Déclarataion de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, en réponse à une question d'actualité sur l'escalade de la violence au Kosovo et sur les sanctions prises à l'encontre de la Yougoslavie, à l'Assemblée nationale le 9 juin 1998.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Monsieur le Député,
Effectivement, au Kossovo on assiste depuis quelques jours à une escalade supplémentaire de la violence - violence de la répression, violence des actions armées dans les deux sens - qui entraîne, pour le moment, le déplacement d'environ 45 000 personnes à l'intérieur du Kossovo et, d'autre part, le départ de près de 10 000 personnes comme réfugiés soit vers l'Albanie, soit vers la Macédoine. Malheureusement, on s'attend dans les jours qui viennent au départ de 10 à 20 000 personnes supplémentaires.
Notre action est très clairement menée et exprimée dans le cadre du Groupe de contact depuis le début du mois de mars. Aujourd'hui, la situation s'aggrave. Nous avons lancé un appel pressant et très ferme à l'arrêt immédiat de la répression et de tous les actes de violence. Nous avons décidé, au niveau européen, de rétablir le gel des investissements qui avait été levé à la demande des Américains après la percée relative qu'avait obtenue M. Holbrooke. D'autre part, nous avons maintenu le gel des avoirs. Nous avons maintenu la suspension de tous les visas pour tout responsable yougoslave engagé dans des opérations de répression. Je vous rappelle qu'il y a un embargo sur les armes qui a été voté aux Nations unies, qui naturellement n'est pas efficace tout de suite, puisque toutes ces armes étaient déjà présentes et existaient. Il s'agit maintenant de savoir jusqu'où il faut aller et nous sommes tout à fait déterminés à arrêter cet engrenage.
Nous avons demandé il y a plusieurs semaines, et la France a été en pointe sur ce plan, que l'OTAN examine toutes les options. Je dis bien toutes les options. J'avais déclaré, il y a plusieurs semaines à ce sujet, que toutes les options devaient être examinées, tous les scénarios, toutes les réponses possibles. Nous avons confirmé cette demande il y a quelques jours. L'OTAN nous indique que les études en question ne seraient terminées que fin juin. C'est trop tard. J'ai fait redemander hier par notre représentant que les études soient menées à terme cette semaine, puisque c'est une semaine décisive pour prendre les décisions. Demain à Paris, réunion préparatoire du Groupe de contact et, vendredi, réunion à Londres.
Dans le même temps, un projet de résolution a été introduit au Conseil de sécurité, projet que la France soutient, qui va exactement dans le sens que nous demandons, qui est une résolution qui, au titre du Chapitre VII, autoriserait, le cas échéant si nécessaire, l'emploi de la force. J'ai déjà déclaré que nous étions favorables à cette résolution. Naturellement, nous sommes encore en train de discuter avec les Britanniques le texte exact.
Voilà où nous en sommes et ne doutez pas un instant de notre détermination à enrayer cette évolution et à revenir à la recherche de la solution politique qui doit permettre aux Yougoslaves et aux habitants du Kossovo de cohabiter au moins dans la paix./.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 septembre 2001)