Texte intégral
Mesdames,
Messieurs,
Nous sommes réunis aujourd'hui pour la remise du rapport de Anne Claude Crémieux, Olivier Réveillaud et Benoît Schlemmer sur l'usage des antibiotiques en France.
Les antibiotiques sont un progrès majeur du XXème siècle. Rappelons nous, que la découverte de la Pénicilline a permis la fantastique diminution de la mortalité que nous avons connus ces dernières décennies.
Les évènements récents nous montrent également l'importance de pouvoir disposer d'antibiotiques à l'efficacité conservée.
En France, comme dans la plupart des pays industrialisés, ces acquis majeurs sont menacés par la progression de la résistance bactérienne aux antibiotiques.
Les causes en sont bien connu :
- un mauvais usage des antibiotiques, qui sont beaucoup trop prescrits, avec insuffisamment de rigueur et d'évaluation.
- et la transmission inter humaine de germes multirésistants, en particulier dans les hôpitaux.
Chaque année en France, on compte :
- 100 millions de prescriptions d'antibiotiques et
- au moins 30 millions de ces prescriptions sont inutiles
Les français sont parmi les plus importants consommateurs d'antibiotiques d'Europe et nous sommes également le pays où les taux de résistances sont les plus élevés.
C'est pour cela que depuis 4 ans, j'ai souhaité mettre en place une politique volontariste sur ce thème que je considère comme une priorité de Santé publique.
Nous disposons maintenant de travaux importants qui nous fournissent le socle d'une politique coordonnée d'actions dans ce domaine.
Je citerai en particulier :
- le travail de l'ANAES sur les recommandations d'une organisation pour le bon usage des antibiotiques à l'hôpital
- la démarche de l'AFSSAPS : élaboration de recommandations de bonnes pratiques, actions pour mieux connaître les pratiques et mieux informer les prescripteurs
- Les propositions, des experts, réunis à ma demande en 1999, par le Pr. Drucker sur les systèmes d'information et d'alerte à mettre en place en France et en Europe,
- Les recommandations pour la surveillance et la prévention des infections nosocomiales " en 1998, complété l'année dernière par la circulaire sur l'organisation de la lutte contre les infections nosocomiales, la prévention de la dissémination des bactéries multirésistantes et le bon usage des antibiotiques à l'hôpital.
Ces mesures sont importantes, mais j'ai souhaité qu'une nouvelle étape soit franchie et que soit maintenant donnée une impulsion nationale au bon usage des antibiotiques.
C'est dans ce cadre que j'ai confié cette mission aux Drs Cremieux, Reveillaud et Schlemmer en leur demandant de me faire des propositions concrètes permettant d'élaborer une politique pluriannuelle nationale.
Ils se sont acquittés de leur tâche avec excellence et je tiens à les féliciter.
Vous trouverez dans le dossier de presse leur rapport.
C'est à partir de ces propositions que nous allons mettre en place un programme pluriannuel 2001-2005, qui se décline autour de 7 axes.
1ème axe : Mieux informer sur l'usage raisonnée des antibiotiques
Si nous voulons préserver l'efficacité des antibiotiques, nous devons améliorer leur utilisation et pour cela nous avons besoin de l'ensemble des personnes concernées, les professionnels bien sur, mais avant tout les français.
Je souhaite que très rapidement des documents d'information soient élaborés pour informer l'ensemble de la population sur l'intérêt d'une utilisation rationnelle des antibiotiques.
Une attention particulière sera portée aux situations concernant les petits enfants.
Trop souvent encore, la prescription d'antibiotiques est la règle avant le retour en collectivités, je pense surtout aux crèches. Cette prescription rassure également les parents.
Je souhaite que l'on soit plus rationnel et que les prescriptions soient réservés aux seuls infections bactériennes.
J'ai demandé à l'AFSSAPS de réaliser rapidement des documents spécifiques destinés aux parents et aux professionnels de la petite enfance sur ce thème de la prescription utile d'antibiotiques.
2. De même, des plaquettes d'informations spécifiques seront à la disposition des prescripteurs pour les aider à engager un dialogue sur ce thème avec leurs patients.
Certains de ces documents existent déjà. Ils seront diffusés dans le cadre d'une politique nationale
Je souhaite que cette information sur l'antibiothérapie soit la mission prioritaire du fonds de promotion de l'information médicale. Ce fonds, donc le secrétariat est assuré par l'AFSSAPS est doté de 130 MF. Il devrait pouvoir commencer ces travaux dans les semaines qui viennent.
2ème axe : aider les professionnels
Le traitement des infections rencontrées en médecine générale n'est pas simple.
Même si la plupart des angines, bronchites et rhino-pharyngites sont d'origine virale et ne nécessitent pas d'antibiotiques, certaines d'entre elles, bactériennes peuvent évoluer vers des complications redoutables.
Concernant les angines, nous avons maintenant un outil simple, le strepto test, utilisable par le médecin généraliste dans son cabinet, permettant des différencier les angines virales qui ne nécessitent pas d'antibiotiques, des autres angines qui, elles, doivent être traitées par antibiotiques.
En 1998, j'avais demandé à la DGS et à la CNAM de procéder à une expérimentation de l'utilisation de ces tests dans une région.
Nous disposons depuis quelques semaines des résultats de cette expérience réalisée en Bourgogne : dans 71% des cas le test orientait vers l'origine virale de l'angine et dans 80% de ces cas les médecins n'ont pas prescrits d'antibiotiques.
Les pédiatres, les médecins généralistes qui les ont utilisés nous ont confirmé l'intérêt de ce test dans leurs pratiques quotidiennes.
J'ai donc, en accord avec la CNAM, décidé de généraliser la mise à disposition de ces tests.
Ils seront financés dans le cadre d'un appel d'offre national sur le Fond National de Prévention, d'Education et d'Information sur la Santé (FNPEIS).
Ce sont 30 à 50 MF qui seront consacrés chaque année à cette action.
Mais au delà de cette simple mise en disposition, il s'agit en tenant compte de l'expertise que les URCAM et les URML ont développée dans certaines régions de permettre, à travers cet outil, la mise en place de véritables programmes du bon usage des antibiotiques en particulier :
- définition au niveau régional d'indicateurs épidémiologiques des infections rencontrées,
- mises en place d'indicateurs de suivi des prescriptions,
- définition des règles de bonnes pratiques d'utilisation des antibiotiques
3ème axe : améliorer la prescription à l'hôpital
Le mésusage des antibiotiques expose également à des conséquences graves en terme de résistances bactériennes à l'hôpital. Là aussi, il s'agit d'un problème difficile car les situations cliniques sont complexes et tous les prescripteurs sont concernés.
Des références nationales existent et de nombreux établissements ont d'ores et déjà mis en place des organisations originales permettant d'améliorer la qualité des prescriptions.
Mais la situation reste hétérogène : 20 à 50% des prescriptions d'antibiotiques sont inappropriées.
Je ne pense pas qu'il soit souhaitable de forcement rajouter dans tous les hôpitaux une nouvelle commission indépendante ;
Mais je retiens les principales conclusions des experts et une circulaire de la DHOS va reprendre, dans les semaines qui viennent ces principes en demandant à chaque établissement :
- d'avoir une commission des antibiotiques, qui pourrait être issue de la commission des médicaments récemment mise en place dans tous les hôpitaux.
- d'élaborer à partir des référentiels nationaux disponibles, des référentiels locaux adaptés à la situation bactérienne de chaque établissement.
- de désigner un médecin référent en antibiothérapie avec comme mission d'aider les prescripteurs dans leur choix de la meilleure antibiothérapie possible.
- enfin de mettre en place un contrôle de la dispensation des antibiotiques les plus importants en terme d'acquisition de cette résistance.
Ces principes généraux devront être adaptés à la taille de l'établissement et à la nature de ces activités.
Les demandes en moyens humains nécessaires à la mise en place de ces organisations seront prioritaires dans les dotations de ces hôpitaux.
L'objectif est qu'à la fin de ce plan, chaque établissement soit doté d'une organisation respectant ces principes et lui permettant d'assurer des prescriptions d'antibiotiques de qualité.
4ème axe : améliorer l'interface ville-hôpital
Il existe pour l'instant un trop grand cloisonnement entre la prise en charge des infections en ville et à l'hôpital.
Pourtant les interactions sont nombreuses :
- D'une part, les infections sévères acquises en dehors de l'hôpital sont en général hospitalisées. Il est important que les médecins qui ont adressé ces patients aient un retour de l'information et une connaissance de l'épidémiologie bactérienne dans leurs régions.
- D'autre part, certaines infections nosocomiales (acquises à l'hôpital) ne se déclarent qu'après que le patient soit sorti de l'hôpital et sont alors prises en charge par les médecins de ville.
Je souhaite donner la possibilité aux médecins généralistes d'un accès facilité à des conseils thérapeutiques, améliorer l'accès aux informations et favoriser leur participation aux réseaux épidémiologiques de surveillance,
Pour cela nous allons mettre en place, dans des régions volontaires dans un premier temps, un centre de conseils sur la prescription d'antibiotiques en ville, permettant notamment :
- l'accès au conseil téléphonique,
- l'élaboration de référentiels loco-régionaux permettant d'harmoniser les pratiques tant en ville qu'aux urgences pour la prise en charge des infections communautaires,
- la diffusion d'informations épidémiologiques locales (résistances bactérienne)
Cette expérience sera généralisée ensuite dans toutes les régions en fonction des résultats de l'évaluation de ces permanences
5ème axe : actions de formation
Je retiens également l'ensemble des propositions faites par les experts sur la formation initiale et continue des prescripteurs.
La réforme du 1er cycle nous donne la possibilité d'agir rapidement sur la formation initiale.
Je connais également l'engagement des enseignants de maladies infectieuses pour revoir les programmes de deuxième et troisième cycle.
En ce qui concerne la formation continue, la loi santé, votée il y a quelques jours à l'Assemblée Nationale en première lecture me permet d'espérer qu'un dispositif opérationnel soit enfin possible dans les mois qui viennent ; la prescription des antibiotiques sera dans ce cadre un des sujets prioritaires.
6ème axe : améliorer la surveillance
Un certain nombre d'actions préconisées par les experts dans le rapport qu'ils m'avaient remis en 1999 sont d'ores et déjà en cours de réalisation.
- Ainsi la surveillance des infections nosocomiales fait partie du programme que les établissements doivent obligatoirement mettre en place. Les priorités de surveillance ont été rappelées en décembre 2000.
- De même, nous avons soutenu la mise en place d'initiatives de surveillance de certaines pathologies.
Il s'agit maintenant de développer un véritable partenariat entre les différentes structures et professionnels concernés (microbiologistes, cliniciens et épidémiologistes) pour réaliser le suivi des résistances aux antibiotiques pour certaines infections bactériennes prioritaires et détecter rapidement l'émergence de phénomènes nouveaux.
Pour cela nous allons poursuivre le renforcement des Centres Nationaux de Référence (CNR). Des nouvelles missions leurs sont confiées dès cette année pour la surveillance de la résistance aux antibiotiques et l'alerte (2001).
Je souhaite également que l'IVS renforce ces actions de partenariat dans le cadre du projet RAISIN pour les Infections Nosocomiales, mais aussi avec les réseaux développés par les professionnels, en particulier l'Observatoire National d'Etudes des Résistances Bactériennes (ONERBA).
Enfin, un réseau sentinelle de 70 laboratoires de ville (LABVILLE) permettra dès 2002 la surveillance des résistances pour certaines infections communautaires : infections alimentaires, infections à pneumocoques et méningocoques
Nous allons enfin renforcer la participation de la France au réseau de surveillance européen de la résistance aux antibiotiques (EARSS).
7ème axe : mettre en place un comité de suivi national permettant une coordination nationale des différentes démarches entreprises
La prescription adaptée des antibiotiques concerne tous le monde (les usagers, mais aussi les professionnels).
Les démarches sont nombreuses. Elles doivent être coordonnées et diffusées.
Pour cela nous suivons également l'avis des experts et allons mettre en place, pour toute la durée du plan, un comité de suivi national, réunissant toutes les institutions concernées, les usagers et des personnes qualifiées.
Ce comité dont le secrétariat sera assuré par la DGS assurera la pérennité des actions engagées et les ajustements nécessaires en fonction de l'évolution du plan.
Voici en quelques mots le programme, qu'avec les experts nous nous sommes fixés. Les services du ministères (DGS , DHOS), les agences (l'AFSSAPS, l'IVS et l'ANAES), mais aussi tous les professionnels sont concernés par le maintien de l'efficacité des antibiotiques. Je souhaite grâce à ce programme faire de ce thème une priorité de Santé publique pour les années à venir.
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 30 novembre 2001)
Messieurs,
Nous sommes réunis aujourd'hui pour la remise du rapport de Anne Claude Crémieux, Olivier Réveillaud et Benoît Schlemmer sur l'usage des antibiotiques en France.
Les antibiotiques sont un progrès majeur du XXème siècle. Rappelons nous, que la découverte de la Pénicilline a permis la fantastique diminution de la mortalité que nous avons connus ces dernières décennies.
Les évènements récents nous montrent également l'importance de pouvoir disposer d'antibiotiques à l'efficacité conservée.
En France, comme dans la plupart des pays industrialisés, ces acquis majeurs sont menacés par la progression de la résistance bactérienne aux antibiotiques.
Les causes en sont bien connu :
- un mauvais usage des antibiotiques, qui sont beaucoup trop prescrits, avec insuffisamment de rigueur et d'évaluation.
- et la transmission inter humaine de germes multirésistants, en particulier dans les hôpitaux.
Chaque année en France, on compte :
- 100 millions de prescriptions d'antibiotiques et
- au moins 30 millions de ces prescriptions sont inutiles
Les français sont parmi les plus importants consommateurs d'antibiotiques d'Europe et nous sommes également le pays où les taux de résistances sont les plus élevés.
C'est pour cela que depuis 4 ans, j'ai souhaité mettre en place une politique volontariste sur ce thème que je considère comme une priorité de Santé publique.
Nous disposons maintenant de travaux importants qui nous fournissent le socle d'une politique coordonnée d'actions dans ce domaine.
Je citerai en particulier :
- le travail de l'ANAES sur les recommandations d'une organisation pour le bon usage des antibiotiques à l'hôpital
- la démarche de l'AFSSAPS : élaboration de recommandations de bonnes pratiques, actions pour mieux connaître les pratiques et mieux informer les prescripteurs
- Les propositions, des experts, réunis à ma demande en 1999, par le Pr. Drucker sur les systèmes d'information et d'alerte à mettre en place en France et en Europe,
- Les recommandations pour la surveillance et la prévention des infections nosocomiales " en 1998, complété l'année dernière par la circulaire sur l'organisation de la lutte contre les infections nosocomiales, la prévention de la dissémination des bactéries multirésistantes et le bon usage des antibiotiques à l'hôpital.
Ces mesures sont importantes, mais j'ai souhaité qu'une nouvelle étape soit franchie et que soit maintenant donnée une impulsion nationale au bon usage des antibiotiques.
C'est dans ce cadre que j'ai confié cette mission aux Drs Cremieux, Reveillaud et Schlemmer en leur demandant de me faire des propositions concrètes permettant d'élaborer une politique pluriannuelle nationale.
Ils se sont acquittés de leur tâche avec excellence et je tiens à les féliciter.
Vous trouverez dans le dossier de presse leur rapport.
C'est à partir de ces propositions que nous allons mettre en place un programme pluriannuel 2001-2005, qui se décline autour de 7 axes.
1ème axe : Mieux informer sur l'usage raisonnée des antibiotiques
Si nous voulons préserver l'efficacité des antibiotiques, nous devons améliorer leur utilisation et pour cela nous avons besoin de l'ensemble des personnes concernées, les professionnels bien sur, mais avant tout les français.
Je souhaite que très rapidement des documents d'information soient élaborés pour informer l'ensemble de la population sur l'intérêt d'une utilisation rationnelle des antibiotiques.
Une attention particulière sera portée aux situations concernant les petits enfants.
Trop souvent encore, la prescription d'antibiotiques est la règle avant le retour en collectivités, je pense surtout aux crèches. Cette prescription rassure également les parents.
Je souhaite que l'on soit plus rationnel et que les prescriptions soient réservés aux seuls infections bactériennes.
J'ai demandé à l'AFSSAPS de réaliser rapidement des documents spécifiques destinés aux parents et aux professionnels de la petite enfance sur ce thème de la prescription utile d'antibiotiques.
2. De même, des plaquettes d'informations spécifiques seront à la disposition des prescripteurs pour les aider à engager un dialogue sur ce thème avec leurs patients.
Certains de ces documents existent déjà. Ils seront diffusés dans le cadre d'une politique nationale
Je souhaite que cette information sur l'antibiothérapie soit la mission prioritaire du fonds de promotion de l'information médicale. Ce fonds, donc le secrétariat est assuré par l'AFSSAPS est doté de 130 MF. Il devrait pouvoir commencer ces travaux dans les semaines qui viennent.
2ème axe : aider les professionnels
Le traitement des infections rencontrées en médecine générale n'est pas simple.
Même si la plupart des angines, bronchites et rhino-pharyngites sont d'origine virale et ne nécessitent pas d'antibiotiques, certaines d'entre elles, bactériennes peuvent évoluer vers des complications redoutables.
Concernant les angines, nous avons maintenant un outil simple, le strepto test, utilisable par le médecin généraliste dans son cabinet, permettant des différencier les angines virales qui ne nécessitent pas d'antibiotiques, des autres angines qui, elles, doivent être traitées par antibiotiques.
En 1998, j'avais demandé à la DGS et à la CNAM de procéder à une expérimentation de l'utilisation de ces tests dans une région.
Nous disposons depuis quelques semaines des résultats de cette expérience réalisée en Bourgogne : dans 71% des cas le test orientait vers l'origine virale de l'angine et dans 80% de ces cas les médecins n'ont pas prescrits d'antibiotiques.
Les pédiatres, les médecins généralistes qui les ont utilisés nous ont confirmé l'intérêt de ce test dans leurs pratiques quotidiennes.
J'ai donc, en accord avec la CNAM, décidé de généraliser la mise à disposition de ces tests.
Ils seront financés dans le cadre d'un appel d'offre national sur le Fond National de Prévention, d'Education et d'Information sur la Santé (FNPEIS).
Ce sont 30 à 50 MF qui seront consacrés chaque année à cette action.
Mais au delà de cette simple mise en disposition, il s'agit en tenant compte de l'expertise que les URCAM et les URML ont développée dans certaines régions de permettre, à travers cet outil, la mise en place de véritables programmes du bon usage des antibiotiques en particulier :
- définition au niveau régional d'indicateurs épidémiologiques des infections rencontrées,
- mises en place d'indicateurs de suivi des prescriptions,
- définition des règles de bonnes pratiques d'utilisation des antibiotiques
3ème axe : améliorer la prescription à l'hôpital
Le mésusage des antibiotiques expose également à des conséquences graves en terme de résistances bactériennes à l'hôpital. Là aussi, il s'agit d'un problème difficile car les situations cliniques sont complexes et tous les prescripteurs sont concernés.
Des références nationales existent et de nombreux établissements ont d'ores et déjà mis en place des organisations originales permettant d'améliorer la qualité des prescriptions.
Mais la situation reste hétérogène : 20 à 50% des prescriptions d'antibiotiques sont inappropriées.
Je ne pense pas qu'il soit souhaitable de forcement rajouter dans tous les hôpitaux une nouvelle commission indépendante ;
Mais je retiens les principales conclusions des experts et une circulaire de la DHOS va reprendre, dans les semaines qui viennent ces principes en demandant à chaque établissement :
- d'avoir une commission des antibiotiques, qui pourrait être issue de la commission des médicaments récemment mise en place dans tous les hôpitaux.
- d'élaborer à partir des référentiels nationaux disponibles, des référentiels locaux adaptés à la situation bactérienne de chaque établissement.
- de désigner un médecin référent en antibiothérapie avec comme mission d'aider les prescripteurs dans leur choix de la meilleure antibiothérapie possible.
- enfin de mettre en place un contrôle de la dispensation des antibiotiques les plus importants en terme d'acquisition de cette résistance.
Ces principes généraux devront être adaptés à la taille de l'établissement et à la nature de ces activités.
Les demandes en moyens humains nécessaires à la mise en place de ces organisations seront prioritaires dans les dotations de ces hôpitaux.
L'objectif est qu'à la fin de ce plan, chaque établissement soit doté d'une organisation respectant ces principes et lui permettant d'assurer des prescriptions d'antibiotiques de qualité.
4ème axe : améliorer l'interface ville-hôpital
Il existe pour l'instant un trop grand cloisonnement entre la prise en charge des infections en ville et à l'hôpital.
Pourtant les interactions sont nombreuses :
- D'une part, les infections sévères acquises en dehors de l'hôpital sont en général hospitalisées. Il est important que les médecins qui ont adressé ces patients aient un retour de l'information et une connaissance de l'épidémiologie bactérienne dans leurs régions.
- D'autre part, certaines infections nosocomiales (acquises à l'hôpital) ne se déclarent qu'après que le patient soit sorti de l'hôpital et sont alors prises en charge par les médecins de ville.
Je souhaite donner la possibilité aux médecins généralistes d'un accès facilité à des conseils thérapeutiques, améliorer l'accès aux informations et favoriser leur participation aux réseaux épidémiologiques de surveillance,
Pour cela nous allons mettre en place, dans des régions volontaires dans un premier temps, un centre de conseils sur la prescription d'antibiotiques en ville, permettant notamment :
- l'accès au conseil téléphonique,
- l'élaboration de référentiels loco-régionaux permettant d'harmoniser les pratiques tant en ville qu'aux urgences pour la prise en charge des infections communautaires,
- la diffusion d'informations épidémiologiques locales (résistances bactérienne)
Cette expérience sera généralisée ensuite dans toutes les régions en fonction des résultats de l'évaluation de ces permanences
5ème axe : actions de formation
Je retiens également l'ensemble des propositions faites par les experts sur la formation initiale et continue des prescripteurs.
La réforme du 1er cycle nous donne la possibilité d'agir rapidement sur la formation initiale.
Je connais également l'engagement des enseignants de maladies infectieuses pour revoir les programmes de deuxième et troisième cycle.
En ce qui concerne la formation continue, la loi santé, votée il y a quelques jours à l'Assemblée Nationale en première lecture me permet d'espérer qu'un dispositif opérationnel soit enfin possible dans les mois qui viennent ; la prescription des antibiotiques sera dans ce cadre un des sujets prioritaires.
6ème axe : améliorer la surveillance
Un certain nombre d'actions préconisées par les experts dans le rapport qu'ils m'avaient remis en 1999 sont d'ores et déjà en cours de réalisation.
- Ainsi la surveillance des infections nosocomiales fait partie du programme que les établissements doivent obligatoirement mettre en place. Les priorités de surveillance ont été rappelées en décembre 2000.
- De même, nous avons soutenu la mise en place d'initiatives de surveillance de certaines pathologies.
Il s'agit maintenant de développer un véritable partenariat entre les différentes structures et professionnels concernés (microbiologistes, cliniciens et épidémiologistes) pour réaliser le suivi des résistances aux antibiotiques pour certaines infections bactériennes prioritaires et détecter rapidement l'émergence de phénomènes nouveaux.
Pour cela nous allons poursuivre le renforcement des Centres Nationaux de Référence (CNR). Des nouvelles missions leurs sont confiées dès cette année pour la surveillance de la résistance aux antibiotiques et l'alerte (2001).
Je souhaite également que l'IVS renforce ces actions de partenariat dans le cadre du projet RAISIN pour les Infections Nosocomiales, mais aussi avec les réseaux développés par les professionnels, en particulier l'Observatoire National d'Etudes des Résistances Bactériennes (ONERBA).
Enfin, un réseau sentinelle de 70 laboratoires de ville (LABVILLE) permettra dès 2002 la surveillance des résistances pour certaines infections communautaires : infections alimentaires, infections à pneumocoques et méningocoques
Nous allons enfin renforcer la participation de la France au réseau de surveillance européen de la résistance aux antibiotiques (EARSS).
7ème axe : mettre en place un comité de suivi national permettant une coordination nationale des différentes démarches entreprises
La prescription adaptée des antibiotiques concerne tous le monde (les usagers, mais aussi les professionnels).
Les démarches sont nombreuses. Elles doivent être coordonnées et diffusées.
Pour cela nous suivons également l'avis des experts et allons mettre en place, pour toute la durée du plan, un comité de suivi national, réunissant toutes les institutions concernées, les usagers et des personnes qualifiées.
Ce comité dont le secrétariat sera assuré par la DGS assurera la pérennité des actions engagées et les ajustements nécessaires en fonction de l'évolution du plan.
Voici en quelques mots le programme, qu'avec les experts nous nous sommes fixés. Les services du ministères (DGS , DHOS), les agences (l'AFSSAPS, l'IVS et l'ANAES), mais aussi tous les professionnels sont concernés par le maintien de l'efficacité des antibiotiques. Je souhaite grâce à ce programme faire de ce thème une priorité de Santé publique pour les années à venir.
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 30 novembre 2001)