Texte intégral
RENAUD BLANC
Avec Mounir MAHJOUBI, secrétaire d'Etat au Numérique qui va réagir tout de suite au billet de Guillaume parce que je vous sentais pas toujours d'accord avec Guillaume TABARD.
MOUNIR MAHJOUBI
Non sur le sujet des députés, il faut quand même rappeler ce que c'est la majorité des députés de la République en Marche, ce sont des gens qui avant ne faisaient pas de politique, ce sont des gens qui ont des parcours de vie, des histoires de vie qu'on n'a jamais connus à l'Assemblé. J'ai été élu député à l'Assemblée nationale avant de, ensuite, rejoindre ce gouvernement. C'est la première dans l'histoire qu'on a une Assemblée aussi diverse, aussi féminine des gens qui ont eu des parcours dans le privé mais des gens qui viennent de milieu social défavorisé, des gens qui viennent de tous les territoires, des ruraux on a jamais autant amené de diversité que grâce à la République en Marche et ça vient peu avec l'actualité ! On oublie parfois, on n'est pas un parti du pouvoir qui est là depuis tente ans, on est nous aussi un parti qui était là dans la contestation de l'ordre établi et de la manière dont fonctionnaient nos institutions.
RENAUD BLANC
Mounir MAHJOUBI, diversité, je l'entends. En attendant cette élection, elle est jouée d'avance, il y a pratiquement pas de candidats. Est-ce que ce n'est pas un petit peu dommage pour la démocratie interne finalement que tout soit joué d'avance, que le candidat soit presque piloté par l'Elysée, Matignon ?
MOUNIR MAHJOUBI
Mais le candidat, il est piloté de nulle part, il y a eu plusieurs candidatures plusieurs candidats qui ont tenté d'émerger
RENAUD BLANC
Au final, il y en a deux, Stanislas GUERINI et Joachim SON-FORGET on sait très bien que Stanislas GUERINI va l'emporter haut la main ?
MOUNIR MAHJOUBI
Aujourd'hui, il est favori. Mais il est le favori pas parce qu'il est désigné d'en haut, il est le favori parce qu'aujourd'hui Stanislas GUERINI, c'est celui qui depuis deux ans connaît le mieux les différents référents, est plus grand animateur et d'ailleurs c'est vrai que parfois, il est caricaturé comme le gentil garçon mais c'est surtout celui qui est à l'écoute de tous. Stanislas GUERINI, vous allez le rencontrer
RENAUD BLANC
C'est la synthèse ?
MOUNIR MAHJOUBI
Vous allez le découvrir
C'est mieux. La synthèse, c'est mou. Stanislas GUERINI, ce n'est pas mou mais c'est très à l'écoute. Vous savez dans notre mouvement, on croit très fort que le gentil, ce n'est pas forcément le con, c'est-à-dire qu'il faut arrêter de caricaturer les gens qui sont dans l'écoute, il faut arrêter de caricaturer les gens qui sont humbles, qui sont empathiques. Lui, il est humble, il est empathique mais je peux vous assurer que sur tous les sujets, c'est un mec qui ne laissera rien passer, rien et il amènera à notre parti pour être un mouvement engagé et capable de prendre la parole.
RENAUD BLANC
Avant parlait des Gilets jaunes, une dernière question justement sur la République en Marche, où sont les femmes parce que le perchoir, un homme, le Premier ministre, un homme, la présidence du groupe un homme, aujourd'hui enfin le délégué général, le futur délégué général un homme. Où sont passées les femmes ?
MOUNIR MAHJOUBI
Vous avez raison, c'est un énorme
Le sujet prioritaire de la politique en France aujourd'hui, c'est d'arriver à la mixité réelle et à la parité.
RENAUD BLANC
Vous ressemblez beaucoup au nouveau monde quand même sur ce point là ?
MOUNIR MAHJOUBI
Je ne suis pas d'accord. Regardez l'Assemblée qui est le parti dans l'histoire de France qui a amené les femmes à l'Assemblée Nationale ? C'est
RENAUD BLANC
Je vous parle des postes à responsabilités, je n'en vois pas !
MOUNIR MAHJOUBI
C'est nous qui avons permis que les femmes reprennent leur place à l'Assemblée nationale, c'est la République en Marche qui fait qu'on atteint presque les 50%. Sans nous, on serait resté comme c'est le cas depuis le début de la Ve République avec des femmes qui ne sont pas à leur niveau de représentation. Maintenant, est-ce qu'il faut plus de femmes partout ? Oui, oui, oui et oui. Regardez notre gouvernement, on a des femmes de pouvoir, on a des femmes
Regardez la Garde des Sceaux, regardez la ministre de la Santé on a des femmes puissantes qui sont au gouvernement, il faut qu'on ait des femmes puissantes dans le mouvement et ça, ça doit faire partie de notre histoire mais je le prends en soi, mais vous avez raison, les dernières élections ont fait émerger à nouveau des hommes et des hommes qui étaient là depuis longtemps dans le mouvement. Donc maintenant je veux aussi, comme vous, que, dans toutes les prochaines élections, on ait plus de femmes qui émergent et qui prennent la parole au nom de notre mouvement.
RENAUD BLANC
Alors, on va passer à l'actualité, sur la question des Gilets jaunes. Sondage hier dans le Figaro, Mounir MAHJOUBI, qui confirme toutes les grandes enquêtes d'opinion, 8 Français sur 10 trouvent le mouvement des Gilets jaunes justifié et 8 Français sur 10 toujours n'ont pas été convaincus par le discours d'Emmanuel MACRON.
MOUNIR MAHJOUBI
Dans le mouvement des Gilets jaunes moi ça fait 20 ans
RENAUD BLANC
Huit Français sur 10
MOUNIR MAHJOUBI
Moi ça fait 20 ans que personnellement, je m'engage pour que les gens se mobilisent, qu'ils arrivent à trouver dans leur vie du temps pour s'intéresser au monde autour d'eux et qu'ils se mobilisent. Quand je vois des gens aujourd'hui qui quittent leur famille pour aller passer deux heures sur un rond-point, vous savez, moi je suis plutôt heureux, c'est-à-dire que je me dis le sens de l'intérêt commun, il existe. Après, je les écoute et alors vous avez vu je démarre, je mets tout de suite de côté les fachos et les violents. Ceux-là pour moi ne font pas partie de la réflexion autour des Gilets jaunes, ce sont des parasites du mouvement des Gilets jaunes.
RENAUD BLANC
Oui, enfin Christophe CASTANER avait essayé la semaine dernière de nous faire comprendre que les Gilets jaunes, c'était effectivement soir des fachos soit des casseurs !
MOUNIR MAHJOUBI
Non, il a dit
ceux-là, les casseurs et les fachos, il a dit que 1), on serait intransigeant, qu'on serait très ferme. Je vous le dis on sera très intransigeant et très ferme vis-à-vis d'eux mais sur les autres, sur ceux qui sont là
Quand on est une mère de famille témoigne et qu'elle dit « je suis maman, j'élève seule deux enfants j'ai pris deux heures de ma journée pour tenir un rond-point » où elle en est, elle, elle-même pour faire ça ? Elle en est à un moment où elle ne comprend plus, soit qu'elle ne comprend plus le monde autour de nous, soit qu'elle ne comprend plus l'économie autour de nous. Elle nous regarde, elle nous dit : qu'est-ce que vous faites ? Je ne comprends plus ce qui se passe autour de moi et j'ai l'impression de perdre le contrôle de ma vie. Ça, c'est le sentiment sur lequel nous avons été élus, c'est sur ce sentiment là de
RENAUD BLANC
Mais aujourd'hui, il y a une cassure entre vous et les Gilets jaunes ?
MOUNIR MAHJOUBI
Mais écoutez-moi jusqu'au bout. C'est ça qui nous réunit, c'est ça qui me motive tous les matins, c'est que personne en France ressente l'idée que le monde passe autour de lui sans qu'il ait de moyens d'agir. Moi, je veux que les gens, ils choisissent leur vie. Quand cette femme me dit « je ne choisis plus ma vie », je suis déçu. J'ai l'impression que ce qu'on fait depuis un an et demi, ça n'a pas changé sa vie, pourtant c'est pour ça qu'on est là, pour changer sa vie à elle.
RENAUD BLANC
Mounir MAHJOUBI, quand justement un certain nombre de Gilets jaunes, c'était la première revendication, demandent à ce que l'essence soit moins chère, il y a une peut-être une mesure concrète à prendre en janvier, c'est-à-dire, hop, on gèle la hausse des carburants. Pourquoi on ne le fait pas ? Justement pour essayer d'apaiser les choses parce que vous dites « on entend on entend, on entend » et d'un autre côté, on garde le cap, on garde le cap, on garde le cap.
MOUNIR MAHJOUBI
Ecoutez, les revendications des différents Gilets jaunes malheureusement, la revendication, elle n'est pas si claire. Moi
on se retrouve dans une situation.
RENAUD BLANC
Elle part de là, elle part de l'essence quand même.
MOUNIR MAHJOUBI
C'est vous qui le dites, c'est-à-dire que ça démarre comme ça.
RENAUD BLANC
Il n'y a pas que moi
MOUNIR MAHJOUBI
Ca démarre comme ça, les différentes études d'opinion que vous décrivez, notamment celle du Figaro celle que vous avez évoquée, il y a quelques jours, celle là ne dit pas « est-ce que les Français soutiennent les dispositions ? » Elles demandent : est-ce que vous trouvez légitime que des gens se révoltent et disent « il y a quelque chose qui va pas » ? On reste sur ça et quand le Premier ministre reçoit les Gilets jaunes, les demandes sont beaucoup plus variées.
RENAUD BLANC
Qu'est-ce qu'il va dire d'ailleurs Edouard PHILIPPE alors que justement Emmanuel MACRON d'Argentine a expliqué que le cap serait maintenu ? Il l'a dit cette nuit.
MOUNIR MAHJOUBI
Emmanuel MACRON a aussi expliqué que sur toutes les taxations futures, sur l'essence et sur les moyens d'énergie, il fallait qu'on ait une intelligence parce que ce prix du pétrole, je ne vais pas refaire toute l'explication technique mais il se trouve qu'il change régulièrement et pas du tout à cause des impôts et que avant on avait un système d'impôt variable qui permettait que les gens ne voient pas les variations du prix et c'était l'impôt qui absorbait la variation du prix aujourd'hui ce n'est pas le cas. Aujourd'hui, quand ça monte, ça monte et là, le président a dit : « écoutez peut-être que ce serait plus serein si on avait un système variable qui ferait que ce ne sont pas les Français qui absorbent cette folie des marchés liée à l'essence et au pétrole.
RENAUD BLANC
Mounir MAHJOUBI, il y a quand même de plus en plus de députés dans votre camp qui s'expriment sur cette question des gilets jaunes. Hugues RENSON, Matthieu ORPHELIN, et d'autres par exemple et d'autres, le message est simple, fini les discours, fini l'explication, on a manqué de pédagogie, ce fameux discours sur : « on a manqué de pédagogie », il faut répondre à la colère et ils disent concrètement.
MOUNIR MAHJOUBI
Il faut répondre à la colère concrètement et cette colère il faut la distiller, il faut être capable de dire qu'est-ce qu'il y a à l'intérieur ? C'est ça le boulot des gouvernants, c'est ça le boulot d'un gouvernement, c'est pour ça que les discours, vous avez raison ça ne sert à rien, mais écouter, c'est faire une écoute profonde, c'est essayer d'en tirer le meilleur. Regardez ce qu'a fait monsieur De RUGY dans Le Parisien ce matin, en ayant passé une après-midi complète avec une dizaine de gilets jaunes pour essayer de retirer ce qui était le plus profond de leurs revendications et c'est ça qu'on doit essayer de comprendre aujourd'hui. Ce n'est pas si simple, écouter chaque gilet jaune invité sur un plateau, ce que vous voyez c'est la colère, ce que vous voyez c'est l'incompréhension face au monde mais c'est pas des revendications claires et ça c'est nouveau et il faut qu'on s'habitue aussi à cette colère.
RENAUD BLANC
Mounir MAHJOUBI, l y a quand même une réalité c'est que la France est championne d'Europe des prélèvements obligatoires, ça c'est une réalité.
MOUNIR MAHJOUBI
La France est aussi championne du monde de la redistribution, c'est-à-dire que n'oubliez pas une chose, on a choisi en France un pacte, on a fait le pacte de dire qu'on voulait socialiser 100% de la santé, vous savez qu'il n'y a pas beaucoup de pays dans le monde où quand on a le cancer, on sait que la société est autour de nous et que oui ça coûtera peut-être 150 000, 200 000 euros mais c'est pas moi qui vais payer parce qu'on a décidé qu'on allait soigner les autres, qu'on allait soigner les humains, et que ça faisait partie de notre mission. Regardez l'Education nationale, il y a combien de pays au monde où on a cette qualité d'éducation gratuitement, gratuitement ? Pourquoi ? Parce qu'on a constaté que dans ce pays qu'on appelle la France, dans ce pays qu'on aime ici, l'école, c'était fondamental. On peut aujourd'hui critiquer le manque parfois de telle infrastructure, mais aujourd'hui, le niveau de prise en charge, le niveau de service public, qu'on délivre, il est lui aussi assez unique au monde. Alors maintenant il y a un grand sujet. Si on considère, qu'il y a trop de prélèvements, il va falloir dans les prochaines années, ça va être long, qu'on est alors une grande discussion sur ces services publics, mais moi je ne crois pas que les gilets jaunes demandent moins d'école, moins d'hôpital, ils demandent qu'on dépense mieux l'argent et ça, c'est aussi un engagement qu'on a pris. C'est diminuer la dépense publique mais on ne veut pas moins de services publics en France et ça je n'ai pas entendu les gens demander moins de service public.
RENAUD BLANC
La manif de demain à Paris, notamment sur les Champs-Elysées, vous la redoutez ?
MOUNIR MAHJOUBI
Il faut jamais redouter une manifestation, il faut redouter les violences, il faut redouter les excès, moi dans ma vie, je ne peux pas compter le nombre de fois où j'ai manifesté. J'ai manifesté à chaque fois que j'étais en colère, à chaque fois que je ne comprenais pas, j'ai toujours manifesté et ce pays il aime et valorise les manifestations, la raison pour laquelle nous avons nos institutions, les institutions de la 5e elle-même c'est parce qu'on a le droit de manifester et c'est parce que on a le droit ici en France dans ce très beau pays de dire qu'on n'est pas d'accord. Donc on ne redoute rien samedi, on ne redoute qu'une chose, c'est que des gens soient blessés, que ce soit les manifestants gilets jaunes ou que ce soit les forces de l'ordre et la mission que le ministre de l'Intérieur a donné aux forces de l'ordre, c'est d'éviter tout blessé, ce n'est pas d'empêcher de manifester, ce n'est pas les empêcher de rentrer.
RENAUD BLANC
Barrages filtrants donc sur les Champs Elysées.
MOUNIR MAHJOUBI
Empêcher la violence, c'est le seul message et les gens pourront manifester partout, partout où ils le déclarent et même si le déclarent pas, vous avez bien vu, on les a laissés manifester mais on a voulu à chaque fois sécuriser, sécuriser, sécuriser. Une femme morte, c'est une femme morte de trop, on ne peut pas accepter que quelqu'un meurt pour défendre ses idées ici aujourd'hui en 2018 en France. Il faut protéger.
RENAUD BLANC
Très franchement Mounir MAHJOUBI, vous pensez que la note sera salée pour la République en marche et que vous allez payer cher au niveau des européennes ?
MOUNIR MAHJOUBI
Mais ce n'est pas important ça, ce qui est important c'est les Français. Moi je n'ai pas envie et c'est le Président qui l'a rappelé. Je n'ai pas envie qu'on nourrisse ce sentiment d'incompréhension et là c'est la France qui va payer chère si les gens continuent de nourrir ce ressentiment vis-à-vis des autres. Il n'y a pas deux France, moi aujourd'hui, je suis ministre, je suis député, j'ai été créateur d'entreprise, toute ma vie, j'ai grandi dans une famille pauvre, toute ma vie j'ai grandi dans une famille où on n'arrivait pas à se payer à manger à la fin du mois, vous croyez que si je fais de la politique aujourd'hui ce n'est pas parce que je partage ce que disent les gilets jaunes. Quand les femmes disent : « moi je rentre à la maison j'ai 800 euros pour élever deux enfants », c'est ce que j'ai connu moi en grandissant, donc quand elles me regardent moi en pensant que je suis le représentant de l'élite, que ce gouvernement ne comprend pas ce qu'elles veulent, moi je pleure intérieurement et donc le message que j'essaie de leur donner à tous ceux qui nous regardent, c'est de la dire qu'il y a un an et demi quand on a créé ce mouvement, c'est parce qu'on voulait être leur voix et ça il faut vraiment qu'on continue de le dire et qu'on continue de le porter et qu'on en montre les preuves.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 3 décembre 2018