Déclaration de M. Bruno Mégret, président du Mouvement national républicain, sur le terrorisme, l'immigration, l'islamisme, et l'annonce de sa candidature à l'élection présidentielle 2002, Nogent-sur-Marne le 14 octobre 2001.

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Chers amis, chers camarades du MNR,
Au cours de ces mois de septembre et d'octobre 2001, nous sommes entrés brutalement et tragiquement dans le XXIème siècle. Chacun doit en effet mesurer l'importance du choc qui est survenu et je parle bien sûr du World Trade Center, mais aussi de Béziers, de Toulouse et du match France-Algérie.
Les attentats de New York et de Washington ne sont pas des événements parmi d'autres qui seront oubliés dans quelques semaines et dont les conséquences se seront estompées dans quelques mois.
Non, ce qui s'est produit marque la fin d'une époque et le début d'une nouvelle ère un peu comme l'effondrement du mur de Berlin a sonné le glas du système d'affrontement est-ouest entre le bloc soviétique et le monde occidental.
Aujourd'hui, avec ces actes de guerre, qui pour la première fois depuis 150 ans ont semé la mort et la désolation sur le sol des États-Unis, c'est le système du nouvel ordre mondial américain qui se trouve brutalement mis en cause.
Car, vous le savez et nous combattons cette évolution, tout semblait se mettre en place inexorablement. Les Etats-Unis étaient devenus la super-puissance mondiale et ils implantaient méthodiquement le mondialisme, organisant progressivement leur hégémonie sous couvert des organisations internationales aux dépens de la souveraineté des nations et notamment des nations européennes.
Aujourd'hui, bien sûr, tout cela n'a pas disparu mais l'image de ce nouvel ordre mondial tranquille et implacable a volé en éclat.
Les Américains ne se trouvent plus du tout dans la même situation que pour la guerre du Golfe qu'ils avaient cyniquement provoquée. Rien à voir avec celle de la Serbie qu'ils avaient froidement déclenchée. Cette fois, ils sont sur la défensive, ils réagissent, ils contre-attaquent peut-être, mais ils le font mal à l'aise, inquiets de la fragilité de leurs alliés musulmans, notamment pakistanais ou saoudiens, inquiets pour leur population et les nouvelles actions terroristes qui pourraient les frapper chez eux. Et d'ailleurs, ils ne se drapent plus des habits de l'ONU ou de l'OTAN. Et les Britanniques ne s'embarrassent pas de l'Europe et de la PESC (politique étrangère et de sécurité commune). C'est la nation américaine avec son allié traditionnel, la nation britannique, qui agissent directement. Les habillages et les schémas mondialistes sont loin. En fait, on le constate, dès qu'il y a une véritable crise ce sont les réalités de fond, les peuples et les nations, qui réapparaissent et les structures artificielles et mondialistes qui tombent.
Or la crise n'est pas conjoncturelle car c'est bien un nouvel antagonisme qui se met en place de façon durable entre le monde européen ou d'origine européenne et le monde arabo-musulman, entre la civilisation européenne et chrétienne et celle de l'islam.
Il suffit, comme je l'ai fait récemment à Poitiers, de constater que 90 % des conflits d'aujourd'hui mettent en cause des peuples musulmans, que ce soit aux Philippines, aux Moluques, au Sin-Kiang, au Cachemire, en Bosnie, au Kosovo, en Macédoine. Il y a bien une ligne de fracture au sud du monde européen dont l'origine est pratiquement partout la volonté expansionniste de l'islam et des islamistes.
Face à cette nouvelle donne, nous ne devons pas nous tromper d'ennemi. Notre adversaire principal c'est l'islamisme conquérant. Mais cela ne signifie pas bien sûr que nous nous rallions aux Américains, loin de là. Nous demeurons hostiles à leur vision mondialiste et à leur ambition hégémonique. Et même s'ils ont été affaiblis par les attaques, même si leur schéma mondialiste se trouve mis en cause, nous savons que l'avenir de la France ne passe pas par les USA mais par le renouveau de l'Europe, comme communauté de civilisation et comme grande puissance mondiale.
En revanche, nous constatons que le monde change et que nous devons maintenant nous positionner plus par rapport à l'islam que par rapport aux Américains. Car c'est une nouvelle donne géopolitique qui se dessine, celle d'un choc de civilisations, dans un monde où l'histoire a fait sa réapparition tragique et où les nations vont de nouveau devoir jouer un rôle essentiel.
Et dans ce contexte, notre pays, par la faute de nos gouvernants, va se trouver au coeur de ces grands enjeux car cette ligne de fracture entre l'Europe et le monde islamique elle passe maintenant sur notre sol, en pointillé peut-être mais de plus en plus réelle et de plus en plus inquiétante. Et là aussi les événements récents ont montré que notre pays pourrait bien plonger brutalement dans le tragique. Le drame de Béziers, l'explosion de Toulouse, le match soi-disant amical France-Algérie montrent bien que le danger n'est pas à notre porte, mais qu'il est dans notre maison.
L'explosion de Toulouse, chacun le sait, pourrait bien être un attentat. En tout cas c'est l'opinion d'une large fraction de Toulousains et de Français. Et c'est ce que j'ai ressenti lorsque je me suis rendu cette semaine dans cette superbe ville si durement meurtrie. J'y ai visité le site et déposé une gerbe à la mémoire des victimes. Et je suis scandalisé qu'on cherche à manipuler les Français et à leur cacher la vérité. C'est d'ailleurs pourquoi, en votre nom, j'ai demandé la révocation du procureur de la république. Car en déclarant trois jours après l'explosion, alors qu'il n'avait aucun élément d'enquête sérieux, que c'était un accident, ce magistrat a perdu toute crédibilité pour superviser l'enquête et pour administrer la justice. Il doit donc être démis de ses fonctions car les magistrats ne sont pas au-dessus de tout. Et d'ailleurs, il ne s'agit pas seulement du droit des Français à connaître la vérité. Il s'agit aussi de la capacité de notre pays à éviter un nouveau drame. Or tout le monde se préoccupe de la sécurité industrielle des sites comme si on était certain qu'il s'agissait d'un accident mais personne ne s'occupe de renforcer la sécurité anti-terroriste des sites industriels alors qu'il pourrait bien s'agir d'un attentat. Ainsi, pour éviter de prendre en compte publiquement l'hypothèse d'un attentat, les dirigeants de notre pays ont renoncé à imposer les mesures de sécurité nécessaires pour protéger les autres sites industriels des risques d'attentats. C'est honteux. Car, je le rappelle, un dirigeant politique qui refuse la vérité, qui se met la tête dans le sable est un lâche indigne de sa fonction. Un véritable dirigeant doit affronter la réalité et envisager le pire pour mieux l'éviter.
Car, hélas, le pire n'est pas improbable quand on observe ce qui s'est passé au stade de France l'autre jour. Là aussi, il s'agit d'un événement majeur. Car tout le système, le gouvernement en tête, voulait faire du match de football France-Algérie le symbole de l'intégration réussie. Or, malgré l'encadrement politico-médiatique, cela a été tout le contraire. Et chacun a pu mesurer la menace. Le Premier ministre en tête puisqu'il était aux premières loges. L'équipe de France a joué comme si elle était à Alger. Et c'était un parfait cas d'école : quand les beurs ont à choisir entre l'Algérie et la France, ils choisissent l'Algérie. Et non seulement ils choisissent l'Algérie mais ils conspuent la France. La Marseillaise, notre hymne national, a été huée. L'équipe de France sifflée et le gouvernement français canardé. L'intégration c'est clair, cela ne marche pas. Zidane, qu'on nous avait présenté comme un modèle d'intégration réussie, a été conspué par ses congénères qui le considèrent comme un traître ou un collabo. Et, dans les tribunes, on a entendu s'élever comme un formidable rugissement : Ben Laden, Ben Laden !
Voilà pourquoi l'immigration constitue un danger majeur, l'immigration qui véhicule l'islam. L'islam qui véhicule l'islamisme. Et qu'on ne nous dise pas le contraire car c'est ce que montre à l'évidence la réalité. Et lorsque le Monde et le Point publient un sondage sur les musulmans en France pour tenter de nous rassurer, ils ne peuvent pas censurer complètement la réalité : 12 % des musulmans Français ont une opinion favorable de Ben Laden et donc une opinion favorable de son action islamiste et terroriste. C'est donc bien la preuve de ce que nous affirmons : l'islam est le berceau de l'islamisme et l'islamisme est dramatiquement présent sur notre sol.
Voilà pourquoi la situation est grave et voilà pourquoi notre rôle politique est essentiel. Il est essentiel parce que les événement viennent à notre rencontre nous donner raison. Nous donner raison sur le danger islamiste, nous donner raison sur l'enjeu identitaire des conflits d'aujourd'hui, nous donner raison sur le rôle essentiel des nations.
Nous devons donc plus que jamais face à cette nouvelle donne géopolitique montrer le chemin de la survie et du renouveau pour notre peuple et les peuples frères d'Europe. Il faut que la France reste elle-même et redevienne forte. Il faut que l'Europe s'organise pour défendre sa commune civilisation et retrouve la puissance.
Car si nous soutenons ponctuellement les Américains contre l'islamisme, nous n'avons pas abandonné l'objectif qui est le nôtre de libérer la France et l'Europe de la tutelle américaine. Au moment où la menace se précise, nous devons pouvoir plus que jamais compter sur nos propres forces. Et c'est pourquoi nous devons proposer à nos compatriotes des objectifs ambitieux tant pour la France que pour l'Europe.
Notre pays doit devenir la première puissance en Europe et l'Europe la première puissance dans le monde. C'est l'objectif, le vu, l'espoir, la volonté que nous voulons initier, porter pour notre peuple et ceux du continent.
Notre rôle est donc capital pour allumer, face à l'islamisme, le feu de ce renouveau national et européen.
Notre rôle est d'autant plus essentiel que nous sommes les seuls à dénoncer le danger et à en mesurer la nature et l'ampleur. Nous sommes les seuls à incarner la défense de notre nation, à vouloir garantir son intégrité qui passe à la fois par le retour à la sécurité mais aussi par le respect de son identité. Nous sommes les seuls car les autres ont déjà cédé aux envahisseurs, ils se sont déjà soumis.
Et j'ai été frappé, je dois le dire, il y a une semaine au conseil municipal de Marseille par la façon dont a été accueillie ma demande de surseoir au projet de mosquée monumentale. L'idée était pourtant simple : au moment où on prétend lutter contre l'islamisme est-il urgent de renforcer et d'étendre l'islam dans la ville ?
Alors, bien sûr, la salle a hurlé et Gaudin a répondu non. Mais il l'a fait dans des conditions très révélatrices de la crainte qui est la sienne. Il a lu un papier, ce qu'il ne fait jamais pour des réponses aussi courtes, et il a expliqué que non seulement il ne fallait pas surseoir mais qu'au contraire il ne fallait prendre aucun retard car cette mosquée était plus nécessaire que jamais. Car selon le maire cette mosquée doit faire comprendre aux musulmans qu'on ne les assimile pas aux islamistes et qu'ils ont leur place chez nous et qu'on les aime.
En réalité, M. Gaudin avait peur. Il est atteint du syndrome de Stockholm, vous savez, ce curieux phénomène qui conduit les otages à aimer leurs ravisseurs et à se soumettre volontairement à eux. Et M. Gaudin n'est pas le seul. Il en va de même de Jospin et de Chirac qui appuient les Américains contre les islamistes à l'autre bout de la planète mais qui ne font rien contre les foyers islamistes sur notre sol.
Aussi sommes-nous un recours, une alternative face à cette classe politique lâche et soumise. Ce qui ne veut pas dire que nous mettons tout le monde dans le même sac. Le propre de la politique c'est de désigner l'ennemi, l'adversaire prioritaire. Car en politique comme à la guerre on ne se bat pas sur tous les fronts et on s'efforce d'abord d'abattre ou de contenir son adversaire le plus dangereux. C'est ce que nous faisons au MNR car nous sommes un vrai mouvement politique et nous hiérarchisons nos adversaires comme l'a confirmé ce matin, dans une motion, le comité national.
A l'échelle du monde, le MNR désigne l'islamisme comme l'adversaire principal des peuples européens sans pour autant exonérer les Américains de leurs responsabilités dans la montée de ce danger et plus généralement dans le développement du mondialisme.
En politique intérieure, l'adversaire principal du MNR est le socialo-mondialisme représenté aujourd'hui par M. Jospin, le Premier ministre le plus toxique de la Vème république, ce qui n'exonère pas pour autant la fausse droite RPR-UDF-DL et M. Chirac de leurs responsabilités dans le déclin de notre pays en raison de leurs complaisances à l'égard de la gauche.
Voilà, les choses sont claires. Nous avons une mission essentielle à accomplir et une grande bataille à engager. J'annoncerai ma candidature à la présidence de la République dans une quinzaine de jours, d'ici là il faut que nous ayons achevé de désigner nos candidats aux législatives et que toutes les fédérations, sans exception, soient mobilisées pour la collecte des signatures.
Cet après-midi nous allons préparer notre pré-campagne. Car je le dis, au moment où certains médias relaient les opérations d'intox de Le Pen et de Villiers, nous irons jusqu'au bout. Je me présenterai quoi qu'il arrive, nous aurons nos signatures quoi qu'il en coûte, même si nous devions y passer toutes nos journées jusqu'au mois de mars, même si nous devions les chercher à la petite cuillère !
Et rien ne nous empêchera d'être présents dans chacune des 577 circonscriptions législatives de France. Et ce ne sont pas les obstacles financiers qui peuvent nous arrêter. Nous avons franchi ceux des européennes et ceux des municipales et des cantonales qui étaient autrement plus difficiles.
Alors laissez les chiens aboyer et faites passer la caravane. Et ne vous posez pas la question de savoir si nous allons réussir ou non, ne vous interrogez pas sur les conséquences de tel ou tel score. Car il n'y a en réalité qu'une seule série de questions que chacun doit se poser : "Est-ce que je fais ce qu'il faut pour la cause ?", "Combien ai-je obtenu de signatures ?", "Est-ce que mon action ou mes déclarations ont été bénéfiques pour le mouvement ?", "Est-ce que je donne tout ce que je peux donner ?".
Alors, c'est vrai, notre combat est difficile et je sais ce que vous endurez, les épreuves qui sont les vôtres, les obstacles de toute sorte que vous devez surmonter, qu'ils soient humains, matériels, financiers, médiatiques, judiciaires ou physiques. Mais, voyez-vous, c'est ce qui fait notre grandeur. Et nous serons jugés d'abord à la manière dont nous y faisons face. Et parce que je sais que vous faites face avec courage, avec assurance, avec bonne humeur, je suis confiant et je suis rassuré sur notre peuple et sur notre destin. Nous avons raison, nous sommes en accord avec les événements, avec nos compatriotes et avec nous-mêmes, et nous surmonterons toutes les épreuves.
Comme celle par exemple que nous devons affronter mon épouse et moi-même puisque, vous le savez peut-être, Catherine vient d'essuyer à Vitrolles une nouvelle action judiciaire des plus scandaleuses. Puisque le procureur de la république d'Aix-en-Provence vient de requérir contre Catherine Mégret une peine de 6 mois de prison avec sursis - ils vont finir par la mettre en prison pour de bon -, 150 000 F d'amende et 5 ans d'inéligibilité. Et pourquoi ? Pour avoir écrit dans un tract intitulé " Bien chez nous " que " l'immigration est une véritable colonisation à rebours ". Il s'agissait d'un tract électoral présentant le programme de la candidate lors des dernières élections municipales. Si donc ils renouvellent un procès de ce type pour un tract aux législatives on sera en dictature absolue. Puisque le propre des législatives c'est de proposer le changement des lois et donc d'expliquer en quoi ce changement serait bénéfique. Si dès lors on ne peut plus proposer aux Français de changer les lois sur l'immigration ou leur expliquer pourquoi il faut le faire c'est que nous sommes sous un système totalitaire. Et cela nous ne l'accepterons jamais et contre cela nous nous battrons toujours.
Voilà pourquoi, chers amis, il faut se battre sur le terrain et voilà pourquoi je vous demande de rester sourds à tout ce qui peut nous détourner de notre combat en ces moments historiques où le monde pourrait bien basculer.
Car nous devons être à la hauteur de notre mission et saisir les formidables opportunités qui se présentent à nous. Nous devons utiliser les événements qui surviennent comme autant de leviers pour ébranler le système et provoquer une prise de conscience de nos compatriotes.
Les événements récents ont déstabilisé une situation et des rapports de force qui étaient figés depuis des années. Et cette remise en marche de l'histoire ne peut que nous servir. Car nous, nous sommes prêts et nous savons nous battre. Nous avons un programme, un projet, une stratégie, des hommes et des femmes déterminés et nous sommes en phase avec notre peuple, nous sommes la réponse aux défis qui lui sont lancés.
Si donc nous sommes à la hauteur de ce que nous voulons être, alors nous vaincrons.
Chers amis, tenez bon, la France nous attend.
(source http://www.m-n-r.com, le 15 octobre 2001)