qui permet aussi d'avoir accès à un certain nombre de négociations internationales, de règlements de différends internationaux. Et c'est important pour donner de la lisibilité vis-à-vis des investisseurs, pour permettre également une stabilité juridique qui est importante.
Vous disiez que nous avons aussi des nuances. Il est normal que deux Etats souverains aient chacun leur politique. Nous avons un souci commun face parfois à certaines crises régionales et, les uns les autres, nous tâchons d'apporter notre pierre à l'édifice pour la stabilité mondiale dans un monde qui est de plus en plus volatil. Mais je voulais dire que nous devons garder ce dialogue franc en se disant les choses - effectivement, nous avons évoqué tout à l'heure ensemble des sujets liés à la peine de mort, aux droits de l'Homme... - mais, en tous les cas, il est important que ce contact ne soit non seulement jamais rompu, mais qu'il soit enrichi de votre contribution à vous toutes et tous qui êtes dans la salle et qui, au quotidien, créez de la richesse. Richesse qui ensuite est répartie au bénéfice des peuples de Biélorussie et de France.
Peut-être quelques mots également sur la France, parce que nous sommes également, comme vous, dans une logique de développer l'attractivité. Nous sommes aujourd'hui la septième économie mondiale, le deuxième plus grand marché d'Europe et des débouchés peuvent également être envisagés pour vos productions. La France bénéficie d'ores et déjà de nombreux apports de la Biélorussie dans les domaines de la chimie, agricole, de l'agroforesterie. Nous sommes tout à fait disposés à faire connaître les domaines d'expertise qui sont les vôtres. Nous n'oublions pas que beaucoup de nos jeunes en France jouent à des jeux qui ont pris naissance ici, on sait quel est le succès d'une entreprise comme Wargaming qui vient de Biélorussie.
S'agissant de la France, nous avons, avec le président de la République, Emmanuel Macron, le souhait de préparer un grand plan d'investissement de 57 milliards d'euros sur le quinquennat pour faire des réformes structurelles en matière écologique, en matière de ressources humaines, de formation, pour aller vers un Etat digitalisé également. Sachez que nous croyons à ce dicton, issu de la Renaissance en France, qui disait : "il n'est de richesse que d'hommes", et donc, investir sur ce capital humain, avec 5% de notre PIB qui est dédié à l'éducation. Nous sommes ouverts aux talents biélorusses, aux investissements que les entreprises biélorusses pourraient réaliser, de la même façon que nous encourageons les entreprises françaises à investir et s'investir sur le marché biélorusse.
Je vous souhaite tous mes bons voeux de réussite pour ce cinquième forum d'affaires. Les signatures qui vont avoir lieu juste après vont montrer qu'il y a des volontés partagées, des énergies qui sont mobilisées pour renforcer ces liens. Je voulais vous dire que la diplomatie française, à l'adresse des entreprises françaises, est là pour vous aider, vous épauler, vous accompagner. Monsieur l'Ambassadeur le sait, depuis 2014, Laurent Fabius a souhaité que la diplomatie économique soit renforcée au ministère des affaires étrangères et nos ambassadeurs sont naturellement des personnes-clés qui ont pour mission également de renforcer ces liens économiques.
Très bons travaux à toutes et tous. Nous allons, pour notre part, avec le ministre, apporter également notre pierre à l'édifice à travers la tenue de la commission mixte, pour faire en sorte que l'on construise de façon concrète, pratique, avec des résultats tangibles, ce renforcement des liens.
On peut se dire que, finalement, comme nos volumes d'échanges restent encore modestes, fixons-nous l'objectif de les doubler dans les deux sens. Nous aurons, à ce moment-là, réussi notre mission. Merci beaucoup, Monsieur le Ministre, Monsieur le Directeur, chers amis.Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 novembre 2018