Interview de M. Franck Riester, ministre de la culture à LCI le 8 novembre 2018, sur les commémorations de la première guerre mondiale, la polémique au sujet de l'hommage au maréchal Pétain et le loto du patrimoine.

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Média : La Chaîne Info

Texte intégral


CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Bonjour à tous, notre invité ce matin c'est le nouveau ministre de la Culture, bonjour Franck RIESTER.
FRANCK RIESTER
Bonjour.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Merci d'être avec nous ce matin. Alors, une première question, on va marcher sur des oeufs, faut-il célébrer, commémorer, rendre hommage, au Maréchal PETAIN samedi, aux Invalides, avec les autres maréchaux de la République ?
FRANCK RIESTER
Non, et d'ailleurs c'est ce qui ne va absolument pas être le cas, ce n'est pas prévu, le Maréchal PETAIN ne sera pas… on ne rendra pas hommage au Maréchal PETAIN samedi, bien évidemment, il n'en n'a jamais été question. Le président de la République a simplement dit, ce qui est une vérité historique, rappelée par ses prédécesseurs, que ce soit le Général de GAULLE, que ce soit Jacques CHIRAC, que ce soit François MITTERRAND, qu'il a été un grand soldat pendant la guerre de 14-18 et qu'il a sali la France, qu'il a trahi la France, et c'est la raison pour laquelle il a été frappé d'indignité nationale.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors justement, on va réécouter ce que disait le président Emmanuel MACRON hier, parce que c'est ce qui a créé la polémique et qui a semé le doute sur le fait qu'on l'associait ou pas à l'hommage qui sera samedi. Ecoutez-le.
EMMANUEL MACRON, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
Je ne fais aucun raccourci, mais je n'écoute aucune page de l'Histoire, et le Maréchal PETAIN a été, pendant la Première Guerre mondiale, aussi un grand soldat, voilà. C'est une réalité de notre pays, c'est aussi ce qui fait que la vie politique, comme l'humaine nature, sont parfois plus complexes que ce qu'on voudrait croire, on peut avoir été un grand soldat à la Première Guerre mondiale et avoir conduit à des choix funestes durant la Deuxième. Je reconnais aussi la part que les maréchaux ont joué et que notre Armée a joué dans la victoire française.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Voilà, c'est cette phrase, "je reconnais aussi la part que les maréchaux ont joué dans notre Histoire", et on sait que, dans l'Armée, la volonté de ne pas trier entre le bon grain et l'ivraie, fait qu'ils avaient un peu envie, probablement, les militaires, de rendre hommage à tous les chefs de la guerre, y compris le soldat PETAIN.
FRANCK RIESTER
Ecoutez, je ne sais pas ce que voulaient faire certains militaires ou les militaires, ce qui est certain c'est que la France va honorer la mémoire des soldats de la Grande guerre, et qu'il y aura un hommage rendu aux maréchaux qui sont aux Invalides, les cinq maréchaux aux Invalides. Je pense vraiment que par rapport aux problèmes de nos compatriotes, par rapport à la situation du monde, cette polémique est une polémique vaine, et on voit bien que beaucoup d'adversaires du président de la République tentent tout pour essayer de le décrédibiliser, parce que sur le fond de sa politique, sur le choix qu'il fait en matière économique, le choix qu'il fait en matière de libération des énergies dans ce pays, de travailler avec les Français, à la meilleur formation des Français, à l'innovation, c'est quelque chose qui prête peu à la critique, et donc je pense vraiment que c'est une mauvaise polémique. Surtout à un moment, Christophe JAKUBYSZYN, où il y a une très belle communion nationale autour de la mémoire de celles et ceux qui ont combattu pendant la Grande guerre. Cette itinérance du président de la République est une itinérance qui, je trouve, fait honneur à la mémoire de ceux qui ont combattu dans cette région, sinistrées, pendant la Grande guerre, cette région où tant de Français ont péri pour la patrie, et d'ailleurs pas que des Français, aussi des alliés. Et donc on voit bien que ce geste fort, de mémoire, de ne jamais oublier les sacrifices de nos aînés, à un moment où, en Europe notamment, il y a une montée des nationalismes, et on sait bien que c'est les nationalismes qui ont conduit à cette Grande guerre, c'est un très beau signal.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors justement, ce week-end, vous le disiez, nous fêterons le centenaire de la fin de la Grande guerre, à votre boutonnière le Bleuet de France, qui symbolise justement la mémoire qu'on doit à tous ceux qui sont morts sur le champ de bataille. Ça va être quoi le message de la France, puisqu'on va quand même convier une centaine de chefs d'Etat étrangers, dont - la plupart des belligérants, les vainqueurs et les vaincus - dont Donald TRUMP, évidemment, et Vladimir POUTINE, quel est le message qu'Emmanuel MACRON veut faire passer ce week-end ?
FRANCK RIESTER
Je crois que c'est se souvenir de toutes celles et ceux qui sont morts pour la France, Français, Anglais, ou alliés, qui ont combattu dans cette guerre, et puis c'est aussi s'inscrire dans l'avenir, c'est dire qu'il ne faut pas oublier leur mémoire, mais pour ne pas que ce type de drame se reproduise. Et, je le disais tout à l'heure, la montée d'un nationalisme est inquiétant, la remise en cause du multilatéralisme, qui a permis que les grandes puissances de ce monde se parlent pour la paix.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Oui, mais Franck RIESTER, en Europe, la montée de ce que vous appelez les populismes, c'est aussi la montée des peuples, les peuples qui estiment qu'on les gouverne mal, qu'on n'a pas répondu à leurs problèmes, à leurs angoisses. Aux Etats-Unis, c'est ce qui explique la victoire de Donald TRUMP, et j'ai envie de dire, son succès, partiel, hier, et ses succès économiques. Est-ce qu'il n'y a pas une alternative, finalement, à cette politique européenne, du libre-échange, de l'ouverture des frontières ? Est-ce que les modèles - parce que les Français, certains, commencent à se poser la question - est-ce que le modèle russe, le modèle américain, le modèle brésilien, ce n'est pas une solution ?
FRANCK RIESTER
Voyez, vous parlez de grands Etats nations, de grands Etats continents, des Etats continents qui pèsent aujourd'hui dans la compétition mondiale, qu'elle soit diplomatique ou économique. Croyez-vous vraiment que si, nous Français, seuls, face à ces Etats continents, on serait en capacité de peser ? Je ne le crois pas une seconde. Nous devons être unis parce que l'union fait la force. Alors que, il n'y ait pas eu suffisamment d'Europe ces dernières années, pour peser davantage en matière commerciale…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Ou une mauvaise Europe, qui ne défend pas ses intérêts en matière commerciale par exemple…
FRANCK RIESTER
En matière d'immigration, en matière de sécurité, en matière de stratégie industrielle, oui bien sûr, mais est-ce que la réponse à ça c'est le retour au nationalisme, chacun chez soi, chacun pour soi ? Je ne le crois pas.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Vous êtes pour une autre Europe, Franck RIESTER ?
FRANCK RIESTER
Je suis pour une Europe refondée, mais dans bien des domaines davantage d'Europe, davantage d'Europe en matière d'intégration sociale et fiscale pour qu'il n'y ait pas de concurrence déloyale entre différents pays européens, qu'il y ait une meilleure sécurité aux frontières de l'Europe, pour lutter notamment contre le terrorisme, qu'il y ait une meilleure gestion de l'immigration et des réfugiés pour que les Européens le vivent mieux parce que c'est vrai que ça a été très mal géré, mais pas parce qu'il y avait trop d'Europe, parce que justement l'Europe n'avait pas les moyens pour faire face à la grande vague migratoire qu'il y a eu en 2016, notamment, 2015 et 2016. Donc vous voyez bien que c'est avec plus d'Europe qu'on répondra à la problématique française, parce que face à ces Etats continents nous n'aurons pas une réponse simplement nationale. Et la montée des nationalismes enclenche mécaniquement, on l'a vu en Europe dans le passé, à des confrontations, des confrontations économiques, des confrontations éventuellement même militaires. Donc soyons prudents et faisons en sorte de ne pas oublier le passé de notre continent.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors, comme ministre de la Culture vous êtes ministre de beaucoup de sujets qui concernent directement les Français, on va parler évidemment de la redevance, des films à la télévision. On va commencer par le Loto du patrimoine, puisque vous êtes arrivé, ce n'est pas de votre faute mais, polémique naissante entre le ministre du Budget, votre collègue Gérald DARMANIN, et Stéphane BERN, qui est un peu le parrain de ce Loto du patrimoine, qui sert à financer les projets qu'il a sélectionné, et parrainé. Vous avez réussi à arracher 20 millions d'euros de plus à Bercy…
FRANCK RIESTER
21.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
21 millions de plus à Bercy. J'ai une question à poser, il y a eu cette polémique, est-ce que, du coup, vous ne referez plus le Loto du patrimoine ou est-ce qu'au contraire vous avez déjà envie de reproposer aux Français ce loto ?
FRANCK RIESTER
D'abord c'était un formidable succès, l'engouement qu'a suscité ce Loto du patrimoine, sous l'impulsion de Stéphane BERN, est formidable. Stéphane BERN fait un travail remarquable de pédagogie au service de l'Histoire et au service du patrimoine, et il l'a mis au service du Loto du patrimoine, c'est formidable. En plus, derrière il y a eu, certes un moment peut-être un peu de polémique, mais in fine…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Bercy veut toujours prendre de l'argent quelque part dans la poche de quelqu'un !
FRANCK RIESTER
Eh bien oui, mais vous savez, on est dans un moment où l'argent public se fait rare, où il faut équilibrer les comptes publics, et c'est difficile, et croyez-moi que le rôle du ministre du Budget ce n'est pas un rôle simple, et Gérald DARMANIN et moi-même avons trouvé une solution qui permet de, je dirais d'abonder le formidable engouement des Français pour le patrimoine, tant mieux. Alors, est-ce qu'on continuera le dispositif, eh bien il faut qu'on mette tout sur la table, qu'on regarde les avantages et les inconvénients, il y a objectivement beaucoup d'avantages, et on en discutera avec Stéphane BERN, on en discutera avec la Fondation du patrimoine, parce que c'est vers la Fondation du patrimoine que va être versé, si je puis dire, l'argent du Loto du patrimoine, et on regardera dans l'avenir si on continue cette belle opération.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors, votre prédécesseur voulait que tout le monde paye la redevance, la redevance pour tous, au nom d'une idée, assez juste au fond, c'est que maintenant on regarde la télévision sur plein de supports différents, les Smartphones…
FRANCK RIESTER
Les usages évoluent.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Les tablettes, les usages évoluent. Est-ce que vous allez - ça a été évidemment enterré par Bercy, parce que compliqué techniquement, et puis encore une taxe nouvelle - qu'elle est votre position là-dessus ?
FRANCK RIESTER
Prenons les choses dans l'ordre. D'abord il faut réfléchir à l'organisation future de l'audiovisuel public, il y a un certain nombre de réformes qui ont déjà été décidées, par ma prédécesseure, qui sont en train d'être mis en oeuvre, beaucoup de choses sont faites pour tenir compte de l'évolution de l'audiovisuel dans ce pays, et même dans le monde, avec la révolution numérique, mais il faut réfléchir à l'organisation de l'audiovisuel public, parce que moi je crois à un audiovisuel public fort dans ce pays. On a besoin de l'audiovisuel public en matière d'éducation, en matière de culture, en matière d'information, et pour cela il faut une organisation adaptée. Ce que veut dire une organisation adaptée c'est qu'il faut tenir compte de l'évolution des usages, il y a ce qu'on appelle une convergence des contenus, les gens ils écoutent la radio, à la radio bien évidemment…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Et ils regardent la radio à la télé.
FRANCK RIESTER
Ils regardent la radio sur leur Smartphone, ou à la télé, et vice versa, on a une interpénétration de la façon dont les contenus sont vus par nos compatriotes.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
On parle du service public après, sur le financement, comment vous faites pour coller le financement, parce qu'aujourd'hui seuls les gens qui ont une télé sur leur buffet payent la redevance ?
FRANCK RIESTER
Et donc, Christophe JAKUBYSZYN, à cet audiovisuel public fort il faut un financement pérenne et important. Ça veut dire qu'il faut réfléchir, avec Bercy, avec les parlementaires, avec les acteurs de ce secteur, et les Français, de la meilleure façon de financer l'audiovisuel public. Actuellement la redevance est adossée à la taxe d'habitation, à l'horizon 3 ans il n'y aura plus de taxe d'habitation, donc il faut bien réfléchir à un nouveau dispositif, et qui tienne compte bien évidemment des usages et de la façon dont les Français ont accès à leurs contenus d'audiovisuel public.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Donc, redevance TV, tout est sur la table ?
FRANCK RIESTER
Oui, la redevance télé, la façon dont on va financer l'audiovisuel public est sur la table, et on décidera le moment venu, avec tous les partenaires dont j'ai parlé.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors on ne va pas annoncer une décision qui n'a pas été prise, mais vous pouvez me dire ce matin que dans 3 ans la redevance, telle qu'elle existe aujourd'hui, n'existera plus ?
FRANCK RIESTER
Eh bien oui, puisqu'il n'y aura plus de taxe d'habitation.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Au moins c'est clair, donc vous avez 2 ans, au moins, peut-être minimum, pour préparer…
FRANCK RIESTER
Un peu, même, peut-être moins, puisqu'il faut anticiper les choses.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors on va parler du service public, mais avant je voulais qu'on parle du cinéma, puisque tout à l'heure, aujourd'hui, vous allez enfin signer l'accord entre CANAL+ et le cinéma, c'est important parce qu'on sait que le cinéma français vit d'abord et surtout de cet accord de financement avec la chaîne privée, qui a l'exclusivité de la diffusion des films le plus tôt. Comment vous avez fait d'ailleurs, parce que ça fait des mois qu'on n'y arrivait pas ?
FRANCK RIESTER
Alors d'abord ce n'est pas moi qui vais signer, c'est CANAL+ et les acteurs du cinéma français…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
… Dans votre bureau en début de semaine, je crois.
FRANCK RIESTER
Disons qu'on a été accompagnateur, mais c'est un travail de longue haleine, qui a commencé bien avant mon arrivée rue de Valois, simplement j'ai fait en sorte, en discutant, en échangeant avec chacun des acteurs, de trouver les voies et moyens pour qu'ils se mettent d'accord, et cet accord est important. Et le cinéma français, les acteurs du cinéma français, CANAL+, ont fait preuve de beaucoup de responsabilité, parce que c'est fondamental pour la création cinématographique dans notre pays. On a la chance, dans notre pays, d'avoir un cinéma riche, divers, et de cette diversité-là, cette richesse cinématographique, est enviée par un grand nombre de pays dans le monde. Il faut pérenniser les dispositifs qui permettent cette spécificité française. C'est fait avec cet accord-là. Pour autant, il y a bien évidemment beaucoup de réflexions encore à conduire, avec ces acteurs-là, pour l'avenir, pour faire évoluer le modèle de financement de la création, à l'arrivée de géants du Net qui sont de plus en plus présents, je dirais sur les télévisions de nos compatriotes, et puis surtout sur Internet. Donc, on a besoin de réfléchir, c'est une grande satisfaction cet accord, parce que pour les 4 ans qui viennent ça sécurise le financement du cinéma…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
CANAL+ n'abandonne pas le cinéma français ?
FRANCK RIESTER
Pas du tout, et c'est une grande preuve d'attachement de CANAL+ au cinéma, et pour autant ça n'empêche pas de réfléchir à l'avenir, et ça entraîne, cet accord-là, sachant que ORANGE et le cinéma, à travers les réflexions sur OCS, sont en train de discuter et devraient trouver un accord, je l'espère, très bientôt, ça ouvre la voie à une réforme de la chronologie des médias…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Il faut expliquer aux Français ce que c'est parce que c'est compliqué. Les chaînes, en fonction de leur statut, ont le droit de diffuser des films X mois après leur sortie en salles, et vous voulez arriver à un nouvel accord, c'est que, après le jour de la sortie en salles, pour CANAL+ ce soit 8 mois après, pour TF1, par exemple, 22 mois après, et pour NETFLIX, ou les autres opérateurs type NETFLIX, 30 mois après la sortie en salles, c'est ça l'objectif ?
FRANCK RIESTER
C'est ça l'objectif, ça permet de rapprocher ces différentes fenêtres de diffusion de la sortie en salles. Et il y a une deuxième avancée très importante pour les téléspectateurs qui nous regardent, c'est que ça permet aussi de pouvoir avoir en permanence accès à l'achat en ligne de ces films, alors que jusqu'à présent, quand les films étaient diffusés dans la fenêtre de diffusion de CANAL+, ou des chaînes privées…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
C'est 4 mois après, on peut commencer à acheter ou louer les films !
FRANCK RIESTER
C'est ça, et ça restera pendant tout le temps de la…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Ça suffira pour lutter contre le piratage ?
FRANCK RIESTER
Pendant tout le temps, pour toujours, alors qu'avant c'était suspendu, il y avait des fenêtres fermées, ce qu'on appelle des fenêtres fermées. C'est un peu technique…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
A partir de 4 mois, on pourra louer son film n'importe quand.
FRANCK RIESTER
Exactement, et ça c'est très important, c'est une vraie avancée, et c'est de nature, effectivement, à lutter contre le téléchargement illégal, ou les pratiques non autorisées sur Internet, parce que si vous ne pouvez pas, sur Internet, quand vous le vouliez, regarder un film, eh bien ça incitait à aller sur des sites illégaux, là c'est chose finie si je puis dire, on va pouvoir avoir accès en permanence, après les 4 mois de sortie en salles, après la sortie en salles, de pouvoir avoir accès à ces films à la demande sur Internet.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
On va parler, donc, de l'audiovisuel public, la réforme de l'audiovisuel public elle est sur votre bureau aussi, quel morceau, quel dossier. Vous avez dit il y a quelques temps que, à audiovisuel public, financements publics, et audiovisuel privé, financements privés. Est-ce que ça veut dire que vous considérez que l'audiovisuel public doit être financé que par la redevance, plus de publicité ?
FRANCK RIESTER
Alors, en tout cas par des finances publics à terme, et du parrainage, pour notamment des événements bien particuliers, comme le sport, mais ça c'est un objectif à terme, il ne s'agit en aucun cas de remettre, à court terme, l'équilibre du financement de l'audiovisuel public. De la même façon qu'il y a une réflexion sur le remplacement de la redevance par un dispositif qui tienne compte de la suppression de la taxe d'habitation, et des nouveaux usages d'accès à ces contenus audiovisuels publics, il faudra réfléchir, sur le temps long, à la façon dont on peut mieux organiser les financements entre l'audiovisuel public et le privé, à audiovisuel privé, financements privés, à audiovisuel public, financements publics. Parce que les acteurs…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Vous pensez que vous, Franck RIESTER, ministre de la Culture, vous arriverez quand à supprimer la publicité sur la télé publique ?
FRANCK RIESTER
Ecoutez, on verra bien, ce n'est pas à 1 an près, c'est un objectif à long terme, mais je pense que c'est un bon objectif…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Fin de quinquennat ?
FRANCK RIESTER
Parce que les Français ont besoin de comprendre les différences, et de voir la différence, et c'est vrai que la publicité, même si ça contribue à l'animation, peut-être de l'écran, c'est aussi de nature à perturber la visibilité, ou l'écoute des contenus audiovisuels publics. Donc je pense que c'est bien de concentrer les financements publics sur le public, et les financements privés sur l'audiovisuel privé, sachant que les acteurs privés, dont font partie TF1 ou LCI par exemple, ont besoin aussi de financer leur développement et le financement de leurs contenus au service des téléspectateurs.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Cette révolution elle sera concomitante à la loi sur l'audiovisuel public ?
FRANCK RIESTER
Oui, ça se mettra dans le temps, mais il y aura une réflexion, évidemment, en même temps, puisque le financement est un élément clé de la réforme. Sachant que pour l'audiovisuel public, encore une fois j'insiste, il faudra, dans cette réforme de l'audiovisuel, réfléchir à la bonne organisation future de l'audiovisuel public, parce que, encore une fois, on a besoin d'éducation, on a besoin d'information, on a besoin de divertissement dans l'audiovisuel public, et on a besoin que l'audiovisuel public soit fort en France, et fort à l'étranger aussi pour le rayonnement culturel du pays.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Je crois que la patronne de FRANCETELEVISIONS a confirmé hier la disparition de FRANCE O sur la TNT d'ici 1 an, 1,5 an, FRANCE 4 aussi, est-ce qu'on s'arrête là sur la suppression du nombre de chaînes publiques ?
FRANCK RIESTER
Il y a une décision qui a été prise par ma prédécesseure et le gouvernement sur la suppression de ces deux chaînes, moi je serai très vigilant sur deux points, la présence des contenus autour des questions de l'Outre-mer sur l'audiovisuel public, c'est fondamental, et je sais que les parlementaires ultramarins sont très mobilisés, et la ministre en charge de l'Outre-mer également. Et deuxièmement, sur les contenus jeunesse, et notamment les contenus d'animation, vous savez qu'on est, en France, un pays qui est doté d'un secteur économique qui est l'animation, qui est un secteur très dynamique, qui exporte des contenus dans le monde, donc il faut absolument que l'audiovisuel public continue d'accueillir et financer des contenus d'animation, parce que c'est fondamental pour ce secteur d'activité, pour la France.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Qu'est-ce que vous allez faire des deux canaux libres, la 14 et la 19 ?
FRANCK RIESTER
Ecoutez, on n'en n'est pas là sur la numérotation, ni les canaux qui seront libres, ça c'est une discussion qui devra avoir lieu, d'abord et avant tout, avec le CSA, le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel, et nous réfléchirons, le moment venu, avec le CSA.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Vous pensez que quatre chaînes info en France c'est trop ou pas ?
FRANCK RIESTER
Non, moi je pense qu'on a besoin d'information en continu, c'est un nouvel usage d'accès à l'information pour nos compatriotes, moi j'ai salué le fait que l'audiovisuel public pouvait, enfin puisse disposer, j'ai salué le fait que l'audiovisuel public puisse disposer d'une chaîne d'information en continu, c'est très bien, les Français veulent s'informer, après c'est peut-être à ces chaînes d'avoir des marqueurs un peu différents pour ne pas qu'on retrouve les mêmes contenus en permanence sur ces quatre chaînes.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors on va parler de la loi sur les Fake news, les fausses informations, voulue par le chef de l'Etat, elle a été rejetée une deuxième fois par le Sénat, et tiens, j'ai regardé le député RIESTER, qu'est-ce qu'il a fait en première lecture ? Il n'a pas voté la loi. Qu'est-ce que va faire le ministre ?
FRANCK RIESTER
Alors, c'est un peu technique, mais il se trouve que cette loi n'était pas un vote solennel le mardi après-midi après les questions au gouvernement…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Enfin, vous aviez piscine ou vous n'étiez pas d'accord avec la loi ?
FRANCK RIESTER
Attendez, je vais vous dire. Ce n'est pas qu'il y avait piscine, c'est que j'étais président de groupe, il se trouve que je n'étais pas dans l'hémicycle au moment du vote, et c'est pour ça que je n'ai pas participé au vote.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Mais vous n'étiez pas trop pour la loi non plus.
FRANCK RIESTER
C'est une première étape importante. On a besoin de responsabiliser les plateformes, et dans cette loi il y a des dispositifs de responsabilisation des plateformes, parce que la question des fausses informations est une question très importante pour notre démocratie. Vous avez vu que dans la campagne au Brésil il y a eu des grosses polémiques là-dessus, vous avez vu que même dans la campagne aux Etats-Unis, il y a eu des grosses polémiques, on ne peut pas…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Qu'est-ce qui vous reprochez à la loi alors ? Qu'est-ce qui ne vous satisfait pas dans la loi ?
FRANCK RIESTER
Qui vous a dit que…
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Vous ne l'avez pas votée.
FRANCK RIESTER
Je n'ai pas participé au vote, Christophe JAKUBYSZYN, ce n'est pas pareil que de voter contre, et donc, très clairement cette loi est une avancée importante de responsabilisation des plateformes. Et deuxièmement, elle se dote d'un dispositif, pendant les périodes électorales, pour éventuellement mettre fin à des informations qui seraient de nature à perturber le scrutin qui va se dérouler dans les jours qui suivent cette apparition de cette fausse information. Ce dispositif méritera d'être évalué le moment venu, on n'est pas en train de vous dire qu'avec cette loi-là on répond à la problématique des fausses nouvelles, on dit juste qu'on s'attelle à ce dossier-là, on essaye d'apporter des réponses novatrices, et on évaluera la qualité et la pertinence de cette loi le moment venu.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Une dernière question, très rapide, demain à votre place il y aura l'ancien ministre de la Culture Jack LANG, il nous a laissé la Fête de la musique, les grands travaux comme le Louvre, quelle marque, vous, aimeriez-vous laisser dans l'histoire de la culture française ?
FRANCK RIESTER
Ça fait trois semaines que je suis ministre de la Culture, je ne vais pas commencer à tirer un bilan de mon action, ce qui est certain c'est que j'ai une feuille de route qui est claire, celle du président de la République, pour faire en sorte que la culture soit plus accessible, faire en sorte que la culture continue de pouvoir être cette force créatrice dans tous les domaines, faire en sorte qu'un maximum de Français puissent avoir accès à des contenus audiovisuels français, puissent avoir accès à des créations françaises, puissent voir leur patrimoine être restauré, puissent voir, comme on le voit cette semaine, toujours ce foisonnement créatif littéraire, et je serai d'ailleurs à Brive samedi pour le Salon du livre, vous voyez que c'est doter la France de tous les leviers pour faire en sorte que la culture reste au coeur de nos compatriotes.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Et vous serez à Abu-Dhabi demain pour le premier anniversaire du Louvre Abu-Dhabi, là c'est du "soft power", la culture française dans le monde. Merci beaucoup Franck RIESTER d'avoir été avec nous.
FRANCK RIESTER
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 9 novembre 2018