Texte intégral
Je veux tout d'abord remercier le gouvernement australien pour son hospitalité et la remarquable organisation de cette conférence qui coïncide avec le cinquantième anniversaire de la Commission du Pacifique Sud, sur le lieu même de sa naissance, Canberra.
Le Pacifique insulaire n'est pas isolé du mouvement du monde. Il a été affecté, à des degrés divers, par les bouleversements de ce demi-siècle, qu'il s'agisse du début de la Guerre froide puis de sa fin, des indépendances, et maintenant de la mondialisation des échanges.
Cependant, les buts de notre organisation, tels qu'ils ont été définis par sa Charte, restent les mêmes.
Ils sont d'élever le bien-être économique et social des pays et territoires qui composent la famille du Pacifique. Cette famille étonnamment contrastée et vaste, ne serait-ce que par l'étendue géographique qu'elle occupe, mais, en même temps, solidaire et consciente d'un destin commun.
La Commission est et demeurera, au centre de cette riche diversité, la maison commune du Pacifique.
La Commission s'intéresse prioritairement, avec un niveau élevé d'expertise, aux ressources marines et à l'agriculture. Elle intervient également dans la vie quotidienne des îles par ses actions en matière de santé ou d'éducation et par la collecte des données statistiques économiques, sociales et démographiques.
Pour cette raison, les membres de la Commission se reconnaissent depuis des décennies dans une organisation dont l'action leur est si proche.
Ce sentiment de proximité s'explique par la nature particulière de la Commission, qui se consacre à la coopération technique et qui est donc étrangère aux affrontements politiques. Elle rassemble, je veux le rappeler, sur un pied d'égalité, territoires et pays indépendants.
Si notre objectif essentiel reste inchangé après cinquante ans, qu'en est-il des moyens maintenant à mettre en oeuvre pour répondre à cette question essentielle : comment une région très vaste, relativement éloignée des pôles économiques et de décision, s'adaptera-t-elle à l'intégration mondiale ?
Le Pacifique insulaire doit faire face à un double défi : moderniser son économie et sa vie sociale, maîtriser les technologies nouvelles, la Communication instantanée, et, en même temps, préserver, ce "Pacifique way", cette manière de vivre du Pacifique à laquelle vous êtes, et nous sommes tous, attachés.
Face à ce défi, l'aide traditionnelle au développement, reposant sur des projets d'équipements et financés par les principaux bailleurs, restera, bien entendu, indispensable. Mais il faudra de plus en plus s'engager sur d'autres voies.
Les enjeux cruciaux seront, au cours des prochaines années, la transformation des systèmes économiques des Etats insulaires et la formation de leurs cadres Pour cette raison, la Commission, organisation à compétence scientifique et technique, au sein de laquelle peuvent s'exercer toutes les synergies, prend une portée et une signification nouvelles.
Afin de préparer cet avenir, il était avant toute chose nécessaire de réformer et de moderniser son fonctionnement administratif et financier.
Je tiens, à cet égard, à saluer l'oeuvre remarquable déjà accomplie, depuis leur élection il y a deux ans, par le directeur général, M. Robert Dun, ses adjoints Mme Pangelinan et M. Rodgers et par l'ensemble des personnels : grâce à leur action, nous avons constaté l'évolution de la Commission vers plus de rationalité et plus de rigueur, donne plus d'efficacité au service des populations insulaires.
Nous disposons à présent d'une institution rénovée, dotée d'une capacité de rayonnement qui permettra, je l'espère, d'élargir le cercle de ses participants. Nous pouvons, dans ces conditions, définir avec confiance les orientations du travail pour ces prochaines années.
Une de ces orientations pourrait consister, me semble-t-il, à rapprocher la Commission des sources extérieures d'expertise, particulièrement pour la mise en oeuvre des trois programmes principaux concernant la pêche, l'agriculture et la santé.
Je pense naturellement, pour ne citer que des ressources françaises, à l'IFREMER ou à l'ORSTOM en matière de pêche, au CIRAD en matière agricole, mais plus largement, à l'ensemble des institutions prestigieuses qui, dans les pays de la région, sont susceptibles d'apporter une contribution majeure dans le cadre d'un partenariat. Je note avec satisfaction qu'il est prévu plus largement les entreprises privées, en accordant l'assistance de la Commission des projets de développement économique
Au sein de notre organisation, des pas ont déjà été accomplis dans le sens d'une coordination accrue avec le Forum. Je suis heureux de constater qu'en matière de pêche notamment, des développements concrets sont intervenus ou sont en cours. Pour le futur, l'expertise scientifique de la Commission sera utile pour la conservation et la gestion des ressources de la mer.
De même, le succès du Programme régional océanien pour l'environnement me paraît un exemple des synergies que peuvent produire le rapprochement et la concertation entre les organisations du Pacifique. Il convient de poursuivre dans cette voie.
Une troisième orientation possible de nos activités futures que j'aimerais suggérer concerne les plus petits Etats insulaires. Nous pourrions envisager d'élaborer à leur intention des programmes spéciaux, notamment dans les domaines de la formation, de l'équipement de base, et de l'amélioration de la protection de leur environnement. Ces pays ont, plus que d'autres, besoin de faire l'objet d'un effort particulier. C'est le meilleur moyen pour nous, pays du Pacifique, d'affirmer avec eux notre solidarité.
Les milieux naturels, vous le savez, sont fragiles. Raison de plus pour promouvoir un développement durable : recherche d'énergies renouvelables, réseaux d'eau et d'assainissement, lutte contre la dégradation du littoral et de protection des récifs coralliens...
Permettez-moi aussi, Madame la Présidente, en cette occasion historique du cinquantième anniversaire de la Commission, de rappeler brièvement ce que cette institution représente plus particulièrement pour mon pays.
La France, vous le savez, est présente dans la région du Pacifique, depuis plus de cent cinquante ans, par ses trois territoires : la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française, Wallis et Futuna.
A ce titre, la France a été, en 1947 un des membres fondateurs de la Commission du Pacifique Sud.
La France et la Nouvelle-Calédonie sont particulièrement fières de la présence du siège de la Commission à Nouméa, qui, pour l'avenir du territoire, représente un atout d'importance.
Le financement par la France, en association avec l'Australie, de la construction du nouveau siège, inauguré il y a deux ans, a été le signe tangible d'un effort renouvelé en faveur de la Commission. Cet effort concerne également notre apport financier, qui aura progressé en cinq ans, de 1993 à 1998, de 56 %. En effet, nous avons pris la décision de porter notre contribution statutaire à plus de 19 % du budget de fonctionnement.
Ces différentes initiatives que je viens de mentionner témoignent de la profonde confiance de la France dans l'avenir de la "communauté du Pacifique" que nous venons de dénommer et dans sa capacité à s'adapter aux exigences d'aujourd'hui et aux attentes des Océaniens.
Je vous réaffirme ma pleine confiance pour la prochaine moitié du siècle qui s'ouvre et pour que les travaux se déroulent dans les meilleurs conditions./.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 09 octobre 2001)
Le Pacifique insulaire n'est pas isolé du mouvement du monde. Il a été affecté, à des degrés divers, par les bouleversements de ce demi-siècle, qu'il s'agisse du début de la Guerre froide puis de sa fin, des indépendances, et maintenant de la mondialisation des échanges.
Cependant, les buts de notre organisation, tels qu'ils ont été définis par sa Charte, restent les mêmes.
Ils sont d'élever le bien-être économique et social des pays et territoires qui composent la famille du Pacifique. Cette famille étonnamment contrastée et vaste, ne serait-ce que par l'étendue géographique qu'elle occupe, mais, en même temps, solidaire et consciente d'un destin commun.
La Commission est et demeurera, au centre de cette riche diversité, la maison commune du Pacifique.
La Commission s'intéresse prioritairement, avec un niveau élevé d'expertise, aux ressources marines et à l'agriculture. Elle intervient également dans la vie quotidienne des îles par ses actions en matière de santé ou d'éducation et par la collecte des données statistiques économiques, sociales et démographiques.
Pour cette raison, les membres de la Commission se reconnaissent depuis des décennies dans une organisation dont l'action leur est si proche.
Ce sentiment de proximité s'explique par la nature particulière de la Commission, qui se consacre à la coopération technique et qui est donc étrangère aux affrontements politiques. Elle rassemble, je veux le rappeler, sur un pied d'égalité, territoires et pays indépendants.
Si notre objectif essentiel reste inchangé après cinquante ans, qu'en est-il des moyens maintenant à mettre en oeuvre pour répondre à cette question essentielle : comment une région très vaste, relativement éloignée des pôles économiques et de décision, s'adaptera-t-elle à l'intégration mondiale ?
Le Pacifique insulaire doit faire face à un double défi : moderniser son économie et sa vie sociale, maîtriser les technologies nouvelles, la Communication instantanée, et, en même temps, préserver, ce "Pacifique way", cette manière de vivre du Pacifique à laquelle vous êtes, et nous sommes tous, attachés.
Face à ce défi, l'aide traditionnelle au développement, reposant sur des projets d'équipements et financés par les principaux bailleurs, restera, bien entendu, indispensable. Mais il faudra de plus en plus s'engager sur d'autres voies.
Les enjeux cruciaux seront, au cours des prochaines années, la transformation des systèmes économiques des Etats insulaires et la formation de leurs cadres Pour cette raison, la Commission, organisation à compétence scientifique et technique, au sein de laquelle peuvent s'exercer toutes les synergies, prend une portée et une signification nouvelles.
Afin de préparer cet avenir, il était avant toute chose nécessaire de réformer et de moderniser son fonctionnement administratif et financier.
Je tiens, à cet égard, à saluer l'oeuvre remarquable déjà accomplie, depuis leur élection il y a deux ans, par le directeur général, M. Robert Dun, ses adjoints Mme Pangelinan et M. Rodgers et par l'ensemble des personnels : grâce à leur action, nous avons constaté l'évolution de la Commission vers plus de rationalité et plus de rigueur, donne plus d'efficacité au service des populations insulaires.
Nous disposons à présent d'une institution rénovée, dotée d'une capacité de rayonnement qui permettra, je l'espère, d'élargir le cercle de ses participants. Nous pouvons, dans ces conditions, définir avec confiance les orientations du travail pour ces prochaines années.
Une de ces orientations pourrait consister, me semble-t-il, à rapprocher la Commission des sources extérieures d'expertise, particulièrement pour la mise en oeuvre des trois programmes principaux concernant la pêche, l'agriculture et la santé.
Je pense naturellement, pour ne citer que des ressources françaises, à l'IFREMER ou à l'ORSTOM en matière de pêche, au CIRAD en matière agricole, mais plus largement, à l'ensemble des institutions prestigieuses qui, dans les pays de la région, sont susceptibles d'apporter une contribution majeure dans le cadre d'un partenariat. Je note avec satisfaction qu'il est prévu plus largement les entreprises privées, en accordant l'assistance de la Commission des projets de développement économique
Au sein de notre organisation, des pas ont déjà été accomplis dans le sens d'une coordination accrue avec le Forum. Je suis heureux de constater qu'en matière de pêche notamment, des développements concrets sont intervenus ou sont en cours. Pour le futur, l'expertise scientifique de la Commission sera utile pour la conservation et la gestion des ressources de la mer.
De même, le succès du Programme régional océanien pour l'environnement me paraît un exemple des synergies que peuvent produire le rapprochement et la concertation entre les organisations du Pacifique. Il convient de poursuivre dans cette voie.
Une troisième orientation possible de nos activités futures que j'aimerais suggérer concerne les plus petits Etats insulaires. Nous pourrions envisager d'élaborer à leur intention des programmes spéciaux, notamment dans les domaines de la formation, de l'équipement de base, et de l'amélioration de la protection de leur environnement. Ces pays ont, plus que d'autres, besoin de faire l'objet d'un effort particulier. C'est le meilleur moyen pour nous, pays du Pacifique, d'affirmer avec eux notre solidarité.
Les milieux naturels, vous le savez, sont fragiles. Raison de plus pour promouvoir un développement durable : recherche d'énergies renouvelables, réseaux d'eau et d'assainissement, lutte contre la dégradation du littoral et de protection des récifs coralliens...
Permettez-moi aussi, Madame la Présidente, en cette occasion historique du cinquantième anniversaire de la Commission, de rappeler brièvement ce que cette institution représente plus particulièrement pour mon pays.
La France, vous le savez, est présente dans la région du Pacifique, depuis plus de cent cinquante ans, par ses trois territoires : la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française, Wallis et Futuna.
A ce titre, la France a été, en 1947 un des membres fondateurs de la Commission du Pacifique Sud.
La France et la Nouvelle-Calédonie sont particulièrement fières de la présence du siège de la Commission à Nouméa, qui, pour l'avenir du territoire, représente un atout d'importance.
Le financement par la France, en association avec l'Australie, de la construction du nouveau siège, inauguré il y a deux ans, a été le signe tangible d'un effort renouvelé en faveur de la Commission. Cet effort concerne également notre apport financier, qui aura progressé en cinq ans, de 1993 à 1998, de 56 %. En effet, nous avons pris la décision de porter notre contribution statutaire à plus de 19 % du budget de fonctionnement.
Ces différentes initiatives que je viens de mentionner témoignent de la profonde confiance de la France dans l'avenir de la "communauté du Pacifique" que nous venons de dénommer et dans sa capacité à s'adapter aux exigences d'aujourd'hui et aux attentes des Océaniens.
Je vous réaffirme ma pleine confiance pour la prochaine moitié du siècle qui s'ouvre et pour que les travaux se déroulent dans les meilleurs conditions./.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 09 octobre 2001)