Déclaration de Mme Geneviève Darrieussecq, secrétaire d'Etat auprès de la ministre des armées, en hommage aux parisiens morts pendant la Première Guerre mondiale, à Paris le 11 novembre 2018.

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Circonstance : Inauguration du moment aux morts de la Ville de Paris, à Paris le 11 novembre 2018

Texte intégral


Monsieur le préfet de Paris,
Monsieur le préfet de la région Ile-de-France,
Madame le maire de Paris,
Mesdames et messieurs les élus,
Monsieur le gouverneur militaire de Paris,
Mesdames et messieurs les autorités ou représentants des autorités,
Mesdames et messieurs les porte-drapeaux,
Jeunes parisiennes et jeunes parisiens,
Mesdames et messieurs,
Le jour même où la France tout entière se souvient des soldats de la Grande Guerre, de tous les grades, de tous les fronts et de toutes les origines, les poilus parisiens sont de retour chez eux.
En effet, quelle meilleure date que ce 11 novembre 2018, que ce centenaire de l'armistice, pour corriger une exception parisienne !
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, des milliers de nos communes ont honoré leurs morts par l'érection de monuments.
Paris, en tant que capitale, est le lieu du recueillement national. Elle est la gardienne de la flamme du Souvenir et de la tombe du Soldat inconnu. Mais, Paris n'a pas érigé un monument unique rassemblant les noms de l'ensemble des parisiens morts pour la France durant la Grande Guerre.
Paris se devait d'avoir un tel monument. Elle le devait à ses morts et à son histoire. C'est ce lieu de mémoire que nous venons d'inaugurer.
Madame le maire, j'ai entendu dans vos paroles la fierté de toute une ville. Je vois dans les regards de chacun la reconnaissance pour les enfants de Paris tombés pour la patrie.
Cette reconnaissance, le Gouvernement la partage et le ministère des Armées y est particulièrement sensible. Merci Madame le maire, merci à l'ensemble des élus du conseil municipal et merci à tous ceux qui de près ou de loin ont participé à cette belle réalisation.
Aujourd'hui, exactement cent ans après la fin d'un déluge de feu et d'acier, nous voici rassemblés, autour de ce cénotaphe, pour nous souvenir des morts et pour leur rendre les honneurs. Cette fresque mémorielle est dédiée au sacrifice gigantesque consenti par les Parisiens. Elle est un gage de transmission, elle est également un appel à la paix.
Du premier des « A » de 1914 au dernier des « Z » de 1918, le recensement de tous les Parisiens décédés a été un immense travail mené par des spécialistes, par des étudiants et par des passionnés. Ils ont accompli une oeuvre remarquable. Le ministère des Armées est fier d'y avoir participé par l'intermédiaire du Service Historique de la Défense et de la formidable banque de données qu'est le site Mémoire des Hommes.
94 415 noms alignés ! Il en fallait un mur immense pour aligner tant de noms de Parisiens morts pour la France.
Il est impossible de saisir ce monument en un seul regard ; impossible, en effet, d'espérer y lire, en une seule journée, les dizaines de milliers de prénoms et de noms. Dans cette infinité, on lit l'âpreté des combats et la violence de masse d'une guerre totale. Cela rend presque sensible et presque tangible l'ampleur du sacrifice.
Plus de 94 000 Parisiens, près d'1,4 millions de Français, telle a été l'hécatombe de la Grande Guerre. Aujourd'hui, la nation rassemblée et reconnaissante leur rend hommage.
Le Président de la République a annoncé l'entrée au Panthéon de tous « Ceux de 14 », de tous les poilus avec Maurice GENEVOIX en porte-étendard. Dans leur sillage, c'est toute une nation mobilisée entre 1914 et 1918 qui est honorée.
Parmi ces millions d'hommes et de femmes figurent les poilus parisiens. Ceux-là mêmes qui ont combattu à Morhange, sur la Marne, aux Eparges, à Verdun, au Chemin des Dames et jusqu'à Salonique.
En contemplant ce monument, nous pensons à la vie et à la mort, à la guerre et à la paix. La magnifique cérémonie de ce jour avec la participation de tous ces jeunes parisiens démontrent que le flambeau de la mémoire est transmis. Les jeunes générations n'ont heureusement pas connu de conflit d'ampleur mais elles ont compris, par les drames des dernières années, que la paix n'est jamais définitive, qu'elle n'est jamais un acquis.
La France en connaît la fragilité. Sur les ruines du désastre humain et moral des deux guerres mondiales, nous avons construit une Europe qui doit demeurer l'instrument de la paix. C'est cette France qui n'oublie rien, qui se souvient de son passé, qui sait le poids de l'Histoire, qui, aujourd'hui, accueille le monde pour oeuvrer à la paix.
Hier comme aujourd'hui, les vers de Guillaume Apollinaire en épitaphe de ces stèles bleu horizon bruissent du son de l'émotion : « Qui donc saura jamais que de fois j'ai pleuré, Ma génération sur ton trépas sacré ».
Que le poète-soldat dans sa tombe du Père-Lachaise se rassure. Cette génération sacrifiée n'est pas une ombre oubliée. Elle est bien vivante dans nos mémoires et nous sommes les garants que le sacrifice de tant de Parisiens et de tant de Français n'a pas été vain.
Vive la République !
Vive la France !
Source https://www.defense.gouv.fr, le 21 novembre 2018