Discours de M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, sur l'avenir de l'Afghanistan, Paris, le 4 décembre 2001.

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Circonstance : Ouverture de la Journée pour l'Afghanistan, au Centre de conférences internationales, à Paris, le 4 décembre 2001

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Je vous souhaite la bienvenue. Je m'adresse en particulier à tous ceux qui viennent de loin.
Je veux surtout saluer, avec émotion, vous toutes et tous, femmes et hommes d'Afghanistan en exil et en transit. Votre présence donne son sens à cette journée.
Sont aujourd'hui rassemblés "pour l'Afghanistan" des dizaines d'experts, de fonctionnaires, de chercheurs, de témoins, de militants, de compagnons de route, de journalistes, d'élus !
Cette journée, voulue par Hubert Védrine et moi-même, est d'abord le témoignage collectif de notre espoir pour l'Afghanistan. Nous avions, dès le 1er octobre, affirmé cette espérance en lançant auprès des Européens en particulier un "Plan pour l'Afghanistan", appelant à la reconstruction alors que la bataille militaire occupait d'abord les médias.
Alors que la Conférence de Bonn s'achève et marque de toute manière une étape historique pour la reconstruction de la nation afghane, nous voulons confirmer notre volonté d'accompagner la renaissance de l'Afghanistan. Nous le ferons avec les Nations unies, avec les Européens, avec vos amis des ONG, avec nos moyens bilatéraux.
Il y a une longue histoire entre la France et l'Afghanistan, faite de libre coopération, d'amitié et pour beaucoup d'entre vous, de fraternité. Dans ces années dramatiques, d'épreuves extrêmes pour la société afghane, les fidélités ont tenu. Nous savons combien associations et ONG ont maintenu le lien. Les diasporas n'ont jamais non plus perdu la proximité avec le pays.
C'est ce qui donne bon espoir que la volonté de construire va l'emporter sur les adversités et sur les divergences.
Vingt années de guerre, quelle blessure ! Deux, trois générations meurtries, survivantes, mais décidées à vivre.
Et comme ont pesé lourd, très lourd, les jeux des puissances extérieures !
Il nous faut pourtant croire à la paix. En sachant qu'il faudra refuser l'impunité et inventer la justice qui réconcilie, établir la sécurité des personnes sans la force qui opprime ; chaque composante de la société afghane devra se sentir partie prenante au destin commun, sans exclusion. En un mot il faudra un Etat démocratique.
Il faudra aussi tenir compte de la stabilité et du développement des pays voisins. L'Afghanistan a besoin que la paix règne dans toute la région.
Il y aura des conservatismes à dépasser, des modernisations sociales à accélérer, des inégalités à réduire, des droits universels à respecter.
Mais il ne s'agit pas ici de donner leçons ou conseils. La France souhaite accompagner un peuple qui se libère. Et dans cette année 2001, terrible, cette délivrance restera la bonne nouvelle, la plus grande.
Nous voulons aujourd'hui, et ce n'est qu'un début, recenser les capacités françaises mobilisables, non pour se substituer mais pour accompagner. Il importe que cet exercice soit conduit sous le regard et la critique des quelques personnalités afghanes qui ont répondu à notre invitation.
Je le sais, nous n'éviterons pas que dans les ateliers tel expert propose son modèle, telle corporation veuille prendre en main ce qui relève d'abord du choix des Afghans !
C'est la vertu (est-ce un défaut ?) de "la grande nation enseignante", comme Jaurès nommait la France !
Vous saurez, vous ici qui connaissez la société afghane par le cur et par l'esprit, modérer les "ingérences" qui procèdent, en fait, de l'amitié !
Je vous retrouverai au déjeuner puis, avec Hubert Védrine, à la séance de conclusion. Je sais que cette journée est pleine de promesses ; nous saurons en reprendre les messages et les porter avec vous dans d'autres enceintes. Nous choisirons ensemble les domaines où notre coopération prendra son visage, en relation bien sûr avec les autres agences d'aide.
Que vive enfin un Afghanistan libre et démocratique !

(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 décembre 2001)