Point de presse conjoint de MM. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, et Colin Powell, secrétaire d'Etat américain, sur les négociations politiques pour le futur de l'Afghanistan et la mise en jugement des des suspects du terrorisme, Paris le 11 décembre 2001.

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Circonstance : Visite de M. Colin Powell, secrétaire d'Etat américain, à Paris le 11 décembre 2001

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,
J'accueille ici avec un grand plaisir et beaucoup d'amitié le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, qui vient d'être reçu par le président de la République et qui ensuite a eu un entretien avec moi.
Ma première pensée est pour les Etats-Unis qui, il y a trois mois aujourd'hui même, étaient frappés par les attentats que l'on sait. Depuis, nous avons été solidaires dans cette légitime riposte contre Al Qaïda qui est, je crois, proche d'atteindre tous ses objectifs.
Nous resterons engagés et mobilisés ensemble dans la lutte contre le terrorisme. Nous devons continuer de travailler ensemble sur beaucoup d'autres plans, à la fois pour la construction d'un Afghanistan nouveau et d'autre part, au Proche-Orient, comme sur une série d'autres théâtres où il y a des problèmes importants à régler. Nous le ferons comme nous l'avons fait dans cette période récente en étant nous-mêmes, avec nos propres propositions mais dans un esprit de solidarité, d'amitié et de résolution.
Aujourd'hui, la visite du secrétaire d'Etat Powell à Paris est importante car elle nous a permis d'avoir un certain nombre d'informations supplémentaires sur la situation actuelle et ce qui va se passer dans les prochaines semaines.
Q - L'Allemagne a pris la direction des négociations politiques pour le futur de l'Afghanistan. Que pensez-vous de la possibilité que la Grande-Bretagne prenne la direction de la force internationale qui est en train de se constituer en Afghanistan ? Quel rôle pensez-vous que la France pourrait jouer dans cette force et, plus largement, dans la reconstruction de l'Afghanistan après les Taliban ?
Pensez-vous que l'application de la peine de mort aux Etats-Unis et la perspective de la constitution de tribunaux militaires pour juger les suspects soient un obstacle en vu de l'éventuelle extradition de suspects arrêtés en France vers les Etats-Unis ?
R - Concernant votre première question, sans rien retirer à l'action de l'Allemagne qui a une diplomatie excellente, une diplomatie active et inventive, je rappelle que la conférence qui s'est tenue au Petersberg était une conférence des Nations unies et que ce n'est pas plus l'Allemagne que la Grande-Bretagne, que la France ou les Etats-Unis, qui ont pris le leadership de la négociation politique. C'est M. Lakhdar Brahimi, l'envoyé spécial de M. Kofi Annan qui a fait ce travail et ce sont les délégations afghanes qui ont eu l'intelligence et le courage politique à Bonn de passer au-dessus des réflexes traditionnels qui les empêchaient de trouver un accord politique. C'est très important d'avoir cela en tête concernant le comportement des Afghans sur l'avenir de l'Afghanistan.
A ce sujet, la France participera naturellement à cet effort d'accompagnement de la construction d'un pays nouveau, sur tous les plans, y compris la sécurité. Cela peut prendre des formes très diverses. Sur les formes exactes, nous sommes en train d'en discuter avec nos partenaires et nous prendrons nos décisions très prochainement.
Pour ce qui est de la question des tribunaux, aussi bien le président de la République que le Premier ministre ont eu l'occasion de rappeler que nous ne sommes pas favorables à des tribunaux d'exception.

(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 décembre 2001)